« Je n'aime pas prêcher car lorsqu'on prêche, on sait par avance ce que l'on va dire et, surtout, on n'apprend rien de ses interlocuteurs. Or, je veux être comme ce vieillard à la barbe blanche dessiné par Goya. Il avance voûté, appuyé sur ses deux bâtons et, au-dessus de ce dessin sont ces simples mots : Aun aprendo, « j'apprends toujours ». Je veux être ce vieux monsieur : apprendre tout le temps, à la bibliothèque comme dans la rue, apprendre de mes lecteurs. » Carlo Ginzburg, L'Histoire, no 360, janvier 2011.


Mon fils – qui maîtrise admirablement la métrique – me chantait régulièrement sur un air enjoué quand il avait 7 ans :

Il m'énerve, ce papa
Toujours sur wikipédia

Tout ça pour dire que mes quelques années de Wikipédia m'ont appris que c'était une pratique fortement addictive qui m'a amené à me consacrer essentiellement à des articles historiques, notamment liés à la Grèce antique, comme l'article Agriculture en Grèce antique ou Mines du Laurion ou le monde britannique du XIXe siècle, comme Corn Laws... J'ai par ailleurs tendance à reformuler à tour de bras les articles dont je me lamente parfois des problèmes de syntaxe dont ils font qu'à être émaillés... tout en restant admiratif du travail fourni gratuitement.

Voilàvoilà

En guise de présentation modifier

« Veux tu savoir quel type d'homme je suis ? Eh bien, je suis quelqu'un qui est content d'être réfuté quand ce que je dis est faux, quelqu'un qui a aussi plaisir à réfuter quand ce qu'on me dit n'est pas vrai, mais auquel il ne plaît pas moins d'être réfuté que de réfuter. En fait, j'estime qu'il y a plus grand avantage à être réfuté, dans la mesure où se débarrasser du pire des maux fait plus de bien que d'en délivrer autrui. »

Platon, Gorgias, 458a


« La recette barbare aux denrées improbables,
Née de la sombre sylve ou des torrides sables,
Intrigue le gourmet, qui brûle de savoir
En quoi varie ce plat de ceux de son terroir.
Aux marches du palais hésite sa cuillère,
Mais cet émoi passé, l'instrument réitère
De bol en bouche bée, son aller, ses retours,
Car le mets était bon sous ses louches atours !
On peut à ce gourmet comparer l'honnête homme
Qui face à l'étranger agit en gastronome
Allant vers son prochain pour goûter la saveur
Du sel d'un bel esprit, du sucré d'un bon cœur
Il fait fi du faciès, du comment-on-s'habille,
Et franchit le limes dont se rient les papilles.
Mais je vous sens lassé, cessons là ce laïus
D'Erasme de comptoir, de grossier Lucullus
Pour savourer la joie d'un repas entre amis,
Prendrez-vous avec moi de ce bon salami ? »

Alain Ayroles, Jean-Luc Masbou, De cape et de crocs, tome 2, p. 28-29

Dans le même ordre d'idée, un grand ancien a écrit (Article « Éclectisme » de l'Encyclopédie) :

« L'éclectique est un philosophe qui, foulant aux pieds les préjugés, la tradition, l'ancienneté, le consentement universel, l'autorité, en un mot tout ce qui subjugue la foule des esprits, ose penser par lui-même, remonter aux principes les plus clairs, n'admettre tien que le témoignage du sens et de la raison. »


A cela j'ajoute deux citations tirées d'un article de Giorgio Riello dans la Revue d'histoire moderne et contemporaine (n° 54-4 bis, 2007) ; l'une s'applique bien à ma philosophie de Wikipédia, l'autre résume bien les rapports de force académiques et médiatiques contemporains :

« Si j'arrive à lire l'étagère entière de livres publiés dans les langues européennes que je connais sur, par exemple, les techniques textiles chinoises, je serai moins éclairé et moins avancé que si j'en discute avec mon collègue sinologue. Cela ne veut pas dire que l'on doit passer son temps dans le bureau de ses collègues, mais seulement qu'on apprend beaucoup en discutant avec nos collègues du bureau d'à côté, au lieu d'aller à la bibliothèque lire les livres écrits par nos collègues du bureau d'à côté. »

« Les historiens n'excellent pas dans l'exercice prédictif : nous laissons en général cela aux économistes, et c'est la raison pour laquelle ils sont si bien payés. »

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