Tenzing Rigdol

peintre tibétain
Tenzing Rigdol
Tenzing Rigdol en 2010
Naissance
Nationalité
Activité
Formation

Tenzing Rigdol (tibétain : བསྟན་འཛིན་རིག་གྲོལ།, Wylie : bstan 'dzin rig grol), né le à Katmandou au Népal, est un artiste contemporain, peintre, poète et militant tibétain vivant à New York. Certaines de ses œuvres sont dans des collections au Japon, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis[1]. Son œuvre Pin drop silence: Eleven-headed Avalokiteshvara (2013) est la première d'un artiste tibétain contemporain acquise par le Metropolitan Museum of Art à New York[2],[3],[4].

Biographie modifier

Tenzing Rigdol est né le à Katmandou au Népal de parents réfugiés tibétains[5] avec qui il gagne l'Inde ultérieurement. Sa scolarité se déroule dans le cadre du Tibetan Children's Village à Dharamsala[6]. En 1997, il se forme à l'art des tapis tibétains au Centre d'artisanat tibétain de Dharamsala. L'année suivante, au Tibet, il étudie le collage dans la réalisation de thangkas sous la direction de Gen Tsering Yanki La. En 1999, il obtient le diplôme de peinture de thangkas de l'École d'art des thangkas de Kathmandu au Népal[7],[8]. En 2001, au monastère de Shekar Chorten, il apprend à réaliser des mandalas de sable (en) et des sculptures de beurre (en) pour renforcer sa connaissance du symbolisme et des motifs de l'art et la philosophie bouddhistes[9]. Rigdol est titulaire d'une licence d'art (Bachelor of Fine Arts) et d'une licence (Bachelor of Arts) en histoire de l'art[10] en 2005 de l'université du Colorado. Il vit dans le quartier du Bronx, à New York, aux États-Unis, où il a le statut de réfugié depuis 2002[11].

En 2007, son tableau The Metamorphosis of Life (La métamorphose de la vie, huile sur toile) a été vendu pour 10 000 £ (environ 15 000 dollars) à la Shelley and Donald Rubin Foundation[12].

En 2010, avec l'artiste chinois Zhang Hongtu, il crée une œuvre représentant Liu Xiaobo et qui est utilisée le 10 décembre, avec la participation de Richard Gere, pour demander la libération du lauréat du prix Nobel de la paix[13].

La même année, il publie, sous le titre Unhealed, une photographie montrant son dos tatoué d'une carte du Tibet où sont reportées les dates d'événements importants[14].

Rigdol est connu pour son installation Our Land, Our People à Dharamsala qui se composait de 20 000 kilos de terre du Tibet[15]. Le titre est dérivé de My Land and My People, l'autobiographie du dalaï-lama[16]. En 2011, inspiré par le regret de son père gravement malade de ne pouvoir fouler une dernière fois le sol tibétain avant sa mort, Tenzing Rigdol transporta en contrebande, dans trois camions, 20 tonnes de terre du Tibet à Dharamsala. Il en fit une installation artistique et encouragea les Tibétains en exil à marcher sur cette terre. Il n'a pas révélé le lieu d'origine et les personnes impliquées pour protéger ceux qui l'ont aidé dans ce transport à travers le Népal. Rigdol choisit d'apporter une grande quantité de terre, plutôt qu'une quantité symbolique pour susciter l'émotion des Tibétains. Il réalisa son installation au sol en un carré de 9 mètres côtés sur une scène érigée sur le terrain de basket en plein air de l'école des Villages d'enfants tibétains de Dharamsala. Pour les Tibétains à Dharamsala, le projet apportait un message d'optimisme. Certains pleuraient, d'autres priaient, tandis que des moines bouddhistes se mirent à genoux bénissant la terre. Spontanément, les gens en firent le tour en marchant dans le sens des aiguilles d'une montre, à manière d'une kora bouddhiste. Un échantillon de la terre a été envoyé au dalaï-lama, il l'a renvoyé avec le mot « Tibet » བོད་ tracé de son doigt en écriture tibétaine. Au bout de trois jours, les 20 tonnes de terre furent distribuées, marquant la fin du projet[17]. Lobsang Sangay, premier ministre tibétain du gouvernement tibétain en exil déclara « Tenzing Rigdol nous a apporté le Tibet »[18].

