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Afrogameuses

Cadre
Forme juridique Association à but non lucratif
But Encourager un écosystème du jeu vidéo plus représentatif des minorités ethniques, sur tous les plans : les personnages, les plateformes de streaming, les formations, le monde e-sportif et professionnel
Fondation
Fondation 14 juillet 2020
Fondatrice Jennifer Lufau « Invinciblejane »
Identité
Présidente Jennifer Lufau « Invinciblejane »
Secrétaire général Bleine Dhellot « Negus »
Trésorière Diana Paniah
Site web https://www.afrogameuses.com/

L'association Afrogameuses est une communauté internationale, créée en , composée principalement de joueuses et streameuses, amatrices et professionnelles. Ce collectif milite pour une meilleure représentation et visibilisation des minorités dans l'univers du jeu vidéo et du streaming en France, tout en mettant l'accent sur les femmes afrodescendantes, afin de favoriser la diversité et l'inclusivité dans ces milieux.

Le but est d'encourager un écosystème du jeu vidéo plus représentatif des minorités ethniques, sur différents plans : personnages, plateformes de streaming, formations, monde e-sportif et professionnel, par le biais de la valorisation de role models, de la sensibilisation, de l'information, et de l'éducation, afin d'encourager l'égalité des chances pour les populations invisibilisées du secteur du jeu vidéo.

Constat modifier

Le monde du jeu vidéo est porteur des mêmes conflictualités que la société[1]. Les expériences communes de harcèlement, sexisme et racisme rapportées sur le groupe, font écho à la réalité du milieu[2]. En , la joueuse professionnelle chinoise Xiaomeng Li, connue sous le nom de joueuse Liooon et championne du monde du jeu Hearthstone, dénonce les attaques sexistes qu'elle subit régulièrement et déclare son soutien aux joueuses qui en sont victimes[3].

Les chiffres officiels démontrent que 14 % de femmes et 2 % de personnes non-binaires composent les effectifs des studio de développement en France[4] ; 2 % des professionnels du développement de jeux vidéo se définissent comme faisant partie de la communauté Noire/Afro-Américaine/Africaine/Afro-Caribéenne[5] ; et une étude américaine de met en avant l'absence de personnages racisés, en particulier les femmes racisées, dans cinquante jeux populaires, soit 3 % de personnages noirs et 8 % de protagonistes féminins, alors que seules deux d'entre elles sont un personnage principal du jeu[6].

« Le jeu vidéo a-t-il peur du noir ? »[1] modifier

Cette question est posée en 2015, dans le cadre de la table ronde organisée par le media Arrêt sur images[1].

En France, les statistiques ethniques sont interdites. Il n'existe aucun chiffres pour évaluer la place des personnes racisées dans les studios, ce qui, pour Jennifer Lufau, est un « schéma est assez universel : globalement, peu de minorités travaillent dans la tech » alors qu'il existe une « vraie demande de la part des personnes racisées pour que les studios mettent en place des dispositions concrètes pour faire évoluer cette situation »[7]. Environ 15% des postes de travail liés au secteur du jeu vidéo sont occupés par des femmes. De ce manque de représentativité à l'échelon créatif découle la mise en scène de personnages féminins stéréotypée et hypersexualisée. De plus, les héroïnes noires sont exoticisées, sous formes objets sexuels fétichisés, et sont déshumanisées, présentées comme agressives et dénuées de sentiments. Leur représentation physique reste superficielle car les studios ne se donnent pas les moyens de créer une représentation réaliste des coiffures afro ou de la couleur de peau. Elles n’occupent que très rarement un premier rôle, car les studios et les investisseurs les considèrent comme un risque[7]. La création de personnages féminins noirs, intéressants et indépendants est une priorité. Actuellement, les jeunes gameuses s’identifient difficilement au type de personnages proposés. Une des missions que se donne Afrogameuses est contacter les studios de développement de jeux afin de leur expliquer que ces personnages stéréotypés ne sont pas les bienvenus[3].

Création modifier

Très jeune, l'experte en marketing digital Jennifer Lufau réalise que, en tant que joueuse, elle voit peu d’autres femmes lui ressemblant et se perçoit comme une espèce d’anomalie : femme et noire[7]. Pour elle, être un femme noire geek, dans l'univers raciste et sexiste du gaming, constitue en soi un geste militant. Cela représente même un motif de harcèlement, subi à travers la réception régulière de commentaires haineux. Pour éviter cette situation, de nombreuses femmes racisées évoluent dans ce milieu sous des pseudonymes, à consonance masculine[3].

