Uniformes de l'Armée française

Les uniformes de l'Armée française se distinguent selon l'appartenance du militaire : Gendarmerie nationale, Armée de terre, Marine nationale, Armée de l'air. Il faut également distinguer au sein de chacune de ces armées les uniformes de cérémonie, les uniformes de service courant et les uniformes de combat, portés dans des circonstances différentes.

Chromolithographie et aquarelle des costumes de l'armée française en 1772.

Ancien Régime modifier

Sous le régime de Louis XIV apparait la première uniformisation des troupes. C'est vers 1680 que débute ce travail du roi et de ses ministres, travail qui avait été déjà pensé pendant la Guerre de Trente Ans. Les uniformes seront majoritairement blanc, bleu et parfois rouge ; couleurs associée à la monarchie française[1].

Premier Empire modifier

 
Échantillon de la cavalerie de l'armée napoléonienne lors d'une reconstitution de la bataille de Waterloo : hussards, chasseurs à cheval, chevau-légers lanciers, grenadiers, dragons.

Restauration modifier

Second Empire modifier

IIIe République modifier

Première Guerre mondiale modifier

 
Uniforme 1870-1914.
 
Uniforme 1915.

Les soldats français commencent la Première Guerre mondiale avec les mêmes uniformes que lors de la guerre franco-prussienne. Si ces uniformes convenaient à la guerre de mouvement, pour des batailles rangées ponctuelles, ils se révèlent rapidement bien trop visibles, notamment le pantalon rouge garance de 1867[2], ce qui fait des soldats français des cibles faciles. En plus de cela, la capote bleue de 1877[2] est inadaptée à la vie dans les tranchées : elle ne protège pas du froid l'hiver et se révèle beaucoup trop chaude l'été.

Le brêlage est composé de bretelles de suspension et d'un ceinturon sur lequel sont fixées les cartouchières. Le soldat porte une paire de brodequins modèle 1915 (dits « godillots » du nom de leur fabricant, Alexis Godillot) recouverts par des jambières en cuir, un havresac, un bidon d'eau d'un litre et une musette modèle 1892[3].

L'uniforme est complété par un képi bleu et rouge modèle 1884[Note 1] qui sert de cible aux tireurs ennemis et ne protège pas des éclats d'obus. De nombreux soldats mourront à cause de cet uniforme inadapté dans les premiers mois du conflit de la Première Guerre mondiale. Cette inadéquation entre l'équipement des soldats français et les réalités de la guerre moderne est due à une résistance de la part d'une partie de la presse, des élus radicaux et de la droite qui s'insurgeaient, affirmant que « le pantalon rouge, c'est la France ! »[5].

En effet, dès 1878, de nombreux appels avaient été effectués pour modifier cette couleur. En 1911, le changement de couleur avait été voulu par le ministre de la guerre en vert réséda. À nouveau, en juillet 1914 fut évoqué le changement de couleur par la chambre des députés[5].

Ce n'est qu'au mois de décembre 1914, face aux nombreux rapports de blessures des soldats au front et alertes du service médical des armées, que l'état-major français comprend l'urgence de la situation. Il pousse l'État major sous l'impulsion du maréchal Joffre, à changer les uniformes des hommes de troupe à partir du milieu de l'année 1915[5].

Le nouvel uniforme bleu horizon est plus adapté que l'ancien uniforme garance. Le pantalon marron puis bleu horizon est beaucoup plus discret que l'ancien. De même la capote Poiret, qui fait son apparition en à la suite d'une commande du ministère de la Guerre, est beaucoup plus élégante et confortable que l'ancien uniforme[Note 2]. Au départ fermée bord à bord dans le but d'économiser du tissu, la capote repasse en croisé à la suite des conséquences sur la santé des soldats, car elle est peu adaptée aux hivers froids et humides des tranchées, si bien que le service de santé de l'armée fait face à une recrudescence de cas de tuberculose[6]. Sous la capote, le soldat porte une vareuse et une chemise. La capote tombe à mi-jambes, si bien que le soldat doit relever ses pans et les boutonner sur la poche arrière pour ne pas entraver la marche[7]. Le casque Adrian dessiné spécialement par les chirurgiens militaires à partir des observations qu'ils ont pu faire depuis le début du conflit permet de protéger les soldats des éclats d'obus et de mortier. Le poilu est équipé d'un havresac « as de carreau » modèle 1893[Note 3],[Note 4]. Des brodequins améliorés issus du modèle de 1912 et associés aux bandes molletières sont également adoptés. Le soldat est équipé d'un masque à gaz modèle M2 dans sa boîte métallique et a pour arme le fusil Lebel modèle 1886 ou le fusil Berthier qui peuvent être équipés de la baïonnette Rosalie[9].

À ces uniformes classiques viennent s'ajouter les uniformes spéciaux de certaines unités telles que la Légion Etrangère dont l'uniforme est kaki ou encore les Spahis.

À noter qu'à la sortie de la Première Guerre mondiale, le pacifisme étant devenu généralisé au cours des années 1920 et 1930, l'histoire du pantalon rouge devint le symbole de l'impréparation de l'Armée française et de son état major[5]. À l'opposé du thème de l'« honneur français », il devint à contrario le symbole de l'absurdité du conflit et du sang versé[5].

Seconde Guerre mondiale modifier

En 1940, l'uniforme français reprend dans les grandes lignes celui du soldat de 1915 avec de légères « améliorations », le changement le plus notable étant la couleur qui passe du bleu au vert kaki, jugé plus fonctionnel.

Celui ci se compose donc[réf. nécessaire] :

  • Casque Adrian modèle 1926 ;
  • Bonnet de police en drap ;
  • Capote à un seul rang de boutons, modèle 1938, équipé de la patte d'épaule nouveau modèle ;
  • Chemise modèle 1935 ;
  • Cravate "régate" modèle 1935, longueur : 1,40 m, largeur aux extrémités : 6 cm ;
  • Ceinture en flanelle blanche ;
  • Pantalon modèle 1938, dit "pantalon de golf". Confection en drap gabardine ;
  • Bandes molletières ;
  • À partir de mai 1940, dans certaines unités, les jambières remplacent les bandes molletières ;
  • Brodequins de marche, modèle 1917.

Après Guerre modifier

 
Uniforme de parade des élèves de l'École militaire interarmes.

Les uniformes classiques modifier

Armée de terre modifier

Dans les années 1970, l'Armée de terre adopte un uniforme de cérémonie beige clair associé avec un képi, des épaulettes et, selon les régiments, une fourragère ainsi que d'autres objets traditionnels selon les occasions[10].

Armée de l'air modifier

L'uniforme de l'armée de l'air est composé d'une veste bleu louise à une rangée de boutons dorés, un pantalon bleu louise et une casquette blanche. La tenue peut être complétée par une paire de gants noirs ou blancs pour les cérémonies.

Marine nationale modifier

Les marins de la Marine nationale revêtent un uniforme bleu ou blanc (en zone chaude ou dans l'arrondissement maritime de la Méditerranée). Selon le grade, les marins portent un veston et un pantalon bleu (officiers et officiers mariniers) ou une vareuse (matelots et quartiers-maîtres) avec un pantalon à pont. Les marins pompiers portent tous un veston, quel que soit le grade. Comme coiffure, les matelots et quartiers-maitres masculins portent un bonnet (bachi) avec un pompon rouge, et une casquette pour les autres grades. Les marins pompiers masculins portent tous une casquette avec un macaron rouge pour les matelots et quartiers-maitres. Le personnel féminin, quel que soit son grade porte un tricorne. La tenue peut être complétée par une paire de gants noirs ou blancs pour les cérémonies excepté pour les matelots et quartiers-maitres.

Gendarmerie modifier

Gilet d'arme modifier

Ce gilet, d'un port facultatif, est réservé aux officiers et sous-officiers. Il est porté lors de cérémonies ou en cas de froid.

Le § 3.3.36 de l'instruction du 13 juin 2005 indique : Le gilet d’arme ne peut être revêtu qu’avec la vareuse terre de France (ou bleu foncé pour les chasseurs) par les personnels autorisés dans les tableaux récapitulatifs cf. § 5.2. Son port est facultatif.

Le port du gilet d’arme n’autorise en aucune circonstance le port de la vareuse ouverte à l’extérieur des locaux. Toutefois, à l’intérieur des locaux, la vareuse peut se porter ouverte sur le gilet d’arme, sur autorisation de l’autorité présente.

La couleur des gilets d'arme varie suivant les traditions :

  1. chasseurs alpins: jonquille
  2. Légion étrangère: vert ou parfois rouge
  3. écoles: bleu
  4. armée de terre : vert
  5. aviation : bleu air
  6. gendarmerie: bleu marine
  7. services armée de terre: gris
  8. artillerie, génie, transmission: rouge
  9. cavalerie: vert
  10. infanterie: jaune
  11. tirailleurs : bleu ciel
  12. train: blanc
  13. ALAT: bleu roi

Le nombre des boutons dit grelots (dorés ou argentés) varie suivant la taille du vêtement, de 14 à 20.

Les uniformes spéciaux modifier

Les légionnaires — les militaires de la Légion étrangère — portent un képi blanc, une cravate verte[Note 5] ainsi que des épaulettes vert et rouge. Les sapeurs de la Légion portent un uniforme similaire avec comme éléments de tradition un tablier en cuir et des gants.

Les troupes de montagne portent un large béret, appelé « tarte », avec des vêtements bleu foncé pour les chasseurs.

Les spahis ont conservé leur longue cape blanche provenant des origines nord-africaines de leurs régiments.

L’infanterie ainsi que la cavalerie de la Garde républicaine conservent leur uniforme de parade du XIXe siècle, tout comme les élèves de Saint-Cyr et de l'École polytechnique.

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Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le képi se compose d'un calot et d'un turban en drap de laine rouge, d'un bandeau bleu foncé, de coutures recouvertes d'un passepoil en ganse perlée en laine, d'une jugulaire en cuir noir à coulisse formée de deux bandes de veau noirci, d'une visière arrondie. L'aération est assurée par deux petites ventouses latérales sphériques métalliques percées de sept petits trous[4]
  2. De couleur bleu-horizon, elle n'a qu'une seule rangée de six boutons en cuivre (matériau réservé en priorité à l'armement) et des poches à la poitrine. Son col à revers demi-chevalière porte les insignes avec le numéro de régiment. La cravate bleu-marine se porte sous le col de la vareuse afin d'éviter les frottements et de le préserver de la sueur[réf. nécessaire].
  3. Ce nom de l'argot des soldats fait référence à la couleur orangée du poil de veau dont le havresac était à l'origine couvert. Il est aussi surnommé « azor », nom commun du chien fidèle qui toujours suit son maître ; les soldats assimilant la peau du havresac à de la peau de chien. cf. Odile Roynette, Les mots des soldats, Belin, , p. 22-23.
  4. Ce sac à dos, avec un cadre en bois rigide, permet de transporter une lourde charge, et est surnommé « barda », emprunt à l'arabe où il désigne la charge d'un homme ou d'un mulet. Il est enveloppé d'une toile cirée de protection et contient l'habillement de rechange et des vivres de réserve pour deux jours ; divers objets peuvent être fixés au sac sur le dessus ou les côtés, par des courroies : couverture ; toile de tente (avec ses piquets et les trois sardines) ; une paire de chaussures ; un fagot de bois et un des ustensiles de cuisine (gamelle sur le sommet du sac, inclinée vers l'arrière pour permettre le tir couché, marmite, moulin à café, bidon, sac ou seau) ou outils (pelle-bêche, pelle-pioche, hache, hachette, cisaille et pince coupes barbelés, périscope de poche à fixer au bout du fusil, serpe, scie, lanterne pliable) que les hommes d'une même escouade se répartissent. Au grand complet, son poids peut atteindre 20 à 25 kg[8]
  5. Alors que cette cravate est de couleur bleu-noir dans les autres armes de l'Armée de terre.

Références modifier

  1. Christian Terana, « Les uniformes de la cavalerie de la Maison du roi vers 1691, », Histoire, économie & société, vol. 15, no 1,‎ , p. 141–145 (DOI 10.3406/hes.1996.1861, lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b http://idata.over-blog.com/1/43/94/15//1GM-unif-1.jpg
  3. Les Français à Verdun. L'évolution de l'uniforme français durant la Première Guerre mondiale
  4. « L'uniforme de l'entrée en guerre », sur lesfrancaisaverdun-1916.fr (consulté le )
  5. a b c d et e Aude-Claire de Perceveaux, « Le bon roi Dagobert avait-it il vraiment sa culotte à l'envers (et autres mythes) ? : De quelle couleur était le pantalon... rouge des poilus ? », Ça M'intéresse,‎ , p. 83-85 (ISSN 0243-1335)
  6. Jean-Pierre Verney, La Grande Guerre, La Boétie, , p. 67.
  7. Jacques Terasse, Avant l'oubli : l'histoire vécue du 355e régiment d'infanterie. Grand Guerre 1914-18, Impr. Don-Bosco, , p. 16.
  8. « L'équipement », sur lesfrancaisaverdun-1916.fr (consulté le ).
  9. Christophe Prochasson, 1914-1918 : retours d'expériences, Éditions Tallandier, , p. 335.
  10. http://www.formation.terre.defense.gouv.fr/PJ/Documents/VotreEspace/Savoirvivre/references/instruction_10300_juil06_tenues.pdf

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier