Utilisateur:Soutekh67/Bac à sable (Egypte II)

Isis
Divinité égyptienne
Isis allaitant Horus
Isis allaitant Horus
Caractéristiques
Nom en hiéroglyphes
stt
H8
B1

ou
stt
,
y
I12
Translittération Hannig Ȝs.t
Représentation Femme coiffée d'un siège
Groupe divin Ennéade d'Héliopolis
Parèdre Osiris
Culte
Région de culte Égypte antique
Temple(s) Memphis
Lieu principal de célébration Abydos, Philæ

Isis est le nom grec (en grec ancien Ἶσις / Îsis) d'Aset (ou Iset), la déesse protectrice et salvatrice de la mythologie égyptienne. Elle fait partie de la grande Ennéade d'Iounou (Héliopolis).

Isis semble avoir été aux temps anciens la personnification du trône ; son nom en hiéroglyphes signifie le siège. Dans les inscriptions, elle est représentée sous les traits d'une femme coiffée d'un siège (qui ressemble à un escabeau à trois marches).

Plus tard, sa représentation change ; on la voit comme une femme portant les cornes de la vache enserrant un globe lunaire (à ne pas confondre avec Hathor).

Déesse égyptienne modifier

Présentation modifier

Nom modifier

L'écriture du nom d'Isis est basée sur le hiéroglyphe du « trône » figuré comme un siège assez haut pourvu d'un dossier et reposant sur un piédestal. Une des explications de ce fait serait qu'Isis était à l'origine une divinité personnifiant le trône ou plus précisément la puissance magique qui émane de cet objet royal et sacré. Cette étymologie ne fait cependant pas l'unanimité dans le milieu égyptologique et l'on peut aussi avancer un simple rapprochement phonétique. Le trône apparaît aussi dans l'écriture du nom d'Osiris, l'explication serait que ce théonyme est une valeur phonétique du trône tombée en désuétude[1].

Transcription Hiéroglyphe Traduction
aset
Q1X1B1
Isis
aset
G1Q1X1B1
Isis
aset
Q1X1G7
Isis
ousir
Q1
D4
A40
Osiris
set
Q1X1
O1
trône
set
Q1X1
O1
F34
Z1
endroit, lieu
Tableau 1./ Hiéroglyphes.

Iconographie modifier

Mythologie modifier

Adultère d'Osiris avec Nephtys modifier

Quête d'Isis modifier

Deux pleureuses modifier

La déesse Isis, après avoir rassemblé les membres d'Osiris dispersés par Seth redonne la vie à son mari et fait de lui le souverain du royaume des morts. Dans les textes et les représentations funéraires, Isis est indissociablement liée à sa sœur Nephtys ; les deux femmes veillant sur momie du défunt comme elles l'ont fait pour le corps d'Osiris. Dans de nombreuses représentations (sarcophages, parois des chambres funéraires), Isis est montrée se tenant aux pieds du défunt tandis que Nephtys se tient à la tête, les deux en train de se perdre en lamentations. Dès les Textes des Pyramides, des litanies magiques destinées aux rois et reines de l'Ancien Empire égyptien (vers 2200 av. J.-C), les deux sœurs apparaissent déjà clairement comme chargées de veiller sur la dépouille mortelle et d'appeler vers le mort la clémence et la pitié des dieux célestes:

« Formule à réciter — Sont ouverts les deux vantaux de la porte du ciel et sont ouverts les deux vantaux des étendues célestes grâce à la compassion des dieux qui sont dans car ils sont venus à l'Osiris Pépy à cause du bruit des pleurs d'Isis, à cause des cris de Nephtys et à cause des lamentations de ces deux Bienheureux pour ce Grand monté dans la Douat. (...) Ton parfum est répandu par Isis puisque Nephtys t'a purifié. Ce sont les deux sœurs, grandes et imposantes, qui ont regroupé tes chairs, qui ont rattaché tes membres et qui ont fait apparaître tes deux yeux dans ta tête, la barque de la nuit et la barque du jour ! »

— Extraits du chapitre 670 des Textes des Pyramides. Traduction de Claude Carrier[2].

 
Isis en deuil

Les lamentations des Deux Sœurs sont aussi mises en scènes lors de grandes festivités religieuses consacrées à la renaissance d'Osiris. Dans la ville d'Abydos, haut lieu de la croyance osirienne, se tenait ainsi chaque année au sein du temple, un drame sacré mettant en scène deux jeunes vierges chargées de tenir les rôles d'Isis et Nephtys. Entre le 22 et le 26 du mois de Khoiak (en novembre), les deux actrices chantaient au son du tambourin accompagnée d'un prêtre. Le plus souvent, la représentante d'Isis chante seule mais très régulièrement elle entonne un duo avec Nephtys. Le chant est une longue plainte qui évoque la tristesse de la séparation mais, il s'agit aussi d'un appel exhortant le dieu absent à revenir auprès des éplorées[3]:

« (En duo)
Tu as oublié le chagrin, grâce à nous. Nous assemblons tes membres pour toi, dans les lamentations, cherchant à protéger ton corps... Viens-t'en donc vers nous, afin que l'on oublie ton adversaire, Viens-t'en suivant la forme que tu avais sur terre. (...)
(Isis)
Ah ! viens à moi ! Le ciel est uni à la terre, Une ombre est venue sur sur la terre, aujourd'hui, Et le ciel est collé à la terre. Ah ! viens avec moi ! (...) Ô seigneur de l'amour, Viens à moi (mon) maître, que je te voie aujourd'hui. Mon frère, reviens, que nous te revoyions. (...) »

— Cours extraits des Lamentations d'Isis et de Nephtys. Traduction de Claire Lalouette[4]

Naissance de son fils Horus modifier

Combats contre Seth modifier

Décapitation d'Isis modifier

Colère d'Horus modifier

La décapitation d'Isis est un épisode mythologique attesté dès le Moyen Empire par trois allusions figurant dans le chapitre 80 des Textes des Sarcophages, un corpus de textes funéraires utilisé par les notables de la Moyenne-Égypte:

« N[n 1] est "Vie" qui a reconstitué les têtes, qui a rétabli les nuques. C'est N qui fait vivre les gosiers ! J'ai reconstitué Atoum. J'ai rétabli la tête d'Isis sur son cou après que j'eus reconstitué la colonne vertébrale de Khépri à son bénéfice. »

— Extrait du chap. 80 des Textes des Sarcophages, traduction de Claude Carrier[5]

Par la suite, à partir du Nouvel Empire, le mythe s'expose dans de véritables récits ; le plus fameux étant Les Aventures d'Horus et Seth consigné sur le Papyrus Chester Beatty 1. Pour savoir qui des deux est le plus apte à succéder à Osiris, le vigoureux Seth lance un défi au jeune Horus. Les deux dieux prennent l'apparence d'hippopotames puis plongent dans les eaux du Nil afin de s'affronter en un duel à mort. Si l'un d'eux émerge hors des flots avant trois mois pleins, celui-là n'est pas digne de la fonction royale. Cet affrontement est aussi consigné sur le calendrier du Papyrus du Caire n°86637. D'après ce dernier document, l'affrontement se déroula le ving-sixième jour du premier mois de la saison d'Akhet (le premier mois de l'année égyptienne) situé au début de la crue du Nil vers les mois de Juillet-Août. La déesse Isis, restée sur le rivage du fleuve, prend peur et craint pour la vie de son fils Horus. Très vite, elle confectionne un harpon magique qui atteint tout seul sa proie [6]:

 
Combat d'Horus et Seth transformés en deux hippopotames.

« (...) Ils plongèrent, les deux hommes. Et Isis se mit à se lamenter: « Seth veut tuer Horus, mon enfant ». Elle apporta une pelote de fil. Elle fit alors une corde, puis amena un deben de cuive[n 2], le fondit en arme pour l'eau, y noua la corde et la lança dans l'eau à l'endroit où Horus et Seth avaient plongé. Mais le métal mordit le corps de son fils Horus. Si bien qu'Horus hurla: « À moi, mère Isis, ma mère, appelle ton harpon, détache-le moi de moi. Je suis Horus, fils d'Isis ». À ces mots, Isis cria, et dit au harpon qu'il se détache de lui: « Comprends que c'est mon fils Horus, mon enfant, celui-là ». Et son harpon se détacha de lui.
Elle le lança à nouveau dans l'eau et il mordit le corps de Seth. Mais Seth poussa un grand cri: « Que t'ai-je fait, sœur Isis? Appelle ton harpon, détache-le de moi. Je suis ton frère utérin, Isis ». Elle en éprouva en son cœur un immense chagrin pour lui. Et Seth l'appela en disant: « Est-ce que tu aimes l'étranger plus que ton frère utérin, Seth? » Aussi Isis appela ainsi son harpon: « Détache-toi de lui. Comprends que c'est le frère utérin d'Isis, celui dans lequel tu as mordu ». Alors, le harpon se détacha de lui[7].
Horus, fils d'Isis se mit en colère contre sa mère Isis et sortit, la face furieuse comme celle d'un léopard, son couteau à la main, de seize deben ; il enleva la tête de sa mère Isis, la prit dans ses bras et grimpa sur la montagne. Isis se métamorphosa en statue de pierre qui n'avait pas de tête. Aussi Rê-Harakhty dit-il à Thot: « Qui est cette femme qui est arrivé, qui n'a pas de tête? ». Thot lui répondit: « Mon bon maître, c'est Isis la Grande, la mère, cette femme, à qui Horus, son enfant, a enlevé la tête » (...)[8]. »

— Les aventures d'Horus et Seth (extrait). Traduction de Michèle Broze.

Tête de vache modifier

La décapitation d'Isis par Horus consignée dans le papyrus des Aventures d'Horus et Seth n'indique pas comment la déesse a recouvré la vie ni comment elle s'est retrouvée avec une nouvelle tête sur ses épaules. Au IIe siècle de notre ère, le grec Plutarque dans son traité Isis et osiris, mentionne de manière déguisé cet épisode en prévenant toutefois le lecteur que les Égyptiens, eux, ne répugnent pas à narrer des épisodes mythiques mettant en scène le démembrement d'Horus et la décapitation d'Isis:

« Un grand combat se livra ; il dura plusieurs jours et se termina par la victoire d'Horus. Typhon garotté fut remis entre les mains d'Isis. Mais la déesse ne le fit point périr ; elle le délia et lui rendit la liberté. Horus en conçut une indignation excessive ; et, portant la main sur sa mère, il arracha le bandeau royal qu'elle avait sur la tête. Hermès alors, pour remplacer ce bandeau, la coiffa d'un casque à tête de vache. »

— Plutarque, Isis et Osiris, extrait du paragraphe 19. Traduction de Mario Meunier[9].

 
Isis-Hathor à tête de vache.

À l'époque gréco-romaine, ces données mythologiques apparaissent d'une manière plus explicite dans le Papyrus Jumilhac, une monographie religieuse consacrée aux légendes de la Cynopolitaine [n 3], une région égyptienne placée sous la protection active d'Anubis, le fils adoptif d'Isis. Ici, le mythe mêle différentes traditions. Le coupable de la décapitaion est le dieu faucon Anty assimilé à Horus et à Anubis tandis que la victime est la déesse Hathor, assimilée à Isis et à la vache Hésat. Anty ayant décapité Hathor-Isis (Jumilhac IX,1 et XII,22) dans la ville d'Atfieh (Aphroditopolis), le dieu soleil le condamne à mort par écorchement, le bourreau étant le dieu Thoth. Mais la vache Isis-Hésat, qui entre-temps a retrouvé la vie et émue par le triste sort de son assassin, fait revivre Anty-Horus en plaçant ses os dans sa peau (telle une nébride) et en aspergeant le tout de son lait maternel[10].:

« Quelqu'un en vint à commettre, dans le nome d'Aphroditopolis, ce crime, qui eut lieu dans le temple d'Hathor, dame de Mefkat[n 4]. Rê et l'Ennéade, après l'avoir appris, en éprouvèrent, au plus haut point, de la colère et de l'indignation. Et Rê dit à l'Ennéade: « Quant à ses chairs et à sa peau, sa mère les a créées avec son lait ; quant à ses os, ils existent grâce à la semence de son père. Aussi qu'on éloigne de lui sa peau et ses chairs, ses os restant en sa possession ». (...) Alors, [Rê] se dirigea vers le nome de Dounâouy, avec les dieux de sa suite, Thot étant à leur tête, sa peau étant avec lui. Le cœur de Hézat fut heureux à cause d'elle. Elle fit, de nouveau jaillir son lait pour lui, afin de renouveller sa naissance, et elle fit monter le lait au bout de ses seins, et elle les dirigea vers sa peau, en cet endroit, en y faisant couler le lait. (...) [Horus] fut là, en bonne santé, ses chairs s'étant, de nouveau, affermies pour lui, et sa forme ayant été, denouveau, mise au monde. Sa mère, Isis, le regarda comme un jeune enfant, après avoir renouvelé sa naissance dans ce nome (...) »

— Extraits du Papyrus Jumilhac (XII,22-XIII,10). Traduction de Jacques Vandier[11].

Un autre passage du Papyrus Jumilhac indique que la déesse retrouva la vie dans la ville de Niout-net-ihet, c'est à dire la « Ville de la Vache ». L'archéologie n'a pas encore découvert cette localité mais il faut probablement la situer sur une île qui existait près de Tehnéh. Le dieu Thot coupa la tête d'une vache et la plaça sur le corps décapité d'Isis. Après plusieurs incantations, la déesse se mit à revivre:

« La déesse qui s'y trouve est Isis, de la ville de la vache (...) Quant à cette ville de la Vache qui a donné son nom à ce district, c'est (une allusion) à la vache qui fut trouvée par Thot dans cette ville. Il avait rapporté sa (=la tête de la vache) tête, qu'il avait placée sur le cou de cette déesse, après qu'un crime en fut venu à être commis dans le district d'Aphroditopolis. Mais il (= Thot) la (=la tête) réunit au cou, grâce à ses glorifications. »

— Extraits du Papyrus Jumilhac (XXI,1-9). Traduction de Jacques Vandier[12].

Temples modifier

Behbeit El-Hagara modifier

Île de Philæ modifier

Déesse gréco-romaine modifier

Cultes isiaques modifier

Déesse mère modifier

Temples modifier

Diffusion du culte modifier

Délos modifier

Pompéi modifier

Panthéons grec et romain = modifier

Les Grecs, puis les Romains, l'ont fait entrer dans leur panthéon respectif.

Voici ce qui serait écrit, gravé en lettres sacrées sur une colonne qui lui est dédiée et qui se trouverait à Nysa en Arabie, selon Diodore de Sicile :

« Je suis Isis, la reine de l'Égypte, éduquée par Mercure.
Ce que j'ai institué par des lois, personne ne le désagrégera.
Je suis l'épouse d'Osiris.
Je suis la première inventrice des productions
Je suis la mère du roi Horus.
Je resplendis dans la constellation du chien
C'est pour moi que la ville de Bubaste a été fondée.
Réjouis-toi, réjouis-toi, Égypte, toi qui m'as nourrie[13]. »

Grèce antique modifier

Sous les Lagides, Isis franchit les frontières de l'Égypte. Elle fut assimilée à de nombreuses déesses grecques ou romaines telles que Déméter, Perséphone, Diane de Dictys, Séléné, Cérès ou Minerve Cécropienne[14].

