Vampirisme clinique

Ingestion de sang humain
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Vampirisme clinique
Description de l'image Venous and arterial blood.jpg.

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Spécialité Psychiatrie judiciaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 F50.8Voir et modifier les données sur Wikidata

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Le vampirisme clinique est un comportement observé de manière rare et qui consiste en l'ingestion de sang humain, le sien propre (auto-vampirisme) ou celui d'autrui. Sa définition exacte reste discutée.

Description modifier

La rareté avec laquelle ce comportement est observé rend difficile et aléatoire toute conclusion quant à sa signification selon André Bourguignon. Cependant, la rareté alléguée généralement n'est peut-être pas certaine dans la mesure où seuls les « cas spectaculaires » sont publiés[1]. Par exemple, le vampirisme ne serait pas si rare lors de relations ou agressions sexuelles avec morsures[2]. En 2016, il n'existe pas d'estimation de sa fréquence, ni de consensus sur sa définition exacte[2].

La plupart du temps, cependant, les auteurs soulignent que ce comportement est associé à une fascination pour le sang, des tendances sadiques, nécrophiles, et cannibales. On le retrouverait le plus souvent au cours des psychoses, notamment de la schizophrénie, ainsi qu'au cours des psychopathies, des paraphilies et pathomimies[3]. Ainsi, il est vraisemblable que la signification que vient prendre ce comportement soit différente selon qu'il s'agit d'auto-vampirisme ou de vampirisme, et selon la pathologie associée : dans la paraphilie, ce serait un support d'excitation sexuelle ; dans la psychose ces actes seraient pris dans un réseau d'idées délirantes.

Quelques exemples modifier

Les cas décrits dans la littérature scientifique sont rares. De la fin du XIXe siècle à 2016, moins de 70 cas de « vampirisme cliniquement significatif » ont été publiés dans le monde[2].

  • Halévy a décrit le cas d'un patient qui consultait de manière répétée pour une anémie et qui s'est révélé pratiquer l'auto-vampirisme[4].
  • Jensen a rapporté en 2002 un cas d'auto-vampirisme chez une patiente de 35 ans, atteinte de schizophrénie et pour laquelle ce comportement faisait partie d'un rituel délirant de purification[5].
  • Une autre équipe a rapporté une série de trois cas[6].

En 1984, Prins propose une classification des cas en 4 catégories[2] :

  1. Vampirisme complet : avec nécrophilie, nécrosadisme (mutilation de cadavres) et ingestion de sang.
  2. Nécrophilie et nécrosadisme sans ingestion de sang.
  3. Vampirisme sans nécrophilie (ingestion de sang d'une autre personne vivante).
  4. Les auto-vampirismes : ingestion de son propre sang après un saignement accidentel, ingestion après saignement auto-provoqué dans ce but, et « autohémofétichisme » plaisir à la vue de son propre sang dans une seringue chez l'usager de drogue injectable.

Le syndrome de Renfield (Noll, 1992) modifier

 
La première édition du Dracula de Bram Stoker en 1897.

En 1992, le psychologue et auteur américain Richard Noll, proposa dans un livre[7] de renommer ce syndrome de fétichisme sanguin et sexuel en syndrome de Renfield en l'honneur du personnage présent dans le Dracula de Bram Stoker qui présentait les mêmes signes et symptômes classiques de ce désordre. Dans le roman, Renfield consomme effectivement des animaux vivants, dans l'espoir de se remplir de leur énergie vitale. D'après Noll, la grande majorité des patients sont des hommes, et la maladie évolue en quatre stades :

  1. Le premier stade survient généralement durant l'enfance. À la suite d'un incident mineur avec blessure(s), l'enfant découvre qu'il peut être excitant de boire du sang, le sien.
  2. Cela peut mener au second stade qui est l’auto-vampirisme. C'est le plaisir qu'éprouve un individu à boire son propre sang.
  3. Il y a aussi le troisième stade qu'on appelle la zoophagie. Il s'agit de la consommation d'animaux vivants pour boire leur sang. Les vampires zoophagiques recherchent particulièrement les animaux de compagnie tel le chat et le chien.
  4. Le stade le plus avancé est le vampirisme clinique où l'on boit le sang d'autres humains. Certaines personnes qui ont atteint ce stade s'introduisent dans les hôpitaux pour voler le sang entreposé dans les banques de sang. Ce phénomène pourrait être impliqué chez plusieurs meurtriers en série.

Depuis, ce terme a été repris avec succès dans la contre-culture gothique.

Limites du vampirisme clinique modifier

Selon Stéphane Desbrosses, l'appellation « syndrome de Renfield » entraine une confusion classique entre un syndrome (ensemble de signes cliniques, dont le vampirisme clinique dans les formes graves) et un signe pathognomonique (ici l'ingestion de sang -vampirisme clinique- qui peut exister en dehors du syndrome de Renfield, par exemple, dans des cas de psychose délirante). Le cas du personnage Renfield dans Dracula pourrait d'ailleurs être un exemple d'une telle psychose[8].

Le vampirisme clinique ferait partie des syndromes psychiatriques liés à la culture ou aux croyances du sujet[9], inversement des cas historiques de vampirisme ont pu être interprétés comme des maladies (psychiatriques ou non) à l'origine même du mythe, comme la porphyrie congénitale[10]. Il en serait de même pour la lycanthropie clinique, la maladie des loups-garous[11],[12].

Usage métaphorique du terme en psychologie modifier

Certains auteurs en psychologie utilisent le terme vampirisme dans un sens métaphorique pour désigner les processus de manipulation utilisés par les agresseurs sexuels pour assujettir leurs proies[13].

Articles connexes modifier

Sources et références modifier

  1. (en) Bourguignon A. Status of vammpirism and of auto-vampirism. Ann. Méd-Psychol 1977;1:191-196.
  2. a b c et d (en) William M Hervey, Glenn Catalano et Maria C Catalano, « Vampiristic behaviors in a patient with traumatic brain injury induced disinhibition », World Journal of Clinical Cases, vol. 4, no 6,‎ , p. 138–141 (ISSN 2307-8960, PMID 27326398, PMCID 4909458, DOI 10.12998/wjcc.v4.i6.138, lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Jaffe PD, DiCataldo F. Clinical vampirism: blending myth and reality. Bull Am Acad Psychiatry Law1994;22(4):533-44.
  4. (en) Halevy A, Levi Y, Shnaker A, Orda R. Auto-vampirism--an unusual cause of anaemia. J R Soc Med. 1989 Oct;82(10):630-1.
  5. (en) Jensen HM, Poulsen HD. Auto-vampirism in schizophrenia. Nord J Psychiatry 2002;56(1):47-8.
  6. (en) Hemphill RE, Zabow T. Clinical vampirism. A presentation of 3 cases and a re-evaluation of Haigh, the 'acid-bath murderer' S Afr Med J 1983 Feb 19;63(8):278-81.
  7. (en) « Vampires, Werewolves & Demons. Twentieth Century Reports in the Psychiatric Literature. » Richard Noll. Brunner/Mazel Publishing, Inc. New York, New York. 1992 (ISBN 0-87630-632-6).
  8. Desbrosses S. (2011). « Vampirisme clinique et syndrome de Renfield ». Psychoweb.fr.
  9. Anusha Sumbal et Ramish Sumbal, « Mystical and mythological believes not only limited to psychiatric diseases? A dynamic overview of medicine », Annals of Medicine and Surgery (2012), vol. 85, no 2,‎ , p. 311–312 (ISSN 2049-0801, PMID 36845757, PMCID 9949817, DOI 10.1097/MS9.0000000000000108, lire en ligne, consulté le )
  10. A. M. Cox, « Porphyria and vampirism: another myth in the making », Postgraduate Medical Journal, vol. 71, no 841,‎ , p. 643–644 (ISSN 0032-5473, PMID 7494765, PMCID 2398345, DOI 10.1136/pgmj.71.841.643-a, lire en ligne, consulté le )
  11. Sélim Benjamin Guessoum, Laelia Benoit, Sevan Minassian et Jasmina Mallet, « Clinical Lycanthropy, Neurobiology, Culture: A Systematic Review », Frontiers in Psychiatry, vol. 12,‎ , p. 718101 (ISSN 1664-0640, PMID 34707519, PMCID 8542696, DOI 10.3389/fpsyt.2021.718101, lire en ligne, consulté le )
  12. Alexandre Baratta et Luisa Weiner, « La lycanthropie : du mythe à la pathologie psychiatrique », L'information psychiatrique, vol. 85, no 7,‎ , p. 675–679 (ISSN 0020-0204, DOI 10.1684/ipe.2009.0524, lire en ligne, consulté le )
  13. Lopez G. Le vampirisme au quotidien Éditions L’esprit du temps, réédition 2004 (ISBN 2-913062-70-9).

Liens externes modifier