The Secret Relationship Between Blacks and Jews

livre de Nation of Islam

La relation secrète entre les noirs et les juifs
Auteur Nation of Islam
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Essai
Version originale
Langue anglais
Titre The Secret Relationship Between Blacks and Jews
Date de parution 1991 (tome I); 2010 (tome II)
Version française
Éditeur Nation of Islam

The Secret Relationship Between Blacks and Jews (La Relation secrète entre les Noirs et les Juifs) est un ouvrage publié par Nation of Islam, dont le chef est Louis Farrakhan, traitant dans son premier tome paru en 1991 de la pratique de l'esclavage par les Juifs et dans le second, paru en 2010, de ce qui serait l'appropriation de l'économie noire américaine par les Juifs et dans un troisième, en 2016, de l'enrichissement des Juifs en organisant la renaissance du Ku Klux Klan. Cet ouvrage est accusé de falsification antisémite.

Thèse modifier

 
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Le livre allègue que la communauté juive a dominé la traite atlantique de l'esclavage[1]. À l'appui de cette thèse, le livre fait appel à de nombreuses citations d'auteurs juifs, comme Arnold Wiznitzer et Marc Lee Raphael[1],[2].

En 2010, Nation of Islam a publié le tome 2 de The Secret Relationship Between Blacks and Jews sous-titré How Jews Gained Control of the Black American Economy, soit « Comment les juifs s'approprièrent l'économie noire américaine »[3].

Le troisième tome de The Secret Relationship est publié en 2016, avec le sous-titre « Leo Frank, le lynchage d'un homme coupable ». Selon l'Anti-Defamation League, ce volume affirme que « les hommes d'affaires juifs » du début du XXe siècle ont travaillé pour subjuguer les Noirs et s'enrichir en organisant la renaissance du Ku Klux Klan »[4]. Le livre allègue également que « les Juifs étaient secrètement responsables du lynchage de Leo Frank »[4].

Critiques et accusations d'antisémitisme modifier

 
Publicité pour une vente de 22 esclaves par Jacob Levin (J. Levin et LT Levin), v. 1853, servant d'illustration en première de couverture au volume I de The Secret Relationship.

Le premier tome du livre est qualifié de falsification antisémite par des historiens tels que Saul S. Friedman, qui le décrit composé d'« une partie de faits et neuf parties de fable »[5],[6],[7] et qui démontre que les Juifs ont eu un rôle minime dans la traite des esclaves vers le Nouveau Monde[8] ou encore Henry Louis Gates, chef du département des études afro-américaines à l'université Harvard, qui a appelé ce livre la « bible du nouvel antisémitisme » et qui dénonce un procédé de citations soigneusement choisies[9],[10].

D'autres historiens qualifient l'ouvrage de « version afro-américaine » des Protocoles des Sages de Sion[11], de « littérature de haine »[12], de « recueil de théories du complot »[13],[14] ou affirment que sa thèse centrale est « ridicule et considérée comme absurde par tous les savants sérieux »[15],.

Le livre est fortement ainsi critiqué comme étant antisémite et pour son échec à fournir une analyse objective du rôle des Juifs dans le commerce des esclaves. Une critique fréquente est qu'il sélectionne des citations, « utilise des statistiques rudimentaires »[16],[2], et essaie d'exagérer le rôle des Juifs[17],[2],[18]. Lui sont également reprochées la difficulté à vérifier les notes de bas de page dans leur présentation - ou l'index en fin d'ouvrage - et leur confusion entre les sources primaires et secondaires[2].

Outre Friedman et Gates déjà cités, il faut mentionner parmi tous ceux qui rejettent ce livre, le professeur émérite David Brion Davis (en), expert reconnu dans le domaine de l'esclavage et du racisme dans l'Occident et le Nouveau monde[19], qui déclare que « les distorsions factuelles sont presque entièrement produites par des citations sélectives plutôt que par des faux explicites et que plus fréquemment encore, des insinuations sont insérées dans la relation de la participation de Juifs à la traite des esclaves »[20].

De même, Harold Brackman, auteur d'une thèse de doctorat en 1977 sur l'histoire des relations afro-américaines-juives[21], a publié en 1992 Jew on the Brain: A Public Refutation of the Nation of Islam's The Secret Relationship Between Blacks and Jews, qui se veut une réfutation du livre ; cependant, l'auteur juif américain Lenni Brenner a écrit au sujet de cet ouvrage dans un article du New Amsterdam News que Brackman est « incapable [d'étude académique sérieuse] »[22], et a notamment remarqué qu'il avait complètement déformé au moins une citation[23].

En 1995, par une action sans précédent depuis sa création 111 ans plus tôt, l'Association historique américaine (AHA) publie une déclaration condamnant « toute allégation que les Juifs auraient joué un rôle disproportionné dans la traite transatlantique des esclaves »[24] ».

L'historien Brion Davis considère pour sa part qu' « une recherche sélective sur les marchands juifs d'esclaves devient intrinsèquement antisémite, à moins que l'on garde en mémoire le contexte plus large et la place très marginale des Juifs dans l'histoire du système global »[25],[26].

Auteurs modifier

En 2021, le responsable du site de lutte contre le négationnisme phdn.org, Gilles Karmasyn a établi que les véritables auteurs de The Secret Relationship étaient les militants afrocentristes Molefi Kete Asante, Jacob Carruthers, Asa Hilliard, Charshee McIntyre, Rosalind Jeffries, menés par Leonard Jeffries[27].

Bibliographie modifier

  • Austen, Ralph A., The Uncomfortable Relationship: African Enslavement in the Common History of Blacks and Jews, in Strangers & Neighbors: Relations Between Blacks & Jews in the United States, Maurianne Adams (Ed.), Univ of Massachusetts Press, 1999, p. 131-135.
  • David Brion Davis, « Jews in the Slave Trade », Culture Front, 1992

Articles connexes modifier

Source de traduction modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Austen, Ralph A., The Uncomfortable Relationship: African Enslavement in the Common History of Blacks and Jews, in Strangers & Neighbors: Relations Between Blacks & Jews in the United States, Maurianne Adams (Ed.), Univ of Massachusetts Press, 1999, p. 131-133.
  2. a b c et d (en) Winthrop D. Jordan, « Slavery and the Jews », sur The Atlantic, (consulté le ).
  3. « http://www.blacksandjews.com/ »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  4. a et b (en) « Nation of Islam », sur Anti-Defamation League (consulté le ).
  5. Leonard Dinnerstein et Saul S. Friedman, « Jews and the American Slave Trade », The American Historical Review, vol. 104, no 1,‎ , p. 191 (ISSN 0002-8762, DOI 10.2307/2650237, lire en ligne, consulté le )
  6. Patrick Manning, « Jews and the American Slave Trade (review) », Shofar: An Interdisciplinary Journal of Jewish Studies, vol. 18, no 4,‎ , p. 175–177 (ISSN 1534-5165, DOI 10.1353/sho.2000.0003, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Joseph C. Miller, « Jews, Slaves, and the Slave Trade: Setting the Record Straight. By Eli Faber. New York: New York University Press, 1998. xviii, 366 pp. (ISBN 0-8147-2638-0) and Jews and the American Slave Trade. By Saul S. Friedman. New Brunswick: Transaction, 1998. xiv, 326 pp. (ISBN 1-56000-337-5) », Journal of American History, vol. 86, no 3,‎ , p. 1327–1328 (ISSN 0021-8723, DOI 10.2307/2568634, lire en ligne, consulté le )
  8. (en)Jews and the American Slave Trade, Saul S. Friedman, Transaction Publishers, 1999 p. 2, 40.
  9. (en)Allah in the West: Islamic movements in America and Europe By Gilles Kepel, Stanford University Press, 1997 p. 68-69.
  10. Gerald Sorin et ג'ראלד סורין, « BLACK ANTISEMITISM ON CAMPUS: POLITICAL OPPORTUNISM AND ACADEMIC BETRAYAL », Michael: On the History of the Jews in the Diaspora,‎ , p. 197–225 (ISSN 0334-4150, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Richard Landes et Steven T. Katz, The Paranoid Apocalypse: A Hundred-Year Retrospective on The Protocols of the Elders of Zion, NYU Press, (ISBN 978-0-8147-4892-3, lire en ligne)
  12. (en) Mary R. Lefkowitz, History lesson : a race odyssey, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-14519-9 et 0-300-14519-5, OCLC 666930730, lire en ligne), p. 62-66
  13. (en) Eunice G. Pollack, Antisemitism on the campus : past & present, Academic Studies Press, (ISBN 978-1-61811-042-8 et 1-61811-042-X, OCLC 769190207, lire en ligne), p. 317-329
  14. (en) Glenn C. Altschuler et Robert O. Summers, Bad Rap: Public Enemy and Jewish Enmity, Academic Studies Press, (ISBN 978-1-61811-042-8, DOI 10.1515/9781618110428-016/html, lire en ligne)
  15. Paul Finkelman, « Jews, Slaves, and the Slave Trade: Setting the Record Straight (review) », American Jewish History, vol. 87, no 2,‎ , p. 237–240 (ISSN 1086-3141, DOI 10.1353/ajh.1999.0014, lire en ligne, consulté le )
  16. « crude use of statistics » Austen, p. 134.
  17. Austen p. 133-134.
  18. (en) « H-Antisemitism | H-Net », sur networks.h-net.org (consulté le ).
  19. « History Doyens : David Brion Davis », Bonnie K. Goodman, HistoryMusings, .
  20. Austen, p. 133.
  21. (en-US) The Algemeiner, « Harold Brackman », sur Algemeiner.com (consulté le ).
  22. « […] the Brackman and Caplan works demonstrate that, for all their monkey-chatter about serious scholarship, they are incapable of it […] »
  23. « I reviewed Brackman in the October 3, 1992 edition of New Amsterdam News and documented that he had cobbled together what he claimed was a quote from The Secret Relationship from two sentences dozens of pages apart and that he had even reversed their order. »
  24. Encyclopedia of American Jewish history, Volume 1, p. 199.
  25. David Brion Davis, « Jews in the Slave Trade », Culture Front, 1992, p. 15. Cité par F-X. Fauvelle-Aymart, CNRS, 2002, op. cité en lien externe. Lire en ligne.
  26. (en) David Brion Davis, « The Slave Trade and the Jews », The New York Review,‎ (ISSN 0028-7504, lire en ligne, consulté le )
  27. Gilles Karmasyn, Robert L. Brock Un suprémaciste noir, antisémite et négationniste, allié au Ku Klux Klan, PHDN.ORG, 2019-2023. En ligne.