Hey Baby (New Rising Sun)

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Hey Baby (New Rising Sun)

Chanson de Jimi Hendrix
extrait de l'album First Rays of the New Rising Sun
Sortie (dans l'album Rainbow Bridge)
Enregistré
Studios Electric Lady, New York
Durée 6:04
Genre Funk Rock
Auteur-compositeur Jimi Hendrix
Producteur Jimi Hendrix, Mitch Mitchell et Eddie Kramer
Label MCA

Pistes de First Rays of the New Rising Sun

Hey Baby (New Rising Sun) est une chanson de Jimi Hendrix parue après sa mort dans l'album First Rays of the New Rising Sun en 1997. Elle était publiée auparavant dans l'album posthume Rainbow Bridge en 1971.

Genèse et premières versions modifier

Une ébauche instrumentale intitulée The New Rising Sun est enregistrée le à Hollywood, dans les TTG Sunset Studios par Jimi Hendrix seul qui a ainsi procédé à des ajouts de guitares et une partie de batterie jouée par lui-même.[1],[2] Dans une critique d'album pour AllMusic, Sean Westergaard a commenté: "New Rising Sun serait un joyau des sessions d'enregistrement. Brièvement publié dans une version fortement raccourcie sur la très mal conçue et atroce compilation posthume Voodoo Soup, c'est une collaboration studio vraiment cool entre Jimi et Eddie Kramer, c'est comme un croisement entre And the Gods Made Love de Electric Ladyland et Little Wing [d'Axis: Bold as Love]."[3] Bien que cela semble être une chanson complètement différente, John McDermott, le biographe de Hendrix, pense que la composition finale de Hey Baby est développée à partir de The New Rising Sun.[4]

Après la mort de Jimi Hendrix, une partie de l'instrumental The New Rising Sun sera utilisée par le producteur John Jansen qui souhaite créer une séquence prévue pour l'album posthume War Heroes en 1972 en mélangeant divers extraits de morceaux de Hendrix, en particulier la jam Ezy Ryder/MLK Jam datant du 23 janvier 1970. Cette séquence n'est finalisée qu'en 1974 par le producteur Alan Douglas (qui reprendra à ce moment-là la gestion discographique du guitariste) sous le nom de Captain Coconut. Cette chimère parait dans l'album posthume controversé Crash Landing en 1975. L'ébauche quant à elle sera publiée en 1995 dans une version éditée par Alan Douglas en 1995 pour l'album posthume Voodoo Soup également controversé, puis en 2010 dans une version remixée et corrigée par Eddie Kramer dans la compilation West Coast Seattle Boy: The Jimi Hendrix Anthology par Experience Hendrix LLC qui aura récupérée les droits en 1995[5].

Le , Jimi enregistre une démo intitulée Hey Gypsy Boy avec le batteur Buddy Miles[6] au Record Plant à New York. Plus proche musicalement de la version finale Hey Baby (par rapport à The New Rising Sun)[7], la progression d'accord en mineure rappelle celle de All Along the Watchtower, mais n'a pas encore l'introduction que l'on retrouve dans la version finale[8]. Cette version est publiée dans une version retravaillée par Eddie Kramer en 2013 dans l'album posthume People, Hell and Angels. Dans une critique d'album distincte, Westergaard a noté que "Hey Gypsy Boy est très étroitement lié à la version finale de Hey Baby, voire une première version."[9] Entre-temps, le producteur Alan Douglas publiera la démo dans l'album posthume Midnight Lightning également controversé en 1975 dans une version travaillée avec des ajouts de musiciens de studio[5].

