Suzanne Karpelès

indianiste
Suzanne Karpelès
Biographie
Naissance
Décès
(à 78 ans)
Vellore (Inde)
Nationalité
Formation
Activité
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Organisation
Ecole Française d'Extrême-Orient
Membre de

Suzanne Karpelès, née le dans le 16e arrondissement de Paris et morte le 7 novembre 1968 à Vellore (Inde), est une indianiste française de formation, ethnologue et philologue, devenue spécialiste des études cambodgiennes et du pâli[1]. Elle a été membre de l'École française d'Extrême-Orient (EFEO) de 1922 à 1925 et de 1936 à 1941, puis correspondante de l'EFEO de 1926 à 1936 et enfin pensionnaire de l'EFEO après 1941. Elle prend sa retraite dans l'ashram de Pondichéry et meurt en 1968.

Biographie modifier

Suzanne Karpelès, née le 17 mars 1890 à Paris[2], est la fille de Jules Karpelès, né en 1854 à Paris, riche négociant d'origine grecque et de son épouse Sophie Philippson, née en 1858 à Lübeck. Jules Karpelès a fait fortune en important l'indigo de l'Inde en Europe. Son grand-père Jacques Karpelès est un homme de lettres. Une sœur aînée, Andrée naît le 18 mars 1885[3], puis suivront deux autres filles : Suzanne la deuxième, naît le 17 mars 1890, et une troisième fille, Solange, qui décèdera très jeune[4].

Chaque année, la famille passe ses vacances en Inde, à Calcutta (Inde), ce qui lui permet de parler couramment l'hindi et le bengali[1], tout comme sa sœur, Andrée Karpelès, qui sera artiste-peintre et auteur. À Paris, les deux filles sont élèves au lycée Molière[5].

Pendant la Première Guerre mondiale, Suzanne se mobilise avec sa sœur Andrée et s'engage comme infirmière.

En 1917, Suzanne Karpelès obtient une agrégation de civilisation et de langues orientales. Elle connaît le sanskrit (autrefois parlée), le tibétain et le siamois (devenue langue thai)[6].

Suzanne Kapelès étudie l'indianisme à l'École pratique des hautes études, avec notamment comme professeurs Sylvain Lévi, Alfred Foucher et Louis Finot, en sortant diplômée après avoir publié en 1919 dans le Journal asiatique la traduction du texte bouddhique sanskrit et tibétain Lokeçvaraçataka[7],[1].

Sur une traduction par Suzanne Karpelès d'un extrait du Visuddhimagga, Lili Boulanger compose entre 1914 et 1917 l'œuvre musicale Vieille prière bouddhique[8].

Carrière à l'École française d'Extrême-Orient modifier

Suzanne Karpelès est membre de l'École française d'Extrême-Orient (EFEO) entre 1922 et 1925 puis entre 1936 et 1941. Arrivée à Hanoï, où elle est la première femme cadre de l'EFEO, elle étudie le Kanikhâvitaranî, qui avait été publié à Ceylan ; elle fait notamment une étude comparée avec un autre manuscrit du Cambodge[9],[10].

En 1923, elle part en mission à Bangkok pour examiner un troisième manuscrit du même texte, en profitant pour approfondir sa connaissance de la langue thaï[11].

En 1925, elle devient premier conservateur de la bibliothèque royale du Cambodge (en), à Phnom Penh, inaugurée la même année par le roi Sisowath ; cette institution relève des autorités cambodgiennes : cela explique que Suzanne Karpelès n'est plus membre de l'EFEO à partir de cette date, devenant toutefois correspondante[6],[7],[1].

À ce travail, elle classe et organise la conservation des textes rares du pays. Le , elle est élue membre correspondant de la 5e section de l'Académie des sciences coloniales[6],[7],[1].

 
Portrait de Suzanne Karpelès, par Maurice Esmein.

Création de l'institut Bouddhique au Cambodge et Laos modifier

En 1930, Suzanne Karpelès fonde l'Institut bouddhique du Cambodge et du Laos, en devenant la secrétaire générale. Les deux antennes de l'Institut, la bibliothèque royale cambodgienne[12] et celle du Laos, située à Luang Prabang, ont dès lors la mission de collecter les manuscrits de la péninsule indochinoise, conserver, publier et diffuser ces textes religieux[13].

En 1936, elle réintègre l'EFEO, tout en restant secrétaire générale de l'Institut bouddhique mais en détachement[6],[7],[1].

Travaillant à améliorer les connaissances en philologie de jeunes religieux cambodgiens, elle a de ce fait une grande influence sur la formation intellectuelle de personnalités comme Chuon Nath (en) et Huos That, qui seront successivement suprêmes patriarches de l'ordre Maha Nikaya après la guerre.

Sous l'Occupation allemande, elle est victime des lois antisémites et mise d'office à la retraite. Cette mesure sera annulée à la Libération. Après la Seconde Guerre mondiale, elle créé l'Association des amis de l'Orient au musée Guimet.

Suzanne Karpelès est ensuite admise comme pensionnaire de l'Institut à l'École française d'Extrême-orient à Hanoï (Vietnam)[6],[7]. Entre 1946 et 1948, elle organise dans quinze villes indiennes une exposition itinérante sur l'EFEO[1].

Elle est très appréciée et admirée au Vietnam, la revue vietnamienne Phu nu ton van lui consacrant[Quand ?] un long article, louant ses talents de linguiste, d'orientaliste, mais surtout d'être à la tête d'un institut religieux[14].

Retraite à l'ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry modifier

Sa sœur Andrée Karpelès, peintre, illustratrice et graveuse, qui avait épousé en 1932 Carl Högman, éditeur suédois, avec qui elle a fondé les éditions Chitra, meurt le à Cannes.

À sa retraite, Suzanne Karpelès s'installe à l'ashram de Sri Aurobindo à Pondichéry (Inde), dont elle était déjà membre. Elle y enseigne le français et la littérature française[6]. Elle meurt à Vellore (Inde) le 7 novembre 1968 (acte transcrit par le consulat général de Madras, aujourd'hui Chennai) en 1969.

Publications modifier

  • 1919 : « Lokeçvaraçataka ou Cent strophes en l'honneur du Seigneur du Monde par Vajradatta », JA 14, p. 357-465.
  • 1919 : Un doigt de la lune. Conte d'amour hindou, (trad. de l'anglais), Paris, Grasset, 297 p.
  • 1924 : « Six contes palis tirés de la Dhammapadatthakatha », Revue indochinoise 1-2, p. 1-30 ; 3-4, p. 205-234 ; 5-6, p. 323-350 ; 7-8, p. 11-44.
  • 1925 : « Un épisode du Ramayana siamois », in Études asiatiques 1, Paris, G. van Oest (PEFEO 19), p. 315-342.
  • 1928 : « An exemple of Indo-Khmer sculpture », Indian Art and Letters, n. s. 2/1, p. 28.
  • 1934 : « Sœurs quêteuses, frères quêteurs de la doctrine bouddhique, Stances traduites du pali », Extrême Asie (Saigon) 91, (sans pagination).
  • 1948 : « Un cas de droit maritime international en 1797 », BSEI n. s. 23/3-4, p. 125-131.
  • 1948-1949 : Initiation à l'histoire de l'art hindou, Hanoi, Cours et conférences de l'EFEO, 66 feuillets.
  • 1949 : « Notules sur un manuscrit relatif à une ambassade birmane en Cochinchine », BSEI n. s. 24/1, p. 3-11.

Notes et références modifier

  1. a b c d e f et g Pierre Singaravélou, « Suzanne Karpelès », Dictionnaire des orientalistes de langue française, Karthala, 2008, pages 567-568.
  2. Acte de naissance n°327, décès transcrit par le consulat général à Madras en 1969.
  3. « ChallengeAZ - Andrée Karpelès » (consulté le ).
  4. « Andrée-Karpelès », sur www.ajpn.org (consulté le ).
  5. Bulletin 2021 de l’Association amicale des anciens et anciennes élèves du lycée Molière, 2021, p. 17.
  6. a b c d e et f « KARPELÉS Suzanne », academieoutremer.fr, consulté le 9 octobre 2017.
  7. a b c d et e « Suzanne Karpelès », efeo.fr, consulté le 9 octobre 2017.
  8. Vieille prière bouddhique, bibliothèque nationale de France.
  9. « Karpelès, Suzanne (1890-1968) – L’Association des Amis du Vieux Huế » (consulté le ).
  10. « Suzanne Karpelès (1890-1968) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  11. Jean Filliozat, « I. Notice nécrologique : Suzanne Karpelès (1890-1968) », Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, vol. 56, no 1,‎ , p. 1–3 (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Bibliothèque royale du Cambodge », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  13. « Suzanne Karpelès: The Width and Thickness of Time », sur www.joycegoodman.org.uk (consulté le ).
  14. « Des contacts inspirateurs et motivants », sur theses.univ-lyon2.fr (consulté le ).

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