Unima
logo de Unima

Création 1965
Dates clés 1973: Acquisition de "Les Pêcheries de Nossi-Bé"
1990 : Lancement de la ferme d'aquaculture Aqualma
2004 : Certifiée Label rouge
Fondateurs Aziz Hassam Ismail
Siège social Luxembourg
Drapeau du Luxembourg Luxembourg
Direction Amyne H. Ismail
Activité Aquaculture, pêche et distribution de crevettes
Effectif 4500
Site web Unima.com

Unima est une entreprise malgache, basé au Luxembourg spécialisée dans l'aquaculture, la pêche et la commercialisation de crevettes. Créée par Aziz Hassam Ismail, elle exporte ses produits principalement vers la France.

Histoire modifier

En 1957, les Ismail, une famille d'entrepreneurs originaire d'Inde et installée à Madagascar, reprennent une filature textile. Unima est fondé par Aziz Hassam Ismail en 1965. En 1973, les Ismail diversifient leurs activités industrielles, grâce à l'acquisition de "Les Pêcheries de Nossi-Bé", une entreprise crevettière dont le nom fait référence à Nosy Be, une île située au large de la côte nord-ouest de la Grande Île[1]. Dirigée par Aziz Hassam Ismail, la pêcherie survit aux chocs pétroliers des années 1970, à la politique de nationalisation conduite par Didier Ratsiraka et aux variations à la baisse du prix de la crevette[1]. Il est établi que le siège du groupe est sis au Luxembourg depuis les années 1976-1979, époque à laquelle le régime politique malgache devient la République démocratique malgache, proche du bloc de l'Est, organise la nationalisation de nombreuses entreprises, dont les filiales malgaches du groupe[2],[3]. Après la fin du régime socialiste, l’État malgache a souhaité investir dans les projets du groupe, responsable de plus de 4000 emplois locaux directs, et possède actuellement des participations[4].

Au début des années 1990, Unima s'émancipe du groupe familial Cotona, spécialisé dans la production textile. Avec l'ouverture de la ferme Aqualma à Mahajamba, Unima se diversifie de la pêche artisanale à la crevette à l'aquaculture crevettière[1]. L'entreprise malgache ouvre, à Besalampy, une deuxième ferme aquacole, cumulant une surface d'exploitation de 1 600 ha. Elle crée des usines de production et de conditionnement d'aliments marins et un centre de développement de géniteurs[5].

Unima est la première entreprise au monde à développer la domestication de la crevette géante tigrée[5]. En 1998, Amyne H. Ismail, fils du fondateur Aziz Hassam Ismail, prend la direction générale d'Unima[1],[5]. Il en devient le président-directeur général en 2014[6].

En 2004, la crevette Unima devient le premier produit alimentaire non-européen à obtenir le Label rouge[5],[7]. Unima inaugure une usine de cuisson et de conditionnement de crevettes dans le parc d'activités de Landacres, à Boulogne-sur-Mer, en France[8]. La même année, l'entreprise malgache, qui produit entre quatre et cinq mille tonnes de crevettes par an, s'associe avec Urcoopa, un provendier de La Réunion. Dans une zone industrielle du Port, leur projet commun se concrétise en une usine : Nutrima, destinée à fournir des aliments aux animaux d'élevage aquacole[9].

En 2007, Unima atteint un chiffre d'affaires de soixante millions d'euros, dans un contexte économique où la concurrence internationale (Brésil, Équateur, Vietnam, Thaïlande et Chine) entraîne une baisse du prix de la crevette[10].

En 2008, pour faire face à la crise financière, Unima se sépare de huit cents de ses 3 500 employés et réduit d'un tiers sa production crevettière en fermant sa ferme aquacole de Besalampy[10]. Celle-ci rouvre fin 2011[11], puis referme en 2012 après avoir été touchée par le virus White Spot[12]. En 2017, dans sa ferme de Besalampy, Unima démarre une production de crevettes bio, selon un cahier des charges européen[13].

Années 2020 modifier

Dans le contexte du Covid-19 suivi d’une forte inflation à Madagascar, Unima continue de développer ses activités économiques ainsi que ses engagements environnementaux et sociaux.

En particulier, en 2020, le groupe fait établir un deuxième bilan carbone plus complet, puisque son périmètre intègre désormais les scopes 1, 2 et 3. Le bilan conclut à une réduction de 35% des émissions de gaz à effet de serre entre 2007 et 2019[14].

L’année 2021 est marquée par l’ouverture d’une « unité mère-enfant » à Besakoa, prodiguant les soins et prestations d’une maternité[15].

En 2022, Unima inaugure une nouvelle gamme de produits dite « Sélection ». La même année, le groupe s’engage dans un plan pluriannuel d’objectifs RSE allant jusqu’à 2026, prévoyant notamment la réduction des émissions de gaz à effet de serre induits par les activités du groupe ainsi que des programmes de séquestration de carbone[16].

Engagements modifier

Engagements environnementaux modifier

Depuis 2007, Unima est engagée avec le WWF pour la reconstruction de la mangrove du nord-ouest de Madagascar. L'entreprise a planté plus de 900 000 pieds de palétuviers dans les environs de ses fermes aquacoles[5]. Unima s’est engagé plus récemment auprès du WWF sur d’autres actions sur le plan environnemental, telles que l’absence d’antibiotiques dans les élevages, la garantie d’une alimentation des crevettes à la fois naturelle et dépourvue d’OGM, ainsi que le suivi de l’état de la diversité de la flore de la mangrove[17].

Ces engagements environnementaux sont de surcroît audités et certifiés par l’organisme Aquaculture Stewardship Council (ASC) dont les critères incluent en particulier la qualité de l'eau, l'approvisionnement responsable en aliments pour animaux, la prévention des maladies ainsi que le bien-être animal. C’est la première ferme africaine à obtenir cette certification[6].

L'entreprise Unima a pourtant été décriée il y a quelques années pour sa pratique d'une pêche côtière au chalut, le long du littoral malgache, allégant d'un risque de dégradation environnementale par épuisement des stocks de crustacés et d'un mécontentement d'acteurs locaux de la pêche vivrière interrogés[18].

L’activité de pêche d’Unima est cependant très réduite en regard de son aquaculture, et elle utilise des chaluts de taille limitée qui ne raclent pas les fonds. De plus, ses bateaux de pêche sont équipés de dispositifs innovants TED (Turtle Excluding Device) et BRD (By-catch Reduction Device) qui permettent d’éviter les captures involontaires de tortues et de poissons divers[5]. Côté aquaculture, l’entreprise a créé depuis le début des années 2000 un centre de domestication ainsi qu’un site de culture de larves de crevettes, dont le but est précisément de contrôler la production et de réduire au maximum le recours aux stocks naturels[19]. Les crevettes grandissent dans des bassins où elles sont 15 à 25 par mètre carré (contre plusieurs centaines par mètre carré dans certains élevages d'Asie)[7].

Enfin, l’entreprise a sollicité Jean-Marc Jancovici dès le lancement de l’outil de bilan carbone développé par ce dernier, devenant l’une des premières entreprises dans le monde à bénéficier d’une comptabilité carbone. Ce projet pionnier a par ailleurs obtenu le soutien de l’Agence Française de Développement et du Ministère malgache de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche[20]. Une dizaine d’années plus tard, un deuxième bilan plus complet est réalisé à la demande du groupe par Jean-Marc Jancovici. Face à la réduction de 35% des émissions de gaz à effet de serre entre les deux bilans, ce dernier souligne : « Ce n’est pas la situation la plus courante parmi les clients de Carbone 4. Et nous sommes sûrs qu’il reste beaucoup de possibilités d’action ! »[7],[16].

Autres engagements modifier

Depuis 2006, Unima est associée au programme WASH de l'Unicef, pour financer l'installation de latrines dans des écoles de Madagascar[21].

