Les Deux Mondes (théâtre)

troupe théâtrale québécoise
(Redirigé depuis Théâtre de la Marmaille)

Les Deux Mondes est une compagnie de théâtre de recherche et de création installée à Montréal, qui a été fondée en janvier 1973 sous le nom de Théâtre de la Marmaille.

Historique modifier

Les années 1970 : un groupe de recherche pour le jeune public modifier

C’est au début des années 1970, dans la mouvance des collectifs de création[1] que Monique Rioux, France Mercille et Daniel Meilleur se rassemblent pour créer ce qui s’appelle alors La Marmaille[2]. Comme son nom l’indique, la compagnie se consacre d’abord au théâtre jeunesse et son travail de création est aussi doublé d’un important volet d’intervention auprès des publics[3],[4] auquel collabore la sociologue Jeanne LeRoux. Avec des propositions singulières et hors-norme, comme Cé tellement « cute » des enfants (1975)[5] ou L’Umiak (1982) créé à la suite d’un séjour dans le Grand nord québécois[6], la compagnie s’impose d’emblée comme l’une des forces vives de la jeune création québécoise[7],[8]. À la même époque, avec le Théâtre de l’Œil et le Carrousel, elle fonde la Maison Théâtre.

Les années 1980 : à la rencontre de l'Autre modifier

À la fin des années 1980, La Marmaille, qui connaît un succès grandissant sur la scène étrangère, réalise sa première coproduction internationale avec le Teatro dell’Angolo de Turin; Terre promise/Terra promessa sera joué pas moins de 580 fois un peu partout à travers le monde[9]. D’autres collaborations artistiques avec des compagnies et des créateurs de l’étranger suivront : le Ki Yi M'Bock d’Abidjan (Les nuages de terre, 1994), la Compagnie Lézards qui bougent de Bayonne (Jaz, 2010), le Unity Theatre de Liverpool (en) (Gold Mountain, 2010) et la Cie de l’Ovale de Monthey (1, 2, 3, nous avons des droits, 2012).

Compositeur attitré dès les premières années, Michel Robidoux se joint à la direction artistique en 1989. La musique exécutée en direct occupera une grande place dans les spectacles, tout comme le traitement du son dans des productions où les acteurs font usage de micros[10]

Les années 1990 : changement de nom, rayonnement international et exploration du multimédia modifier

Les années 1990 sont marquées par une autre création au succès retentissant : L’histoire de l’oie de Michel Marc Bouchard qui sera jouée à 546 reprises et ce en français, en anglais, en allemand et en espagnol[11],[12]. Les spectacles de la compagnie touchant un public de plus en plus vaste, rejoignant à la fois le jeune public et le public adulte[13], la compagnie choisit de changer d’appellation, en 1992. La Marmaille devient alors Les Deux Mondes[14],[15]. Durant cette décennie, elle joue dans quelque 350 villes d'une trentaine de pays et elle est invitée dans 80 festivals internationaux.

Puis à partir de 1996, avec la création du drame musical Leitmotiv, s’ouvre une veine d’exploration multimédia[16],[17] dans des spectacles que Daniel Meilleur met en scène. Le concepteur vidéo Yves Dubé se joint à l’équipe et l’image et la musique prennent une place grandissante dans les projets de création[18],[19],[20],[21]. Suivront notamment, dans cette même veine, Mémoire vive (2001) et 2 191 nuits (2003), de même que Carnets de voyages (2008), un spectacle poétique qui pose un regard rétrospectif sur les nombreuses pérégrinations de la compagnie[22].

Un centre de production et de diffusion modifier

Locataire depuis 1987 d'un édifice industriel construit en 1928 et qui a abrité notamment une usine de boisson gazeuse et une boulangerie, Les Deux Mondes en fait l'acquisition, en 1996, pour se doter de son propre centre de production afin de pouvoir expérimenter les technologies qu’elle utilise et peaufiner ses créations[23],[24]. Une première série de travaux sont effectués pour transformer le lieu en un espace-laboratoire qui satisfasse aux exigences des recherches théâtrales que mène la compagnie[25]. En 2008, le directeur général Pierre MacDuff annonce l'intention des dirigeants d'agrandir le bâtiment afin d'offrir de meilleures conditions de création et de diffusion à de nouvelles générations de créateurs et créatrices[26] et le partenariat établi dans cette foulée avec un regroupement de jeunes compagnies rassemblées sous l’égide du Théâtre Aux Écuries[27],[28]. L’inauguration des nouveaux espaces a lieu le [29].