Selon Plutarque, la statue assise de Neith, divinité honorée à Saïs, et qui était identifiée à Isis en Égypte, à Athéna en Grèce, comportait une célèbre inscription :

« Je suis tout ce qui a été, qui est et qui sera, et mon voile, aucun mortel ne l'a encore soulevé[15] »

— Isis et Osiris, 9

Rome antique modifier

Rome l'adopta officiellement à l'époque impériale. À Pompéi, elle était adorée avec Sarapis (Osor-Apis, pour Osiris et Apis) et Anubis. L'empereur Caligula était un dévôt d'Isis. Dans sa villa à Tivoli, Hadrien fit construire un temple dédié à l'époux de la déesse, Sarapis ; Caracalla édifia un temple d'Isis à Rome même.

Provinces romaines modifier

Le culte de la déesse salvatrice se répandit dans les provinces romaines, autour de la Méditerranée, mais aussi en Pannonie, en Gaule, donnant parfois son nom à certains sites tel celui d'Izieux (lieu d'Isis) au sud-ouest de Saint-Chamond dans le département de la Loire, comme sur les bords du Rhin ou en Bretagne. Comme la Déméter d'Éleusis, Isis, dans ses Grands Mystères, assurait l'immortalité aux initiés[16]. Au Bas-Empire, seul le culte initiatique du dieu iranien Mithra surpassera le sien par le nombre des fidèles. Bien après l'avènement du christianisme, on continua à adorer Isis, dans le temple de Philæ et ailleurs. Son culte ne s'éteignit à Philæ que vers 530, sous l'empereur Justinien.

Isis est à l'origine d'un des mythes les plus riches de l'humanité, dont la tradition est restée vivante dans les arts et la littérature.

Hors de l'Égypte, les temples se retrouvent ailleurs en Afrique, en Libye, Tunisie et au Soudan ; au Proche-Orient, en Jordanie, Turquie et au Liban ; ainsi qu'en Europe, en Grèce, Italie, France, Allemagne (Sanctuaire d’Isis et de Mater Magna à Mayence) et en Espagne.


En France, le mythe d'Isis se greffe sur l'histoire fabuleuse de Paris. Selon Giovanni Nanni (1432-1502), la ville aurait été fondée 900 ans après le déluge ( 1440 avant notre ère) par le prince Paris fils du roi Romus XVIII des gaulois. L'italien Giovanni Battista Mantuano (1503-1575) allègue lui que la cité a pour origines le peuple grec des Parrasiens venu en Gaule à la suite d'Hercule. À ces spéculations savantes de la Renaissance précèdent toutefois une thèse isiaque élaborée par les clercs de l'abbaye royale de Saint-Germain-des-Prés. Selon eux, leur abbaye a été fondée en un lieu où se situait un temple d'Isis. La plus ancienne mention connue de cette thèse fut ajoutée sous forme de notice au De Gestis Francorum du moine Aimoin (IXe siècle). Cet ajout, daté des XIIIe-XIVe siècles ou peut-être plus précisément du règne de Charles V (1364-1380), relate que:

« cette Isis fut adorée et vénérée jadis par le peuple de la ville de Lutèce dit maintenant Paris, en un lieu nommé Lutoticia, à l'opposé du Mont de Mars. Elle s'y voit jusqu'à présent et elle y était adorée et vénérée par plusieurs princes francs païens, Francion, Pharamond, Mérovée, Childéric, jusqu'au temps de Clovis, premier chrétien. Un temple y fut élevé en l'honneur de Saint Étienne, de la Sainte Croix et de Saint Vincent[n 5]. Childebert, fils de Clovis, roi des Francs, l'avait fondé. »

 
L'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés aurait été fondée sur un temple d'Isis

