Steve Pascolo
Steve Pascolo est un chercheur français, et l'un des trois cofondateurs à l'origine de CureVac, dont il a été le directeur scientifique (Chief Scientific Officer) de 2000 (date de création) à 2006.
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Il a dédié une part importante de sa vie professionnelle à développer la technologie de vaccin à ARNm (ARN messagers), en particulier contre le cancer[1]. Il est le premier homme au monde à recevoir des injections d'ARNm synthétique codant la luciférase en 2003.
Il travaille désormais comme immunologiste et chercheur à l'hôpital universitaire de Zurich et dirige la plateforme ARNm de l'URPP[2] de recherches contre le cancer. Il est également le CEO de la société suisse Miescher Pharma GmbH à Zurich.
Biographie modifier
Steve Pascolo est né le à Pont-Sainte-Maxence en France.
Etudes modifier
Il a reçu son M.S. de biologie de l'École normale supérieure (Paris). Il a ensuite fait sa thèse[3] (Ph.D.) supervisée par le Pr François Lemonnier à l'institut Pasteur (1998) qui a conduit à l'invention du modèle murin, souris HHD (souris humanisées).
Il part rejoindre le professeur Hans-Georg Rammensee (en) pour son post-doc à l'université de Tübingen. Le professeur Rammensee conduisait des recherches de différentes thérapies anti-cancer.
Recherches sur l'ARN messager modifier
Le Pr Eli Gilboa au milieu des années 1990 avait montré que de l’ARNm fabriqué in vitro et transféré in vitro dans des cellules immunitaires (des cellules dendritiques qui déclenchent les réponses immunitaires) pouvait être utilisé comme vaccin. Cette méthode bien que difficile et coûteuse (nécessitant de cultiver les cellules sanguines une semaine, dériver des dendritiques, les transfecter par l’ARNm puis les réinjecter dans l’organisme) était très populaire dans la fin des années 1990 et partout se mettaient en place des structures pour l’implémenter[réf. nécessaire].
Le Pr Hans-Georg Rammensee apprenant ces résultats de Gilboa lors d’un meeting en Israël en février 1996, pense à utiliser les injections d’ARNm directes et donne ce sujet de thèse à un nouveau thésard : Ingmar Hoerr (en). Il teste et voit que l’ARNm nu ou formulé en particules fonctionne comme vaccin chez la souris[4],[5].
En réalité, ces premières activités avaient été conduites déjà par les français Frédéric Martinon et Pierre Meulien en 1993. Frédéric Martinon et ses collègues avaient montré qu’un liposome renfermant un ARNm codant la nucléoprotéine (NP) du virus de la grippe induisait chez la souris une réponse immunitaire[6].
À la suite de ces activités conduites par Ingmar Hoerr confirmant qu'il était possible de produire une réponse vaccinale par des ARN messagers, celui-ci quitte le laboratoire de l'université de Tübingen pour effectuer un MBA en Autriche à l'université du Danube Krems (1999-2000).
Steve Pascolo teste la technique mise au point par Ingmar et optimise dès 1998 des vaccins basés sur l'injection directe in vitro d'ARN messager (ivt mRNA pour in vitro transcribed). Il apprécie leur innocuité, une fois injecté, les ARNm soit pénètrent dans les cellules permettant d'exprimer la protéine désirée et sont dégradés très rapidement par l'organisme[7].
Ingmar Hoerr a alors l'idée en 2000 de la création de la société Curevac dont il sera le CEO et s'entoure de Steve Pascolo en tant que CSO qui conduit les recherches scientifiques et Florian Van der Mulbe COO. Le professeur Günther Jung en est le directeur scientifique.
Rapidement, Hans-Georg Rammensee est également associé à l'équipe fondatrice de Curevac.
Steve Pascolo a mis au point le premier centre pharmaceutique mondial de production d'ARN messager in vitro (incluant la purification de l'ARNm par HPLC dès 2003) et en a dirigé les opérations scientifiques[8].
Il a, au sein de Curevac, levé les freins techniques à l'utilisation de l'ARN messager pour une utilisation vaccinale, car les premières expériences étaient concluantes, mais les réponses immunitaires produites insuffisantes[réf. nécessaire].
En 2003, il dépose un brevet sur le vaccin à ARNm contre les virus conjointement avec l'institut Pasteur de Paris et compare l'efficacité relative des vaccins à ARNm avec les vaccins à ADN[9].
Les vaccins à ARNm nécessitent encore d'être optimisés car les réponses immunitaires sont moindres que celles obtenues avec des vaccins à ADN[réf. souhaitée].
Puis en 2003, Steve Pascolo met au point la première étude clinique mondiale sur l'homme. Convaincu de l'innocuité de cette thérapie il devient le premier humain à recevoir une injection par le médecin Benjamin Weide d'ARN messager exprimant la luciférase (protéine produite en temps normal par une mouche : la luciole)[10],[11],[12].
En 2006, Steve Pascolo quitte Curevac pour rejoindre l'université de Zurich, où il optimise des protocoles de chimiothérapie anti-cancer, poursuit ses activités sur les vaccins à ARN messagers.
En 2008, ses études cliniques sur l'homme montrent l'innocuité d'un vaccin à ARNm nu intradermique dans mélanome et l'induction de réponses immunitaires[13]. En 2009, il teste avec Weide et al. une autre formulation du vaccin ARNm (en Protamine) anti-mélanome et décrit à nouveau des réponses immunitaires induites[14]. En 2011 il publie avec le Pr Brossart que le vaccin ARNm nu adapté au carcinome peut induire des réponses immunitaires et cliniques chez des patients souffrant d'un cancer du rein[15]. Il travaille également sur le repositionnement de molécules anciennes pour en évaluer leur efficacité, notamment la chloroquine[16].
Ses avis d'expert sont repris ultérieurement par les différents chercheurs travaillant sur les ARN in vitro (que ce soit pour des applications vaccinales ou non vaccinales)[17],[18],[19].
Pandémie de Covid-19 et mise en application de ses recherches modifier
En 2020, avec la pandémie liée au Covid, les vaccins à ARN messagers ont bénéficié d'un regain d'intérêt et ont été sous les projecteurs pour l'une de leur caractéristique : la vitesse de préparation. Steve Pascolo est alors convié sur différents plateaux télévisés et dans différents journaux en France, en Suisse ou en Allemagne pour répondre aux défiance vis-à-vis de cette technologie « trop rapide à aboutir » selon certains et pourtant le fruit de plus de 20 ans de recherche[4],[6],[20],[21],[22],[23].
En 2021, il publie Sortir de la pandémie de COVID-19 grâce au vaccin à ARN messager synthétique[24].
Vaccins contre le cancer modifier
Le 16 avril 2021, il affirme que lorsque « les vaccins à ARN messager anti-cancer sont combinés avec d’autres thérapies et ça donne des résultats excellents » et prédit une prochaine mise sur le marché de vaccins anti-cancer utilisant cette technologie[25].
Notes et références modifier
- (en) « Messenger RNA Platform », sur University of Zurich, (consulté le )
- URPP : University Research Priority Programme, programme prioritaire de recherche universitaire.
- STEVE PASCOLO, Création d'un modèle murin associant l'inaction des gènes h-2 de classe i et l'expression d'une molecule hla de classe i monocaténaire pour l'étude des réponses cytotoxiques restreintes par hla-a*0201, Paris 6, (lire en ligne)
- I. Hoerr, R. Obst, H. G. Rammensee et G. Jung, « In vivo application of RNA leads to induction of specific cytotoxic T lymphocytes and antibodies », European Journal of Immunology, vol. 30, no 1, , p. 1–7 (ISSN 0014-2980, PMID 10602021, DOI 10.1002/1521-4141(200001)30:13.0.CO;2-#, lire en ligne, consulté le )
- « Ingmar Hoerr, cofondateur de CureVac : "Notre vaccin sera moins cher et plus accessible" », sur LExpress.fr, (consulté le )
- F. Martinon, S. Krishnan, G. Lenzen et R. Magné, « Induction of virus-specific cytotoxic T lymphocytes in vivo by liposome-entrapped mRNA », European Journal of Immunology, vol. 23, no 7, , p. 1719–1722 (ISSN 0014-2980, PMID 8325342, DOI 10.1002/eji.1830230749, lire en ligne, consulté le )
- (en) Eric Le Berrigaud, Marion Levi, mRNA as a base for disruptive new medications?, Bryan Garnier & co
- (en) Marina Tusup, Lars E French, Mara De Matos, David Gatfield, Steve Pascolo, « Design of in vitro Transcribed mRNA Vectors for Research and Therapy »,
- Steve Pascolo, Ingmar Hörr, Hans-Georg Rammensee et Florian Von Der Mülbe, Préparations Immunogènes Et Vaccins À Base D'arn, (lire en ligne)
- « PressReader.com - Journaux du Monde Entier », sur www.pressreader.com (consulté le )
- J. Probst, B. Weide, B. Scheel et B. J. Pichler, « Spontaneous cellular uptake of exogenous messenger RNA in vivo is nucleic acid-specific, saturable and ion dependent », Gene Therapy, vol. 14, no 15, , p. 1175–1180 (ISSN 0969-7128, PMID 17476302, DOI 10.1038/sj.gt.3302964, lire en ligne, consulté le )
- ARTE TV, « L'ARN messager peut-il soigner le cancer ? », sur ARTE,
- Benjamin Weide, Jean-Philippe Carralot, Anne Reese et Birgit Scheel, « Results of the first phase I/II clinical vaccination trial with direct injection of mRNA », Journal of Immunotherapy (Hagerstown, Md.: 1997), vol. 31, no 2, , p. 180–188 (ISSN 1524-9557, PMID 18481387, DOI 10.1097/CJI.0b013e31815ce501, lire en ligne, consulté le )
- Benjamin Weide, Steve Pascolo, Birgit Scheel et Evelyna Derhovanessian, « Direct injection of protamine-protected mRNA: results of a phase 1/2 vaccination trial in metastatic melanoma patients », Journal of Immunotherapy (Hagerstown, Md.: 1997), vol. 32, no 5, , p. 498–507 (ISSN 1537-4513, PMID 19609242, DOI 10.1097/CJI.0b013e3181a00068, lire en ligne, consulté le )
- Susanne M. Rittig, Maik Haentschel, Katrin J. Weimer et Annkristin Heine, « Intradermal vaccinations with RNA coding for TAA generate CD8+ and CD4+ immune responses and induce clinical benefit in vaccinated patients », Molecular Therapy: The Journal of the American Society of Gene Therapy, vol. 19, no 5, , p. 990–999 (ISSN 1525-0024, PMID 21189474, PMCID 3098631, DOI 10.1038/mt.2010.289, lire en ligne, consulté le )
- (en) Steve Pascolo, « Time to use a dose of Chloroquine as an adjuvant to anti-cancer chemotherapies », European Journal of Pharmacology, vol. 771, , p. 139–144 (ISSN 0014-2999, DOI 10.1016/j.ejphar.2015.12.017, lire en ligne, consulté le )
- (en) Drew Weisseman, « mRNA vaccines — a new era in vaccinology », sur Nature,
- (en) Cuiling Zhang, Giulietta Maruggi, Hu Shan et Junwei Li, « Advances in mRNA Vaccines for Infectious Diseases », Frontiers in Immunology, vol. 10, (ISSN 1664-3224, DOI 10.3389/fimmu.2019.00594, lire en ligne, consulté le )
- (en) Margit Schnee, Annette B. Vogel, Daniel Voss et Benjamin Petsch, « An mRNA Vaccine Encoding Rabies Virus Glycoprotein Induces Protection against Lethal Infection in Mice and Correlates of Protection in Adult and Newborn Pigs », PLOS Neglected Tropical Diseases, vol. 10, no 6, , e0004746 (ISSN 1935-2735, PMID 27336830, PMCID PMC4918980, DOI 10.1371/journal.pntd.0004746, lire en ligne, consulté le )
- (de) « 10 vor 10 vom 05.02.2021 - Play SRF » (consulté le )
- « AstraZeneca, les premières doses injectées - 06/02 » (consulté le )
- « La Matinale - L'immunologiste Steve Pascolo s'exprime sur la compatibilité des vaccins aux mutations (vidéo) - Play RTS » (consulté le )
- « Entretien avec Steve Pascolo - les questions que vous vous posez sur le vaccin à ARN messagers » (consulté le )
- Steve Pascolo, « Synthetic Messenger RNA-Based Vaccines: from Scorn to Hype », Viruses, vol. 13, no 2, 02 09, 2021 (ISSN 1999-4915, PMID 33572452, PMCID 7916233, DOI 10.3390/v13020270, lire en ligne, consulté le )
- « "On aura bientôt des vaccins à ARN messager anti-cancer", affirme un chercheur », sur Franceinfo, (consulté le )
