Tortue de Kemp

espèce de tortues


Lepidochelys kempii est une espèce de tortue de la famille des Cheloniidae[1]. En français elle est appelée Tortue de Kemp, Ridley de Kemp ou Tortue bâtarde.

L'espèce est fortement menacée de disparition.

Distribution et lieux de ponte modifier

 
Répartition des lieux de pontes de la tortue de Kemp
   Point jaune : lieux de ponte secondaires
   Point rouge : lieux de ponte principaux

On rencontre cette tortue dans l'Océan Atlantique de la Nouvelle-Écosse au Mexique et jusqu'en Europe, et bien sûr, sur le site principal de nidification à Rancho Nuevo dans la municipalité d'Aldama au Tamaulipas mais parfois aussi sur Padre Island au Texas[2],[3]. L'autre espèce du genre Lepidochelys : Lepidochelys olivacea vit dans les régions tropicales et subtropicales de tous les océans du globe[4].

On estimait en 1947 à 47 000 le nombre de femelles reproductrices qui venaient pondre. Ce chiffre a plongé à quelques centaines dans les années 1970 puis, grâce aux efforts de protection, a remonté aux alentours de 1 000 femelles[5].

Description modifier

La tortue de Kemp et la tortue olivâtre sont les plus petites espèces de tortue marine, et mesurent entre 58 et 70 cm. Les Lepidochelys pèsent de 36 à 45 kg. La tortue de Kemp est reconnaissable à sa dossière vert-grise. elle se différencie de la tortue olivâtre par une carapace moins bombée. Son bec corné qui peut être finement denticulé.

Alimentation modifier

Adulte, elle consomme des crustacés, dont elle brise la carapace avec son bec puissant mais aussi des poissons, des céphalopodes, des coquillages. Aucune étude ne montre qu'elles mangent des végétaux marins.

Reproduction modifier

L'âge de maturation sexuelle est discuté, certains annoncent une dizaine d'années, d'autres 35 ans. Fait unique parmi les tortues marines, il semblerait que les mâles ne migrent pas[5].

La saison de reproduction a lieu entre avril à juin, mais peut se continuer jusqu'en août. Elle niche presque exclusivement dans le golfe du Mexique, principalement dans l'État du Tamaulipas[2]. Elle attend pour pondre qu'un vent fort souffle du nord et accoste préférentiellement les plages surplombées de dunes et bordées en aval d'un marais. Les Lepidochelys sont les seules espèces de tortue marine à préférer pondre de jour.

Les femelles nichent environ trois fois par saison tous les 10 à 28 jours. L'incubation, en fonction de la température, peut prendre 45 à 70 jours. Elle pond en moyenne 110 œufs par accostage.

Comme pour les autres tortues, le sexe des embryons est déterminé par la température à une certaine période de maturation : les petits seront mâles pour une température inférieure à 29,5 °C.

Étymologie modifier

Cette espèce est nommée en l'honneur de Richard Moore Kemp (1825-1908)[6].

Systématique modifier

Cette tortue s'appelle tortue de Kemp en l'honneur de Richard M. Kemp, le citoyen de Key West en Floride qui a fait parvenir un spécimen à Samuel Garman de Harvard pour qu'il l'identifie.

Les deux espèces de Lepidochelys partagent le nom vernaculaire de « tortue bâtarde ».

Les principaux groupes évolutifs relatifs sont décrits ci-dessous par philogénie[7] selon Hirayama, 1997, 1998, Lapparent de Broin, 2000, and Parham, 2005 :

--o Chelonioidea Bauer, 1893
|--o
| |--o †Toxochelyidae
| `--o Cheloniidae
| |--o Carettini
| | `-- Caretta Rafinesque, 1814
| |--o Natator McCulloch, 1908
|   `--o Chelonini
|    |--o Eretmochelys Fitzinger, 1843
|      `--o
|       |--o Lepidochelys Fitzinger, 1843
|       | |--o Lepidochelys kempii (Garman, 1880)
|       | `--o Lepidochelys olivacea (Eschscholtz, 1829)
|         `--o Chelonia Brongniart, 1800
  `--o Dermochelyidae

La tortue de Kemp et l'Homme modifier

Comme toutes les tortues marines, elle est principalement menacée par les activités humaines et la chasse qu'elle subit. La pêche au chalut étant particulièrement mortelle. Malgré la protection aussi bien sur les plages que la limitation des captures accidentelles par les chalutiers grâce au dispositif d’exclusion des tortues, la population n'augmente que très lentement. On pense que cela est également dû à la pollution du Golfe du Mexique autour de l'embouchure du Mississippi et de l'Alabama qui limite le développement des juvéniles.

Protection modifier

 

Elle est protégée au Mexique depuis les années 1960 et signalée par l'UICN comme en danger depuis décembre 1970. Elle est inscrite sur la liste rouge comme espèce en danger critique d'extinction.

Au Guatemala où il n’est pas interdit d’en récolter les œufs durant la période de ponte, l’association Arcas mène aussi sur le terrain un projet de protection de l’espèce grâce à l’action d’écovolontaires.

Au Costa Rica, le refuge national de Playa Hermosa, à 5 km de Jacó vise à protéger la nidification de la tortue de Kemp.

Publication originale modifier

  • Garman, 1880 : On certain species of Chelonioidae. Bulletin Museum of Comparative. Zoology, vol. 6, n. 6, p. 123-126 (texte intégral).

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Notes et références modifier

  1. TFTSG, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  2. a et b Márquez, 2001 : Status and Distribution of the Kemp’s Ridley Turtle, Lepidochelys kempii, in the Wider Caribbean Region. ([1])
  3. [2]
  4. Bryan P. Wallace, Andrew D. DiMatteo, Brendan J. Hurley et Elena M. Finkbeiner, « Regional Management Units for Marine Turtles: A Novel Framework for Prioritizing Conservation and Research across Multiple Scales », PLOS ONE, vol. 5,‎ , e15465 (ISSN 1932-6203, PMID 21253007, PMCID 3003737, DOI 10.1371/journal.pone.0015465, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) « Kemp's ridley turtle », WWF
  6. (en) Ellin Beltz, « Scientific and Common Names of the Reptiles and Amphibians of North America - Explained »
  7. (en) « Dermochelyoidea - leatherback turtles and relatives », Mikko's Phylogeny Archive (consulté le )