À partir de cette légende s'élabore une étymologie qui fait de Paris la ville située près de l'Isis de Saint-Germain, Parisis de Para Isis (qui jouxte Isis). L'explication se trouve en 1430 dans une glose du Doctrinale Prosaicum d'Alexandre de Villedieu rédigée par le brabançon Nicolas Franscisi, puis en 1460 dans un commentaire à l'Épitre d'Othéa de Christine de Pisan par Jean Miélot, secrétaire de Philippe le Bon. L'écrivain et éditeur Gilles Corrozet (1510-1568), dans son guide, Les Antiquitez et Singularitez de Paris, mentionne cette étymologie et l'a met en lien avec une ancienne et supposée statue d'Isis exposée en l'abbaye de Saint-Germain:

« Touchant l'imposition du nom, aucuns dient que la ou est S. Germain des prez y avoit un temple dedié à la superstition de l'idole ou deesse Isis, qu'on racompte avoir esté féme du Grand Osiris ou Jupiter le Juste, la statue de laquelle a esté veue de nostre temps, et ay souvenance (...) Ce lieu est appellé temple d'Isis et pour ce que la cité en estoit prochaine, elle fut nommee Parisis (quasi juxta Isis), pres du temple d'Isis. »

— Gilles Corrozet, Les Antiquitez et Singularitez de Paris

Gilles Corrozet mentionne une autre hypothèse quant au lieu où Isis aurait été adoré. D'après cette tradition alternative, un temple d'Isis se serait élevé à Melun, une affirmation que l'on trouve déjà dans le Sophologium de Jacques Legrand (1350-1422):

« Les autres asseurent que ceste deesse estoit adoree à Melun, qui estoit a cette cause nommee Iseos ; et pource que la cité de paris est quasi semblable (quant à l'assiette), à la cité de Melun, elle fut nommée Parisis (quasi par Isis), c'est-à-dire pareille à la cité d'Iseos, qui, depuis a esté nommee Melun, comme y aiant mil et un ans depuis la fondation jusques au changement de son nom[n 6] »

— Gilles Corrozet, Les Antiquitez et Singularitez de Paris


Annexes modifier

Bibliographie modifier

Généralités modifier

  • (fr) Peter A. Clayton (trad. Florence Maruéjol), Chronique des pharaons : L'histoire règne par règne des souverains et des dynasies de l'Égypte ancienne, Paris, Casterman, , 224 p. (ISBN 2-203-23304-4)
  • (fr) Christiane Desroches Noblecourt, La reine mystérieuse: Hatshepsout, Paris, GLM, , 503 p. (ISBN 2-7028-7078-3)
  • (fr) Christiane Desroches Noblecourt, Le fabuleux héritage de l'Égypte, Paris, Éditions SW-Télémaque, , 319 p. (ISBN 2-286-00627-X)

Hiéroglyphes modifier

  • (fr) Yvonne Bonnamy et Ashraf Sadek, Dictionnaire des hiéroglyphes, Arles, Actes Sud, , 986 p. (ISBN 978-2-7427-8922-1)

Mythologie modifier

  • (fr) Aude Gros de Beler, La mythologie égyptienne, Paris, Grand Livre du Mois, , 133 p. (ISBN 2-7028-1107-8)
  • (fr) Bernard Mathieu, « Mais qui est donc Osiris ? Ou la politique sous le linceul de la religion », ENIM 3, Montpellier,‎ , p. 77-107 (lire en ligne)
  • (fr) Lewis Spence et James Putman (Introduction) (trad. Françoise Ghin), Le grand livre illustré de la mythologie égyptienne [« The Illustrated Guide to Egyptian Mythology, London, 1996 »], Rome, Gremese, , 144 p.

Cultes et croyances funéraires modifier

  • (fr) Jan Assmann (trad. Nathalie Baum), Mort et au-delà dans l'Égypte ancienne [« Tod und Jenseits im alten Ägypten »], Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Champollion », , 684 p. (ISBN 2-268-04358-4)
  • (fr) Alain Charron, « Les canidés sacrés dans l'Égypte de la Basse Époque », Égypte, Afrique et Orient, vol. 23,‎ , p. 7-23 (ISSN 1276-9223)
  • (fr) Thierry Bardinet, « Hérodote et le secret de l'embaumeur », « Parcourir l'éternité » Hommages à Jean Yoyotte, BREPOLS, vol. 156 « Bibliothèque de l'École des Hautes Études-Sciences religieuses »,‎ , p. 59-82 (ISBN 978-2-503-54756-5)
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  • (fr) Françoise Dunand et Roger Lichtenberg, « Anubis, Oupouaout et les autres », « Parcourir l'éternité » Hommages à Jean Yoyotte, BREPOLS, vol. 156 « Bibliothèque de l'École des Hautes Études-Sciences religieuses »,‎ , p. 427-440 (ISBN 978-2-503-54756-5)
  • (en) Terence DuQuesne, « Milk of the jackal : Some reflections on Hezat, Anubis and the imywt », Cahiers Caribéens d'Égyptologie, vol. 1,‎ , p. 53-60
  • (en) Terence DuQuesne, The Jackal Divinities of Egypt I : From the Archaic Period to Dynasty X, Londres, Darengo, coll. « Oxfordshire Communications in Egyptology » (no VI), , 566 p. (ISBN 1-871266-24-6)
  • (fr) Anne-Sophie Peres (Rédactrice en chef), Les momies et leurs fascinants secrets, Éditions Atlas, coll. « Passion de l'Égypte », , 125 p. (ISBN 2-7312-2615-3)
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  • (fr) Isabelle Franco, Rites et croyances d'éternité, Paris, Grand Livre du Mois, , 279 p. (ISBN 2-7028-0456-X)
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  • (fr) Sandra L. Lippert, « L’étiologie de la fabrication des statuettes osiriennes au mois de Khoiak et le Rituel de l’ouverture de la bouche d’après le papyrus Jumilhac », ENIM 5, Montpellier,‎ , p. 215-255 (lire en ligne)
  • (fr) Anaïs Martin, « L’embaumeur est-il « out » ? », ENIM 5, Montpellier,‎ , p. 195-213 (lire en ligne)
  • (fr) Luc Pfirsch, « Sortir au jour : Le jugement des morts et l'accès à l'au-delà dans l'Égypte ancienne », La mort et l'immortalité. Encyclopédie des savoirs et des croyances, Bayard,‎ , p. 373-384 (ISBN 2-227-47134-4)
  • (fr) Luc Pfirsch, « Le retour à la vie : Le mythe d'Osiris », La mort et l'immortalité. Encyclopédie des savoirs et des croyances, Bayard,‎ , p. 549-555 (ISBN 2-227-47134-4)
  • (en) Joanna Popielska-Grzybowska, « Some Preliminary Remarks on Atum and Jackal in the Pyramid Texts », Göttinger Miszellen, Göttingen, vol. 173,‎ , p. 143-154 (ISSN X 0344-385 X)
  • (fr) Frédéric Servajean, « Le cycle du ba dans le Rituel de l'embaument P.Boulaq III, 8, 12-8, 16 », ENIM 2, Montpellier,‎ , p. 9-23 (lire en ligne)
  • (fr) Frédéric Servajean, « Le conte des Deux Frères (1). La jeune femme que les chiens n’aimaient pas », ENIM 4, Montpellier,‎ , p. 1-37 (lire en ligne)
  • (fr) Frédéric Servajean, « Le conte des Deux Frères (2). La La route de Phénicie », ENIM 4, Montpellier,‎ , p. 197-232 (lire en ligne)
  • (fr) Frédéric Servajean, « Atteindre le temps et l'éternité », CENIM 5, Montpellier,‎ , p. 699-717 (ISSN 2102-6637)
  • (fr) Raymond Weill, « Le livre du « désespéré », le sens, l'intention et la composition littéraire de l'ouvrage », BIFAO 45,‎ , p. 89-154 (ISSN 0255-0962)
  • (en) Harco Willems, « Anubis as a judge », Egyptian religion, the last thousand years : studies dedicated to the Memory of Jan Quagebeur / 1, Leuven/Louvain, vol. OLA 84-85,‎ , p. 719-744 (ISBN 90-429-0669-3)

Traductions modifier

  • (fr) Claude Carrier, Textes des Pyramides de l'Égypte ancienne : Tome III, Textes de la pyramide de Pépy II, Paris, Cybèle, (ISBN 978-2-915840-13-1), p. 1151 à 1813.
  • (fr) Claude Carrier, Textes des Pyramides de l'Égypte ancienne : Tome IV, Textes des pyramides de Mérenrê, d'Aba, de Neit, d'Ipout et d'Oudjebten, Paris, Cybèle, (ISBN 978-2-915840-14-8), p. 1819 à 2709.
  • (fr) François Lexa, La magie dans l'Égypte antique de l'Ancien Empire jusqu'à l'époque copte, vol. II, Les textes magiques, Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, , 235 p.
  • (fr) Alessandro Roccati, La littérature historique sous l'Ancien Empire égyptien, Paris, , 320 p. (ISBN 2-204-01895-3)
  • (de) Wolfgang Wettengel, Die Erzählung von den beiden Brüdern : Der Papyrus d'Orbiney und die Königsideologie des Ramessiden, Fribourg (Suisse) et Göttingen (Allemagne), coll. « OBO » (no 195), , 213 p. (ISBN 3-7278-1441-1)

Conférence modifier

  • (fr) Youri Volokhine, « Colère et châtiment divins en Égypte ancienne : la question des maladies cutanées », Colloque interdisciplinaire 2012-2013, Chaire des Milieux Bibliques, Collège de France: Colères et repentirs divins, Paris,‎ (lire en ligne)

Notes modifier

  1. Par convention, la lettre N. remplace le nom et les titres honorifiques du défunt égyptien.
  2. Le deben est une unité de mesure égyptienne qui représente un poid de 90 à 92 grammes. Plus loin dans le texte, Horus est armé d'un couteau de 16 deben soit plus de 1.4 kilogrammes.
  3. La Cynopolitaine est une région située autour de la ville de Cynopolis et constituée par le regroupement des 17e et 18e nomes de Haute-Égypte.
  4. D'après Jacques vandier, Mefkat désigne ici une ville du 3e nome de Basse-Égypte où un prêtre d'Hathor portait le titre de shak hat « celui qui réunit la tête au corps », voir Vandier 1961, p. 64.
  5. Il s'agit de l'ancien vocable de Abbaye de Saint-Germain-des-Prés
  6. La version du Sophologium est très semblable: « Il y avait une ville dite Yseos nommée ainsi d'après le nom de la déesse Isis que l'on y vénérait et qui s'appelle maintenant Melun. Paris doit son nom à cette circonstance, Parisius se dit comme pareil à Iseos (quasi par Iseos), car il est situé sur la Seine à la manière de Melun ».

Références modifier

  1. Bertrò 1995, p. 196,
    Bonnamy et Sadek 2010, p. 18
  2. Carrier 2009, p. 491-493
  3. Lalouette 1987, p. 75, 89, 280
  4. Lalouette 1987, p. 75 à 88
  5. Carrier 2004, p. 225 (C.T. II, 37, a-d)
  6. Broze 1996, p. 77
  7. Broze 1996, p. 75-76
  8. Broze 1996, p. 80-81
  9. Meunier 2001, p. 74-75
  10. Vandier 1961, p. 63-68
  11. Vandier 1961, p. 124
  12. Vandier 1961, p. 132
  13. Cf. Michael Maier, Arcana arcanissima, 1613, trad. française : « Les Arcanes très secrets», éd. Beya, p. 40
  14. Apulée, Les Métamorphoses, dans : Romans grecs et latins, Bibliothèque de la Pléiade, p. 352
  15. Citation de Plutarque Ἐγώ εἰμι πᾶν τὸ γεγονὸς καὶ ὂν καὶ ἐσόμενον καὶ τὸν ἐμὸν πέπλον οὐδείς πω θνητὸς ἀπεκάλυψεν.
  16. op. cit., p. 359


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