En , Jennifer Lufau contacte d'autres femmes concernées par le biais de réseaux féministes, tels que Women in Games, et des groupes anti-racistes, comme Black Geeks[1], afin d'échanger autour de leurs expériences respectives. Elles créent le collectif Afrogameuses, qui voit le jour sur Instagram, le [1][8], avant de se constituer officiellement en association à but non lucratif, quelques mois plus tard, grâce à une campagne de financement participatif, terminée le [9]. À cette époque, des initiatives similaires sont proposées dans les pays anglophones, notamment les États-Unis, mais aucune structure de ce type, n'existe encore sour une forme francophone[10].

Le , sur la plateforme Twitch, le collectif anime une masterclass, en partenariat avec la chaîne MadmoiZelle[1].

En , l'association signe son premier partenariat avec Maratus Game, un studio belge indépendant, notamment développeur d'Arisen, un jeu de cartes narratif sur l'esclavage, basé sur un choix de personnages féminins, masculins, binaires ou non, homosexuels, hétérosexuels et bisexuels[11].

En , soit neuf mois après sa création, la communauté Afrogameuses compte plus de 3'000 abonnés sur son compte Twitter[12].

Le , l'association organise un meet-up jeux vidéo et esport, à Paris, dans le cadre du projet ParisENVIES[13].

But et objectifs modifier

Afrogameuses est une association qui œuvre pour une meilleure insertion des minorités dans le secteur des jeux vidéo. A travers son soutien, cette communauté inclusive incite les joueuses et streameuses afrodescendantes à prendre leur place dans ce milieu. Des joueuses et streameuses, ainsi que des professionnelles de l'industrie du jeu vidéo, sont valorisées et invitées à des sessions live et des masterclass, pour échanger et parler de leur parcours, de leur métier et de la diversité du secteur[14]. Différentes actions sont mises en place pour soutenir les joueuses qui font face aux discriminations intersectionnelles (misogynoir, racisme) et créer un espace de partage et d'éducation[15]. L'association est engagée dans une action afroféministe, dont le but est de défendre les nombreuses personnes victimes à fois de racisme et de sexisme. Pour la fondatrice Jennifer Lufau, « le féminisme, à l’origine, n’a pas été pensé pour les personnes racisées, et ne poursuit donc pas les mêmes objectifs. Être noir est un marqueur social qui s’ajoute au fait d’être une femme, et c’est quelque chose qui fait la différence aujourd’hui, dans le monde entier »[7]. Son principal objectif est de rencontrer et rassembler les joueuses afrodescendantes, dans le but de pallier à leur absence dans l'esport et le streaming, en particulier sur la scène francophone.

La volonté du collectif est de rendre visibles, de façon positive, différents profils d'afrogameuses actives en France et à l'étranger, afin d'ouvrir la voie à d'autres ; de mettre à disposition des ressources contre le harcèlement, ainsi que les comportements racistes et sexistes en ligne ; de signaler et trouver des solutions aux personnages féminins noirs dans les jeux vidéo, bien souvent stéréotypés, secondaires et non jouables ; de démontrer que le gaming est un secteur viable et accessible aux jeunes filles noires[15]. Bien que l'attention soit davantage portée sur les femmes afrodescendantes, l'association promeut la diversité, la mixité et l'inclusion sous toutes ses formes et entend influencer le secteur du jeu vidéo sur ces thématiques, que ce soit en termes de représentation ou d’insertion professionnelle[16][17]. Les personnages noirs, forts et féminins étant peu présents dans le monde des jeux vidéo et des gamers, leurs actions ont pour but de remédier à cette invisibilisation[7] et incitent les femmes à dénoncer les comportements sexistes et racistes[3].

