Sonia Mabrouk

journaliste et animatrice de radio et télévision tunisienne et française

Sonia Mabrouk
Sonia Mabrouk en 2023 à la remise des prix du Trombinoscope, dont elle est membre du jury.
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
سونيا مبروكVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Drapeau de la France Française (naturalisation)
Drapeau de la Tunisie Tunisienne
Formation
Activités
Conjoint
Guy Savoy (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Hédi Mabrouk (oncle)
Mongi Mabrouk (d) (grand-père paternel)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour

Sonia Mabrouk est une journaliste franco-tunisienne, née le ou à Tunis. Depuis , elle intervient principalement en tant qu’animatrice de radio et de télévision.

Après avoir été journaliste à Jeune Afrique, elle anime des émissions sur Europe 1 entre et , autour des Grandes Voix, poursuit en en menant un entretien dans la tranche 18 h - 20 h, puis à partir de avec l'entretien politique dans la matinale. À la télévision, elle est à l'antenne entre 17 h et 19 h sur CNews à partir de , puis anime la tranche Midi News (12 h - 14 h) à partir de .

Sur le plan politique, Sonia Mabrouk est située sur une ligne de droite conservatrice voire d'extrême droite.

Biographie modifier

Origines et enfance modifier

Sonia Mabrouk naît le [1],[2] ou [3] à Tunis, où elle grandit[3].

Elle est issue d'un milieu imprégné de politique. Sa famille reçoit à son domicile des personnalités telles que Habib Bourguiba, qui a été le président tunisien entre et . Sous la présidence de celui-ci, son grand-père paternel, Mongi Mabrouk, est ministre du Commerce, tandis que son oncle Hédi Mabrouk est ambassadeur de Tunisie en France puis le dernier ministre des Affaires étrangères de Bourguiba[3].

En , Sonia Mabrouk obtient la nationalité française[4].

Formation modifier

Sonia Mabrouk est diplômée de l'école de commerce IHEC de Carthage, où elle enseigne quelques années plus tard[5]. Elle suit ensuite un parcours à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne[6],[3],[5],[7].

Carrière professionnelle modifier

Journaliste et animatrice modifier

Béchir Ben Yahmed permet à Sonia Mabrouk d'intégrer la rédaction de l'hebdomadaire Jeune Afrique, où elle reste trois ans. En , Jean-Pierre Elkabbach lui propose la présentation du journal sur Public Sénat[3].

À la rentrée , elle devient l'animatrice du Débat des grandes voix le samedi de 13 h à 14 h sur Europe 1 et coanime la tranche d'infos du dimanche soir avec Patrick Roger[8]. De à , le dimanche de 19 h à 20 h, elle anime Les grandes voix vous répondent puis à partir de Les Éclaireurs de 19 h 20 à 20 h[9].

À partir de , elle anime également une émission autour des Grandes Voix d'Europe 1 en semaine de 17 h à 18 h[10] en plus de celle du samedi midi mais laisse en revanche la présentation de l'émission Les Éclaireurs du dimanche soir à Nicolas Escoulan. À partir de la rentrée , elle a sa propre émission sur CNews Les Voix de l'info, le 17 h-19 h[11], et la présentation du 18 h-20 h chaque dimanche sur Europe 1[12].

Lorsque Laurent Guimier, nouveau président-directeur général de la station, décide de remanier en profondeur la grille des programmes d'Europe 1, Sonia Mabrouk se voit confier une interview dans la tranche 18 h-20 h à partir de la rentrée [13]. À partir de , elle anime la tranche « Midi News » sur CNews et présente sur Europe 1 l'entretien politique de h 15, dans la matinale de Matthieu Belliard[14].

À la rentrée , en plus de son entretien politique dans la matinale de Dimitri Pavlenko, elle anime l'émission politique dominicale Le Grand Rendez-Vous sur Europe 1, en partenariat avec CNews et Les Échos[15].

Promotion de la culture modifier

En , avec Marc Ladreit de Lacharrière, Sonia Mabrouk crée l'Association des musées méconnus de la Méditerranée (AMMed)[6],[16].

Vie personnelle modifier

À partir de , elle est la compagne du chef cuisinier Guy Savoy[17],[18], qu'elle a épousé[19]. En , elle annonce leur rupture[20].

Le , est annoncée en couverture de Paris Match sa relation avec le chanteur Pascal Obispo[21].

Prises de position modifier

Se déclarant musulmane[22],[23], « spirituelle attachée à l'idée de destin », Sonia Mabrouk affirme son attachement à la laïcité et estime que les catholiques français devraient se « désinhiber » pour combattre un prétendu « islam conquérant »[16].

Elle prend position notamment contre « la révolution racialiste », selon elle importée des États-Unis par des mouvements antiracistes, féministes et écologistes « totalitaires », considérant que ces courants sont complaisants avec l'islam et représentent une « véritable menace civilisationnelle »[16].

Interrogée sur la colonisation française en Tunisie, elle rejette le terme de « colonisation » et déclare : « C'était un protectorat. Et puis, est-ce que tout est à jeter ? C'est aussi un bel héritage qui permet à des gens comme moi de sublimer la France[16]. »

Selon Libération, elle défend Éric Zemmour[16]. Par ailleurs, elle dit admirer l'écrivain Michel Houellebecq[16].

Au niveau économique, elle se définit comme libérale[16].

Sonia Mabrouk dit avoir été en butte, au fil de sa carrière, à des remarques sur son « accent arabe ». En , Élisabeth Lévy, rédactrice en chef de la revue d'extrême droite Causeur, lance à Sonia Mabrouk, lors d'une émission télévisée, qu'elle a « une tête d'Arabe »[16].

Le , au cours d'une interview sur Europe 1 face à Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie et des Finances affirme être « en opposition frontale avec le diagnostic » que fait Éric Zemmour, ce à quoi Sonia Mabrouk rétorque : « Vous ne voulez pas voir la réalité alors ? »[24],[25].

Le , au théâtre Montansier à Versailles, elle intervient pour dénoncer un « entrisme islamiste » et répond à la question des « racines spirituelles de la France » en déclarant qu'il s'agit du christianisme. Selon le média Télérama, elle ajoute qu'« aimer la France » consiste à « lutter contre les groupuscules décoloniaux et écologistes »[26]. Le , elle déclare devant les députés de la commission de contrôle de la télévision numérique terrestre que sa matinale sur la chaîne CNews respecte le pluralisme, dans un contexte où un relevé statistique effectué depuis septembre 2023 prouve que l'immense majorité des invités de sa matinale sont classés à droite ou à l'extrême droite des sensibilités politiques[27].

Critiques modifier

Le journal Libération estime en que Sonia Mabrouk est une « égérie de la droitosphère » et la baptise « directrice de la réaction », manière de qualifier ses idées de réactionnaires[16]. La même année, L'Obs la mentionne comme une « égérie des milieux conservateurs »[28]. Dans le même magazine, Fabrice Pliskin range Mabrouk « parmi les plus implacablement conservateurs » des présentateurs de la chaîne CNews[29]. Le Monde la décrit comme une représentante de la droite radicale[30]. Le Temps se demande si elle est une « grande dame conservatrice ou [la] caution smart de l'extrême droite ? »[31].

En , Télérama voit en Sonia Mabrouk « une voix bien tracée à droite » et déplore les « refrains déclinistes » qu'elle a entonnés à Versailles le , en compagnie de Franck Ferrand, dans le cadre d'une soirée organisée par Les Éveilleurs, un collectif créé dans le sillage de La Manif pour tous, proche du magazine d'extrême droite Valeurs actuelles et défendant des positions anti-IVG[26].

Analyses modifier

Selon le chercheur en littérature Johan Faerber, les livres de Mabrouk « réactivent trois valeurs d'extrême droite : l'appel au bon sens intuitif contre l'intellectualisme, la notion de sacré et l'appel à la reconquête du sentiment nationaliste contre le déclin civilisationnel ». L'intéressée dément être d'extrême droite[26].

Dans une étude consacrée à la notion de doxa[32], le sociologue Samuel Vernet analyse un extrait d'une émission animée par Sonia Mabrouk sur la chaîne CNews en - sur la question de la limitation des libertés publiques, pendant le mouvement des Gilets jaunes. Dans cette émission, Vincent Cespedes déclare : « Moi je comprends la violence, enfin c’est… », puis se fait interrompre par Sonia Mabrouk, s'attirant l'hostilité de la journaliste et des cinq autres invités présents. Vernet identifie la doxa sous-jacente aux réactions : « Ici, la prémisse doxique (supposément partagée par tout le monde) est que la violence est inacceptable, au point même que tenter d’y trouver une explication semble immoral. » Les réactions adoptent un ton indigné et consistent notamment en injonctions au silence. Vernet conclut : « Dans cette séquence, on identifie clairement une manière de “bien penser” (plutôt que de “bien dire”), c’est-à-dire une orthodoxie. Face à elle, le philosophe, isolé, brise les codes de cette orthodoxie. Les réactions indignées et la virulence du front commun contre Vincent Cespedes tendent à le présenter comme un être radical ; il est inaudible, et même disqualifié, hors du champ d’une discussion possible : ce qu’il dit n’est simplement pas dicible. »

Publications modifier

Notes et références modifier

  1. « Sonia Mabrouk - Who's Who », sur whoswho.fr, Who's Who in France (consulté le ).
  2. « Sonia Mabrouk Conseil », L'Annuaire des entreprises, sur data.gouv.fr (consulté le ).
  3. a b c d et e Constant 2013.
  4. Sonia Mabrouk, « Les bégaiements de Malika », Le 1, no 149,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Sogno 2015.
  6. a et b « Sonia Mabrouk », sur senat.fr (version du sur Internet Archive).
  7. Sonia Mabrouk, Les comportements déviants des consommateurs dans le processus de prise de décision d'achat (mémoire de DEA en gestion, option marketing, à Paris 1), , 60 p. (SUDOC 055470572).
  8. « Sonia Mabrouk en quotidienne sur Europe 1 », Le Figaro, (consulté le ).
  9. « Sonia Mabrouk », sur gala.fr.
  10. Florian Guadalupe, « Europe 1 : Sonia Mabrouk débarque en quotidienne à 17 h le  », sur PureMédias, .
  11. Pierre Dezeraud, « Olivier Galzi quitte CNews », sur PureMédias, (consulté le ).
  12. Florian Guadalupe, « Europe 1 : Sonia Mabrouk de 18 h à 20 h le dimanche à la rentrée », sur PureMédias, .
  13. Pierre Dezeraud, « Europe 1 : Audrey Crespo-Mara décroche l'interview politique, Sonia Mabrouk en soirée », sur PureMédias, (consulté le ).
  14. Pierre Dezeraud, « CNews : Sonia Mabrouk le midi, Thomas Hugues récupère les soirées », sur PureMédias, .
  15. AFP, « En pleine grève d'Europe 1, Lagardère dévoile sa nouvelle grille de rentrée « CNews compatible » », L'Obs, .
  16. a b c d e f g h et i Gendron 2021.
  17. Chatrier 2019.
  18. Laïa Dabri, « Guy Savoy en couple avec la journaliste Sonia Mabrouk : "Une évidence" », sur Purepeople, (consulté le ).
  19. Ludovic Perrin, « Le dimanche de Sonia Mabrouk : "J'aime les saveurs relevées" », Le Journal du dimanche, .
  20. Alexandra Ayo Barro, « Sonia Mabrouk annonce sa rupture inattendue avec le chef Guy Savoy », Femme actuelle, (consulté le ).
  21. « Pascal Obispo : le chanteur en couple avec une célèbre journaliste française », La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  22. Pascal Louvrier, « Sonia Mabrouk : “Je suis musulmane mais j'adhère pleinement à la civilisation occidentale” », sur Causeur, .
  23. Samuel Ribot, « Sonia Mabrouk : “J'ai l'impression de faire face à un militantisme radical” », L'Union, .
  24. Vincent Beaufils, « Derrière Zemmour, le poids grandissant des médias Bolloré », Challenges, (consulté le ).
  25. Raphaël Garrigos, Isabelle Roberts et Lucile Sourdès-Cadiou, « Bolloré casse l'audience à Europe 1 », épisode no 26, L'Héritier, sur Les Jours, .
  26. a b et c Racque 2023.
  27. Loris Guémart, « Sonia Mabrouk : tromper les député·es, mode d'emploi », sur www.arretsurimages.net, (consulté le ).
  28. Rémy Dodet, « Primaire écologiste : comment Sandrine Rousseau bouscule la campagne », L'Obs, (consulté le ).
  29. Fabrice Pliskin, « « C’est dégueulasse » : Morandini, la conscience morale de CNews », L'Obs, (consulté le ).
  30. Aude Dassonville et Sandrine Cassini, « Comment l'extrême droite a infiltré les médias », Le Monde, (consulté le ).
  31. Ackermann 2022.
  32. Samuel Vernet, « Doxa », dans Discours de haine et de radicalisation : Les notions clés, Lyon, ENS Éditions, coll. « Langages », (ISBN 979-10-362-0591-0, DOI 10.4000/books.enseditions.43835, lire en ligne), p. 31–39.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier