Tupolev Tu-95

avion militaire soviétique

Tupolev Tu-95
Vue de l'avion.
Un Tu-95 survolant la ville de Moscou lors du défilé du Jour de la Victoire, en 2013.

Constructeur Tupolev
Rôle Bombardier lourd
Statut En service dans l'Armée de l'air russe
Premier vol
Mise en service
Date de retrait Toujours en service
Coût unitaire 26,28 M$ (août 2014)[1]
Nombre construits > 500
Équipage
6 ou 7 personnes
(1 pilote, 1 copilote, 1 mécanicien de bord, 1 opérateur des systèmes de com., 1 navigateur, 1 mitrailleur de queue, parfois un 2e navigateur)
Motorisation
Moteur Kouznetsov NK-12-M
Nombre 4
Type turbopropulseurs
Puissance unitaire 14 790 ch
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 51,10 m
Longueur 48,50 m
Hauteur 11,78 m
Surface alaire 310,50 m2
Masses
À vide 90 000 kg
Carburant 84 000 kg
Avec armement 171 000 kg
Maximale 188 000 kg
Performances
Vitesse de croisière 710 km/h
Vitesse maximale 925 km/h (Mach 0,87)
Plafond 13 500 m
Vitesse ascensionnelle 600 m/min
Rayon d'action 7 500 km
Endurance 12 h
Charge alaire 606 kg/m2
Armement
Interne 6 canons NR-23 de 23 x 115 mm dans 3 tourelles
Externe 11 340 kg de charge offensive
Avionique
radar d'attaque : YaD A336Z « Crown Drum » travaillant en bande I
radar de défense arrière : PRS-1 Argon « Bee Hind »

Le Tupolev Tu-95 est un bombardier lourd soviétique développé dans les années 1950. Il fut appelé Tu-20 par l'aviation soviétique et Tu-95 par le constructeur aéronautique Tupolev. La dénomination occidentale Tupolev Tu-95 Bear (« ours » en anglais) est un nom de code OTAN.

Conception modifier

Après la création par les États-Unis du Strategic Air Command (SAC) en 1946, l'URSS décide de lancer un programme de bombardiers plus modernes et plus performants que ceux dérivés du Tu-4, copie des B-29. Les premières études entamées par le bureau d'étude de Tupolev furent lancées en 1949, et le feu vert définitif fut donné le . Le premier prototype, nommé Modèle 95/I, vola pour la première fois le , entre les mains d'Alexey Perelet. Il était doté de huit turbopropulseurs Kouznetsov 2-TV-F de 6 000 ch, disposés par paires. Il fut détruit le à cause d'un moteur en feu, tuant le pilote Perelet et l'ingénieur navigant. Il fut remplacé par le modèle 95/II, doté de quatre turbines Kouznetsov TV-12 de 12 000 ch équipées de deux hélices contrarotatives, afin d'éliminer l'effet de couple. Ce second prototype effectua son premier vol le .

 
Deux Tu-95 Bear-H russes, entre un An-124 russe et un B-52 de l'USAF sur une base de Louisiane en 1992

Les deux premiers appareils de série furent appelés Tu-95 et volèrent pour la première fois en . L'année suivante, cinq appareils dont le second prototype furent présentés en vol au salon aéronautique de Tuchino.

Il fut construit jusqu'en dans l'usine d'aviation de Kouïbychev (actuellement usine Aviakor, à Samara).

Il a été dérivé du Tu-95 une version de surveillance et de patrouille maritime, le Tupolev Tu-142.

Engagements modifier

Les flottilles de l'aviation à long rayon d'action équipées de l'appareil furent toujours en alerte, au cas où la guerre froide aurait pris un nouveau tournant et qu'il eût fallu bombarder le bloc de l'Ouest. À part cela, il a beaucoup servi dans le transport de bombes et de missiles à travers l'URSS. Les bombardiers Tu-95 étaient utilisés par l'URSS pour tester des bombes nucléaires et thermonucléaires. En service, les bombardiers sont normalement munis de lanceurs avec six missiles de croisière Kh-55. Le modèle peut en outre porter encore dix missiles sur les pylônes sous ses ailes[réf. souhaitée]. Enfin, le Tu-142 fut un patrouilleur maritime pour surveiller les côtes soviétiques pour la marine soviétique.

Seules l'Inde, l'Ukraine et, bien entendu, la Russie possèdent des exemplaires de cet appareil. En janvier 2014, seuls 55 exemplaires étaient encore en service chez cette dernière[2].

 
Un Tupolev Tu-95 à l'atterrissage.

Le , deux Tu-95 russes ont survolé la Manche, sans que ni le Royaume-Uni ni la France n'en aient été préalablement avertis[3].

 
Un Tupolev Tu-95 "Bear H" de l'armée de l'air russe escorté par un Eurofighter Typhoon Britannique de la Quick Reaction Alert en 2012.
 
Tu-95MS sur la base aérienne Engels-2 en Russie, en 2006.

Les deux Tu-95 ont d'abord été repérés au large de la Norvège, volant de concert avec deux ravitailleurs Illiouchine Il-78, escortés par deux MiG-31. Deux F-16 norvégiens ont aussitôt décollé afin d'encadrer la formation[3]. Une partie de la formation russe a fait demi-tour et seuls les deux bombardiers ont poursuivi leur vol vers le sud, survolant ensuite la Manche avant de longer les côtes britanniques à une distance moyenne de 40 km.

La présence des deux bombardiers lourds à proximité de l'espace aérien britannique a déclenché un léger mouvement de panique, provoquant le déroutement de plusieurs vols civils. Le Royaume-Uni a dépêché deux chasseurs Typhoon pour escorter les bombardiers russes. La France a fait décoller un Rafale de la base de Creil. Deux Mirage 2000 de la permanence opérationnelle de la base de Lann-Bihoué ont également été mis en alerte.

Ils sont engagés pendant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en tirant des missiles air-sol de longue portée. Leur base Engels-2 est attaquée deux fois par des drones ou missiles ukrainiens en décembre 2022 et un d'entre eux est endommagé lors du premier raid le 5 décembre[4].

Variantes modifier

Il existe en tout une vingtaine de versions de cet appareil, dont voici les principales :

  • Bear A (Tu-95/Tu-95M/Tu-95U) : ces versions furent les premières à équiper l'armée soviétique et la dernière est un prototype ;
  • Bear B (Tu-95K/Tu-95KD) : version pouvant emporter le missile AS-3 Kangaroo ;
  • Bear C (Tu-95KM) : modernisation du B principalement au niveau du radar ;
  • Bear D (Tu-95RT) : modernisation du A où le programme d'intelligence électronique prend place ;
  • Bear E (Tu-95MR) : autre amélioration du A, cette version fait de l'appareil un avion de reconnaissance ou de surveillance ;
  • Bear F (Tu-142) : version maritime pour la surveillance côtière et la neutralisation des sous-marins, il y a eu de nombreuses sous-versions ;
  • Bear G (Tu-95K-22) : fusionnant des qualités des Bear B et Bear C. Ils ont été modernisés au niveau de l'avionique embarquée et peuvent emporter le missile AS-4 Kitchen. Ils sont encore utilisés par l'armée russe ;
  • Bear H (Tu-95MS/Tu-95MS6/Tu-95MS16) : modernisation du Tu-142 semblable à la version G officialisée en juillet 1977. La principale transformation étant l’installation d’une soute interne avec lanceur rotatif MKU‑6‑5 pouvant embarquer six missiles Kh‑55[5]. Ils peuvent emporter jusqu'à seize missiles AS-15A Kent devant être remplacés par des AS-19 Koala ;
  • Bear J (Tu-142MR) : modernisation de la version F, l'appareil est chargé d'assurer la communication entre le gouvernement et les sous-marins de la flotte.
  • Tu-95MSM : Modernisation en profondeur des Tu-95MS. Premier vol en , 20 bombardiers devraient être convertis a ce standard[6].

Il existe d'autres versions qui n'ont pas atteint le stade de la série.

Autres caractéristiques modifier

  • Ce bombardier a été utilisé pour le largage d'essai de la plus puissante bombe jamais construite : la Tsar Bomba.
  • Il utilise le turbopropulseur Kouznetsov NK-12 qui reste, en 2014, le plus puissant jamais construit.
  • Vol de routine de 2 Tu-95MS
    Le Tu-95A est l'appareil de série à turbopropulseurs le plus rapide à ce jour.

Notes et références modifier

  1. (en) « Tupolev Tu-95 », AircraftCompare.com (consulté le )
  2. (en) « Strategic aviation », Russian strategic nuclear forces, (consulté le )
  3. a et b « Défense. Deux bombardiers russes interceptés au-dessus de la Manche », Ouest-France, (consulté le )
  4. Gaétan Powis, « Frappes ukrainiennes en Russie : au moins deux bombardiers russes endommagés », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
  5. « Kh‑55 et Kh‑101 : des missiles réellement efficaces ? », sur Défendre et Sécurité internationale,
  6. Essais en vol pour le Tupolev Tu-95MSM .

Bibliographie modifier

  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi (trad. de l'italien), Les avions, t. 5 : L'ère des engins à réaction, Paris/Bruxelles, Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », , 316 p. (ISBN 2-8003-0344-1), p. 224-225.
  • (en) Frank von Hippel, Oleg Bukharin et Pavel L. Podvig, Russian strategic nuclear forces, MIT Press (Boston, USA), , 699 p. (ISBN 978-0-262-66181-2, lire en ligne)
  • (en) Paul Duffy et Andrei I. Kandalov, Tupolev : The man and his aircraft, Airlife (Shrewsbury, UK), , 237 p. (ISBN 978-1-85310-728-3)
  • (en) Paul Eden (éditeur), Encyclopedia of modern military aircraft, Londres, Amber Books Ltd., , 512 p. (ISBN 978-1-904687-84-9).
  • (en) Yefim Gordon et Peter Davidson, Tupolev Tu-95 Bear, Specialty Press Publishers & Wholesalers (North Branch, Minnesota), , 104 p. (ISBN 978-1-58007-102-4)
  • (en) R.G. Grant et John R. Dailey, Flight : 100 years of aviation, DK Adult publishing (Harlow, Essex), , 452 p. (ISBN 978-0-7566-1902-2)
  • (en) Stewart Wilson, Combat aircraft since 1945, Aerospace publications (Fyshwick, Australie), , 192 p. (ISBN 978-1-875671-50-2)
  • (fr) Tupolev Tu-95 - Encyclopédie illustrée de l'aviation no 154 - Atlas

Voir aussi modifier

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Développement lié

Aéronefs comparables

Articles connexes