L'association Afrogameuses articule ses interventions autour de quatre axes. Tout d'abord, elle vise à soutenir l'amélioration de la représentation des personnes racisées dans le monde du jeu vidéo, à travers la mise en avant de rôles modèles, sur les différentes plate-formes de jeu et les réseaux sociaux, visant à développer l'intérêt des femmes noires pour ce milieu, tant pour y travailler que pour y streamer. Ensuite, elle renforce l'information et l'accompagnement des membres de l’association dans leurs projets, par le biais de la mise en place d'ateliers de coaching, qui favorisent une meilleure insertion professionnelle dans le monde du jeu vidéo. De plus, elle propose un espace de soutien contre le harcèlement lié à l’intersectionnalité des identités et les discriminations, destiné à recevoir les personnes qui subissent des comportements toxiques, tels que des commentaires ou des agressions racistes en ligne, dans un cadre d'écoute bienveillant. Enfin, elle favorise la sensibilisation du grand public et l'accompagnement des acteurs du secteur du jeu vidéo, à travers divers événements et partenariats, traitant des thématiques liées à la diversité et l'inclusion[7][18].

Actions modifier

Information et sensibilisation modifier

Afrogameuses dispose d’un réseau mondial d’ambassadrices et d'ambassadeurs qui participent à des évènements au nom de l’association et la représente officiellement auprès des médias, afin de mettre en place des initiatives permettant de promouvoir la diversité dans le jeu vidéo, au niveau international[19],[20].

En partenariat avec La Féministerie[21], Afrogameuses organise des ateliers axés sur les stéréotypes existants sur les femmes noires, ainsi que sur leur invisibilisation dans l’industrie du jeu vidéo, que ce soit du point de vue des joueuses ou des personnages. Se rendre compte de la réalité de la situation est une première étape dans la déconstruction des biais inconscients qui influencent le sexisme et le racisme[22].

Le collectif organise également des évènements diffusés en direct sur la plateforme de streaming Twitch, tels que Gaming Queens, afin de sensibiliser le grand public aux thématiques de mixité, d'inclusion et de diversité[23].

Formation et accompagnement modifier

L’association propose un programme de mentorat entre des professionnels du secteur du jeu vidéo et des personnes issues des minorités qui souhaitent intégrer ce milieu[20]. Depuis , l'association développe un partenariat avec Gaming Campus et propose un stage de découverte de la programmation de jeu vidéo, sur Unreal Engine 4[24]. L'association propose également un programme de partenariat, qui permet aux entreprises, écoles et associations de prendre part à l'évolution de l'industrie en participant à divers événements de réseautage et sessions d'informations. Une communauté de testeurs de populations diverses et mixtes est mise à disposition pour tester de nouveaux jeux et échanger avec les concepteurs[15]. De plus, l’association accompagne les membres qui souhaitent trouver un emploi dans le jeu vidéo et organise régulièrement à cette occasion des masterclass et des ateliers coaching avec des professionnels[25].

Afrogameuses collabore également avec des studios afin de faire remonter les thématiques de diversité, tant dans les processus de recrutement que dans la sensibilisation des collaborateur.rices, et propose également son expérience pour la conception de jeux inclusifs[11].

Autres actions modifier

Afrogameuses s’appuie sur un système de role model afin de célébrer les femmes noires — streameuses, joueuses, professionnelles —, notamment par le biais des réseaux sociaux, sur lesquels un post hebdomadaire célèbre « l’Afrogameuse de la semaine »[26].

L’association met également à disposition un annuaire des femmes et personnes non binaires, membres issues des minorités ethniques et évoluant dans le secteur. Cette initiative, appelée #EllesFontLeGame, liste les streameuses affiliées et les professionnelles du jeu vidéo, afin de leur donner plus de visibilité[25].

Le collectif contribue également à visibiliser et valoriser les jeux vidéo africains, en évoquant, par exemple, ce qu'ils représentent en termes de potentiel pour l’industrie. Pourtant, les personnes capable de citer un jeu vidéo africain restent trop rares, alors qu'il s'agit souvent de bons jeux, qui correspondent à une vision locale[27].

Projets modifier

L'association Afrogameuses soutient la réalisation d'une étude permettant de mesurer la toxicité présente dans le monde du jeu vidéo, envers les femmes afrodescendantes et toute personne susceptible d’être discriminée[7]. Ce projet, intitulé La Toxicité dans les jeux vidéo, est mené en collaboration avec des chercheurs universitaires, permet de quantifier ces comportements et de les analyser, dans le but de déterminer des actions concrètes à mettre en place pour les combattre[28].

Le collectif cherche également à traiter le sujet du playtesting, moment de test d'un jeu en phase de développement, par les professionnels, en vue de son amélioration[7] et aimerait éditer un guide de référence destiné aux éditeurs des studios[1].

Article connexe modifier

Mehdi Derfoufi, « Sexe, race et gaming. Le jeu vidéo à l’épreuve des différences », Revue du Crieur, 2019/3 no 14,‎ , p. 74-85 (lire en ligne)

Lien externe modifier

Références modifier

  1. a b c d e f et g 01net, « Le combat des Afrogameuses pour être visibles dans la communauté gaming est un combat pour la réalité », sur 01net (consulté le )
  2. « « J’ai arrêté de jouer pendant deux mois, car j’étais au bout de moi » : les joueuses en ligne restent confrontées au sexisme », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a b c et d « Femme noire dans le monde des jeux vidéos, un acte militant », sur rts.ch, (consulté le )
  4. Idate digiworld et Syndicat national du jeu vidéo, « Baromètre annuel du jeu vidéo en France - Edition 2020 », sur Syndicat national du jeu vidéo, (consulté le )
  5. (en-US) « Confronting racial bias in video games », sur TechCrunch (consulté le )
  6. (en) « Researcher examines racial and gender representation in top 50 video games », sur phys.org (consulté le )
  7. a b c d e f g et h « Jennifer Lufau | Institut français », sur www.institutfrancais.com (consulté le )
  8. « Les Afrogameuses contre les discriminations à tous les niveaux sur Twitch », sur Bondy Blog, (consulté le )
  9. KissKissBankBank, « AFROGAMEUSES pour la place des femmes noires dans le secteur des jeux vidéos par Afrogameuses », sur KissKissBankBank (consulté le )
  10. « Les Afrogameuses : un mouvement pour inclure les femmes noires dans le jeu vidéo », sur Les Éclaireurs, (consulté le )
  11. a et b « - Maratus et Afrogameuses, un partenariat pour la diversité », sur JEU.VIDEO, (consulté le )
  12. « https://twitter.com/afrogameuses », sur Twitter (consulté le )
  13. « Sortir à Paris : Animations / Loisirs / Jeux », sur Sortir à Paris (consulté le )
  14. « Afrogameuses veut valoriser les joueuses et streameuses noires », sur Les Echos Start, (consulté le )
  15. a b et c « Afrogameuses signe son 1er partenariat pour une industrie plus inclusive », sur AFJV (consulté le )
  16. « Avec Afrogameuses, Jennifer Lufau défend la place des femmes noires dans le monde du jeu vidéo - Les Inrocks », sur https://www.lesinrocks.com/ (consulté le )
  17. « Jennifer Lufau, la gameuse qui combat les dérives de l'industrie du jeu video », sur Maddyness - Le Magazine sur l’actualité des Startups Françaises, (consulté le )
  18. (en-GB) « Afrogameuses, une association féministe et intersectionnelle », sur The Allyance (consulté le )
  19. « Jennifer Lufau, Afrogameuses : "Les discriminations n’épargnent pas le monde du gaming" », sur JEU.VIDEO, (consulté le )
  20. a et b « Nos actions pour l'inclusion », sur Afrogameuses (consulté le )
  21. (en) « La Féministerie - plateforme d'Ateliers en ligne » (consulté le )
  22. « Dans le jeu vidéo, une photo d’une fille noire, c’est un motif de harcèlement », sur Forums madmoiZelle (consulté le )
  23. « Gaming Queens - Afrogameuses célèbre les femmes dans le jeu vidéo le 7 mars en direct sur Twitch », sur actualites Hightech jeux video cinema, (consulté le )
  24. InvincibleJane, « Stage d'initiation à la programmation de jeux vidéo », sur Afrogameuses, (consulté le )
  25. a et b Jonathan Ruiz, « Afrogameuses et Gaming Campus annoncent leur partenariat avec un stage d’initiation « Programmation de jeux vidéo » - Gaming Campus » (consulté le )
  26. (en-US) « Les Portraits du jeu vidéo : Jennifer Lufau », sur Xbox Wire en Francais, (consulté le )
  27. Zone Techno- ICI.Radio-Canada.ca, « Afrogameuses, la communauté dont les joueuses noires avaient besoin », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  28. « Projet d'étude : La toxicité dans les jeux vidéo.pdf », sur Google Docs (consulté le )

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