Thèse du bouclier et de l'épée

La thèse du bouclier et de l'épée, parfois appelée thèse du glaive et du bouclier[1] est une thèse révisionniste présentant, après l'Occupation, le général de Gaulle et le maréchal Pétain agissant tacitement de concert pour défendre la France, le second étant le « bouclier » préservant la France au maximum, y compris par une politique de collaboration du régime de Vichy (qui n’est dans cette thèse que simulée) en attendant que l'« épée » (de Gaulle) soit suffisamment forte pour vaincre l’Allemagne nazie[1],[2],[3]. Elle trouve son origine d'abord chez Henri Massis qui rédige le dernier appel de Pétain[4],[5], puis dans la défense prononcée lors du procès de Pétain par Jacques Isorni[6]. Cette thèse est disqualifiée par les historiens d'aujourd'hui.

Prises de position pendant la Seconde Guerre mondiale modifier

Publiquement, Pétain a toujours justifié la collaboration face à l’opinion publique, qui s’inquiétait dès 1941[7], notamment en matière militaire en Syrie[8] : « Français ! Vous avez appris que l’amiral Darlan s’était récemment entretenu en Allemagne avec le chancelier Hitler. J’avais approuvé le principe de cette rencontre […]. Il ne s’agit plus, aujourd’hui, pour une opinion souvent inquiète parce que mal informée, de supputer nos chances, de mesurer nos risques, de juger nos gestes. Il s’agit pour vous, Français, de me suivre sans arrière-pensée sur les chemins de l’honneur et de l’intérêt national. ».

Ses discours n’épargnent pas non plus la dissidence gaulliste. Dès 1941, dans le discours sur la « mémoire courte » : « Vous n’êtes ni vendus, ni trahis, ni abandonnés. Ceux qui vous le disent vous mentent et vous jettent dans les bras du communisme. »[9],[10] et en 1943, après la défaite allemande à Stalingrad et l’invasion de la zone sud, dans le discours du 4 avril 1943[11] : « Français, [..] il faut choisir. Les chefs rebelles ont choisi l'émigration et le retour au passé. J'ai choisi la France et son avenir. L'histoire dira plus tard ce qui vous fut épargné. »

À la fin du régime, malgré le rejet exprès de la dissidence à Alger, un débat s'instaure déjà sur le supposé « double jeu » du maréchal. Les partisans de celui-ci réfutent vigoureusement cette hypothèse : ainsi Mgr Serrand, évêque de Saint-Brieuc qui dans une Note à ses doyens[12],[13] d'octobre 1943 non seulement exige l'obéissance du clergé au Service du travail obligatoire (STO) mais rejette la possibilité d'un « double jeu » et d'un soutien occulte de la « dissidence » par Pétain : « Si la chose était exacte (...), je serais incapable d'accorder mon estime au chef de l'État ». Non destinée à sa Semaine religieuse, elle est repérée par le comité de propagande, éditée par les soins de celle-ci (et rapidement épuisée), et lue à Radio-Vichy. Elle paraît également dans La Gerbe[14], dans le quotidien Aujourd'hui[15] et est relayée dans toute la presse collaborationniste[16]. Cette libelle lui attire les réponses de la presse résistante. L'Avenir réplique : « Nous ne pouvons que remercier Mgr Serrand d'avoir si nettement, si courageusement posé le problème de Vichy. Ou bien la politique de collaboration prêchée par le maréchal et ses ministres est sincère, et le maréchal s'est alors rendu coupable d'avoir trahi (...) Ou bien le maréchal n'est pas sincère dans sa collaboration (...), ment à longueur de journée »[17].

En 1944, alors que le débarquement des Alliés parait imminent et que les victimes des bombardements alliés sont nombreuses, la presse collaborationniste se félicite à nouveau ouvertement de la netteté des prises de position de Pétain durant sa tournée du printemps[18] :

« Un message d’une honnêteté sans précédent qui ne laisse place à aucune équivoque, qui met tous les Français devant leurs responsabilités, qui dissipe toutes velléités de restriction mentale. Le Maréchal condamne la dissidence, il condamne l’armée secrète, il condamne la « résistance ». Et surtout, il énonce la condition primordiale de la renaissance française. Cette renaissance ne pourrait avoir lieu que lorsque « notre civilisation sera définitivement à l’abri du danger que fait peser sur elle le bolchevisme ». Comment notre civilisation sera-t-elle sauvée ? « GRÂCE À LA DÉFENSE DE NOTRE CONTINENT PAR L’ALLEMAGNE ET PAR LES EFFORTS DE L’EUROPE ». »

Une fois la cause perdue pour Vichy, le , l’historien Robert Paxton relate que l'amiral Auphan est chargé par le maréchal Pétain d'organiser une passation de pouvoir avec le général de Gaulle. Néanmoins, le général de Gaulle qui « proclame sa légitimité sur des bases bien différentes », refuse de le recevoir[19].

Développement de la théorie modifier

Après la Libération, les partisans du maréchal appuient désormais l’hypothèse du double jeu. Cette théorie est présentée explicitement comme moyen de défense au procès du maréchal Pétain[20]. Cette vision est aussi défendue par les responsables de l'époque de Vichy, comme l'amiral Auphan, lors de leur procès[21].

Cinq ans après le procès Pétain, le colonel Rémy, une figure de la Résistance gaulliste, écrit en 1950 dans l'hebdomadaire Carrefour que le général de Gaulle lui aurait confié en 1947 qu'en 1940, il fallait que la France eût deux cordes à son arc, « la corde Pétain aussi bien que la corde De Gaulle »[22], déclaration démentie immédiatement par de Gaulle[22] : « rien ne saurait, dans aucune mesure, justifier ce qui fut la politique du régime et des hommes de Vichy, c'est-à-dire en pleine guerre mondiale la capitulation de l'État devant une puissance ennemie et la collaboration de principe avec l'envahisseur »[23]. L'ancien résistant et ancien déporté Rémy Roure commente ainsi la déclaration dans Le Monde : «  La thèse est audacieuse et singulièrement paradoxale. Elle est politiquement immorale, si du moins ces deux mots peuvent voisiner »[24]. Rémy est désavoué par les gaullistes et par le Comité d'action de la Résistance.

La thèse du bouclier et de l'épée est reprise par l'écrivain Robert Aron, dans son livre Histoire de Vichy en 1954[25]. Aron minimise par ailleurs le rôle de l'État français du maréchal Pétain dans la déportation des Juifs et la collaboration avec l'Allemagne nazie.

En 1953, dans son discours de réception à l'Académie française au fauteuil du maréchal Pétain (celui-ci avait été exclu de l'Académie après sa condamnation en 1945 mais son fauteuil ne fut réattribué qu'après sa mort), le diplomate André François-Poncet reprit la thèse d'un Pétain « bouclier » et d'un De Gaulle « glaive»[26].

Selon le journaliste Léon Mercadet, le maréchal Pétain aurait donné des fonds personnels pour la création d’un groupe de résistants alsaciens[27]. Selon lui encore, Pétain aurait dit à l'industriel et résistant alsacien Paul Dungler à l'intention de de Gaulle et de Giraud : « Dites leur que je reporte sur leurs têtes le serment de fidélité qui m'a été prêté par les officiers. Dites-leur que je les convie tous les deux, à la libération de Paris, sous l'arc de Triomphe. Là, je leur transmettrai mes pouvoirs et nous célébrerons ensemble l'union retrouvée des Français »[28]. Toutefois, comme l'indique Léon Mercadet, son œuvre est de style « romanesque » : « les personnages apparaissent sous leur vrai nom, les dates sont vraies, simplement la forme romanesque, le style littéraire est la meilleure façon de faire passer la flamme »[29]. Le réseau de Dungler, militant royaliste, est d’obédience vichysto-résistante[30],[31]: il n’a rien en commun avec le réseau de d’Astier de la Vigerie, Libération-sud[32].

Ce discours ne trouve pas de réponse (?) car la mémoire officielle assimile la France à la Résistance[33] et tente d'effacer l'épisode de Vichy[34]. Les travaux de J. Billig[35], précurseurs en France, ont reçu peu d'échos. Il faut attendre les années 1970 pour voir le développement des études sur l'histoire de la Shoah et des déportations. Le rôle du régime de Vichy dans la Shoah a été mis en valeur par l'historien américain Robert Paxton[36],[37], puis par Serge Klarsfeld[38].

Disqualification par les historiens modifier

La thèse du bouclier et de l'épée est très largement discréditée par la recherche historique [39],[40],[41],[42],[43],[44],[45]. Ainsi, l'historien Pascal Ory souligne qu'elle « ne résiste pas à l'examen[46] ». Non seulement la collaboration est venue de Pétain lui-même, dont la neutralité sera, selon l’expression de Robert Frank, « dissymétrique »[47],[48], mais encore le Maréchal n’a jamais conclu d’« accord secret » avec Churchill. Toutes les ouvertures de celui-ci sont restées sans suite par refus du Maréchal[49]. Les diverses tentatives de mystifications à ce sujet ont été mises à jour par Robert Paxton et d’autres historiens : les déclarations et publications d’après-guerre de Rougier et Jacques Chevalier ont été falsifiées. Il faut comprendre ces falsifications à la lueur de la stratégie mise en œuvre après la guerre par les milieux de la collaboration pour appuyer la thèse du « double jeu »[50],[51],[52]. Pour se défendre d’avoir laissé la flotte se saborder à Toulon plutôt que de l’avoir envoyée à Alger en novembre 1942, Pétain le premier fera référence lors de son procès à un prétendu accord confidentiel avec Churchill[53]. En réalité, Chevalier a transmis une note écrite de Lord Halifax, son ancien camarade d’Oxford. Churchill propose à Pétain de se replier en Afrique du Nord et d’y envoyer six divisions. Pétain lut la note et dit : « Nous ne l’avons pas reçue ». Elle resta sans réponse[54].

Un autre ministre de Pétain, Bouthillier (plus de trois ans au gouvernement), restera fidèle après guerre à l’anglophobie dominante de Vichy et déclarera publiquement dans son autobiographie que l’Angleterre avait fait preuve d’un « égoïsme aveugle » et d’un « fanatisme implacable » en poursuivant la guerre[55] en juillet 1940.

En ce qui concerne la prétendue entente tacite avec les gaullistes, le général de Gaulle a souligné dans ses mémoires[56] que les responsables militaires loyaux à Vichy ont toujours refusé ses propositions de fraternisation (Dakar, Syrie). La lutte contre la dissidence gaulliste a commencé dès le mois de juin 1940. Après son appel à la poursuite du combat lancé le 18 juin, le général de Gaulle est dégradé le 22 juin et mis à la retraite d’office, par mesure de discipline, par décret du 23 juin 1940, avant d’être condamné le 4 juillet à quatre ans d’emprisonnement par le tribunal militaire de la 17e région pour « refus d’obéissance et provocation de militaires à la désobéissance ». Après un second procès devant le tribunal militaire de la 13e région, à Clermont-Ferrand, il est condamné le 2 août à la peine de mort, la dégradation militaire et la confiscation de ses biens meubles et immeubles pour « trahison, atteinte à la sûreté extérieure de l’État, désertion à l’étranger en temps de guerre »[57]. Selon Heydrich, Pétain a dit à un diplomate suisse en 1941 que de Gaulle était victime de son orgueil et qu'il le ferait immédiatement fusiller[58]. D’autres officiers de la France libre seront condamnés à la peine de mort par contumace en 1941, dont le général Catroux, le colonel de Larminat, les capitaines Kœnig et Amilakvari (futurs combattants de Bir Hakeim). Dès juillet 1940, le régime de Vichy adopta une loi pour déchoir de leur nationalité et priver de leurs biens les Français ayant quitté le territoire (pour continuer la lutte) et, sans aucune demande allemande, la mit impitoyablement en œuvre contre des Français de toutes conditions[9],[59].

Ceux des « vichysto-résistants » qui, comme le général Cochet, pensaient agir conformément aux vœux du gouvernement et ne se cachaient pas, sont internés à l’été 1941 par Darlan[60],[61]. Alerté par son premier ministre, Pétain prononce le 12 août le discours du vent mauvais : « Mon patronage est invoqué trop souvent, même contre le gouvernement, pour justifier de prétendues entreprises de salut qui ne sont, en fait, que des appels à l'indiscipline ». Les illusions chez les autres résistants ayant encore du respect pour la statue du maréchal sont parfois longues à se dissiper : le 13 janvier 1942, Philippe Viannay dans Défense de la France (zone Nord) pense toujours que : « le maréchal ne fait que continuer ce qu’il a toujours fait : résister, sauvegarder les intérêts français »[61]. Pétain vient pourtant de déclarer dans son allocution du Nouvel An : «  J’ai le devoir d’appeler « déserteurs » tous ceux qui, dans la presse comme à la radio, à l’étranger comme en France, se livrent à d’abjectes besognes de désunion, et tous ceux qui, dans le pays, recourent à la calomnie et à la délation »[62]. Les yeux se dessilleront avec notamment la crise des otages de Châteaubriant à l’automne 1941[61],[63], et définitivement avec l’invasion de la zone sud en novembre 1942, sans que l’État français ni l’armée d’armistice n’esquissent la moindre réaction. La croyance selon laquelle Pétain aurait jusqu’alors mené double jeu s’effondre dans la population[61]. De Lattre de Tassigny, le seul officiel général à refuser l’ordre de ne pas combattre les Allemands, est arrêté et condamné à dix ans de prison. Peu avant, en octobre 1942, Henri Frenay écrit une lettre au président Roosevelt pour lui demander de soutenir de Gaulle et expose sans détour la rupture dans l’opinion : « (...) J’ai cru, néanmoins, au maréchal Pétain, j’ai cru au double jeu, j’ai cru même à une véritable Révolution nationale humaine et sociale. Comme tous les autres Français, j’ai été cruellement déçu, odieusement trompé »[64].

En ce qui concerne la collaboration pour la déportation des Juifs de France, la connaissance historique actuelle est synthétisée dans le numéro 212 de la Revue d’histoire de la Shoah, notamment les interventions des différents responsables : Laval[39], Pétain, Bousquet, qui ont tous fait preuve d’un antisémitisme réel ou latent. Le taux de survie des Juifs en France, 75 % (soit moins qu’au Danemark et en Italie, mais plus qu’au Benelux), est analysé selon une approche multifactorielle[65].

Loin d’avoir protégé les Français, Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la Shoah[66],[67], répression de la Résistance, envoi forcé de main-d’œuvre au STO, pillage économique.

Notes et références modifier

  1. a et b « Les mémoires oubliées ou refoulées », CRDP de Champagne-Ardenne, 2000-2008 (consulté le 25 mars 2017).
  2. Jean Quellien, « La France et l’attitude des Français sous l’Occupation », conférence du 15 mars 1998, Association des professeurs d’histoire et géographie de l’Académie de Caen (consulté le 7 août 2012).
  3. Frédéric Salat-Baroux (interviewé), Philippe Reinhard (interviewer), « De Gaulle-Pétain : une relation houleuse depuis 1912 », interview parue dans Le Télégramme le 18 juin 2010.
  4. Jean-Paul Cointet, « Henri Massis », dans Les hommes de Vichy : L'illusion du pouvoir, Paris, Perrin, coll. « Essais historiques », (lire en ligne  ), p. 143-152
  5. « Ultime message de Philippe Pétain, maréchal de France, chef de l'État, aux Français », sur parismuseescollections.paris.fr
  6. Bénédicte Vergez-Chaignon, « Le maréchal Pétain et la « question juive » », Revue d’histoire de la Shoah,‎ , p. 105 (lire en ligne)
  7. « Discours du 15 mai 1941 », Site L’histoire en rafale,‎ (lire en ligne).
  8. Henri de Wailly, Syrie, 1941, la guerre occultée : vichistes contre gaullistes, Perrin, septembre 2006, 504 pages.
  9. a et b Lecouturier Yves, « De Gaulle et Pétain vus par l'opinion publique calvadosienne (1940-1944) », Annales de Normandie, 44ᵉ année, n°2,‎ , p. 134 (lire en ligne)
  10. Discours du 17 juin 1940, radiodiffusé le 27 juin 1941 (site de l’INA).
  11. Radiodiffusé le 9 avril 1943, site de l’INA.
  12. Frédéric Le Moigne, « L’épiscopat français contre Maurras et la Résistance », Politique, culture, société, n° 18,‎ , p. 11 (lire en ligne).
  13. Lettre de Mgr Serrand, évêque de Saint-Brieuc, à Messieurs les archiprêtres, doyens, supérieurs d'établissements, (ASIN B0014P89RQ).
  14. ADC 1 B Dissidence, inventaire 51/3, lettre du .
  15. « Lettre de Mgr Serrand, évêque de Saint-Brieux », Aujourd'hui,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  16. Henri Lèbre, « L'Eglise et l'Etat », Le Cri du peuple,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  17. « Le Crime de Vichy », L'Avenir n°9,‎ , p. 2 (lire en ligne).
  18. P.A. Cousteau, « Sans équivoque… », Je suis partout,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  19. Robert O. Paxton (trad. Claude Bertrand, préf. Stanley Hoffmann), Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », 1997 (réimpr. novembre 1999) (1re éd. 1973), 475 p. (ISBN 978-2-02-039210-5), p. 382-383.
  20. Pierre Laborie, Le Chagrin et le venin, Paris : Bayard, 2011, (ISBN 978-2-227-47735-3), p. 156, note 61.
  21. Amiral Auphan, L'Honneur de servir (1978).
  22. a et b Caroline Baudinière, « Une mobilisation de victimes illégitimes. », Raisons politiques 2/2008 (no 30), p. 21-39.
  23. « La déclaration du général de Gaulle », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  24. Remy Roure, « Le double jeu », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  25. Jean-Pierre Azéma, « Vichy et la mémoire savante : quarante-cinq ans d’historiographie » in Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (sous la direction de), Vichy et les Français, Paris, Fayard, 1992, pp. 26-27.
  26. Jérôme Cotillon, Ce qu'il reste de Vichy, Paris, Armand Colin, coll. « Histoire au présent », , 251 p. (ISBN 2-200-26382-1, lire en ligne).
  27. Le maréchal Pétain donna 500 000 F de sa cassette personnelle permettant la création d'une résistance alsacienne. Mercadet, La Brigade Alsace-Lorraine, Grasset, 1984, p. 37.
  28. Mercadet, La Brigade Alsace-Lorraine, p. 63.
  29. Alsace Soir, « Léon Mercadet : La brigade Alsace-Lorraine : interview télévisé », sur INA, (consulté le ).
  30. Son chef déclarait que « Nous serons toujours aux ordres du commandant en chef qui libérera la France, quel qu'il soit, et nous aiderons tous les gens qui combattent les Allemands par tous les moyens, quels qu'ils soient et quelles que soient leurs opinions politiques ».
  31. Le réseau a aidé à l’évasion du général Giraud et transmettait certaines informations aux services secrets de l'armée d'armistice : Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA), Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4), (OCLC 959964698).
  32. Johanna Barasz, « De Vichy à la Résistance : les vichysto-résistants 1940-1944 », Guerres mondiales et conflits contemporains 2011/2 (n° 242),‎ , p. 27 à 50 (lire en ligne).
  33. De Gaulle, Discours de l’hôtel de ville, 26 août 1944.
  34. Ordonnance du 9 août 1944
  35. Joseph BILLIG, Le Commissariat général aux questions juives, 1941-1944, éd. Centre de documentation juive contemporaine, 3 vol., 1955-1960, 388, 380 et 340 p., p. 323
  36. Robert Paxton, La France de Vichy, Le Seuil, , 375 p. (présentation en ligne)
  37. Janine Bourdin, Critique du livre de Paxton dans : Revue française de science politique, persee.fr, 1973, numéro 23-3, pp. 630-632 [lire en ligne].
  38. La Shoah en France. Volume 1, Vichy-Auschwitz : la "solution finale" de la question juive en France, Fayard, , 542 p.
  39. a et b Laurent Joly, « Introduction », Revue d’histoire de la Shoah,‎ , p. 11-29 (lire en ligne)
  40. Laurent Joly, L’Etat contre les Juifs, Grasset, (présentation en ligne)
  41. Eberhard Jäckel, La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines »,
  42. Conférence de Laurent Douzou, professeur à l'IEP de Lyon, « Les Mémoires de la Seconde Guerre mondiale », académie de Versailles, consulté le 19 février 2013.
  43. Schmitt A., Accords secrets franco-britanniques de novembre-décembre 1940. Histoire ou Mystification, PUF, 1957 p.
  44. Recension de l'ouvrage de Schmitt dans Bernard Henri : Schmitt (A.). Les Accords secrets franco-britanniques de novembre-décembre 1940. Histoire ou Mystification, in: Revue belge de philologie et d'histoire, tome 36, fasc. 3, 1958.
  45. Alain Chatriot, compte-rendu de lecture de Frédéric Saulnier, « Joseph-Barthélemy 1874-1945. La crise du constitutionnalisme libéral sous la IIIe République », Cahiers Jaurès 2/2004 (no 172-173), p. 5
  46. Pascal Ory, « Pourquoi tant de haine ? Quelques modestes propositions pour guérir le syndrome de Vichy », dans Sarah Fishman, Laura Lee Downs, Ioannis Sinanoglou, Leonard V. Smith et Robert Zaretsky (dir.), La France sous Vichy : autour de Robert O. Paxton, Bruxelles / Paris, Éditions Complexe / IHTP-CNRS, coll. « Histoire du temps présent », , 320 p. (ISBN 2-8048-0002-4), p. 293.
  47. "Pétain, Laval, Darlan" in La France des années noires (sous la direction de J.-P. Azéma et F. Bédarida), Le Seuil,
  48. Jean-Pierre Azéma, Vichy-Paris, les Collaborations. Histoire et mémoires, André Versaille, (lire en ligne)
  49. Claudia Berndt et Mathieu Marion, « Vie et œuvre d’un rationaliste engagé : Louis Rougier (1889-1982) », Philosophia Scientiæ, 10 (2),‎ , p. 11–90 (lire en ligne)
  50. Paxton 1997, p. 134.
  51. Robert Franck, « Vichy et les Britanniques, 1940–44 : double jeu ou double langage ? », In Azema et Bedarida (dir.), Vichy et les Français,‎ , p. 144-163
  52. R. T. Thomas, Britain and Vichy : The Dilemna of Anglo-French Relations,
  53. « Pour répondre à la question posée sur le sabordage de la flotte, à Toulon, le 27 novembre 1942, il importe de revenir en arrière. L'armistice laissait la flotte à peu près intacte, mais désarmée et mise en gardiennage. Elle demeurait notre propriété. C'est pour parer à une violation des clauses de l'armistice, aussi bien par les Allemands que par les Anglais, et pour satisfaire à l'engagement pris vis-à-vis de ces derniers à Cangé, que furent données, dès l'armistice, et ne furent jamais abrogées, les consignes de sabordages. L'agression de Mers-el-Kébir, le 3 juillet 1940, permit alors d'obtenir des puissances de l'Axe la constitution d'une "force de haute mer". L'ordre de sabordage fut maintenu. Après le débarquement en Afrique des forces anglo-saxonnes, les Allemands, le 11 novembre 1942, envahissaient la zone libre. Mon gouvernement réussit alors à élever autour de la flotte un ultime rempart en obtenant du haut commandement allemand que la défense du camp retranché de Toulon fût laissée à la marine française. D'autre part, aux termes du traité secret que j'avais fait négocier avec M. Winston Churchill, il était stipulé que la flotte devait se saborder plutôt que de tomber entre les mains des Allemands ou des Italiens. Lorsque, le 27 novembre, une division cuirassée allemande pénétra dans le camp retranché de Toulon et chercha à s'emparer de notre flotte, l'amiral de Laborde donna l'ordre de sabordage, conformément à la consigne permanente, à l'engagement pris vis-à-vis des Anglais et au code de justice maritime. La flotte française n'était pas tombée aux mains des puissances de l'Axe. Pourquoi n'ai-je point donné l'ordre à la flotte dès le 11 novembre de gagner l'Afrique ? L'ordre, pour des raisons techniques, n'était point exécutable et la flotte eût été vouée à la destruction ; donc, le départ eût amené les mêmes conséquences que le sabordage. En outre, cet ordre eût été le signal de la reprise des hostilités contre l'Allemagne, et eût exposé la France désarmée à de terribles représailles sans aucun bénéfice pour la cause alliée. Entre deux maux, le politique doit choisir le moindre. Il m'a paru moins grave que la flotte se sabordât, conformément aux engagements, plutôt que de l'envoyer à sa perte et de déchaîner sur la France des violences sans précédent, notamment le retour en captivité des 700 000 prisonniers dont j'avais obtenu la libération, et la substitution au gouvernement français d'un "gauleiter". Ainsi, ai-je épargné les pire et aidé à la victoire commune, empêchant l'Allemagne d'augmenter son potentiel de guerre par la capture de notre flotte. Je n'en considère pas moins le sabordage, inévitable, comme un sacrifice et comme un deuil national » (Philippe Pétain, Actes et Ecrits, Flammarion, 1974, p. 582-583).
  54. Robert Paxton, La France de Vichy, Le Seuil (Points Histoire), , nbp 83
  55. Paxton 1997, p. 135 (note 86).
  56. De Gaulle, Mémoires de guerre, Volume I - L'Appel, 1940-1942, Plon,
  57. « La répression des Français libres par contumace », Site de la Fondation de la France libre,‎ (lire en ligne)
  58. Daniel Bourgeois, « Une lettre de Heydrich à Ribbentrop sur Vichy », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine n°18-2,‎ , pp. 296-307 (not. 300 et 306) (lire en ligne)
  59. Loi du 23 juillet 1940 relative à la déchéance de la nationalité à l'égard des Français qui ont quitté la France, JO 24 juillet 1940, p. 4569.
  60. Bénédicte Vergez-Chaignon, Les vichysto-résistants, Perrin 2008, collection tempuspp. 161-166. Voir aussi : Barasz, Johanna. « De Vichy à la Résistance : les vichysto-résistants 1940-1944 », Guerres mondiales et conflits contemporains, vol. 242, no. 2, 2011, pp. 27-50.
  61. a b c et d Sebastien Albertelli, Julien Blanc et Laurent Douzou, La lutte clandestine en France, Seuil, , p. 179.
  62. « Le Droit de Vichy (chap. 8) », sur Cabinet Devers Avocats
  63. Germaine Tillion, ethnologue et résistante, a pour réaction immédiate : « maintenant tout c’est clair, tout est net, tout est limpide, il n’y a plus d’équivoque : si les Allemands ne sont pas des ennemis, comment peuvent-ils exécuter des hommes pour des délits qui n’ont pas commis ? Et s’ils sont des ennemis, comment peut-on collaborer avec eux ? » (Op. cit., Douzou et alii p. 149).
  64. Robert Belot, « Le sort des juifs dans les discours et les pratiques du mouvement Combat », Cahiers de la Shoah 2005/1 (no 8),‎ , p. 179-226 (lire en ligne)
  65. « La survie des Juifs en France : une approche multifactorielle », Revue d’histoire de la Shoah,‎ , p. 275 à 292.
  66. cf. L’État contre les juifs de L. Joly (Grasset, 2018) : "L’étude attentive de la politique de Vichy face à la déportation des juifs et à la pression nazie en la matière, de l’été 1942 à l’été 1944, permet d’identifier les ressorts principaux de cette politique, laquelle, pour reprendre la formule de Joseph Billig, n’était « nullement une politique de sauvetage » ou, plus exactement, ne l’était qu’accessoirement. […] Redisons-le, la collaboration est bien le principal ressort de la politique Laval-Bousquet de 1942. Vient ensuite l’antisémitisme xénophobe, si répandu à Vichy, sans lequel les juifs apatrides n’auraient pu être si facilement livrés aux nazis. La volonté de l’État français de protéger ses nationaux, ou plus précisément les plus « enracinés » parmi eux, dans un contexte de pression redoutable, n’est pas niable. Mais elle n’est qu’un ressort subsidiaire, et à bien des égards la justification des deux autres" (p. 112, 114-115).
  67. Cf. note de bas de page 3, p. 115, dans l'article précité de Bénédicte Vergez-Chaignon. Le seul historien soutenant encore récemment que la tactique de Vichy avait pour objet d'épargner la vie des Juifs français (en sacrifiant les Juifs étrangers, apatrides et dénaturalisés) est Alain Michel (Vichy et la Shoah. Enquête sur le paradoxe français, CLD, 2012). La rédaction de L'Histoire commenta ainsi la parution : "L'auteur renoue là avec les vieilles thèses de Robert Aron et efface tous les travaux publiés depuis les années 1970 Michaël Marrus et Robert Paxton, Serge Klarsfeld, Jean-Pierre Azéma...." ; "Tous les juifs - français et étrangers - furent soumis à la politique discriminatoire de l'État français. Ils furent également recensés, et leurs biens « aryanisés ». Ils furent exclus de la société. La zone d'abord libre, puis sud constitua effectivement un refuge, et quand Vichy renâcla à être l'auxiliaire zélé des nazis dans leur politique d'effacement des juifs de l'Europe, les choses devinrent plus difficiles. Mais les Allemands avaient bénéficié de l'aide des forces de l'ordre françaises pour interner à Drancy dès août 1941 des Français désignés comme juifs. C'est un fait : presque 80 000 juifs de France furent déportés avec la complicité de Vichy."

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Bibliographie modifier

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