T48 Gun Motor Carriage

T48 Gun Motor Carriage
Image illustrative de l’article T48 Gun Motor Carriage
Un T48 au Museum of the Great Patriotic War, Moscow (en)
Caractéristiques de service
Type Chasseur de chars
Service Drapeau des États-Unis États-Unis
Utilisateurs US Army
Conflits Seconde Guerre mondiale
Production
Concepteur Aberdeen Proving Ground
Année de conception 1943-1945
Constructeur Diamond T
Production 1942-1943
Unités produites 962
Caractéristiques générales
Équipage 5
Longueur 21 pieds (6,4 m)
Largeur 7,1 pieds (2,2 m)
Hauteur 7,0 pieds (2,1 m)
Masse au combat 9.45 tonnes
Armement
Armement principal Ordnance QF 6 pounder
Mobilité
Puissance 128 ch (5 kW)
Suspension Vertical volute spring suspension (en)
Vitesse sur route 72 km/h
Puissance massique 15.8 ch/tonne
Réservoir 230 l
Autonomie 240 km

Le T48 Gun Motor Carriage est un canon anti-char automoteur produit par la firme Diamond T entre 1942 et 1943 pour les Forces armées des États-Unis et l'armée britannique. La conception incorpore un canon de 57 mm M1, une production américaine du canon ordnance QF 6 pounder britannique, monté sur un M3 Half-track.

Au total, 962 véhicules sont fabriqués de 1942 à 1943. À l'origine, il est prévu que la Grande-Bretagne reçoive tous les exemplaires produits via le programme d'armement Lend-Lease, afin de les utiliser dans la guerre du désert, mais au moment où ils sont arrivés à disponibilité, la campagne est déjà terminée. En outre, le chasseur de chars M10, construit également à cet effet, commence à entrer en production. En conséquence, les Britanniques transfèrent650 Half-tracks à l'Union Soviétique dans le cadre du Programme d'aide soviétique. Ils conservent 30 véhicules alors que les unités restantes sont récupérées par l'armée des États-Unis. Par la suite, à l'exception des modèles utilisés par l'United States Army, les autres véhicules britanniques et américains sont reconvertis en Half-tracks standard. Les Soviétiques le désignent SU-57 (Samokhodnaya ustanovka (en) 57) et l'emploient notamment lors de l'opération Bagration et dans d'autres combats sur le Front de l'Est pendant la Seconde Guerre mondiale.

Développement et spécifications modifier

 
Un T48 au Musée de l'Armée polonaise.

La conception du T48 trouve son origine dans la volonté anglo-américaine de disposer d'un canon antichars autopropulsé de 6 livres[1],[n. 1]. Le cahier des charges est atteint en intégrant un canon de 57 mm M1 - la version de production américaine du canon britannique Ordnance QF 6 pounder - à l'arrière d'un M3 Half-track. Le premier lot de production est commandé en [3]. Les Américains abandonnent leurs exigences en raison de la conception d'un autre chasseur de char, le M10 Wolverine[4] et le destine alors uniquement à être fourni à l'étranger dans le cadre du programme de prêt-bail ; le T48 n'a jamais été officiellement classifiée[3].

Le prototype est développé au terrain d'essai de l'armée Aberdeen Proving Ground en . Le canon M1 de 57 mm est monté sur le mécanisme à recul M12 et installé sur un socle tubulaire. Le socle tubulaire est par la suite remplacé par une structure conique qui est désigné « 57 mm gun mount T5 ». Le canon sur le modèle pilote dispose d'un angle de visée de 27,5 degrés de chaque côté de la ligne médiane du véhicule (soit un total de 55 degrés), et d'une élévation de +15 à -5 degrés. Initialement un canon britannique calibre 43 Mark III de 6 livres a été installé, mais un canon M1 de 57 mm plus long (50 calibre) est préféré pour les modèles de production. La fixation originale - pour maintenir le canon en position fixe lorsque le véhicule se déplace - se révèle insatisfaisante et elle est remplacée par une sécurité sur le capot avant[2],[5].

La conception originale utilise un bouclier blindé issu du T44 57 mm Gun Motor Carriage (en), mais après les premiers essais insatisfaisants, un nouveau bouclier est conçu avec de l'acier durci de 5/8 de pouce d'épaisseur sur l'avant et 1/4 de pouce d'épaisseur sur les côtés et le haut. Le bouclier s'étend au-dessus de l'équipage avec une silhouette relativement basse de seulement 2,3 m[2]. L'expérience obtenue avec le M3 Gun Motor Carriage lors de la campagne de Philippines, aboutie à l'emploi de phares démontables[6],[7],[n. 2]. Le T48 est accepté pour la production en 1942[3],[5].

La version de production du T48 Gun Motor Carriage mesure 6,4 m de long, 2,16 m de large et 2,1 m de haut. Il dispose d'un empattement de 3,44 m et pèse 9,45 tonnes[9]. La suspension est composée de ressorts à lames pour les roues, tandis que les chenilles ont des ressorts en volute verticale (en). Le véhicule a une vitesse maximale de 72 km/h. Avec une capacité de carburant de 230 litres, il dispose d'une autonomie de 240 km. La puissance de 128 ch (95 kW)[10] est fournie par un moteur à essence White 160AX de six cylindres et 6 330 cm3[11] disposant d'un taux de compression de 6:3:1. Le rapport puissance/poids est de 15,8 ch/tonne. Le T48 dispose également d'un blindage compris entre 6 et 12 millimètres[9]. Il est armé avec un canon M1 de 57 mm avec 99 munitions en stock[12]. Il est manœuvré par un équipage de cinq hommes : le commandant, l'artilleur, le chauffeur, le chargeur et l'opérateur radio[13].

Service modifier

 
Un T48 au Musée des blindés de Koubinka.

Les livraisons du T48 débutent en 1942 avec 50 véhicules produits, suivis de 912 en 1943. Les Britanniques commandent tous les T48 qui sont produits, dans l'intention de les utiliser dans la guerre du désert. Mais au moment où les véhicules arrivent sur le théâtre d'opération à l'été 1943, les Britanniques ont déjà gagné. Pendant ce temps, le canon de 57 mm est remplacé par un canon de 75 mm américain, et par la suite, la disponibilité du canon Ordnance QF 17 pounder, signifie que le T48 ne correspond plus aux exigences britanniques. En conséquence, la plupart des véhicules sont immédiatement expédiés à l'Union soviétique dans le cadre du programme d'aide soviétique. Les Soviétiques reçoivent 650 véhicules[11],[14], qu'ils désignent comme SU-57 (Samokhodnaya ustanovka (en) 57). Un petit nombre d'entre eux sont transférés à l'Armée populaire polonaise[3],[15],[16].

La Grande-Bretagne conserve 30 unités, qui sont tous convertis en véhicules de transport, et les États-Unis récupèrent 282 T48. Sur les véhicules utilisés par les Forces armées des États-Unis, tous sauf un sont reconvertis en véhicules standard M3A1 en 1944[13],[14],[17]. La conversion est réalisée au Chester Tank Depot[8]. La Wehrmacht exploite également un certain nombre de T48 comme des transporteurs, après leur capture à la Grande-Bretagne et à l'Union soviétique[3].

Les Soviétiques utilisent le T48 le long du front oriental, principalement lors de l'opération Bagration. La 16e brigade de chasseurs de chars utilise un grand nombre de T48 en 1943 pendant l'offensive à travers le Dniepr, ainsi que la 19e brigade lors de la bataille de Baranow en . Le T48 sert également avec la 22e brigade d'artillerie autonome soviétique. Certaines de ces unités prennent également part aux offensives sur Berlin et sur Prague. L'armée populaire polonaise utilise des T48 assignées à la 7e batterie d'artillerie automotrice pour soutenir les attaques soviétiques en Allemagne et en Pologne[18]. Dans l'armée soviétique, les véhicules sont attribués aux brigades à une échelle de 60 unités par brigade. Les véhicules sont généralement utilisés pour fournir un appui feu mobile, placé derrière l'infanterie, protégé par une crête ou une colline, pour tirer sur un large front et profiter de la longue portée des canons de 57 mm[19].

Opérateurs modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le canon de 57 mm 6 livres est le dernier canon anti-char britannique au moment où le T48 est conçu[2].
  2. Au cours de la campagne Philippines, il a été constaté que les phares du M3 étaient endommagés lorsque son canon faisait feu. La déformation du capot provoquée par des tirs entraînait également des dommages au moteur et à la transmission du M3[8].

Références modifier

  1. Chamberlain et Ellis 1969, p. 191.
  2. a b et c Hunnicutt 2001, p. 106–107.
  3. a b c d e f g et h Zaloga 1994, p. 35–36.
  4. Zaloga 2002, p. 4–5.
  5. a et b Mesko 1996, p. 24.
  6. Hunnicutt 2001, p. 98.
  7. Mesko 1996, p. 22.
  8. a b et c Hunnicutt 2001, p. 109.
  9. a et b Berndt 1993, p. 152.
  10. Berndt 1994, p. 34.
  11. a et b Hogg et Weeks 1980, p. 94.
  12. (en) « TM 9-2800: Standard Military Motor Vehicles », United States War Department Technical Manual, (consulté le ).
  13. a et b Doyle 2003, p. 227–228.
  14. a b c et d Ness 2002, p. 193.
  15. Kinard 2007, p. 297.
  16. Green 2014, p. 214.
  17. Rottman 2012, p. 30.
  18. Zaloga 1994, p. 36.
  19. Dunn 1995, p. 85–86.
  20. Green 2013.

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Thomas Berndt, Standard Catalog of U.S. Military Vehicles, Iola, WI, Krause Publications, , 272 p. (ISBN 0-87341-223-0).  .
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  • (en) Peter Chamberlain et Chris Ellis, British and American Tanks of World War II, New York, NY, Arco Publishing Inc, , 222 p. (ISBN 0-668-01867-4).  .
  • (en) David Doyle, Standard Catalog of U.S. Military Vehicles, Iola, WI, Krause Publications, , 504 p. (ISBN 978-0-87349-508-0).  .
  • (en) Walter S. Dunn, The Soviet Economy and the Red Army, 1930–1945, Santa Barbara, CA, Greenwood Publishing Group, , 272 p. (ISBN 0-275-94893-5).  .
  • (en) Michael Green, Russian Armour in the Second World War : Rare Photographs from Wartime Archives, Londres, RU, Pen and Sword, , 208 p. (ISBN 978-1-78159-183-3).  .
  • (en) Michael Green, American Tanks and AFVs of World War II, Oxford, RU, Osprey Publishing, , 376 p. (ISBN 978-1-78200-931-3 et 1-78200-931-0).  .
  • (en) Ian V. Hogg et John S. Weeks, The Illustrated Encyclopedia of Military Vehicles, Englewood Cliffs, NJ, Prentice-Hall, , 319 p. (ISBN 0-13-450817-3).  .
  • (en) Richard Pearce Hunnicutt, Half-Track : A History of American Semi-Tracked Vehicles, Navato, CA, Presido Press, , 240 p. (ISBN 0-89141-742-7).  .
  • (en) Jeff Kinard, Artillery : An Illustrated History of Its Impact, Santa Barbara, CA, ABC-CLIO, , 536 p. (ISBN 978-1-85109-556-8 et 1-85109-556-X, lire en ligne).  .
  • (en) Jim Mesko, M3 Half-tracks in Action, Carrollton, TX, Squadron/Signal Publications, , 50 p. (ISBN 0-89747-363-9).  .
  • (en) Leland S. Ness, Jane's World War II Tanks and Fighting Vehicles : The Complete Guide, New York, NY, HarperCollins, , 237 p. (ISBN 0-00-711228-9), p. 240.  .
  • (en) Gordon L. Rottman, World War II US Armored Infantry Tactics, New York, NY, Osprey Publishing, , 64 p. (ISBN 978-1-78096-083-8, lire en ligne).  .
  • (en) Steven J. Zaloga, M3 Infantry Half-Track 1940–1973, Oxford, RU, Osprey Publishing, , 48 p. (ISBN 978-1-85532-467-1).  .
  • (en) Steven J. Zaloga, M10 and M36 Tank Destroyers 1942–53, Oxford, RU, Osprey Publishing, , 48 p. (ISBN 978-1-84176-469-6).  .

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