Tripalium

instrument de torture romain

Tripalium ou Trepalium (dérivé des racines latines, « tri / tres » et « palis » - littéralement, « trois pieux »), est un terme latin considéré comme faisant référence à un instrument de torture composé de trois barres de bois (description basée sur son sens littéral). Il est fréquemment considéré comme étant l'origine étymologique du mot « travail » en français ainsi que de son équivalent dans de nombreuses langues latines mais cette parenté étymologique est largement contestée.

Possible apparence de l'instrument de torture auquel aurait pu faire référence le mot tripalium.

Étymologie modifier

Le terme tripalium est attesté chez Cicéron au Ier siècle av. J.-C.[1]. De tripalis, lui-même formé de tres (« trois ») et palis (« pieu »)[2].

Dérivés modifier

Tripalium est en général considéré comme la source de plusieurs mots modernes dans les langues latines et germaniques : travail en français ou encore trabajo en Espagnol[3],[4], travaglio (italien), trabalho (portugais), traballo (galicien), trabalh (occitan), treball (catalan) et travel (voyage en anglais)[5].

À l'exception du terme anglais, tous les termes dérivés de tripalium signifient « travail ». Cependant, cette parenté étymologique est contestée[6],[7].

Tripalium est le nom, pris en 2007, par un réseau associatif[8] promouvant l'autoconstruction d'éoliennes[9] sur un modèle à trois pales développé à l'origine par l'écossais Hugh Piggott.

Histoire modifier

 
Travail à ferrer. Dessin dans le Petit Larousse illustré de 1925.
 
Travail à ferrer de Curemonte.

L'utilisation contextuelle originale de tripalium n'est toujours pas clairement avérée. Les tentatives pour en établir le sens reposent principalement sur des interprétations variées de son sens littéral: « trois pieux »[10]. Les premières références de l’époque romaine montrent qu’il est utilisé pour décrire une structure en bois conçue pour immobiliser en toute sécurité un grand animal "fougueux" (cheval, bœuf, vache) afin de pouvoir l'examiner ou lui apporter des soins. Dans le In Verrem ("Contre Verres") de Cicéron, en 70 av. J.-C. et dans un texte antérieur (le concile d'Auxerre)[10], tripalium est utilisé dans le contexte de l'interdiction faite aux clercs d'assister aux séances de torture et en référence à un instrument fait de trois barres de bois utilisé uniquement pour punir les esclaves. Le sujet y aurait été attaché et torturé (par exemple, brûlé par le feu).

Cependant, les documents historiques concernant la torture dans l'ancien Empire romain fournissent de nombreuses informations sur des affaires célèbres où elle a été utilisée et en décrivent la légalité mais ils ne décrivent que rarement la nature de la torture[Note 1] et ne font pas référence à l'empalement[11],[12].

La transition du tripalium au mot technique français travail eut lieu au XIIIe siècle. Travail est encore utilisé aujourd'hui en France pour décrire une structure en bois similaire au tripalium en maréchalerie[6]. Avec l'évolution de la langue française, Tripalium aurait pu potentiellement diverger dans les variantes suivantes : « traveil », « traval » ou « traveaul »[13]. Au Moyen Âge, tripalium décrit soit une structure constituée d'un cadre de poutres en bois appelé Trabicula, soit une poutre individuelle dans la structure[14]. Ces trabiculae sont la source directe d’architectures, les traboules, structures transversales permettant l’accès aux appartements, connues surtout à Lyon mais aussi une dizaine d'autres villes.

Références modifier

Notes modifier

  1. Dans Clemency and cruelty in the Roman world, Melissa Barden Dowling déclare: « Specific details about the types and duration of torture, however, are surprisingly scarce » (Les détails spécifiques sur les types de tortures et leurs durées sont très peu développés)

Références modifier

  1. « TRIPALIUM », sur dicolatin.com (consulté le )
  2. Jean Bouffartigues et Anne-Marie Delrieu, Trésor des racines latines, Belin, , 282 p.
  3. « trabajar », DICCIONARIO DE LA LENGUA ESPAÑOLA - Vigésima segunda edición, REAL ACADEMIA ESPAÑOLA
  4. J. Cary Davis, « "Trabaculu > Trabajo" the Case for and against », Hispania, vol. 60, no 1,‎ , p. 105–108 (DOI 10.2307/340402, JSTOR 340402)
  5. Winchester, Simon, The Best Travelers' Tales, (lire en ligne)
  6. a et b Nicholson, « Français travailler, travail », Romania, vol. 53, no 209,‎ , p. 206–213 (DOI 10.3406/roma.1927.4295, lire en ligne)
  7. « Tripalium, une étymologie populaire… mais fausse », sur Penser le travail autrement (consulté le )
  8. « Réseau Tripalium », sur www.tripalium.org (consulté le )
  9. Les diamètres vont de 1,2 à 4,2 m pour des puissances nominales allant de 0,2 à 2 kW.
  10. a et b (en) Mark Liberman, « ANNALS OF EXOTICISM », Language Log.,‎ (lire en ligne)
  11. Clemency and cruelty in the Roman world, , 225 p. (ISBN 978-0-472-11515-0, lire en ligne)
  12. Robinson, OF, « Penal practice and penal policy in ancient Rome, en référence entre autres à 17.3 and 27.19 de the Anecdota (Secret History) of Procopius », Routledge edition,‎ , p. 173 (footnote 92)
  13. Dictionnaire Frédéric Godefroy, Paris F.Vieweg 1881.
  14. Dictionnaire Français-Latin, Félix Gaffiot Trabicula  : petite poutre, poutrelle