Utilisatrice:DeuxPlusQuatre/Brouillon-5

Langage humain voir paragraphe histoire du langage

Genre (sciences sociales)

Études de genre

Langage

Dès les années 1980, Monique Wittig, Simone de Beauvoir, Nicole-Claude Mathieu, Colette Guillemin soulignent que le langage comme ressources sémiotiques agit sur le réel en tant que social[1]. Le langage projette des réalités sur le corps social. Dès lors, le langage est un outil d'action politique pour les groupe minorés[2].

Les recherches linguistiques sur le genre recouvrent une grande diversité de travaux en sciences humaines et sociales et en sciences du langage[1].

Les études sur le genre et le langage se sont développés dans le sillage des sociolinguistiques américaines. Les premiers travaux étudient la pratique de la langue par les femmes ; leur vocabulaire serait moins important que celui des hommes, les hommes et les femmes ne parleraient pas la même langue. La langue des hommes serait la langue de référence et celle des femmes la langue dite «faible», les femmes présentant un déficit cognitif et linguistique. Ce paradigme sexiste perdure dans les années 1970.

Il est remis en cause par l'anthropologie linguistique et culturelle. L'étude des genres et des styles discursifs dans des sociétés non occidentales permet de souligner que les parlers masculin et féminin relèvent de stéréotype sexistes.

De même, dès les années 1940, des recherches ont tentés d'identifiés un parler gai et lesbien. Ces recherches présupposaient l'existence d'une identité homosexuelle universelle. Déborah Cameron et Don Kulick en font une critique sévère dans leur ouvrage The language and sexuality reader publié en 2006.

C'est finalement l'ouvrage de Robin Lakoff, Language and women's place, publié en 1975 qui marque la naissance des études sur le genre et le angage aux Etat-Unis. Il appréhende les pratiques linguistiques des femmes comme effets de la domination masculine.

L'anthropologie linguistique s'intéresse elle à la domination exercée par les hommes sur les femmes par le langage.

Les recherches linguistiques sur les styles de communication et interactionnels attribuent les différences à des socialisations différenciées. Les compétences communicationnelles féminines sont valorisées. Ce paradigme rencontre un large public avec le succès de l'ouvrage Décidément, tu ne me comprends pas! de Déborah Tannen publié en 1993.

Dans le même temps, de nombreux travaux francophones analysent le sexisme de la langue française. Des travaux féministes questionnent les liens entre langue, sexage, sexisme et sexualité. En 1978, Marina Yaguello étudie l'aliénation des femmes dans et par la langue, dans son essai Essai d'approche sociolinguistique de la condition féminine.

Au Québec, puis en Suisse et en Belgique les premières recommandations pour la féminisation des noms de métiers et fonctions sont publiées. En France, le débat se cristallise, dès les années 1980.

Parlers masculins, parlers féminins, publié en 1983, par Véréna Aebischer et Claire Forel interroge les stéréotypes linguistiques et les stratégies conversationnelles et propose de dépasser la perspective différentialiste[3]. Des travaux de sémiologie, de sémantique, de lexicologie mettent au jour les dysymétries lexicales, les désignations péjorantes des femmes, l'occultation des femmes par le masculin dit «générique». Ces travaux font le parallèle entre la dévalorisation et l'invisibilisation du féminin dans la langue et les femmes dans la société.

Trois ouvrages marquent une étape importante pour la recherche linguistique sur le genre en France. Il s'agit de Language, genre et sexualité d'Alexandre Duchêne[4], publié en 2001, Intersexion : langues romanes, langues et genre de Fabienne Baider[5] en 2011 et de La face cachée du genre. Langage et pouvoir des normes de Natacha Chetcuti et Luca Gréco[6] en 2012.

Le foisonnement des travaux sur le langage, la langue, le discours, le genre, le sexe et les sexualités donne une visibilité et une légitimité à ce champ de recherche : langage et genre.

Ces recherches rejoignent parfois la linguistique queer qui remet en cause la binarité de sexe et les systèmes de catégorisations. Il ne s'agit plus d'étudier le parler des hommes, des femmes, des gays, des lesbiennes mais comment les normes sont construites et inscrites dans la langue et comment les personnes les construisent ou les déconstruisent dans le discours.

La recherche linguistique sur le genre en montrant l'inscription des normes dans la langue et en remettant en cause leur immuabilité participent à la déstabilisation de ces normes.

Notes et références modifier

  1. a et b Rennes, Juliette, (1976- ...)., Encyclopédie critique du genre : corps, sexualité, rapports sociaux, La Découverte, dl 2016, cop. 2016 (ISBN 9782707190482, OCLC 962555730, lire en ligne)
  2. Foucault, Michel, 1926-1984., L'ordre du discours : leçon inaugurale au Collège de France prononcée le 2 décembre 1970, Gallimard, (ISBN 2070277747, OCLC 189732, lire en ligne)
  3. Aebischer, Verena., Parlers masculins, parlers féminins?, Delachaux et Niestlé, (ISBN 2603002945, OCLC 10059249, lire en ligne)
  4. Duchêne, Alexandre., Moïse, Claudine. et Auger, Nathalie, 1973-, Langage, genre et sexualité, Éditions Nota Bene, (ISBN 9782895183662, OCLC 779872438, lire en ligne)
  5. Baider, Fabienne H., Intersexion : langues romanes, langues et genre, LINCOM Europa, (ISBN 9783862883202, OCLC 802616389, lire en ligne)
  6. Chetcuti, Natacha. et Greco, Luca., La face cachée du genre : langage et pouvoir des normes, Presses Sorbonne nouvelle, (ISBN 9782878545685, OCLC 810651259, lire en ligne)

Fin modifier

  • Christa Blümlinger, Le cinéma autrichien, Mont-Saint-Aignan, Université de Rouen, Centre d'études et de recherches autrichiennes, , 248 p. (ISBN 978-2-87775-457-6)