Tabac chauffé

appareils électroniques chauffant des cigarettes

Le tabac chauffé (en anglais : heated tobacco product) est un dispositif pour consommer le tabac mis au point en 2014. L'objectif affiché par l'industrie du tabac est de proposer des produits présentant un « risque réduit » pour le consommateur[1], un argument marketing réfuté par les récentes études scientifiques[2].

Le dispositif IQOS de Philip Morris et sa cigarette chauffée.

Fonctionnement modifier

Ces produits de tabac chauffé utilisent des bâtonnets de tabac, ou « sticks » qui sont insérés dans un dispositif doté d’un élément chauffant alimenté par une batterie. Cet élément chauffant permet de chauffer ces mini-cigarettes de tabac afin d’en libérer un aérosol contenant notamment de la nicotine[3].

Composition modifier

Les produits à base de tabac chauffé sont composés de tabac reconstitué (feuilles moulées) à partir de poudre de tabac et d’additifs (glycérol, gomme de guar, fibres de cellulose, propylène glycol, éthanol, arômes).

Effets sur la santé modifier

Selon des études scientifiques, le tabac chauffé présenterait le même degré de toxicité que la cigarette[4] ou la cigarette électronique[réf. à confirmer][5].

Pour de nombreux pneumologues, il n'existe aucune preuve que ce tabac soit moins nocif car du tabac qui chauffe à 300 °C, cela reste une combustion partielle, qui rejette du monoxyde de carbone et qui est susceptible d'engendrer également un tabagisme passif. La première étude scientifique indépendante sur l'Iqos et ses recharges Heets (deux produits de la marque Philip Morris International), réalisée à Lausanne et publiée en , révèle que « des composés organiques volatils – des hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérigènes et du monoxyde de carbone étaient présents dans la fumée de l’IQOS ». Si la concentration de la plupart des composés toxiques est moins élevée que dans une cigarette classique, elle atteint « 82 % pour l’acroléine et dépasse même 175 % pour l’acénaphtène, deux substances irritantes majeures de la fumée de tabac »[6].

Par ailleurs, selon le Pr Bertrand Dautzenberg, les produits de tabac chauffé sont conçus pour susciter une dépendance[7],[2].

Réglementation et politique fiscale modifier

 
Evènement promotionnel du produit de tabac chauffé Glo (British American Tobacco) au Japon en 2016.

Au vu des connaissances scientifiques actuelles, les produits du tabac chauffé devraient, selon l’Organisation mondiale de la santé, être soumis aux mesures politiques et réglementaires appliquées à tous les autres produits du tabac.

 
Boutique IQOS au Japon (2018).

Pourtant, en Suisse comme dans d’autres pays, ces produits profitent des brèches laissées par les cadres légaux, notamment en matière d’avertissements sur les emballages, de taxation et d’usage dans les lieux publics.

En France et en Belgique, le paquet de mini-cigarettes à chauffer n'est pas soumis à l'obligation d'emballage neutre[8].

En outre la marge de profit pour l'industrie du tabac sur la vente d'un paquet de bâtonnets à chauffer est bien supérieure à celle d'un paquet de cigarettes car le prix au détail est l'équivalent avec une taxation bien moindre[9],[10],[11].

La fuite de plusieurs documents révèle qu'en 2018 Philip Morris International a essayé de faire passer un projet de loi qui aurait autorisé la publicité en faveur de la cigarette électronique et des produits du tabac chauffé au Royaume-Uni[12].

Aspects économiques modifier

 
Pays dans lesquels le tabac à chauffer est vendu (étude financée par la Fondation pour un monde sans fumée de Philip Morris International).

Le procédé est commercialisé par les principales entreprises de l’industrie du tabac comme Philip Morris InternationalBritish American Tobacco et Japan Tobacco.

Les ventes de tabac chauffé par la société Philip Morris International sont en nette hausse : l'entreprise a expédié un total de 17 milliards d'unités de tabac chauffé au cours du premier trimestre 2020, en hausse de 46 % par rapport au premier trimestre 2019[13].

Lobbying de l'industrie du tabac modifier

Philip Morris International (PMI) finance intégralement (à hauteur de 80 millions de dollars par an) une fondation qu'elle a créée en 2017, la Fondation pour un monde sans fumée, à des fins de lobbying en faveur des produits alternatifs à la cigarette que PMI commercialise, tels que le tabac chauffé[14].

Notes et références modifier

  1. « HNB : les modèles récents de l'industrie du tabac », sur stop-tabac.ch, .
  2. a et b Charlène Catalifaud, « Alerte sur le tabac chauffé, dangereux et addictogène », Le Quotidien du médecin, .
  3. « L'essentiel sur les produits de tabac chauffé HNB », sur stop-tabac.ch, .
  4. Mathilde Debry, « Santé : le tabac chauffé est aussi nocif que les cigarettes », sur pourquoidocteur.fr, .
  5. Sukhwinder Singh Sohal, Mathew Suji Eapen, Vegi G.M. Naidu et Pawan Sharma, « IQOS exposure impairs human airway cell homeostasis: direct comparison with traditional cigarette and e-cigarette », ERJ open research (en),‎ (DOI 10.1183/23120541.00159-2018, lire en ligne).
  6. Matthieu Jublin, « Tabac chauffé : la nouvelle arme des cigarettiers pour tenter de redorer leur blason », sur LCI, .
  7. « Le tabac chauffé : moins nocif ou nouveau coup des cigarettiers ? », Ouest-France, .
  8. « Le nouveau tabac chauffé de Philip Morris est-il vraiment moins nocif pour la santé ? », sur Europe 1, .
  9. Interpellation 17.3878 de Ruth Humbel au Conseil national et réponse du Conseil fédéral (2017).
  10. Aurélie Berthet, Isabelle Jacot Sadowski, Karin Zürcher, Valentine Guenin, Aude Gendre, Reto Auer, David Vernez et Jacques Cornuz, « Produits du tabac « chauffé » : que faut‑il savoir ? », Revue médicale suisse, vol. 14, no 625,‎ , p. 1935-1941 (lire en ligne).
  11. Ram Etwareea, « Tabac : la bataille des preuves », Le temps,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Sarah Boseley, « Philip Morris drew up plan for £1bn tobacco transition fund », The Guardian, .
  13. (en) « Philip Morris International Inc. Reports 2020 First-Quarter Reported Diluted EPS of $1.17 Versus $0.87 in 2019 », sur Bloomberg News, .
  14. Stéphane Horel, « La guerre secrète de Philip Morris contre l’OMS et les experts de la lutte antitabac », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier