Tulku Hungkar Dorje
Tulku Hungkar Dorje (tibétain : སྤྲུལ་སྐུ་ཧཱུྃ་ཀར་རྡོ་རྗེ, Wylie : sprul sku hūṃ dkar rdo rje) né à Xian de Gadê le 15 août 1967 et mort le 28 mars 2025[1]) est un tulkou et lama tibétain nyingmapa et gelugpa mort en détention à Hô Chi Minh-Ville.
Abbé Monastère de Lung Ngon (d) | |
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Tulkou | |
Do Khyentsé Yéshé Dorjé (d) |
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Maîtres |
Orgyen Kusum Lingpa, Penor Rinpoché, Dodrupchen Rinpoché, Akyong Khenpo Lozang Dorjé (d) |
Biographie
modifierTulku Hungkar Dorje est né 15 août 1967[2] dans le comté de Gade, préfecture de Golog, dans l'ancienne province tibétaine de l'Amdo. Il est le fils du tertön Orgyen Kusum Lingpa (1934-2009) aussi appelé Lama Sang et Lama Pema Tumdrak Dorje, et de Kadza Dukkar Dolma. Il fait ses premières études au monastère de Lung Ngon, où il étudie les écritures bouddhistes et la culture tibétaine de 1980 à 1989. Souhaitant poursuivre sa formation, il s'exile en Inde et étudie de 1989 à 1994 au monastère de Drepung Gomang[3] pour obtenir le diplôme de guéshé[2]. Entre 1995 et 1997, il effectue des études supérieures aux États-Unis avant de retourner au Tibet. En 2002, le gouvernement chinois autorise son intronisation comme 10e détenteur du trône du monastère de Lung Ngon. Il effectue ensuite des études bouddhistes spécialisées à Pékin de 2004 à 2006[3].
Considéré comme la réincarnation de Do Khyentsé Yéshé Dorjé, lui même réincarnation de Jigme Lingpa, il défend au contraire de son prédécesseur le végétarisme strict comme seule voie juste, soutenu en cela par le 14e dalaï-lama[4].
En 2004, il crée la Fondation Tsongon Gesar pour le bien-être afin de promouvoir la culture de Gesar. Il fonde le lycée professionnel national Hunkar Dorje en 2007, avec l'approbation du gouvernement de la préfecture de Golog et du ministère de l'Éducation. Il crée 14 écoles primaires et collèges, offrant une éducation gratuite à des milliers d'enfants tibétains. Il fonde des monastères et académies bouddhistes[3].
En août 2024, le gouvernement chinois déclare sa disparition peu après son enseignement public du 21 juillet 2024. Certains supposent qu'il s'est exilé, tandis que d'autres affirment qu'il est détenu par les Chinois[5]. Tulku Hungkar Dorje aurait été accusé d'avoir refusé d'accueillir le panchen-lama nommé par Pékin, Gyancain Norbu, lors de sa visite à Golog. De plus, il a été accusé d'avoir défié les directives de l'État en créant de manière indépendante de nombreux monastères et écoles. Les autorités l'ont également accusé d'être une figure déstabilisatrice, défendant les droits des Tibétains pauvres et marginalisés[3]. La plupart de ces écoles auraient été fermées peu après sa disparition, et même pour l'une d'entre elles dès 2021[6].
Fin septembre 2024, Tulku Hungkar Dorje se serait exilé au Viêt Nam pour échapper au harcèlement au Tibet par les autorités chinoises[7].
Mort en détention
modifierSelon Ju Tenkyong, directeur de l'Institut Amnye Machen, Tulku Hungkar Dorje a été arrêté le 25 mars 2025 dans sa chambre d'hôtel à Hô-Chi-Minh-Ville lors d'une opération conjointe de la police vietnamienne et les services de renseignement chinois. Il a ensuite été transféré à un bureau local de la sécurité publique le 28 mars, où il est décédé le jour même dans des circonstances inexpliquées[8].
Des responsables chinois ont annoncé sa mort le 2 avril 2025 sans rendre son corps ni préciser les circonstances de sa mort[5].
Le 8 avril, le gouvernement tibétain en exil appelle à une enquête indépendante sur la mort de Tulku Hungkar Dorje, tandis que le gouvernement chinois interdit au monastère de Lung Ngon et aux habitants de la région d'organiser des cérémonies publiques en sa mémoire[9].
Le 9 avril, l'organisation internationale de défense des droits de l'homme Human Rights Watch demande au gouvernement vietnamien à lancer une enquête impartiale et transparente sur la mort de Tulku Hungkar Dorje. L'association indique que selon des informations non confirmées des moines du monastère de Lung Ngon l'ayant accompagné au Vietnam, sont également arrêtés et risquent d'être rapatriés en Chine, où ils risquent d'être torturés et persécutés[10],[11].
Le 12 avril, et le 14 avril[12], la communauté tibétaine en exil manifeste à l'ambassade du Vietnam et devant l'ambassade de Chine à New Delhi, celle du Royaume-Uni, à Dharamsala demandant au gouvernement vietnamien de garantir une enquête transparente et indépendante sur les circonstances de sa disparition[13].
Le 17 avril, selon Ju Tenkyong, le corps de Tulku Hungkar Dorje devrait être remis aux représentants de son monastère, et les autorités chinoises auraient ordonné que la cérémonie de crémation ait lieu au Vietnam et non au Tibet[14].
Sa mère, Kasa Dukar Dolma (tibétain : ཀ་བཟའ་གདུགས་དཀར་སྒྲོལ་མ, Wylie : ka bza' gdugs dkar sgrol ma), 85 ans, meurt le 6 mai 2025 à Golog, Amdo, des suites d'une maladie liée à la disparition et la mort suspecte de son fils[15].
Publications
modifierTulku Hungkar Dorje écrit plusieurs livres, dont « Tangkas à Golog : l'album Tangka du monastère de Lung Ngon » et « Le son mélodieux du rire des Vidyadharas des trois lignées »[5].
Préface
modifier- (en) Tulku Sherdor, A Path Strewn with Flowers and Bones, Blazing Wisdom Institute, , 305 p. (ISBN 0980173027)
Notes et références
modifier- ↑ (en-US) Editor, « Tibetan Religious Leader Dies Under Suspicion in Chinese Custody - Central Tibetan Administration », (consulté le )
- « Hungkar Rinpoche Biography », sur www.hungkardorje.org (consulté le )
- (en-US) Tenzin Nyidon, « Chinese authorities confirm death of prominent Buddhist leader Tulku Hungkar Dorje », sur Phayul, (consulté le )
- ↑ Katia Buffetrille, « A Controversy on Vegetarianism », Revue d’Etudes Tibétaines, , p. 118 (lire en ligne)
- (en-US) Editor, « Tibetan Religious Leader Dies Under Suspicion in Chinese Custody - Central Tibetan Administration », (consulté le )
- ↑ (en) « Tibetan Buddhist leader missing for 8 months has died, monastery confirms », sur Radio Free Asia, (consulté le )
- ↑ (en-US) Ngawang Tsepak, « Central Tibetan Administration Holds Press Conference to Address Suspicious Death of Tulku Hungkar Dorje - Central Tibetan Administration », (consulté le )
- ↑ (en-US) « CTA condemns death of prominent Buddhist leader in Chinese custody in Vietnam », sur Phayul, (consulté le )
- ↑ (en) « Tibetan exile govt seeks probe into death of Tibetan Buddhist abbot in Vietnam », sur Radio Free Asia, (consulté le )
- ↑ (en-US) Tsering Dhundup, « HRW calls for investigation into suspicious death of Hunkar Dorje Rinpoche in Vietnam », sur Phayul, (consulté le )
- ↑ « Chine/Vietnam : Mort suspecte d'un lama tibétain | Human Rights Watch », (consulté le )
- ↑ (en-US) « Tibetan youth protest outside Vietnam embassy in Delhi, demands investigation into Tulku Hungkar Dorje's death », sur Phayul, (consulté le )
- ↑ (en-US) Tenzin Nyidon, « Tibetans protest, demand probe into prominent Buddhist leader’s death in Vietnam », sur Phayul, (consulté le )
- ↑ (en-US) « Tulku Hungkar Dorje’s body to be handed over, cremation directed to take place in Vietnam », sur Phayul, (consulté le )
- ↑ (en-US) Dawa Tsering, « Mother of Late Hungkar Rinpoche Passes Away Following Prolonged Illness and Grief - Central Tibetan Administration », (consulté le )
Liens externes
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