Rigdol est en vedette dans le film documentaire Bringing Tibet Home du réalisateur tibétain Tenzin Tsetan Choklay sorti en au festival international du film de Busan en Corée du Sud[19] et qui remporta prix du Jury des jeunes Européens, au Festival international des programmes audiovisuels de Biarritz en [20],[21],[22],[23].

En 2013, le Metropolitan Museum of Art acquiert Pin drop silence: Eleven-headed Avalokiteshvara une peinture de 232.7 × 124.8 cm[4].

La même année, dans un collage intitulé Melong, il juxtapose les photos des manifestants et dissidents tibétains et celles des responsables chinois[14].

En octobre 2018, il participe à l'exposition d'art contemporain tibétain Boundless organisée par le Berkeley Art Museum and Pacific Film Archive. L'une des œuvres Wrathful Dance est sa réponse l'auto-immolation de Tibétains. Il déclare : « Le divertissement consiste à faire oublier les questions problématiques, tandis que l'art consiste à poser des questions. »[24]

Il est aussi l'auteur de trois recueils de poésie[25]. En 2009, il publie son premier recueil de poèmes, annoncé à New York, à la Maison du Tibet[6]. Pour Tenzin Dickyi, avec son recueil de poèmes d'amour Butterfly's Wings, Tenzing Rigdol s'inscrit dans la tradition du 6e dalaï-lama Tsangyang Gyatso, le poète le plus aimé du Tibet[26].

 
Tenzing Rigdol lisant un poème provocateur lors d'une conférence Renaissance Series organisée par Students for a Free Tibet en novembre 2011.

Expositions modifier

En , il participe à l'exposition The Missing Peace au Fowler Museum at UCLA (en) à Los Angeles[27] et en septembre de la même année à l'exposition Waves on the Turquoise Lake: Contemporary Expressions of Tibetan Art au CU Art Museum de l'université du Colorado à Boulder aux États-Unis[28].

En 2007, il expose au Rubin Museum of Art à New York[29].

Du au , il expose à la galerie Rossi & Rossi à Londres[30] et en 2010 à Hong Kong[31].

En 2010, il participe à l'exposition « Le soleil brûlant du Tibet » au Songzhuang art colony (en) à Pékin en Chine[32].

De juin à , il participe à l'exposition « Tradition transformé », la première exposition d'art contemporain au Rubin Museum of Art à New York[33],[34],[35].

En 2012, il participe à l'exposition Face to Face au Musée d'art de Tel Aviv en Israël[36].

En 2013, il participe à l'exposition Anonymous: Contemporary Tibetan Art, au Samuel Dorsky Museum of Art[14].

En janvier et , il expose au Robert Hull Fleming Museum (en) situé dans l'université du Vermont aux États-Unis[37],[38].

En février-, il est avec Gonkar Gyatso l'un des deux artistes contemporains tibétains de l'exposition New Beginnings au Metropolitan Museum of Art à New York[39].

En , il participe avec d'autres artistes à l'exposition Art for Tibet pour soutenir la cause tibétaine[40].

Prix modifier

  • En 2008, Tenzing Rigdol est un des premiers artistes à se voir octroyer une résidence pour les artistes de l'Himalaya au Vermont Studio Center (en) par la fondation Shelley et Donald Rubin[41].
  • En 2012, il reçoit, avec le musicien Karma Emchi, le Prix de l'innovation Lhakar, attribué aux personnes qui marquent la société tibétaine et le mouvement pour la liberté par la « force de leur créativité et de leur originalité dans les domaines de l'art, de la musique et de la littérature »[42].

Ouvrages modifier

  • 2009 : Tenzing Rigdol: Experiment with Forms, Rossi & Rossi, (ISBN 1906576076)
  • 2013 : Darkness Into Beauty, Rossi & Rossi, (ISBN 1906576335)

Recueils de poèmes modifier

  • 2008 : R–The Frozen Ink, Paljor Publications, (ISBN 819041741X)
  • 2011 : Anatomy of Nights, Tibet Writes
  • 2011 : Butterfly's Wings, Tibet Writes

Notes et références modifier

  1. (en) « Journey of my Teacher by Tenzing Rigdol », sur Flickr (consulté le ).
  2. Rossi & Rossi, Tenzing Rigdol
  3. (en) Rossi & Rossi will unveil a new work by the contemporary Tibetan artist Tenzing Rigdol at TEFAF, ArtLife.com, 19 février 2014 : « Contemporary Tibetan art is increasingly recognised by major collectors and institutions and this year a monumental work by Rigdol was acquired by the Metropolitan Museum of Art, New York, the only contemporary Tibetan artwork in the Museum’s permanent collection. » (...) « Widely exhibited internationally, his art is included in both museums and public and private collections around the world. See more at http://www.artslife.com/2014/02/19/rossi-rossi-will-unveil-new-work-by-the-contemporary-tibetan-artist-tenzing-rigdol-at-tefaf/#sthash.fEWcaSEh.dpuf »
  4. a et b (en) Pin drop silence: Eleven-headed Avalokitesvara, site du Metropolitan Museum of Art.
  5. (en) Kurt Behrendt, Tibet and India : Buddhist Traditions and Transformations, , 48 p. (ISBN 978-1-58839-549-8, lire en ligne), p. 43.
  6. a et b (en) Bhuchung D. Sonam, A Poetry Book by a Tibetan Artist launched Phayul.com, 19 janvier 2009 : « Rigdol is a former student of Tibetan Children’s Village, Dharamsala ».
  7. Tenzing Rigdol, sur le site Conceptioart.
  8. « Experiment with Forms: Tenzing Rigdol », Absolute Arts (consulté le ).
  9. (en) Second solo show by Tibetan artist Tenzing Rigdol opens at Rossi & Rossi in London, ArtDaily (en), 7 février 2013 : « Rigdol was born in Nepal in 1982 before moving to India with his parents. He studied painting at Kathmandu and in 2001 he went to Shekar Chorten Monastery to learn sand painting and butter sculpture to enhance his knowledge of the symbolism and motifs of Buddhist art and Philosophy. Later he moved to Denver, Colorado to complete a BFA in painting, drawing and art history, and now lives and works in New York. »
  10. Tenzing Rigdol, CV site Rossi and Rossi
  11. (en) The Experiments, Philosophies, and Politics of Tenzing Rigdol, Art Tattler : « In 2002, he and his family were granted political asylum in the USA and they now live in the Bronx, New York City ».
  12. Colin Gleadell, « Sotheby's locks horns with Christie's », The Telegraph,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Alexandra DiPalma, Richard Gere pleads for Nobel winner release, CNN, 10 décembre 2010.
  14. a b et c (en) Martha Schwendener, Modern Influences Collide in Tibetan Art, The New York Times, 29 août 2013.
  15. Joanna Jolly, « India: Tibetan exiles walk on 'home soil' in Dharamsala », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Sarah Magnatta (2022) Our Land, Our People: reconsidering site-specificity in exile, Journal of Aesthetics & Culture, 14:1, DOI 10.1080/20004214.2022.2082159
  17. (en) Andrew Buncombe, The Tibetan monks back on home soil, The Independent, 26 novembre 2011.
  18. (en) Ashwini Bhatia, Art Installation Evokes Nostalgia For Tibetan Home, site Yahoo! News, Associated Press, 26 octobre 2011.
  19. Bringing Tibet Home (2013), Internet Movie Database.
  20. Samuel Gontier, Fipa 2014 : mon rapport secret d’infiltré chez les jurés, 27 janvier 2014
  21. Palmarès du 27e Festival international de programmes audiovisuels, Le Parisien, 25 janvier 2014.
  22. (en) 'Bringing Tibet Home' wins French award, Phayul.com, 27 janvier 2014.
  23. Karin Tshidimba, Fipa, une 27e édition de glace et de feu, La Libre Belgique, 26 janvier 2014.
  24. (en) Momo Chang, New BAMPFA Exhibit Spotlights the Rise of Tibetan Contemporary Art. 'Boundless' brings the work of the diaspora to Berkeley., East Bay Express (en), 7 novembre 2018
  25. « Tenzing Rigdol ».
  26. (en) Tenzin Dickyi, A Review of BUTTERFLY’S WINGS, Tenzing Rigdol’s 3rd Collection of Poetry, Phayul.com, August 20, 2012.
  27. (en) Stacey Abarbanel, UCLA Fowler Museum to Premiere the Traveling Exhibition 'The Missing Peace: Artists Consider the Dalai Lama', May 01, 2006.
  28. (en) Fall 2006.
  29. (en) Season in the Sun, New York, Volume 40, Numéros 24 à 30, p. 41.
  30. (en) Tenzing Rigdol Experiment with forms 11 February to 27 March Rossi & Rossi, Art AsiaPacific Almanac, Volume 4, ArtAsiaPacific (en), 2009, p. 53.
  31. Jaishri Abichandani & Tenzing Rigdol in Hong Kong.
  32. Tsering Woeser, « Tibet » est un signe gravé sur notre front et notre âme, 5 nov 2011.
  33. (en) Louise Chen, "Tradition Transformed": A Conversation About Tibetan Contemporary Art, Artinfo.com, 27 juil. 2010
  34. (en) Clare Harris, In and Out of Place: Tibetan Artists' Travels in the Contemporary Art World, in Asia Through Art and Anthropology: Cultural Translation Across Borders, sous la dir. de Fuyubi Nakamura, Morgan Perkins et Olivier Krischer, A&C Black, 2013, (ISBN 0857854704 et 9780857854704), p. 40.
  35. (en) Ken Johnson, Heady Intersections of Ancient and Modern, The New York Times, 19 août 2010.
  36. (en) Angela Levine, Face to Face at Tel Aviv Museum, MidnightEast, 4 March 2012.
  37. (en) Spring Exhibitions Feature Vogel Collection, Tibetan Art, 21 janvier 2014.
  38. (en) Alana Smith, Fleming unveils two new exhibits, Vermont Cynic (en), 11 février 2014.
  39. (en) Tibet & India. Buddhist Traditions and Transformations. February 8 - June 8, 2014, The metropolitan Museum of Art, December 6, 2013 : « In the exhibition, works by Gonkar Gyatso (b. 1961) and Tenzing Rigdol (b. 1982), two of the most prominent Tibetan contemporary artists, explore new avenues of depiction in an effort to give artistic form to complex Buddhist ideas much like their counterparts in the past ».
  40. (en) « Art for Tibet : Annual Benefit Auction - Tibet House US », sur Tibet House US (consulté le ).
  41. ArtAsiaPacific (en), 2008, Numéros 59 à 60, p. 111
  42. (en) Tenzin Delek Rinpoche, Tsewang Dhondup, Karma Emchi among 2012 Lhakar Awards recipients, Phayul.com, August 27, 2012 : « The Lhakar Award for Innovation for individuals who make a difference to Tibetan society and the freedom movement through the “force of their creativity and originality in the field of art, music and literature” went to musician Karma Emchi and artist Tenzing Rigdol ».

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :