Vache laitière

vache élevée pour son lait

Une vache laitière est une vache élevée pour produire du lait destiné à la consommation humaine. Les vaches laitières produisent des veaux, des génisses pour le renouvellement des troupeaux et de la viande (vaches de réforme).

Vache Prim'Holstein, race de vaches laitières la plus productive.

Élevage modifier

 
Vaches jersiaises au pâturage.

Alimentation modifier

 
Distribution de rations complètes à des vaches laitières.

À l'état naturel, une vache se nourrit principalement d'herbe. Mais aujourd'hui, l'attrait mondial accru pour les produits laitiers a conduit les éleveurs à utiliser des races à haut niveau de production et à modifier l'alimentation de leurs animaux. La production de lait induit des besoins très importants[1].

Dans la majeure partie des élevages, l'alimentation change en fonction de la saison. L'herbe, qui ne pousse que faiblement en hiver, ne suffit plus à nourrir les bêtes et pousse les éleveurs à recourir à des aliments conservés, des fourrages comme le foin, l'ensilage de maïs ou d'herbe ou la paille. L'alimentation de la vache (la ration) repose donc sur un ou plusieurs fourrages fermentés en partie par les micro-organismes présents dans son rumen. Ils rendent en particulier la cellulose assimilable[2].

Mais ces fourrages dits grossiers ne suffisent pas : pour avoir une ration équilibrée et donc répondre le mieux possible aux besoins de la vache en lactation, il est généralement nécessaire d'apporter des suppléments concentrés en énergie (grains …) et en matière azotée comme les grains de protéagineux, les tourteaux qui sont des co-produits d'huiles alimentaires (tourteaux de soja …), la luzerne déshydratée, l'urée. Il reste la complémentation en minéraux et en vitamines ; la vache a principalement des besoins en calcium, en magnésium et en phosphore mais aussi en oligo-éléments comme le zinc, l'iode, le manganèse, le cuivre, le soufre, le sélénium. Il est également recommandé d'apporter des vitamines.

En résumé, l'alimentation de base de la vache laitière peut reposer sur l'herbe à la belle saison et le reste de l'année sur une ration composée de fourrages conservés. Tout au long de l'année l'alimentation doit être ajustée en énergie, matières azotées et minéraux.

Bâtiments d'élevage modifier

 
Vaches laitières en stabulation libre dans l'étable de la ferme expérimentale de Grignon à Thiverval-Grignon (Yvelines).

Ils comprennent une étable entravée ou en stabulation libre à laquelle est adjointe une fumière ou une fosse à lisier et une laiterie dont la fonction est au minimum de refroidir et stocker le lait. Le système de traite est souvent configuré dans un endroit restreint, la salle de de traite. On lui adjoint un parc ou une salle d'attente. En général les bâtiments ou silos de stockage d'aliments sont situés à proximité immédiate.

Gestation modifier

Voir Bos taurus#Femelle

Le vêlage est nécessaire à la sécrétion de lait par la vache. La phase de gestation et la phase de lactation se chevauchent, idéalement sur une période d'un an.

La durée de gestation des vaches laitières, varie en fonction de la race de la vache. Voici les durées de gestation des principales races[3] :

Française Frisonne 277 jours
Jersiaise, Pie rouge des plaines 279 jours
Prim'holstein, Rouge flamande 281 jours
Normande, Salers 286 jours
Tarentaise 288 jours
Abondance, Brune, Montbéliarde 289 jours
Pie rouge de l'est 290 jours

Lactation modifier

 
Salle de traite rotative

La lactation d'une vache dure9 mois à quelques jours près selon la race et les individus.

Traite modifier

Dans les élevages professionnels les vaches sont traites à l'étable à l'aide d'une machine à traire ou plus souvent dans une salle de traite disposant d'équipements complexes assurant à la fois la rapidité de la traite, l'hygiène du lait et un confort minimal pour l'animal et le trayeur. La traite peut aussi être effectuée avec du matériel robotisé.

Types de salle de traite en fonction du nombre de vaches à traire :

Nombre de vaches types de salles de traite Nombre de vaches/heure
troupeau - de 40 VL tandem 2x2

tandem 2x3

épi 2x3

épi 2x4

Arrière 8 simple quai

30 à 45

30 à 55

30 à 45

30 à 55

50 à 65

Troupeau 40-60 VL tandem 2x4

épi 2x5

arrière 10 en simple quai

arrière 2x5

50 à 65

45 à 55

40 à 55

60 à 70

Troupeau 60-80 VL tandem 2x5 avec décro

epi 2x6 décro

arrière 2x6 décro

55 à 75

60 à 70

60 à 80

Troupeau + 80 VL épi 2x8 avec 2 trayeurs

épi 2x10 avec 2 trayeurs

épi 2x12 avec 2 trayeurs

arrière 2x8 avec 2 trayeurs

arrière 2x10 avec 2 trayeurs

arrière 2x12 avec 2 trayeurs

arrière 2x14 avec 2 trayeurs

roto 14 postes

roto 16 postes

roto 18 postes

roto 20 postes

roto 22 postes

roto 26 postes

roto 32 postes 2 trayeurs

roto 36 postes 2 trayeurs

65 à 80

75 à 85

80 à 100

70 à 90

80 à 100

90 à 120

110 à 130

80

90

100

110

120

140

155 à 200

165 à 200

Déroulement de la traite modifier

Les éleveurs suivent généralement un protocole assurant la décontamination et la préparation de la mamelle à la lactation. Il comporte les étapes suivantes  :

  • nettoyage, on élimine les souillures organiques, présentes sur les trayons, qui sont support de germes ; cette action permet aussi de se débarrasser des spores butyriques (bactéries du genre clostridium[4]) critiques en production fromagère et de désinfectants éventuels ; l'emploi d'un produit désinfectant ou d'eau chaude pour le lavage de la mamelle permet de diminuer fortement le nombre de germes présents à l’extérieur des trayons et limite leur passage dans le lait ;
  • extraction des premiers jets de chaque quartier dans un bol à fond noir permet de vérifier l'apparence du lait afin de détecter les signes éventuels de mammites subcliniques (caillots dans le lait) ; Il est aussi possible de réaliser un test avec des réactifs ; le lait présent initialement dans le canal de trayons et plus « concentré » en germes pathogènes sera ainsi écarté de la collecte et ne contaminera pas la machine à traire ;
  • la stimulation de la mamelle ainsi réalisée favorise le réflexe d'éjection du lait ; ces gestes permettent en effet de stimuler la production d'ocytocine, hormone commandant l'éjection du lait ; la traite sera donc complète et plus rapide ; à l'inverse, tout ce qui est susceptible de perturber les vaches va inhiber le réflexe d'éjection du lait ; en effet, dans ces situations de stress, les animaux sécrètent de l’adrénaline, hormone qui contrecarre l'action de l'ocytocine ;
  • pose des manchons trayeurs et traite ;
  • décrochage des manchons trayeurs généralement automatisé ;
  • désinfection supplémentaire optionnelle des trayons.

Races laitières modifier

Race Nombre en France durée de lactation Production de lait par lactation, en kg Taux butyreux en g/kg Taux protéique en g/kg
Prim'Holstein 1 687 730 352 9411 39,3 32
Montbéliarde 415 552 310 7027 38,9 32,8
Normande 229 635 322 6546 42,5 34,8
Abondance 22 763 293 5302 37,3 33,4
Brune des Alpes 17 235 339 7401 41,8 34,3
Simmental 16 045 305 6151 40,3 33,7
Pie rouge des plaines 10 221 328 7791 42,3 33,2
Tarentaise 7 660 278 4240 36,4 32,4
Jersiaise 4 075 325 5222 55,5 38,3
Salers 1 628 227 2293 33,9 32,9
Vosgienne 1 223 289 4157 38 31,8
Rouge flamande 777 296 5369 39,9 32,7

Pathologies modifier

Vache de réforme modifier

Une vache de réforme est une vache qui est écartée d'un troupeau afin d'être abattue. Les causes de réforme d'une vache laitière peuvent varier. Hormis les cas de réformes liées à des accidents, ce sont principalement :

  • La baisse du débit de la lactation qui apparaît en général vers l'âge de 5 ou 6 ans,
  • Les problèmes de santé à répétition (mammites, maladies diverses),
  • Les boiteries,
  • Les problèmes de reproduction (mauvaise fertilité, résultats décevant concernant la fécondité).

En France, 35 % de la consommation de viande de bœuf provient des vaches de réforme laitières[5].

Veaux modifier

Les éleveurs gardent en général une femelle sur trois pour le renouvellement du troupeau. Ces femelles sont généralement issues de parents faisant l'objet de plans d'accouplement, la semence paternelle étant le plus souvent fournies par des sociétés de sélection par l'intermédiaire des centres d'insémination dans le but d'améliorer l'élevage laitier. Les autres veaux sont soit destinés à l'élevage comme veaux de boucherie, soit à l'élevage d'animaux jeunes ou adultes pour la viande. Dans ce cas, les vaches de races laitières peuvent être croisées avec un taureau de race bouchère par saillie naturelle ou insémination.

Les veaux mâles de races laitières hyperproductrices comme la Holstein, donnent en race pure des individus de très faible valeur pour l'élevage boucher. Ils sont donc régulièrement abattus à la naissance dans certains pays (Australie, Nouvelle-Zélande, …)[6]. Cette pratique gagnerait l'Europe[7].

Situation par pays modifier

France modifier

Les vaches laitières représentent 3,7 millions d'individus parmi 18,7 millions de vaches en France en 2011[8].

35 % du cheptel (toutes vaches confondues, y compris non-laitières) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et la Basse-Normandie.

La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.

De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 à 4 108 000 individus (soit +23 % en 26 ans). (référence voir discussion)

Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 à 3 678 000 d'individus (soit -44 %).

C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.

Répartition des laitières et allaitantes par ancienne région : fort nombre de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Auvergne, Midi-Pyrénées et fort nombre de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne+Pays-de-Loire+Basse-Normandie).

L'élevage français (tout animal confondu) représente en valeur près de 35 % de la production agricole nationale, et plus de 16 % de l'économie de l'élevage européen[réf. nécessaire].

Exploitant environ 50 % des 28,8 millions d'hectares de surface agricole (SAU) du territoire français, ces élevages se situent essentiellement dans le Grand-Ouest, le Massif central et ses bordures, ainsi qu'à l'Est du pays et en région Midi-Pyrénées. Ces élevages français ont aussi la particularité d'être très diversifiés. La grande variété des reliefs, des climats et des sols explique pour une part cette diversité. L'autre part relève des cultures et traditions régionales associées aux populations. Tout ceci a eu pour effet l'apparition d'une mosaïque de mini-régions nommées terroirs et la sélection par les éleveurs d'une multitude de races pour valoriser ces milieux.

Notes et références modifier

  1. Dominique Soltner, Alimentation des animaux domestiques. Tome 2, La pratique du rationnement des bovins, ovins, porcins, Sciences et Techniques Agricoles, (ISBN 2-907710-13-3 et 978-2-907710-13-8, OCLC 490875268, lire en ligne)
  2. « L'alimentation des vaches laitières », Les produits laitiers,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Guy Charron, les production laitières volume 2 conduite technique et économique du troupeau, 292 p., page 45 et 46
  4. Institut de l'Élevage, « Accidents de fromagerie » (consulté le )
  5. Rapport Idele[1]
  6. (en) « Our dairy industry kills 2 million calves a year but they dont have to », ReNews,‎ (lire en ligne)
  7. « Les veaux mâles sont de plus en plus abattus dès la naissance », RTS,‎ (lire en ligne)
  8. « agriculture.gouv.fr/lelevage-e… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier