Enfant du quartier populaire des Marolles aux origines modestes, Jacques Van Melkebeke se passionne très tôt pour le dessin, la littérature et le cinéma, qui lui apparaissent comme des moyens de s'évader d'un quotidien misérable. Pendant sa scolarité, il se lie d'amitié avec Edgar P. Jacobs, les deux hommes partageant leur goût pour le fantastique, le cinéma expressionniste, les mythes et les mystères des civilisations anciennes ou disparues. Élève de l'Académie royale des beaux-arts, Jacques Van Melkebeke rêve d'une carrière de peintre, sans toutefois pouvoir vivre de son art. Durant l'entre-deux-guerres, il gagne péniblement sa vie en pratiquant la retouche photographique et en réalisant divers travaux d'illustration. Ses œuvres sont exposées pour la première fois au Palais des Beaux-Arts en 1939.
Devenu journaliste par opportunisme plutôt que par attrait pour l'actualité et la politique, Jacques Van Melkebeke multiplie les contributions dans plusieurs titres de presse, notamment au Nouveau Journal qui lui confie sa rubrique artistique. Son activité pour différents quotidiens propagandistes et collaborationnistes lui vaut d'être inquiété à la libération du pays : épargné par les expéditions punitives menées contre les personnalités aux comportements jugés inciviques pendant l'occupation, il est finalement arrêté et incarcéré une première fois à la fin de l'année 1944, avant d'entrer dans la clandestinité. Premier rédacteur en chef du journal Tintin en 1946, il est rattrapé par la justice et de nouveau incarcéré à la prison du Petit-Château entre et .
Après sa libération, Jacques Van Melkebeke reprend ses activités sous couvert d'anonymat. Il travaille alors dans l'ombre des grands créateurs de la bande dessinée franco-belge, contribuant notamment aux aventures de Corentin de Paul Cuvelier ou à la série Hassan et Kaddour de Jacques Laudy dont il écrit plusieurs scénarios. Surtout, il assiste son ami Edgar P. Jacobs dans l'élaboration méthodique des scénarios de Blake et Mortimer, servant notamment de modèle au personnage de Philip Mortimer. En parallèle, il poursuit ses activités de peintre, sans toutefois accéder à une certaine forme de reconnaissance malgré quelques expositions ponctuelles.