Trap (musique)

genre de hip-hop
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Trap
Détails
Origines stylistiques
Origines culturelles
Instruments typiques
Popularité
Mondiale, surtout aux États-Unis
Scènes régionales
Sous-genres
Genres dérivés
Genres associés

La trap est un courant musical issu du hip-hop sudiste, ayant émergé au début des années 2000 dans le sud des États-Unis[3],[4]. Il se caractérise par son contenu lyrique et un son particulier, lié notamment à l'utilisation importante du kick de la boîte à rythme Roland TR-808 (caractérisés par la présence plus importante de Sub-bass), des doubles croches, triolets et autres divisions temporelles plus rapides aux sonorités charleston, des nappes de synthétiseur et des ensembles de cordes virtuelles[5],[6].

En 2012, un nouveau courant de producteurs et de DJ de renom de musique électronique commencent à intégrer des éléments de trap dans leurs créations. Cela contribue à élargir sa popularité parmi les fans de musique électronique. Un certain nombre de ramifications stylistiques de trap se développent. Durant le second semestre 2012, il connaît une popularité croissante et a une incidence notable sur la dance.

Histoire modifier

Origines modifier

L'appellation « trap » est initialement utilisée pour désigner les lieux où se pratiquaient les trafics de drogue. Les fans et les critiques commencent à qualifier ces rappeurs, dont les textes avaient pour sujet principal le trafic de drogue, de « rappeurs trap »[5]. Dans le magazine Complex, le journaliste David Drake écrit : « Le trap, au début des années 2000, n'était pas un style mais une référence réelle aux lieux de trafic », et le terme est adopté plus tard pour décrire la « musique faite dans ces endroits[7] ».

Les paroles reprennent des thèmes sur les conditions de vie des ghettos, le trafic de drogue et la lutte pour le succès[6]. Des rappeurs originaires du sud, tels que T.I., Gucci Mane et Young Jeezy ont contribué à élargir la popularité du genre musical et des enregistrements commencent à apparaître sur des mixtapes et les stations de radio locales[4]. En 2003, le trap commence à émerger à la suite du succès d'un certain nombre d'albums et de singles réalisés à ce moment-là. Le second album studio de T.I., Trap Muzik, est un grand succès commercial, avec plus de 2,1 millions d'exemplaires vendus. Le titre phare de l'album, 24's, est sélectionné par EA pour le jeu vidéo Need for Speed: Underground.

En 2005, la musique trap bouscule l'ordre établi des courants musicaux en place avec la sortie du Let's Get It: Thug Motivation 101 de Young Jeezy[3]. L'album se classe numéro deux au Billboard 200, avec 172 000 exemplaires vendus dès sa première semaine de sortie et est plus tard certifié disque de platine par la RIAA pour la vente de plus d'un million d'exemplaires. Parmi les premiers producteurs de trap, on peut citer Drumma Boy, Shawty Redd, Zaytoven et DJ Toomp[7].

Reconnaissance modifier

 
Future, un des principaux représentants du genre.

En 2010, les enregistrements trap se mesurent aux meilleurs des classements hip-hop[4]. Le producteur Lex Luger connaît une énorme popularité et se consacre à produire un certain nombre de titres d'artistes célèbres, tels que B.M.F. (Blowin' Money Fast) et MC Hammer de Rick Ross, H•A•M et See Me Now de Kanye West ou encore le Hard in da Paint de Waka Flocka Flame[4],[5]. La marque de fabrique du son de Luger a depuis été largement adoptée par les producteurs de rap, en essayant de reproduire son succès[5].

Depuis 2011, bon nombre de producteurs de trap moderne connaissent la popularité dont particulièrement 808 Mafia, Metro Boomin, Southside, Sonny Digital et Young Chop. Quelques producteurs élargissent leur spectre vers d'autres genres tels que le R&B (Mike WiLL Made It) et la musique électronique (AraabMuzik). En 2012, les titres trap, publiés par des rappeurs comme Chief Keef et Future, engendrent une véritable épidémie[4]. I Don't Like et Love Sosa de Keef obtiennent plus de 30 millions de vues sur YouTube. I Don't Like inspire Kanye West qui crée un remix de la chanson, l'incluant dans la compilation Cruel Summer, de son label GOOD Music. Stelios Phili de GQ baptise la musique trap, le « son du hip-hop 2012 »[3].

Lady Gaga enregistre un titre d'inspiration trap intitulé Jewels 'n Drugs sur son album de 2013, Artpop, faisant appel aux rappeurs T.I., Too $hort et Twista. Le mélange entre pop et trap est accueillie de façon mitigée par la presse spécialisée[8],[9]. En , la chanteuse pop américaine Katy Perry publie une chanson intitulée Dark Horse en collaborant avec le rappeur Juicy J, dans son album Prism, qui distille des saveurs trap[10],[11].

Mutations électroniques modifier

En 2012, de nouveaux styles et évolutions de la musique électronique intégrant des éléments de musique trap, comme l'« acid trap », le « trap-ah-ton » et le « trapstep » commencent à amplifier sa popularité[12]. La plupart de ces déclinaisons combinent les schéma rythmiques trap avec les synthétiseurs de l'EDM [5], pour créer des « rythmes brouillons et agressifs [...] et [...] de sombres mélodies »[12]. Des compositeurs électroniques, tels que Diplo, TNGHT (le duo formé de Hudson Mohawke et Lunice), Baauer, DJ Snake, Flosstradamus, Hucci, RL Grime et Yellow Claw sont des acteurs majeurs de la popularité de ces évolutions de la musique trap, captant l’intérêt des fans de musique électronique[13].

Dans la seconde moitié de 2012, ces nouvelles ramifications du trap développent leur popularité telle une épidémie et influencent considérablement l'EDM[13]. La musique, initialement baptisée simplement « trap » par les producteurs et les fans, a conduit à ce que l'appellation « trap » s'adresse à la fois aux mondes des rappeurs et des producteurs électroniques et a mené à la confusion entre les adeptes de chaque genre. Au lieu de se référer à un seul genre, le terme « trap » est utilisé pour décrire deux genres distincts du rap et de la dance[7]. La nouvelle vague du genre est qualifiée par certains d'« EDM trap »[12],[13],[14], pour la distinguer du rap proprement dit, et comparé au dubstep en raison de sa soudaine popularité[6]. L'évolution de l'EDM trap subit les influences structurelles et stylistiques du dubstep, d'après Rebecca Haithcoat du LA Weekly : « Vous pourriez carrément l'appeler la prochaine phase du dubstep. Ça se joue façon « prêt-à-porter » pour club à 140 bpm tout en conservant les drops délirants du dubstep » et cela ne cesse de gagner en popularité[15].

En 2013, une vidéo de fan du Harlem Shake de Baauer devient un mème, propulsant le titre à la première place du Billboard Hot 100[16]. Cinq producteurs EDM Trap réputés l'interprètent en 2013 lors de l'Ultra Music Festival, à savoir Carnage, ƱZ, DJ Craze, Baauer et Flosstradamus[12]. En 2013, le festival Tomorrowland présente une scène trap.

Expansion et succès grand public modifier

Au milieu des années 2010, un nouveau sous-genres de la scène hardstyle lié au trap fait son apparition. Les producteurs évoquent le style « trapstyle »[17] avec des morceaux reprenant des éléments trap dans la musique hard dance. DJ Coone l'évoque dans son remix du morceau Techno de Yellow Claw, Diplo et LNY TNZ. En 2018, les deux artistes colombiens Shakira et Maluma sortent un titre en commun intitulé Trap. Ce dernier a déjà sorti un single 4 Babies en 2017 sur son album F.A.M.E.

En 2019, la chanson Old Town Road de Lil Nas X mêle trap et musique western et musique country[18]. En , la chanson débute à la 19e place du Hot Country Songs avant d'être retirée du classement une semaine plus tard[19]. Un remix avec Billy Ray Cyrus est publié le et devient plus tard le single hip-hop numéro un le plus long de tous les temps et le single numéro un le plus long de tous les temps au Billboard Hot 100, pendant 19 semaines, dépassant le record établi par One Sweet Day de Mariah Carey et Boyz II Men et Despacito de Luis Fonsi et Daddy Yankee featuring Justin Bieber[20].

Dix ans après son arrivée en France en 2013, Radio France explique en 2023 que la trap est toujours autant produite mais de manière moins épurée qu'avant : « On aurait eu du mal à y croire il y a dix ans, mais en 2023, la trap a elle aussi ses puristes. Le genre a été tellement hybridé et adapté qu’il a peu à peu laissé ses grosses spécificités de côté, et ses principaux éléments distinctifs font désormais partie des codes du rap français. Aujourd’hui, peu de rappeurs français font réellement de la trap telle qu’elle a émergé en 2012-2013[21]. »

Filmographie modifier

Notes et références modifier

  1. (en) Dimas Sanfiorenzo, « T.I. & Gucci Mane Both Claim They Invented 'Trap Music' (They're Both Wrong) », sur Okayplayer, .
  2. (en) Eli Enis, « This Is Hyperpop: A Genre Tag for Genre-less Music », Vice,  : « The PC Music sound is an undeniable influence on hyperpop,but the style also pulls heavily from rap of the cloud, emo and lo-fi trap variety, as well as flamboyant electronic genres like trance, dubstep and chiptune. »
  3. a b et c (en) Stelios Phili, « Fighting Weight: From the Trap to the Treadmill », GQ (consulté le ).
  4. a b c d et e (en) « The trap phenomenon explained », DJ Mag (consulté le ).
  5. a b c d et e (en) Miles Raymer, « Who owns trap? », Chicago Reader (consulté le ).
  6. a b et c (en) Joseph Patterson, « Trap Music: The Definitive Guide », Topman. Sabotage Times, (consulté le ).
  7. a b et c David Drake, « The Commodification of Southern Rap's Drug-Fueled Subgenre », Complex (consulté le ).
  8. (en) « Lady Gaga Artpop », Slant Magazine (consulté le ).
  9. (en) « Lady Gaga ARTPOP review: What's the verdict? », Digital Spy (consulté le ).
  10. (en) Jason Lipshutz, « Katy Perry's Prism Album Preview: 10 Things You Need To Know », Billboard, Prometheus Global Media, (consulté le ).
  11. (en) « Listen: Katy Perry goes trap with Juicy J on Dark Horse », Consequence of Sound, (consulté le ).
  12. a b c et d Kat Bein, « Top Five Trap Stars at Ultra Music Festival 2013 », Miami New Times (consulté le ).
  13. a b et c (en) « What is Trap Music? Trap Music Explained », Run The Trap (consulté le ).
  14. (en) Daniel Isenberg, « The Top 10 EDM Trap Tunes So Far », Complex (consulté le ).
  15. (en) « What the hell is Trap music (And why is Dubstep involved) », sur LA Weekly
  16. David Wagner, « The Harlem Shake Meme Is Dead », The Atlantic Wire, The Atlantic Monthly Group, (consulté le ).
  17. (en) Benjamin Leatherman, « Trapstyle Duo Trapzillas Are Not Bullshitting », sur phoenixnewtimes.com, (consulté le ).
  18. Elias Leight, « Lil Nas X's 'Old Town Road' Was a Country Hit. Then Country Changed Its Mind », Rolling Stone,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. (en-GB) Hubert Adjei-Kontoh, « Lil Nas' song was removed from Billboard for not being 'country' enough. But who gets to decide categories? », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  20. « Lil Nas X's 'Old Town Road' Leads Billboard Hot 100 for 19th Week, Ariana Grande & Social House's 'Boyfriend' Debuts in Top 10 », Billboard,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. « 10 ans de trap en France : quel bilan ? », sur Radio France, (consulté le ).

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (it) Andrea Bertolucci, Trap game: i sei comandamenti del nuovo hip hop, Milan, Hoepli, (ISBN 9788820398613).

Liens externes modifier