L'arrivée d'une nouvelle direction artistique modifier

En 2013, trois ans après le départ de la cofondatrice et codirectrice artistique Monique Rioux, Daniel Meilleur décide de tirer sa révérence après quarante années à la barre des Deux Mondes. Ses collaborateurs, Michel Robidoux et Yves Dubé, quittent aussi leurs fonctions de codirecteur artistique pour le premier et concepteur visuel et vidéaste pour le second. La compagnie confie alors sa direction artistique au dramaturge Sébastien Harrisson[30] qui occupera cette fonction jusqu'en juin 2022. Le metteur en scène Eric Jean qui collabore déjà à la direction artistique depuis 2019, est nommé directeur artistique et codirecteur général en janvier 2023[31].

Théâtrographie modifier

Sous le nom du Théâtre de la Marmaille modifier

Sous le nom de Les Deux Mondes modifier

Prix et distinctions modifier

La vie à trois étages

Le Prix annuel Desjardins, 1978

Pleurer pour rire

Chalmers Children Play Award, 1983 (Décerné par le Ontario Arts Council au meilleur spectacle jeune public)[32]

Terre promise / Terra promessa

Meilleure réalisation sonore, saison 1988-1989 Meilleure production jeunes publics (Décernés par l'Association québécoise des critiques de théâtre)

Meilleure production visuelle et sonore, 1989 (Décerné par le Festival de Théâtre des Amériques)

Premio Stregagatto, 1991 (Décerné par l'Office National Théâtral Italien)

L'Histoire de l'oie

Meilleure production théâtrale de la saison 1991 (Décerné par Le Conseil des arts de la Communauté urbaine de Montréal)

Meilleure œuvre de fiction, 1991 (Décerné par le Gala du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean)

Meilleur texte créé à la scène, 1992 (Décerné par l'Association québécoise des critiques de théâtre)

Meilleure production étrangère, 1992 (Décerné par l'Union des critiques et chroniqueurs de théâtre du Mexique)

Prix du Gouverneur général du Canada pour les arts de la scène, 1993 (Décerné par le Centre national des Arts du Canada)

Masque de la Production de l'année Jeunes publics Masque du Décor : Daniel Castonguay Masque de la Conception sonore : Michel Robidoux (Décernés en 1998 par l'Académie québécoise du théâtre pour la saison 1996-1997)

Leitmotiv

Masque de la Contribution spéciale décerné à Michel Robidoux pour l'originalité de sa conception musicale (Décerné par l'Académie québécoise du théâtre en 1998)

Mention spéciale au 6e Prix Möbius International (Décerné à Paris, en , par un jury international pour le volet multimédia du CD de Leitmotiv)

Prix RIDEAU de la Tournée, décerné en

Mémoire vive

Masque de la Contribution spéciale décerné à Yves Dubé, André Houle, Guy Fortin et Michel Fordin pour la qualité de la production visuelle (Décerné par l'Académie québécoise du théâtre en 2002).

Prix Rideau-OFQJ à Catherine Archambault pour la qualité de sa performance (Décerné par le Réseau indépendant des diffuseurs d'événements artistiques unis et l'Office franco-québécois pour la jeunesse au terme de la Bourse Rideau 2002)

Prix Télé-Québec Coup de cœur du public pour « l'émotion suscitée par la pièce, ses effets visuels et sonores ainsi que pour la qualité de l'interprétation de Catherine Archambault et d'Isabelle Drainville » (Décerné par le Festival annuel d'innovation théâtrale, FAIT, pour l'édition 2002)

25th Dora Mavor Moore Award for Outstanding Touring Production in 2004 (General Theatre Category)[33]

Prix général décerné aux DEUX MONDES

Prix « Arts for Young Audiences Award » décerné en 1988 par le Canadian Institute of the Arts for Young Audiences de Vancouver, pour l'ensemble de l'œuvre de la compagnie Les Deux Mondes

site officiel : http://www.lesdeuxmondes.com

Archives modifier

La compagnie Les Deux Mondes a laissé en dépôt les archives de ses vingt premières années d'existence à la Théâtrothèque du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises. Le Fonds d'archives est en cours de traitement.

Notes et références modifier

  1. Jacques Larue-Langlois, « Petit panorama du vrai théâtre québécois », Vie des arts, vol. 22, no 87,‎ , p. 34-37
  2. « La Marmaille, groupe de recherche », JEU, Montréal, no 4,‎ , p. 21-56 (lire en ligne)
  3. Hélène Fecteau, « À la Marmaille, ce sont les enfants qui créent », Perspectives (Montréal),‎
  4. Annie Gascon, « Sur un air de fête », Lurelu (Montréal), no vol.16, no 1,‎ , p. 34
  5. Pierre Valières, « Quand les enfants ont envie d’la casser, ta maudite maison plate (…) », Le Jour (Montréal),‎
  6. Jean-Pierre Bonhomme, « Découverte de la solidarité esquimaude », La Presse (Montréal),‎ , E-6 (lire en ligne)
  7. Jacques Larue-Langlois, « Du théâtre intelligent pour les enfants », Le Devoir (Montréal),‎ , p. 18 (lire en ligne)
  8. Monique Poulin, « La Marmaille : dix années de théâtre », Le Devoir (Montréal),‎ , p. 21 (lire en ligne)
  9. Stéphane Baillargeon, « Promesse tenue », Le Devoir (Montréal),‎ , B-7 (lire en ligne)
  10. (en) Suhaila Sulaiman, « The Soul Train », The Straits Time (Singapore),‎
  11. Michel Bélair, « Une terrible et magnifique histoire », Le Devoir (Montréal),‎ (lire en ligne)
  12. Michel Bélair, « Dernier envol », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  13. Robert Lévesque, « Les 20 ans d’une grande petite troupe », Le Devoir (Montréal),‎ , p. C-1 (lire en ligne)
  14. Jean Beaunoyer, « La Marmaille c’est maintenant Les Deux Mondes », La Presse (Montréal),‎ , p. C-2 (lire en ligne)
  15. Gilbert David, « La Marmaille devient Les Deux Mondes », Le Devoir (Montréal),‎ , p. 11 (lire en ligne)
  16. (es) Paola Villamarín, « Tecnología para los cinco sentidos », El Tiempo,‎ , p. 2-3
  17. Chantal Hébert, Marie-Michèle Lapointe-Cloutier, Denyse Noreau, Irène Pirelli-Contos, « L’Hybridité au théâtre », in Enjeux des genres dans les écritures contemporaines, Québec, Éditions Nota Bene, , 123-153 p.
  18. Pierre Cayouette, « Une compagnie au cœur de la cité », Le Devoir (Montréal),‎ 2, 3 novembre 1996, B-6 (lire en ligne)
  19. Louise Vigeant, « Théâtre et collégialité : deux passions, un itinéraire », JEU, no 82,‎ , p. 22-32 (lire en ligne)
  20. Caroline Barrière, « Né de la guerre et des sons », Le Droit (Hull),‎
  21. (en) « The working of time and the gifts of circumstances », Inside, publié par The Association of Performing Arts Presenters (U.S.A.),‎
  22. « Dire à quatre », Le Devoir (Montréal),‎ (lire en ligne)
  23. Robert Lévesque, « Le Théâtre des Deux Mondes pourra s’établir à demeure », Le Devoir (Montréal),‎ , B-7 (lire en ligne)
  24. Raymond Bernatchez, « Un nouveau théâtre dans le quartier Villeray », La Presse (Montréal),‎ , B-6 (lire en ligne)
  25. Carmen Montessuit, « Les Deux Mondes s’installent dans le nord de la Ville », Le Journal de Montréal,‎
  26. Marie-Maude Marsolais, « La relève à domicile », Voir (Montréal),‎ , p. 14
  27. Michel Bélair, « Passer le flambeau (2) », Le Devoir (Montréal),‎
  28. Michel Bélair, « Le chantier perpétuel », Le Devoir (Montréal),‎ (lire en ligne)
  29. Philippe Couture, « Aux Écuries, surtout une communauté d’esprit », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  30. « Sébastien Harrisson quitte Bluff pour Les Deux Mondes », JEU,‎ (lire en ligne)
  31. Les Deux Mondes, « Eric Jean - Metteur en scène », sur Les Deux Mondes
  32. (en) « Chalmers Awards for Creativity and Excellence in the Arts Laureates », sur Ontario Arts Council_Conseil des Arts de l'Ontario, (consulté le )
  33. (en) « Recipients », sur Toronto Alliance for the Performing Arts_Dora Awards, (consulté le )