Théorème de Cotes (cercle)

En géométrie plane, le théorème de Cotes sur le cercle établit une relation entre les distances d'un point aux sommets d'un polygone régulier et la distance de ce point au centre du polygone.

Illustration du théorème de Cotes pour . En notant r le rayon du cercle, le produit des distances rouges vaut et le produit des distances vertes vaut

Énoncé en 1716 par Roger Cotes, il se démontre en général par l'utilisation des complexes. Il sert à factoriser les polynômes et permet de décomposer des fractions rationnelles en éléments simples. Il permet également de mettre en évidence des formules trigonométriques.

Énoncé modifier

On considère un cercle de centre O et de rayon r et un entier naturel non nul n. On découpe le cercle en 2n parties égales à l'aide des points   et on considère un point M situé sur la demi-droite [OA0) alors

 
 

Par exemple, pour n=2, ces égalités donnent, pour la première égalité, un cas particulier de la puissance d'un point par rapport à un cercle et pour la seconde égalité le théorème de Pythagore.

Historique modifier

Le théorème est énoncé par Roger Cotes en 1716 et découvert par son cousin Robert Smith dans ses papiers après sa mort[1]. Le but de Cotes était de factoriser des polynômes de la forme xn - rn ou xn + rn de manière à pouvoir décomposer des fonctions rationnelles en éléments simples et ainsi les intégrer plus facilement[2]. En effet, en notant x la distance OM, grâce à l'axe de symétrie (OA0) et en utilisant le théorème d'Al-Kashi, les deux formules conduisent aux formes suivantes :

  si  
  si  
  si  
  si  

Une première démonstration par Henry Pemberton (en) en 1722 utilise le développement en série de sin() et cos()[3]. Abraham De Moivre en fait une nouvelle démonstration en 1730 en utilisant les complexes et sa formule

 

Il en généralise la formule permettant ainsi une factorisation de x2n-2Lxn+1[4]. De telles propriétés sont de fait parfois appelées propriétés de Cotes-De Moivre sur le cercle[5].

En 1797, John Brinkley en fait une démonstration n'utilisant pas les complexes[6]

En 1797 et 1806, de manière indépendante, Caspar Wessel et Jean-Robert Argand mettent en place une interprétation géométrique des complexes. La démonstration de ce théorème en est alors simplifiée. Wessel[8] en propose une démonstration simple et Argand une généralisation proche de celle de De Moivre[9].

Le théorème de Cotes permet également de démontrer des égalités trigonométriques[10],[11].

Notes et références modifier

  1. a et b Griffiths 1801, p. 11
  2. Gowing 2002, p. 71
  3. Gowing 2002, p. 70
  4. Gowing 2002, p. 78
  5. Gowing 2002, p. 79
  6. John Brinkley, Démonstration générale du théorème de Cotes, déduites des seules propriétés du cercle, Académie d'Irlande, novembre 1797
  7. En réalité, certaines de ces racines sont doubles car ωkn-k.
  8. Gaspar Wessel, Essai sur la représentation analytique de la direction, Host, (lire en ligne), p. IX
  9. Argand 1874, p. 36-42
  10. Lhuillier 1793, p. 326
  11. Argand 1874, p. 43-48

Bibliographie modifier

  • (en) Ronald Gowing, Roger Cotes, Natural philosopher, Cambridge University Press, (présentation en ligne)
  • Ralph Griffiths, The monthly review, vol. 36, (lire en ligne)
  • Lhuillier, « Sur la décomposition en facteurs premiers de la somme et de la différence de deux puissances à exposants quelconques etc. », dans Nouveaux mémoires de l'Académie royale des sciences et belles-lettres, (lire en ligne)
  • Jean Robert Argand, Essai sur une manière de représenter les quantités imaginaires dans les constructions géométriques., (lire en ligne)