Théâtre de Caen

salle de spectacle à Caen, France
théâtre de Caen
Description de l'image Caen theatre place.jpg.
Type Opéra, Théâtre, Danse, Jazz, Musique
Lieu Caen
Coordonnées 49° 10′ 49″ nord, 0° 21′ 45″ ouest
Architecte

Alain Bourbonnais, François Carpentier

Walter Zbinden, rénovation de 1991
Inauguration
Capacité 1072
Direction Patrick Foll
Site web www.theatre.caen.fr

Carte

Résidence

Ensemble Correspondances (de 2015 à aujourd'hui)

Les Arts florissants (jusqu'en 2015[1])

Le théâtre de Caen est l'un des principaux théâtres de la ville de Caen. Détruit en 1944, il a été reconstruit après la guerre.

Histoire modifier

Les origines du théâtre à Caen modifier

Pendant des siècles, les concerts et représentations théâtrales à Caen se sont déroulés principalement dans la rue, notamment place Royale ou en haut de la rue aux Namps (alors bordée par des galeries couvertes). Comme il était d'usage, l'université de Caen possédait une troupe théâtrale. Installés au collège du Mont de 1609 à 1763, les Jésuites organisaient régulièrement avec leurs élèves des pièces de théâtre lors de la distribution des prix en août ou pour accueillir des notables[N 1]. Enfin des troupes itinérantes passaient régulièrement à Caen et trouvaient asile dans la salle du jeune paume dit du Grand Roch[2].

Les premières salles de théâtre à partir du XVIIIe modifier

Le , un arrêté municipal, confirmé par une ordonnance royale du , autorise François Cressart-Bernaulx, directeur du théâtre de Rouen, à construire la première véritable salle de spectacle de Caen sur un terrain occupé par des cabarets près du champ de foire[3]. Située dans le quartier Saint-Jean près de l'entrée du cours La-Reine (actuel cours Général-de-Gaulle)[N 2], la salle de la Comédie, ouvre en 1765.

Jugée incommode, la salle de spectacle est remplacée par un nouveau théâtre construit par l'architecte de la ville (Émile Guy[N 3]) à l'extrémité du pont Saint-Jacques sur les bords de la Noë[N 4]. Le bâtiment, inauguré le et rénovée en 1878[4], occupe un terrain de 22 mètres de large pour 43 mètres de longueur. Sa façade de style classique se compose d'un péristyle en saillie formé par six colonnes d'ordre toscan et corinthien, ainsi que d'un fronton orné d'un bas-relief représentant la Renommée. À l'intérieur, la salle de forme circulaire, pouvant accueillir 1 000 spectateurs, est ceinte par trois niveaux de loges, décorée dans un style Renaissance par M. Séchan[5]. Le théâtre de Saint-Quentin, dans l'Aisne, est construit sur le même modèle[6].

La salle actuelle reconstruite après la Seconde Guerre mondiale modifier

Cette salle est détruite lors des bombardements de 1944. Engagé en 1945 comme responsable des spectacles au sein de l'Office municipal de la jeunesse (OMJ), Jo Tréhard fonde en 1947 le centre régional d'art dramatique qui s'installe en janvier 1949 dans un baraquement militaire de 48 mètres de long avenue Albert-Sorel. Du fait de sa forme, la salle de spectacle de 620 places, à l'origine baptisée salle des Beaux-Arts, est rapidement surnommée le Tonneau[7]. Entre le et le , la salle accueille 251 spectacles et 100 000 spectateurs[7]. Charles Dullin y joue l'Avare deux semaines avant sa mort[7]. Jean Vilar et Gérard Philipe y jouent le Cid[7].

En 1954, Yves Guillou décide de la reconstruction du théâtre à l'emplacement de l'ancienne salle détruite en 1944 ; l'actuel théâtre est toutefois légèrement décalé par rapport à l'ancienne salle. Jo Tréhard est nommé pour se charger de la reconstruction[8]. Le choix des architectes s'avère difficile et à l'issue d'un concours deux architectes sont désignés. Alain Bourbonnais dont le projet est en phase avec les idées de Jo Tréhard se voit confier la conception de l'intérieur de la salle, alors que François Carpentier construit les façades. Les vitraux sont de François Baron-Renouard. Le projet est présenté en 1958 à quelques mois du lancement du concept de la maison de la Culture par André Malraux[8]. Le nouveau bâtiment occupe une surface de 73 mètres sur 40 mètres (2 960 m2 au sol)[9]. En 1961, Jo Tréhard fonde la Compagnie du Théâtre de Caen qui connaît un succès immédiat avec Le Mariage de Figaro[8].

Le bâtiment est inauguré le mais André Malraux se fait excuser « pour raisons de santé »[8]. La salle devient Théâtre-Maison de la Culture (TMC). La programmation novatrice et indépendante farouchement défendue par Jo Tréhard connait un certain succès dès la première année avec 74 262 entrées[8]. Mais dès 1964, la municipalité et la bourgeoisie caennaise, plus favorables à un théâtre de variété, se montrent très hostile envers le TMC ; une subvention de 100 000 francs est refusé au théâtre qui est obligé d'annuler sa saison d'été[8]. De ce conflit naît l'association des amis du TMC (ATMC) dont l'un des animateurs est Louis Mexandeau[10]. Deuxième bras de fer en 1967 quand le maire Jean-Marie Louvel menace de supprimer une subvention si la programmation n'est pas recadrée[8]. Le , alors que la pièce Richard II fait salle comble, la mairie dénonce la convention liant la ville et l'État, Jo Tréhard réagit « à l'heure où Richard II meurt sur scène, le maire de Caen et une majorité du conseil signifient l'arrêt de mort du TMC »[8]. À la suite des violents événements de mai 1968, la municipalité, propriétaire des lieux, profite du désengagement de l'État en matière culturel pour réclamer l'usage des locaux, le ministère ayant annoncé qu'il arrêtera sa subvention à compter du . Pour éviter d'être soumise aux desiderata de la mairie, l'association du TMC s'auto-dissout le [8].

La troupe de Jo Tréhard fonde alors un nouveau théâtre dans une salle de patronage, la Comédie de Caen, actuel Théâtre des Cordes, du centre dramatique national de Normandie. En 1990-1991, le théâtre est rénové et une installation lumineuse est installée au plafond afin de figurer un ciel étoilé[11].

Afin de réaliser d'importants travaux de restauration, le théâtre de Caen a fermé ses portes en pour 18 mois. La réouverture est prévue pour [12].

Le théâtre de Caen a servi de modèle au théâtre Daniel-Sorano, le théâtre national du Sénégal à Dakar, inauguré en 1965[13].

À sa création en 1986, l'artothèque de Caen occupe un temps des locaux au sein du théâtre (actuel café Côté Cour)[14].

Programmation modifier

Les fonds du Théâtre de Caen[15] sont riches de :

  • 2 maquettes planes et en volume de décors
  • 150 costumes et accessoires de costume
  • 10 dessins
  • 200 clichés
  • 100 vidéocassettes
  • 20 audiocassettes

Depuis 2015, l'Ensemble Correspondances[16] est en résidence au théâtre de Caen. Ils y ont notamment mis en scène le Ballet royal de la nuit en .

De 1990 à 2015, date à laquelle la municipalité décide de ne pas renouveler son soutien à l'ensemble[1], le théâtre de Caen est le lieu de résidence privilégié des Arts Florissants[17]. En 2002, 2005, 2007 et en 2009, l'académie du Jardin des Voix y est également organisée[18].

Durant la saison 2007-2008, le théâtre dispose 4 600 abonnés et a accueilli 100 000 spectateurs, dont 30 % aux concerts gratuits, avec un taux de remplissage de 93 %[19].

Le théâtre de Caen accueille la saison musicale de la Maîtrise de Caen, riche de 2 concerts et de 20 auditions annuels. Les auditions - concerts gratuits d'une demi-heure - ont lieu le samedi midi en l'église Notre Dame de la Gloriette pendant les périodes scolaires.

Le théâtre est membre de la Réunion des opéras de France[20], de l'association Opera Europa et du syndicat professionnel Les Forces musicales. Il est partenaire de l'événement Voix Nouvelles.

Liens externes modifier

Notes modifier

  1. La Bibliothèque municipale de Caen a toujours en sa possession le texte et la distribution d'une dizaine de pièces.
  2. Le bâtiment se situait à l'emplacement de l'actuel temple protestant et de son parking. Transformé en entrepôt des tabacs après sa désaffectation, le bâtiment fut détruit en 1944. Il a laissé son nom à la rue dans lequel il était situé : rue de l'Ancienne Comédie.
  3. Architecte né à Paris en 1795 et décédé en 1866.
  4. Ce bras de l'Orne a été recouvert en 1860 et coule aujourd'hui sous une voûte au-dessous de l'actuel boulevard Maréchal Leclerc.

Références modifier

  1. a et b « Les Arts Florissants perdent le soutien de la ville de Caen », sur francemusique.fr,
  2. Paul de Longuemare, Le théâtre à Caen, 1628–1830, Paris, 1895, Alphonse Picard et fils, p. 67
  3. Ibid., p. 68
  4. « À propos de théâtre », Le bonhomme normand,‎
  5. Description offerte par Guillaume-Stanislas Trébutien dans son ouvrage Caen : précis de son histoire, ses monuments, son commerce et ses environs, Caen, A. Hardel, 1855 (réimp. Brionne, le Portulan, Manoir de Saint-Pierre-de-Salerne 1970).
  6. Le pilote du Calvados,
  7. a b c et d « Le Tonneau, une époque du tonnerre ! », Ouest-France,‎
  8. a b c d e f g h et i « 1963-1968 : la folle histoire de la Maison de la culture », Ouest-France,‎
  9. Géoservices du conseil général du Calvados
  10. « Politique : le théâtre d'un conflit quasi permanent », Ouest-France,‎
  11. « Patrimoine. L’histoire du théâtre de Caen », Côté Caen,‎ (lire en ligne)
  12. « Le théâtre de Caen fait peau neuve », France 3 Basse-Normandie, 22 février 2014 [lire en ligne]
  13. SENGHOR Maurice Sonar, Souvenirs de théâtres d'Afrique et d'Outre‑Afrique. Pour que lève la semence, Paris, L'Harmattan, 2004, p. 82.
  14. Raphaël Fresnais, « L’Artothèque fête ses 30 ans sur tous les tableaux », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  15. Répertoire des arts du spectacle
  16. « Ensemble Correspondances | Un grand siècle de musique », sur www.ensemblecorrespondances.com (consulté le )
  17. Site de France Musique
  18. Site officiel des Arts Florissants
  19. Xavier Alexandre, « La saison 2008-2009 au théâtre de Caen », Ouest-France, 14 mai 2008
  20. Réunion des opéras de France