Sommets de plus de huit mille mètres

montagnes qui culminent à plus de 8000 mètres

Les sommets de plus de 8 000 mètres sont au nombre de quatorze en ne tenant compte que des sommets principaux. Dix sont situés dans le massif de l'Himalaya et quatre dans le Karakoram, partagés entre l'Inde, le Pakistan, le Népal et la Chine. Le premier sommet à avoir été gravi a été l'Annapurna I, le , par les alpinistes français Maurice Herzog et Louis Lachenal. Les autres ont tour à tour été gravis pour la première fois dans les années 1950 et au début des années 1960.

Situation géographique des sommets de plus 8 000 mètres dans le Karakoram et l'Himalaya

Historique modifier

Au milieu du XIXe siècle, ces hauts sommets restent une terre inconnue pour les Occidentaux qui inventent l'alpinisme dans les Alpes[1]. Il faut attendre le début du siècle suivant pour voir les prémices d'expéditions vers ces sommets[1]. L'altitude de 7 500 mètres est dépassée en 1909 par le duc des Abruzzes. Après la Première Guerre mondiale, c'est le Royaume-Uni avec George Leigh Mallory qui initie une longue série d'ascensions : avant la Seconde Guerre mondiale, une vingtaine de tentatives sont effectuées pour vaincre ces quelques rares 8 000[1].

Si l'attirance vers les sommets de plus de 8 000 mètres date donc de nombreuses décennies et reste internationale, historiquement, certaines nations ont eu tendance à s'attacher à un sommet, voire à s'acharner parfois : l'Everest pour les Britanniques, le Nanga Parbat de façon tragique pour les Allemands surtout dans la première moitié du XXe siècle, l'Annapurna après guerre pour les Français[2] et, dans une moindre mesure, les Américains sur le K2[1]. Le Népal reste fermé jusque après la Seconde Guerre mondiale, interdisant l'accès à de nombreux sommets. Lorsque le pays s'ouvre vers 1950 (et que le Tibet annexé par la Chine se referme), huit sommets de plus de 8 000 mètres deviennent « accessibles », dont trois jamais approchés par les Occidentaux car entièrement situés au Népal, comme le Dhaulagiri ou l'Annapurna[1]. Ce dernier est gravi par Maurice Herzog et Louis Lachenal ce qui va contribuer à populariser, pas seulement en France, ces hauts sommets[1].

Au début du XXe siècle les ascensions sont poussées par une volonté sportive mais également voire surtout nationaliste ; vers la fin de XXe siècle, l'aspect touristique prend le dessus[2]. L'Everest devient un sommet très fréquenté, trop selon certains alpinistes confirmés[2]. Mais la vente des permis par les autorités népalaises rapporte des millions de dollars tous les ans[2].