Enregistrement modifier

En attendant l'enregistrement officiel, la chanson Hey Baby (New Rising Sun) fait partie du répertoire du guitariste lors de la tournée américaine The Cry of Love entre avril et août 1970. C'est l'une des deux seules chansons inédites après la période Band of Gypsys avec Freedom à être régulièrement interprétée par le trio The Jimi Experience composée du bassiste Billy Cox et du batteur Mitch Mitchell. Hendrix a parfois introduit la chanson comme The New Rising Sun, y compris à Berkeley le 30 mai[10]. Des versions lives de la chanson sont parues dans divers albums lives posthumes, dont Live at Berkeley en 2003, Freedom: Atlanta Pop Festival en 2015, Live in Maui en 2020 (fusionnée avec le début de la chanson In From the Storm, on retrouve cette version dans le coffret The Jimi Hendrix Experience Box Set en 2000) ou encore Blue Wild Angel: Live at the Isle of Wight en 2002[11].

La version studio officielle de Hey Baby (New Rising Sun) est enregistrée dans les nouveaux studios de Jimi Electric Lady à New York lors de la session du [12]. Durant l'enregistrement réalisé en prise live, le guitariste est accompagné par ses partenaires Billy Cox et Mitch Mitchell[12], auxquels s'ajoute le percussionniste Juma Sultan[12]. Le chant de Jimi enregistrée durant la prise est considérée comme inachevée car le guitariste n'a pas l'occasion de poser le chant définitif de son vivant[12]. Par ailleurs, Hendrix a rejeté une prise antérieure de la chanson qui n'était pas bonne (au point qu'il avait abandonné le chant au cours de celle-ci).[13]

Lors de la session, Hey Baby est précédée d'un titre instrumental travaillé par Jimi intitulé Bolero[13]. McDermott pense que Hendrix voulait créer un enchaînement entre l'instrumental, qui incorpore des sonorités de guitare inspirées du flamenco, et Hey Baby comme un medley.[1]

Bien qu'inachevée, la prise Hey Baby est jugée satisfaisante. Pourtant, ce sera la prise définitive (en raison de la mort de Jimi) qui sera mixée le 12 mai 1971 par Eddie Kramer et John Jansen[5] pour une parution dans l'album posthume Rainbow Bridge la même année, puis en 1997 dans l'album First Rays of the New Rising Sun.

Parution et réception modifier

Au cours de l'année 1970, Jimi inclut la chanson alors intitulée The New Rising Sun [Hey Baby] dans une des listes potentielles des chansons constituant le prochain album studio tant attendu.[note 1].

Après la mort du guitariste, son manager Micheal Jeffery charge le batteur Mitch Mitchell et l'ingénieur du son du studio Eddie Kramer de sélectionner les enregistrements pour composer le premier album posthume intitulé The Cry of Love paru en début d'année 1971. Bien que les deux hommes l'évoquent pendant l'examen des enregistrements à sélectionner pour The Cry of Love[16], la chanson Hey Baby (New Rising Sun) est finalement choisie pour conclure Rainbow Bridge, le second album posthume produit par eux en 1971[17].

McDermott indique qu'« en raison du fait que le chant définitif n'a jamais été enregistrée, la prise live originale du chant de Jimi, y compris le passage où il demande à Kramer si« le microphone est branché ? », est gardée dans le mixage pour signaler que la chanson était encore au stade de démo en cours de travail »[12].

Le label Reprise Records publie l'album posthume Rainbow Bridge en octobre 1971 aux États-Unis et le mois suivant au Royaume-Uni et rencontre un succès commercial modéré par rapport aux précédents albums en atteignant la quinzième place au classement américain Billboard 200 et seizième au Royaume-Uni[18]. Par la suite, l'album n'est pas réédité avant 2014, et la chanson n'est plus disponible à la vente pendant une vingtaine d'années[19].

Toutefois, après que la famille du guitariste a pris le contrôle de son héritage discographique, la chanson est publiée en 1997 dans l'album First Rays of the New Rising Sun[12], considéré comme la version la plus aboutie du cinquième album du guitariste[20].

En 2001, la chanson apparaît dans la compilation Voodoo Child: The Jimi Hendrix Collection. Un autre mix de l'enregistrement apparaît en 2010 dans le coffret West Coast Seattle Boy: The Jimi Hendrix Anthology en s'enchaînant avec Bolero[1].

Hey Baby est accueilli favorablement par la plupart des journalistes musicaux. Dans une critique contemporaine de l'album posthume Rainbow Bridge pour le magazine Rolling Stone, Tony Glover a décrit Hey Baby comme « simple mais évocateur […] C'est une bénédiction et un espoir à la fois »[21]. Il ajoute qu'il est « rempli d'un désir purement solitaire et d'une introspection qui était souvent évincé au profit de choses plus éclatantes »[21]. Pour Henderso, « la chanson [signifie] la nouvelle direction musicale [de Hendrix] »[22] et Shapiro a estimé qu'elle « pourrait être appelée sa chanson thème pour les années soixante-dix »[23].

David Moskowitz commenté le jeu de guitare de Hendrix : « Tout au long de la chanson, le travail de guitare de Jimi est une démonstration de ses compétences à pleine puissance. Il utilise l'effet de guitare UniVibe pour améliorer son son et mettre un peu de force dans son jeu de guitare »[24]. Pour sa part, Murray estime que l'effet est surutilisé et critique l'enregistrement : « c'est dommage que Hey Baby (The Land of the New Rising Sun) n'ai jamais été enregistré correctement, car la chanson est clairement d'une importance considérable pour Hendrix. La version officielle est timide et inachevée, un peu plus qu’une esquisse »[25]. Il qualifie la chanson d'« aussi séduisante et nostalgique que tout ce qu'Hendrix a jamais écrit »[26].

Autres parutions modifier

Répétitions
Live

Analyse modifier

Hey Baby (New Rising Sun) est un des titres les plus prometteurs du nouvel album de Hendrix. La version reste malheureusement inachevée : c'est ce qui explique la décision d'Eddie Kramer et de John Jansen de laisser le passage où Jimi demande si « le microphone est branché ? » Pour autant, bien que ce ne soit qu'une simple démo du groupe en studio, Hey Baby (New Rising Sun) est un titre phare du répertoire Hendrixien régulièrement interprété en concert. Outre un superbe solo de guitare qui suit l'introduction du titre, l'interprétation ne souffre ici d'aucun souci majeur : combien d'auditeurs ne se sont jamais rendu compte du caractère inachevé du titre ? Il faut dire que le chant de Jimi Hendrix sert parfaitement cette composition[38].

"Hey Baby" est composé d'une section d'intro et d'une section principale avec un pont[39]. L'intro est l'une des plus longues d'une chanson Hendrix, d'une durée de 51 mesures[40][note 3]. Dans l'intro, Hendrix adopte une approche chromatique avec des pistes de guitare et des accords à un tempo modérément lent de 66 battements par minute (bpm)[39]. Après plusieurs changements de tonalité et de métrique, il atterrit sur la mineur, qui commence la progression d'accords à un tempo un peu plus rapide de 81 bpm pour le reste du morceau: A mineur – G – F – D[39],[40].

En ce qui concerne les paroles, « Hey Baby » fait écho à un thème Hendrix récurrent d'une figure féminine idéalisée[23], comme dans May This Be Love, Little Wing et Angel[43]. Le journaliste Charles Shaar Murray a estimé que la figure allait au-delà du "propre sauveur personnel d'Hendrix, mais [en tant que] rédempteur pour toute l'humanité"[26]. Shapiro a également décrit l'espoir d'une "terre promise, un nouveau départ"[23]:

Hey baby, where do ya, ch, comin' from?
Oh, she looked at me and smiled and looked at this face.
And said 'I'm coming from the land of the new rising sun.'
Then I said, 'Hey baby, where are ya tryin' to go to?'
Then she said 'I'm going to spread, spread around peace of mind,
And a whole lot of love to you 'n' you.'[44]

Le poète David Henderson a appelé la section de pont de style R & B ou refrain, qui commence par "Fille, j'aimerais venir", "l'essence des paroles de cette chanson trompeusement simple ".[45]

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. D'après le biographe McDermott, Hendrix a mis la chanson dans la liste des titres de l'album le [14], tandis que Shadwick est moins certain, pensant qu'elle apparaît dans une autre liste datant de mi-juin 1970[15]
  2. L'instrumental Villanova Junction est également intitulé Instrumental Solo sur la compilation Woodstock: Music from the Original Soundtrack and More (1970)[30]
  3. D'une durée de 6 minutes et 4 secondes, Hey Baby est la plus longue chanson qui est parue sur l'album First Rays of the New Rising Sun; [41] la section principale commence environ une minute après le début de la chanson tandis que le chant n’apparaît que vers deux minutes et demie environ[42].

Références modifier

  1. a b et c McDermott 2010, p. 50.
  2. McDermott, Kramer et Cox 2009, p. 125.
  3. Sean Westergaard, « Jimi Hendrix: West Coast Seattle Boy – Review » [archive du ], sur AllMusic (consulté le )
  4. McDermott et Kramer 1992, p. 155.
  5. a b et c Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon, Jimi Hendrix La Totale, Paris, E/P/A,
  6. McDermott 2013, p. 16.
  7. McDermott, Kramer et Cox 2009, p. 145, 155.
  8. Shadwick 2003, p. 178.
  9. Sean Westergaard, « Jimi Hendrix: People, Hell and Angels – Review » [archive du ], sur AllMusic (consulté le )
  10.  Live at Berkeley, Jimi Hendrix () Santa Monica, California : MCA Records. La scène se produit à 1:22 of track 3. (OCLC 795766484)
  11. a et b Brown 1992, p. 116.
  12. a b c d e et f McDermott 1997, p. 18.
  13. a et b McDermott, Kramer et Cox 2009, p. 228.
  14. McDermott, Kramer et Cox 2009, p. 240.
  15. Shadwick 2003, p. 227.
  16. McDermott et Kramer 1992, p. 301.
  17. McDermott et Kramer 1992, p. 300.
  18. Shapiro et Glebbeek 1990, p. 542–543.
  19. Experience Hendrix, « The Cry of Love & Rainbow Bridge to Be Reissued on CD & LP September 16 » [archive du ], sur Jimihendrix.com (official website), (consulté le )
  20. McDermott 1997, p. 3–4.
  21. a et b Glover 1971.
  22. Henderson 2008, p. 365.
  23. a b et c Shapiro et Glebbeek 1990, p. 424.
  24. Moskowitz 2010, p. 94.
  25. Murray 1991, p. 76.
  26. a et b Murray 1991, p. 77.
  27. Brown 1992, p. 111.
  28. « Jimi Hendrix: Live at the Los Angeles Forum – 4/25/1970 » [archive du ], sur Jimihendrix.com (official website) (consulté le ), "Hey Baby" is the second song (after "Roomful of Mirrors") on Part 2
  29. Shadwick 2003, p. 223.
  30. Shadwick 2003, p. 197.
  31. Brown 1992, p. 113.
  32.  Live at Berkeley, Jimi Hendrix () Santa Monica, California : MCA Records. La scène se produit à 1:22 of track 3. (OCLC 795766484)
  33. Brown 1992, p. 114.
  34. Shadwick 2003, p. 228.
  35. Brown 1992, p. 115.
  36. Shadwick 2003, p. 232.
  37. Brown 1992, p. 123.
  38. Une version altérée est disponible sur Midnight Lightning
  39. a b et c Hal Leonard 1992, p. 78.
  40. a et b Johnson 2006, p. 63.
  41. McDermott 1997, p. 1.
  42.  Rainbow Bridge [LP record], Jimi Hendrix () Burbank, California : Reprise Records. La scène se produit à 1:03 (chord progression) & 2:27 (vocal). (OCLC 10061480)
  43. Murray 1991, p. 74.
  44. Hendrix 2003, p. 71.
  45. Henderson 2008, p. 368.

Voir aussi modifier