Polémiques modifier

Panama Papers modifier

Selon l'exploitation de documents issus des Panama Papers en 2018, Amyne Ismail et son père, dirigeants d'Unima, détiendraient depuis 2000 une société écran établie aux Îles Vierges britanniques. Celle-ci ferait partie d'un réseau de sociétés offshore domiciliées, entre autres, à Monaco et au Luxembourg et entre lesquelles circulent des millions de dollars produits par l'activité industrielle d'Unima[18],[22],[23]. Ce montage financier serait susceptible de permettre à Unima d'échapper à la taxation de ses bénéfices, par les services des impôts de Madagascar[18],[22],[23].

Pèche industrielle modifier

L'élevage de crevettes opéré par la société Unima est généralement salué pour ses pratiques écologiques, cependant, sa méthode de capture de crevettes sauvages le long des côtes malgache suscite la controverse. Le chalutage pratiqué par Unima entre en compétition directe avec les pêcheurs locaux, dont la subsistance dépend de la mer. De plus, Unima utilise des filets traînants le long des fonds marins, une méthode considérée comme préjudiciable par les scientifiques, qui la comparent à l'abattage à blanc d'une forêt marine[22].

Notes et références modifier

  1. a b c et d Laurent d'Ersu, « La famille Ismail veille sur l'« or rose » de Madagascar », La Croix,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Zo Arlène RASAMOELINA, « Les réformes de politiques publiques à Madagascar - IMODEV - Improving Public Policies in a Digital World », sur site.imodev.org (consulté le ).
  3. Jean-Marc Châtaigner, « Madagascar : le développement contrarié », (consulté le ).
  4. République de Madagascar, « Document budgétaire annexé au projet de loi portant loi de finances pour 2017 », (consulté le ).
  5. a b c d e et f « Unima », sur Leaders Afrique, (consulté le ).
  6. a et b « Amyne Ismail », sur Leaders Afrique (consulté le ).
  7. a b et c Sabine Delanglade, « Amyne Ismail, le roi de la crevette », Les Echos,‎ , p. 35 (lire en ligne)
  8. « Pas-de-Calais Implantation d'Unima France à Landacres », Le Moniteur,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. P. David, « Partenariat régional gagnant », Témoignages, (consulté le ).
  10. a et b Julien Clémençot, « La crevette malgache veut sauver sa tête », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Madagascar : l'élevage de crevette redémarre », sur lexpress.mu, (consulté le ).
  12. Marie Cadoux, « Unima, le roi de la crevette labellisée, a rebondi après le virus White Spot », LSA Conso,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Guillaume Joris, « La crevette Unima au régime bio », Produits de la mer,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Réussite Commerciale No.17 : Groupe UNIMA - L’exportation de crevettes de Madagascar vers l’Union européenne permettant de poursuivre une expansion durable et équitable | EEAS Website », sur eeas.europa.eu (consulté le ).
  15. hmarquier, « Les secrets de la crevette écoresponsable d’Unima », sur Produits de la mer, (consulté le ).
  16. a et b (en) « UNIMA RAPPORT RSE 2022-2023 by unimadistribution - Issuu », sur issuu.com (consulté le ).
  17. World Wide Fund (WWF), « Un élevage de crevettes responsable pour satisfaire la demande européenne », (consulté le ).
  18. a b et c Edward Carver et Will Fitzgibbon, « La crevette, cet « or rose » dont Madagascar ne voit pas la couleur », Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  19. « Crevettes et autres ressources halieutiques: exploitation actuelle et développement responsable », (consulté le ).
  20. « Le bilan carbone en long et en large ce 1er juillet »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur Madagascar-Tribune.com, (consulté le ).
  21. Unicef, « UNICEF France : l'eau, facteur de scolarisation » [pdr], sur unicef.fr, (consulté le ).
  22. a b et c Fabrice Floch, « L'argent de la crevette malgache s'évade vers le Panama », La Première, (consulté le ).
  23. a et b Will Fitzgibbon, Edward Carver, « Panama Papers reveal offshore payments by Madagascar’s seafood king », International Consortium of Investigative Journalists, (consulté le ).

Voir aussi modifier

Pages liées modifier

Liens externes modifier