Les quatorze sommets modifier

# Sommet Image Altitude (m) Situation Coordonnées Première ascension Premiers grimpeurs Origine de l'expédition
1 Everest (ou Sagarmatha ou Chomolangma)   8 849   Chine /   Népal 27° 59′ 17″ nord, 86° 55′ 31″ est Edmund Hillary et Tenzing Norgay[3]   Britannique
2 K2 (ou Mont Godwin-Austen ou Chogori ou Dapsang)   8 611   Chine /   Pakistan[N 1] 35° 52′ 57″ nord, 76° 30′ 48″ est Achille Compagnoni et Lino Lacedelli[4]   Italienne
3 Kangchenjunga (ou Kanchanfanga)   8 586   Inde /   Népal 27° 42′ 09″ nord, 88° 08′ 54″ est George Band et Joe Brown[5]   Britannique
4 Lhotse   8 516   Chine /   Népal 27° 57′ 42″ nord, 86° 56′ 00″ est Fritz Luchsinger et Ernst Reiss[6]   Suisse
5 Makalu (ou Makalufeng)   8 485   Chine /   Népal 27° 53′ 21″ nord, 87° 05′ 19″ est Jean Couzy et Lionel Terray[7]   Française
6 Cho Oyu   8 201   Chine /   Népal 28° 05′ 39″ nord, 86° 39′ 39″ est Joseph Joechler, Pasang Dawa Lama et Herbert Tichy[4]   Autrichienne
7 Dhaulagiri (ou Aulagiri)   8 167   Népal 28° 41′ 54″ nord, 83° 29′ 15″ est Kurt Diemberger, Peter Diener, Nawang Dorje, Nima Dorje, Ernst Forrer et Albin Schelbert[8]   Suisse
8 Manaslu (ou Kutang)   8 163   Népal 28° 33′ 00″ nord, 84° 33′ 35″ est Toshio Imanishi et Gyalzen Norbu[9]   Japonaise
9 Nanga Parbat (ou Diamir)   8 126   Pakistan[N 1] 35° 14′ 15″ nord, 74° 35′ 21″ est Hermann Buhl[10]   Autrichienne
10 Annapurna I (ou Morshiadi)   8 091   Népal 28° 35′ 46″ nord, 83° 49′ 13″ est Louis Lachenal et Maurice Herzog [11]   Française
11 Gasherbrum I (ou K5 ou Hidden Peak)   8 080   Chine /   Pakistan[N 1] 35° 43′ 28″ nord, 76° 41′ 47″ est Andrew Kauffman et Peter Schoening[12]   Américaine
12 Broad Peak (ou Falchen Kangri ou K3)   8 047   Chine /   Pakistan[N 1] 35° 48′ 39″ nord, 76° 34′ 06″ est Hermann Buhl, Kurt Diemberger, Marcus Schmuck et Fritz Wintersteller[13]   Autrichienne
13 Gasherbrum II (ou K4)   8 035   Chine /   Pakistan[N 1] 35° 45′ 30″ nord, 76° 39′ 12″ est Josef Larch, Fritz Moravec et Hans Willenpart[14]   Autrichienne
14 Shishapangma (ou Gosainthan ou Xixabangma)   8 027   Chine 28° 21′ 08″ nord, 85° 46′ 47″ est Dix grimpeurs conduits par Hsu Ching[15]   Chinoise
 
Schéma de comparaison des altitudes des quatorze sommets de plus de huit mille mètres (pointes rouges ou roses) et des sept sommets et sept seconds sommets, plus hauts et deuxièmes plus hauts sommets de chaque continent.

Les sommets secondaires modifier

Treize des 14 sommets de plus de 8 000 m sont dits ultra-proéminents, c'est-à-dire que leur proéminence est supérieure à 1 500 m. Le Lhotse n'a lui qu'une proéminence de 610 m par rapport au col Sud qui le sépare de l'Everest. Une vingtaine de sommets secondaires de plus de 8 000 m sont également identifiés, avec des proéminences de quelques dizaines de mètres. Seul le sommet central du Broad Peak (8 011 m), a une proéminence supérieure à 150 m (181 m). Quelques-unes de ces pointes sont encore vierges.

Sommet principal Sommet Altitude Proéminence Premiers grimpeurs Date
Everest (8 849 m) Sommet Sud[16] 8 748 m 11 m Tom Bourdillon et Charles Evans
Épaule Nord-Est[17] 8 423 m 19 m vierge
Pointe Nord-Est III[17] 8 383 m 13 m Russell Brice et Harry Taylor
Sommet Ouest[17] 8 296 m 30 m Dušan Podbevšek et Roman Robas
K2 (8 611 m) Sommet Sud-Ouest[17] 8 580 m 30 m Eiho Ohtani et Nazir Sabir
pointe 8134 (arête sud-ouest)[17] 8 134 m 35 m vierge
Kangchenjunga (8 586 m) Yalung Kang ou Sommet Ouest[17] 8 505 m 135 m Yutaka Ageta et Takao Matsuda
Sommet Sud[17] 8 476 m 116 m Eugeniusz Chrobak et Wojciech Wróż
Sommet central[17] 8 473 m 63 m Wojciech Brański, Andrzej Heinrich et Kazimierz Olech
Épaule du Yalung Kang[17] 8 077 m 40 m vierge
Sommet sud-est[17] 8 150 m 30 m vierge
Lhotse (8 516 m) Lhotse central I[17] 8 410 m 65 m Alexei Bolotov, Piotr Kuznetsov, Sergei Timofeev et Evgeni Vinogradski
Lhotse Shar (en) [17] 8 382 m 72 m Josef Mayerl et Rolf Walter
Lhotse central II ou Lhotse central Est [17] 8 372 m 37 m vierge (pointe sur l'arête entre le Lhotse Central I et le Lhotse Shar
Lhotse Pointe Nord III [17] 8 327 m 10 m vierge
Lhotse Pointe Nord II [17] 8 307 m 12 m vierge
Lhotse Pointe Nord I [17] 8 290 m 10 m vierge
Nanga Parbat (8 125 m) Sommet Sud[17] 8 042 m 30 m Ueli Bühler
Annapurna I (8 091 m) Sommet central[17] 8 051 m ou 8 013 m 49 m Udo Bönning, Ludwig Greissl et Heinz Oberrauch
Sommet Est[17] 8 013 m ou 7 986 m 65 m José Manuel Anglada, Emilion Civis, Jorge Pons
Broad Peak (8 051 m) Sommet central [17] 8 011 m 181 m Kazimierz Głazek, Marek Kęsicki, Janusz Kuliś, Bohdan Nowaczyk et Andrzej Sikorski
Shishapangma (8 027 m) Sommet central[17] 8 008 m 30 m Makato Hara, Hiro Komamiya, Hirofumi Konishi

Difficultés modifier

Les difficultés particulières pour gravir les sommets de plus de 8 000 m, décrites dans la plupart des ouvrages autobiographiques des himalayistes[18], sont les suivantes :

  • l'altitude à cause de la pression atmosphérique environ trois fois plus basse à 8 500 m qu'au niveau de la mer, et de la température qui décroît de 6,4 °C en moyenne tous les 1 000 m de dénivelé dans la troposphère. La pression est donnée par la formule du nivellement barométrique. La basse pression peut produire le mal aigu des montagnes (MAM). Même sans subir le MAM, chacun voit déjà ses performances considérablement diminuées sous basse pression. De plus, l'organisme ne peut rester longtemps à cause de cela au-dessus de 8 000 m d'altitude sans s'épuiser : en particulier, il se fatigue plus qu'il ne se repose même la nuit à l'abri d'un campement. Pour cette raison, il est difficile d'enchaîner plusieurs ascensions de 8 000 m, et dangereux de passer plus de 24 heures au-delà de cette altitude (dite zone de la mort) surtout sans apport artificiel d'oxygène ;
  • les quantités de neige phénoménales peuvent conduire à des avalanches géantes sur terrain raide. Sur terrain moins raide, il y a accumulation importante de neige puis de glace : les énormes séracs suspendus sont à craindre, tout comme les chutes de glace ;
  • l'isolement (absence de route) empêche les secours classiques, et oblige d'emporter un ou deux mois de ravitaillement et de matériel pour les grimpeurs et les porteurs, plus ou moins nombreux selon le type d'expédition ;
  • les conditions météorologiques inadaptées pendant la mousson, et ne donnant pas souvent des périodes de beau temps suffisamment stables en dehors pour réussir facilement les ascensions. Des vents de 200 km/h, un froid glacial (pouvant conduire à de graves gelures et à l'hypothermie) et des chutes de neige abondantes effaçant rapidement toutes les traces ne sont pas rares. Il y a dix 8 000 en Himalaya et quatre de plus au nord dans le Karakoram ; Adam Bielecki explique en complément que pour les dix premiers, « le climat au pied des montagnes est subtropical. […] les marches d'approche commencent dans des jungles pleines d'animaux sauvages et de sangsues. Dans le Karakoram, tout est différent. La mousson n'atteint pas les montagnes, le climat est continental et sec […]. Le trek vers les hauts sommets commence dans un semi-désert. L'hiver y est en moyenne 10 °C plus froid qu'en Himalaya, et les vents soufflent à 40 km/h plus fort. […] À cause de ces différences, les alpinistes ont d'abord gravi en hiver tous les 8 000 de l'Himalaya avant d'attaquer ceux du Karakoram, à l'exception du Nanga Parbat[19]. »

Les difficultés ont considérablement diminué depuis les débuts de l'himalayisme en raison de plusieurs facteurs :

  • amélioration du matériel et de la technique alpine (vêtements d'alpinisme, matériel d'escalade…) ;
  • amélioration des transmissions et des prévisions météorologiques, évitant certaines prises de risque ;
  • amélioration des techniques d'acclimatations ;
  • existence de cartographie et de photos-satellite, etc.

Les himalayistes ont ainsi pu réussir des ascensions auparavant inenvisageables.

Compétition modifier

 
Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Vainqueur des 14 sommets de 8 000 mètres.

Une compétition s'est installée entre les grimpeurs de haut niveau pour celui qui serait le premier à gravir les 14 sommets. C'est finalement l'Italien Reinhold Messner qui a été le premier en 1986. Les concurrents qui ont suivi sont le Polonais Jerzy Kukuczka, et le Suisse Erhard Loretan.

Depuis lors, des dizaines d'alpinistes (dont quelques femmes) ont réussi l'ascension des quatorze « 8 000 », même si cette performance reste exceptionnelle. Parmi eux, nombre y sont parvenus sans jamais avoir utilisé de bouteille d'oxygène[20].

Ce classement est toutefois sujet à caution. Au terme d'une vaste enquête, le chroniqueur Eberhard Jurgalski (de) déclare dans une publication parue le 8 juillet 2022 qu'il n'y aurait dans les faits que trois alpinistes qui auraient réellement atteint le point sommital exact des 14 sommets[21],[22] : Ed Viesturs, Veikka Gustafsson et Nirmal Purja Pun Magar, tous les autres ayant au moins une fois conclu leur ascension sur une antécime ou s'étant arrêté avant d'atteindre le sommet, en particulier sur l'Annapurna I, le Dhaulagiri et le Manaslu[23],[24],[25],[26].

L'Espagnole Edurne Pasaban est la première femme alpiniste à avoir gravi les 14 sommets de plus de huit mille mètres, le , en arrivant au sommet du Shishapangma : elle avait commencé cette compétition en 2001[27]. En , la Sud-Coréenne Oh Eun-sun s'était présentée comme la première femme à avoir accompli cet exploit[28]. Mais les soupçons sur son ascension du Kangchenjunga, mise en doute par la fédération coréenne d'alpinisme[29], de surcroît considérée comme « contestée » par la spécialiste de l'himalayisme Elizabeth Hawley[30], ont conduit à ne lui reconnaître, pour le moment, que 13 sommets atteints.

Edurne Pasaban a fait usage à deux reprises d'un apport d'oxygène artificiel (notamment pour l'ascension de l'Everest), alors que le challenge consistant, pour une femme, à boucler les quatorze « 8 000 » sans assistance respiratoire n’a été réussi que par l'Autrichienne Gerlinde Kaltenbrunner, qui a terminé par l'ascension du K2 le [31].

En 2019, six ans après avoir gravi son premier 8 000, le Népalais Nirmal Purja réussit l'enchaînement des quatorze 8 000 en 189 jours, l'ancien record étant de 7 ans. Ce record est battu par Kristin Harila en 2023 en 3 mois et 1 jour[32]. À l'inverse, l'Espagnol Òscar Cadiach accomplit son dernier sommet 33 ans après son premier. En moyenne, les alpinistes mettent 14 ans pour faire les 14 ascensions.

Hommes Période :
1er-14e sommet
Nationalité
1 Reinhold Messner 1970-1986   Italien
2 Jerzy Kukuczka 1979-1987   Polonais
3 Erhard Loretan 1982-1995   Suisse
4 Carlos Carsolio 1985-1996   Mexicain
5 Krzystof Wielicki 1980-1996   Polonais
6 Juanito Oiarzabal 1985-1999   Espagnol
7 Sergio Martini 1983-2000   Italien
8 Park Young-seok 1993-2001   Coréen
9 Um Hong-gil (en) 1988-2001   Coréen
10 Alberto Iñurrategi 1991-2002   Espagnol
11 Han Wang-yong (en) 1994-2003   Coréen
12 Edmund Viesturs 1989-2005   Américain
13 Silvio Mondinelli (en) 1993-2007   Italien
14 Iván Vallejo 1997-2008   Équatorien
15 Denis Urubko 2000-2009   Kazakh
16 Ralf Dujmovits (en) 1990-2009   Allemand
17 Veikka Gustafsson 1993-2009   Finlandais
18 Andrew Lock 1993-2009   Australien
19 João Garcia 1993-2010   Portugais
20 Piotr Pustelnik 1990-2010   Polonais
21 Abele Blanc 1992-2011   Italien
22 Mingma Sherpa 2000-2011   Népalais
23 Vassili Pivtsov 2001-2011   Kazakh
24 Maxut Zhumayev (en) 2001-2011   Kazakh
25 Kim Jae-soo 1990-2011   Sud-coréen
26 Mario Panzeri 1988-2012   Italien
27 Hirotaka Takeuchi 1995-2012   Japonais
28 Chhang Dawa Sherpa[N 2] 2001-2013   Népalais
29 Kim Chang-ho 2005-2013   Sud-coréen
30 Jorge Egocheaga 2002-2014   Espagnol
31 Radek Jaroš (en) 1998-2014   Tchèque
32 Romano Benet 1998-2017   Italien
  Slovène
33 Peter Hámor 1998-2017   Slovaque
34 Azim Gheychisaz 2008-2017   Iranienne
35 Ferran Latorre 1999-2017   Espagnol
36 Òscar Cadiach (en) 1984-2017   Espagnol
37 Kim Mi-gon 2000-2018   Sud-coréen
38 Sanu Sherpa 2006-2019   Népalais
39 Nirmal Purja 2014-2019   Népalais
40 Mingma Gyabu Sherpa 2010-2019   Népalais
41 Kim Hong-bin 2006-2021   Sud-coréen
42 Nima Gyalzen Sherpa 2004-2022   Népalais
43 Dong Hong Juan 2015-2023   Chinois
44 Tunç Fındık 2001-2023   Turque
45 Tenjen Lama Sherpa 2016-2023   Népalais
Femmes Période :
1er-14e sommet
Nationalité
1 Edurne Pasaban 2001-2010   Espagnole
2 Gerlinde Kaltenbrunner 1998-2011   Autrichienne
3 Nives Meroi 1998-2017   Italienne
4 Kristin Harila 2021-2023   Norvégienne
5 Sophie Lavaud 2012-2023   Française
  Suisse
  Canadienne

Contestés modifier

Nom Période Naissance Âge Nationalité
Fausto De Stefani (it) (Lhotse 1997)[33]
(Son partenaire Sergio Martini a gravi le Lhotse en 2000, Fausto De Stefani est resté derrière.)
1983–1998 1952 46   Italien
Alan Hinkes (Cho Oyu 1990)[34],[35]
(Alan Hinkes est arrivé au sommet traditionnel mais pas au sommet technique du Cho Oyu en avril 1990.)
1987–2005 1954 53   Britannique
Vladislav Terzyul (Shishapangma Ouest 2000, Broad Peak 1995[36],[37])[38],[39]
(Il n'est pas arrivé au sommet du Shishapangma.)
1993–2004 1953 49   Ukraine
Oh Eun-sun (Kangchenjunga 2009)[40],[41],[42]
(Plusieurs sommets sont contestés.)[41]
1997–2010 1966 44   Corée du Sud
Carlos Pauner (Shishapangma 2012)[43]
(Pauner n'a pas atteint le sommet du Shishapangma en 2012.)[44]
2001–2013 1963 50   Espagne

Accidents mortels modifier

Encore aujourd'hui, l'ascension d'un sommet de plus de huit mille mètres reste donc une entreprise risquée, même pour des alpinistes de très haut niveau. L'accès à la zone de la mort reste toujours dangereux.

Certains de ces 14 sommets sont bien plus mortels que d'autres et environ un quart des victimes sont des sherpas[45]. Certains sommets connaissent ainsi des taux de mortalité élevés lorsque l'on estime ces derniers en rapportant le nombre de décès au nombre de tentatives réussies[46]. L'Everest regroupe un quart des morts, mais le taux de mortalité est faible comparativement à sa fréquentation, même si les grimpeurs peuvent « croiser » jusqu'à 150 cadavres reposant sur les pentes de cette montagne, sur les différents itinéraires. Proportionnellement, l'Annapurna est le plus dangereux[45] : en juillet 2008, on y totalisait 153 ascensions réussies pour 64 décès sur ses pentes (soit un rapport décès/ascension de près de 32 %). Viennent ensuite, selon le même calcul, le K2 (23 %) puis le Nanga Parbat dit la « montagne tueuse » (22 %). L'Everest s'avère en comparaison un sommet bien moins dangereux : le taux de décès rapporté aux ascensions victorieuses est de 5,70 %. Sommet avec deux camps de base très organisés (des agences spécialisées y sont établies), des voies fréquentées et moins engagées que le K2 ou le Nanga Parbat déjà cités, l'encadrement y est supérieur aux autres sommets.

De nombreux alpinistes expérimentés sont décédés lors de l’ascension ou la descente d'un « 8 000 ». Ainsi, en 1989, deux ans seulement après avoir gravi les quatorze 8 000, Jerzy Kukuczka perd la vie dans une nouvelle tentative d'ascension du Lhotse. En 1995, Benoît Chamoux disparaît lors de l'ascension de son onzième 8 000 mètres. En 2000, l'alpiniste basque espagnol Félix Iñurrategi disparaît lors de la descente du Gasherbrum II (son douzième 8 000). En 2006, l'alpiniste Jean-Christophe Lafaille perd la vie dans les pentes du Makalu, après onze 8 000 mètres gravis, sans oxygène et la plupart du temps en solitaire ou en ouvrant de nouveaux itinéraires. En juillet 2009, la Sud-coréenne Go Mi Sun meurt lors de la descente du Nanga Parbat, son onzième « 8 000 »[47]. Tomasz Mackiewicz est porté disparu dans la descente du Nanga Parbat alors qu'il a réussi à atteindre le sommet en style alpin avec Élisabeth Revol, après sa septième tentative.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. a b c d et e Le territoire englobant ces sommets (Cachemire) est aussi revendiqué par l'Inde.
  2. En avril 2013, Chhang Dawa Sherpa devient le 28e alpiniste masculin à réussir cet exploit. Avec son frère Mingma Sherpa (le 22e), il constitue l'unique fratrie ayant réussi les 14 sommets de plus de 8 000 m.

Références modifier

  1. a b c d e et f Charlie Buffet, « À l'assaut des cimes », Le 1, no 260,‎ (ISSN 2272-9690)
  2. a b c et d Sophie Gherardi, « Le rêve et la réalité », Le 1, no 260,‎ (ISSN 2272-9690)
  3. « 1953 : La victoire anglaise historique », sur alpinisme.com (consulté le ).
  4. a et b [PDF] Christine Kopp, « Cinquantenaire des premières au K2 et au Cho Oyu », sur alpen.sac-cas.ch (consulté le ).
  5. (en) « Kangchenjunga History », sur k2news.com (consulté le ).
  6. « Everest/Lhotse 1956 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur alpineresearch.ch (consulté le ) : « Six heures après le départ du campement VIa, les deux alpinistes profitaient du soleil que leur offrait le sommet sauvage du Lhotse. ».
  7. « 50ème anniversaire de la première ascension du Mont Makalu, par une équipe française (15 mai 2005) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur ambafrance-np.org (consulté le ).
  8. « Dhaulagiri (8167 m) », sur expe.com (consulté le ).
  9. (en) « Manaslu Facts and History », sur k2news.com (consulté le ).
  10. (en) « Nanga Parbat Overview », sur summitpost.org (consulté le ).
  11. « Demain, 3 juin, 60e anniversaire de l'ascension de l'Annapurna »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur kairn.com, (consulté le ).
  12. (en) « Gasherbrum I Overview », sur summitpost.org (consulté le ).
  13. [PDF] Christine Kopp, « Ascension du Broad Peak en 1957 », sur alpen.sac-cas.ch (consulté le ).
  14. (en) « Gasherbrum II: Some background and History », sur everestnews.com (consulté le ).
  15. (en) « Shisha Pangma Overview », sur summitpost.org (consulté le ).
  16. Mount Everest-South Summit, China/Nepal, peakbagger.com
  17. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Subpeaks, 8000ers.com
  18. Messner 1993
  19. Adam Bielecki (trad. du polonais par Agnieszka Warszawska), Le gel ne me fermera pas les yeux, Chamonix/Paris, éditions Paulsen, , 301 p. (ISBN 978-2-35221-288-1), p. 57
  20. « Liste d'alpinistes ayant réussi l'ascension des quatorze "8 000" », sur 8000ers.com, (consulté le ).
  21. « 8000ers.com, Statistics, News and Stories about the 14 highest mountains of the world », sur 8000ers.com (consulté le ).
  22. (en-US) John Branch, « Claiming the Summit Without Reaching the Top », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  23. « New 14 8K Table », sur 8000ers.com (consulté le ).
  24. Arnaud P, « Seuls 3 alpinistes auraient gravi les 14 sommets de 8.000 mètres ! », sur Altitude News, (consulté le ).
  25. « Eberhard Jurgalski : « toute l'histoire des 8000 doit être réécrite » », sur Montagnes Magazine, (consulté le ).
  26. (en) Angela Benavides, « Jurgalski Drops Bomb On Mountaineering History, But... », sur Explorersweb, (consulté le ).
  27. Shisha Pangma: Edurne Pasaban summits - completes the 14x800ers
  28. Oh Eun-Sun summits Annapurna - becomes the first woman 14x8000er summiteer!
  29. (en) S.Korea rejects woman's world record climbing claim
  30. Miss Hawley : Je ne prends pas position
  31. (en) « Gerlinde on Top of K2! », sur 8000ers.com/cms/ (consulté le ).
  32. « Kristin Harila gravit les 14 sommets de 8000 mètres en un temps record », sur larando.org, .
  33. Elizabeth Hawley, « Seasonal Stories for the Nepalese Himalaya 1985-2014 », The Himalayan Database,  : « But a South Korean climber, who followed in their footprints on the crusted snow three days later [in 1997] in clearer weather, did not consider that they actually gained the top. While [Sergio] Martini and [Fausto] De Stefani indicated they were perhaps only a few meters below it, Park Young-Seok claimed that their footprints stopped well before the top, perhaps 30 meters below a small fore-summit and 150 vertical meters below the highest summit. Now in 2000 [Sergio] Martini was back again, and this time he definitely summited Lhotse. », p. 274.
  34. Official records AdventureStats.net, « Climbers that have summited 10 to 13 of the 14 Main-8000ers » (consulté le ).
  35. Elizabeth Hawley, « Seasonal Stories for the Nepalese Himalaya 1985-2014 », The Himalayan Database,  : « But his claim to have now climbed all 8000ers is open to question. In April 1990 he and others reached the summit plateau of Cho Oyu. It was misty so they could not see well; nine years later Hinkes said he had “wandered around for a while” in the summit area but could see very little and eventually descended to join the others, one of whom said they had not reached the top. », p. 347.
  36. « Vladislav Terz », sur russianclimb.com (consulté le ).
  37. « AdventureStats - by Explorersweb », sur adventurestats.com (consulté le ).
  38. Mountaineering World of Russia & CIS Russianclimb.com, « Vladislav Terzyul, List of ascents » (consulté le ).
  39. « Sad results on Makalu and Unanswered Questions: 1 missing climber and 1 passed away on Makalu », Everestnews2004.com (version du sur Internet Archive)
  40. « Everest K2 News ExplorersWeb - More dark clouds mounting on Anna summit push; Miss Oh's Kanchen summit "disputed" after renewed accusations », Explorersweb.com, (consulté le ).
  41. a et b « New doubts over Korean Oh Eun-Sun's climbing record, Hawley to investigate », BBC News,‎ (lire en ligne)
  42. What would appear to be the most serious blow to Miss Oh, on 26 August this year the Korean Alpine Federation, the nation's largest climbing association, concluded that Miss Oh had not reached the top of Kangchenjunga.« Seasonal Stories for the Nepalese Himalaya 1985-2014 », Elizabeth Hawley, , p. 394.
  43. « Desnivel; Carlos Pauner consigue la cima del Everest », Desnivel.com (consulté le ).
  44. « Carlos Pauner is not sure if they hit the top of the Shisha Pangma (8,027) »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), lainformacion.com, .
  45. a et b Sophie Gherardi, « Mal des montagnes », Le 1, no 260,‎ (ISSN 2272-9690)
  46. Lists of ascents, 8000ers.com
  47. La coréenne Go Mi Sun décède sur le Nanga Parbat.

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier