Société anonyme des Charbonnages de Patience et Beaujonc réunis

La Société anonyme des Charbonnages de Patience et Beaujonc réunis est une ancienne société d'exploitation de charbonnages de la région belge de Liège. Sa concession d'activité se situait sur le territoire au nord-ouest du centre de la ville, sur les anciennes communes de Liège, Glain (dorénavant Liège), Saint-Nicolas et Ans[1],[2].

Fronton de l'ancien siège administratif à Saint-Nicolas, détruit début 2013
L'ancien siège Fanny à Ans, site de l'arrivée de Liège-Bastogne-Liège jusqu'en 2018. On aperçoit également l'ancienne voie de chemin de fer N°32
Plan de la concession Patience et Beaujonc de 1841. On reconnait le croisement formé par les 2 axes principaux, la route de Bruxelles (actuelles rues Walthère Jamar puis de l' Yser) et Visé-Voie (actuelle rue Jean-Jaurès et des Français). Le nord se situe en haut à droite sur la carte
Cheminée de l'ancien puits du Bure aux Femmes en 2012, détruite en novembre 2014
Tombe du puits Mariette 2 sur le site Fanny à Ans

La concession se trouvait au nord et à l'est de celle des Charbonnages de l'Espérance et Bonne-Fortune, à l'ouest de celles des Charbonnages de Bonne-Fin et Bâneux, et au sud de celle de la Société anonyme des Charbonnages d'Ans et de Rocour.

Histoire modifier

La Société des Charbonnages de Patience et Beaujonc a été constituée par acte notarié le , sur base des sociétés plus anciennes Beaujonc (Glain, à l'ouest), Conquête et Patience (Ans bas, au sud-est) et enfin Loffeld (Ans haut, une quinzaine d'hectares, au nord-est). La concession fut reconnue 2 ans plus tard, et comprenait une nouvelle extension à l'ouest de Visé-Voie (les actuelles rue Jean Jaurès et rue des Français) qui fut essentiellement exploitée par le puits Fanny ouvert en 1894[3]. La concession totalisait 285 ha et 45 a.

La société Beaujonc trouve ses origines dans des exploitations par des comparchonniers datant du XVIe siècle. Les bures[4] de Tricnotte et Beaujonc étaient exploitées fin du XVIIIe siècle par la compagnie de Lambert Colson[réf. souhaitée]. Cette dernière fut notamment le lieu d'une catastrophe le , où Hubert Goffin s'illustra en sauvant des eaux quelque 70 mineurs, et fut le premier ouvrier à recevoir la Légion d'honneur (la région faisait alors partie du Premier Empire français). La société arrêta ses activités en 1817.

Conquête et Patience et Loffeld avaient les mêmes propriétaires (dont notamment les descendants de Jean Roland, créateur des Fontaines Roland[3]), et étaient depuis un certain temps gérées conjointement. Elles comprenaient au début du XIXe siècle les bures de Patience, Mamonster, Renard, Chayecotte dite delle fontaine et de Loffeld. Les propriétaires choisirent d'approfondir en particulier ce dernier en 1828, et qui reçut en 1836 une belle-fleur et une machine à vapeur pour actionner les pompes d'exhaure. Le puits fut cependant abandonné en 1847.

La société se transforma en société anonyme le .

La concession étant située sur le bassin versant de la Légia, la société fut longtemps en conflit avec les administrations des mines pour l'exhaure des galeries, et avec la ville de Liège pour la gestion des areines, les eaux de la concession alimentant notamment 3 des 4 areines franches de la ville, soit Val Saint-Lambert, de la Cité et de Messire Douffet[3].

Trois sites d'exploitations furent actifs au XXe siècle : Beaujonc (Ans, fermé en 1929), Fanny (Ans, fermé en 1942), et le Bure aux Femmes (Glain, fermé en 1969).

La société sera également à l'origine en 1909 de la création d'un dispensaire, avec les sociétés de charbonnage de l' Espérance et Bonne-Fortune et de Bonne-Fin et Bâneux [5], qui deviendra la Clinique de l'Espérance. En , son activité et celles des cliniques Saint-Joseph et Saint-Vincent, ont été transférées à la Clinique CHC MontLégia, nouvel hôpital construit sur le terrain de l'ancien charbonnage de Patience et Beaujonc[6].

De nos jours modifier

 
En noir l'ancienne voie de chemin de fer 32. Au nord, aux environs de l'endroit où elle coupe l'actuelle A602, la concession Patience et Beaujonc

Le site originel était encore récemment pour bonne partie en friche et inoccupé. Le nord-est urbanisé de la concession est désormais séparé par l'autoroute A602 et la voie de chemin de fer Liège-Bruxelles (site du plan incliné de la côte d'Ans). Le village de Ster, qui occupait le centre de la concession, a été largement exproprié pour permettre le remblai de l'autoroute.

Le siège Fanny se trouvait rue Jean Jaurès, pratiquement au niveau de l'arrivée de Liège-Bastogne-Liège jusqu'en 2018. Il est désormais occupé par des parkings et des surfaces commerciales, et l'assise de l'autoroute A602. Trois "tombes" des puits sont toujours visibles sur les parkings : celle de la fosse Fanny, entre l'entrée du site face à la sortie d'autoroute et un restaurant, et à quelques mètres de là, Mariette 1 et Mariette 2, dans le prolongement de l'entrée du site face à la sortie d'autoroute.

L'ancien site de la paire[7] du puits Beaujonc a longtemps été occupé par un terrain de sport (football, hockey, tir à l'arc) à l'extrémité de la rue Hubert Goffin.

Cette ancienne friche, cœur de la concession où se trouvaient les sièges Bure aux Femmes et Beaujonc, a été réhabilitée (2014-2020) avec un projet d’aménagement comprenant

  • la clinique CHC MontLégia (du nom du ruisseau Légia qui prend source dans les environs[8]) au centre du terrain, sur la partie la plus élevée
  • une zone d'activités économiques du côté de la rue Emile Vandervelde : le LegiaPark
  • du logement dans le fonds Hubert Goffin (écoquartier), près de la place des Marronniers et entre la zone d'activités économiques et la rue Emile Vandervelde
  • le tout desservi par de nouvelles voiries et un nouvel accès à partir de l’autoroute (construction d’un pont et d’une nouvelle sortie)[9]

Le site fut un temps également convoité par le club de football du Standard de Liège pour la construction d'un nouveau stade[10]. Dernier vestige des anciens sites d'extraction, la cheminée du Bure aux Femmes, qui a accueilli des antennes de relai pour téléphones portables, a été détruite le [11],[12]. De par la présence de populations de crapaud calamite sur le site, des aménagements écologiques complémentaires ont été réalisés[13]. Plusieurs voiries du nouveau complexe hospitalier ont reçu un nom rappelant le passé du site, dont boulevard de Patience et Beaujonc, rue de la Bure aux Femmes et chemin des Berlinnes[14].

L'ancienne voie de chemin de fer longeant le site à l'ouest a été transformée en voie cycliste et piétonne RAVeL. Celle-ci, ouverte en 1868, permettait de desservir directement des sites Fanny et Bure aux Femmes.

Le bâtiment de l'ancien siège social, en ruine, se trouvait à l'ouest de l'ancien chemin de fer au niveau de l'ancien site Bure aux Femmes, sur la commune de Saint-Nicolas. Il devait également être détruit, ce qui fut fait début 2013.

Une areine, se déchargeant dans un bassin d'orage situé entre l'assise de l'autoroute A 602 et le talus de la ligne de chemin de fer Liège-Bruxelles, peut encore être observée au niveau de ce talus ferroviaire.

La société anonyme elle-même subsista après la fin de l'exploitation charbonnière, pour se reconvertir dans le carton d'emballage sous l'enseigne Pabecar (Patience Beaujonc Cartons) avant d'être intégrée dans le groupe Catala en 1978[15]. L'unité de production Pabecar / Catala-Liège se trouvait toujours sur le site, au sud-est de la concession - 50° 38′ 46″ N, 5° 32′ 21″ E. Le bâtiment accueille désormais une mosquée.

Géolocalisation approximative des anciens sites d'exploitation [1],[3] modifier

Terrils [20],[21] modifier

Sources modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Carte générale des mines de houille, wallonie.be
  2. Carte générale des concessions minières octroyées ou maintenues sur le territoire de la Région wallonne depuis 1793
  3. a b c et d Institut archéologique liégeois - Histoire de nos charbonnages, la Conquête à Ans et Glain
  4. Bure, nom masculin, est un terme signifiant "fosse d'extraction de la houille". Il provient du wallon Beûre, nom féminin
  5. Projet de nouvel hôpital liégeois
  6. DH Les Sports+, « MontLegia: poursuite du transfert de patients ce lundi », sur DH Les Sports +, (consulté le )
  7. Le terme paire désigne la cour principale d'un siège d'extraction, avec diverses zones de stockage, et les bâtiments annexes comprenant les installations techniques, les vestiaires, etc.
  8. Des milliers de m3 de terre déplacés sur le chantier du futur nouvel hôpital liégeois du CHC, le MontLégia - La Meuse,
  9. « Situation de l’hôpital », sur CHC (consulté le )
  10. Standard et CHC convoitent le même site - lalibre.be,
  11. Liège: démolition de la cheminée de l'ancien charbonnage Patience et Beaujonc, RTBF, le
  12. « Spectaculaire: la cheminée de l’ancien charbonnage liégeois a été démolie », sur Communes, régions, Belgique, monde, sports – Toute l'actu 24h/24 sur Lavenir.net (consulté le )
  13. À Glain, des mares pour le crapaud calamite - Le Soir, le
  14. Liège: sept nouvelles voiries ont désormais un nom - Sud Presse, le
  15. Catala - historique
  16. Province et ville de Liège - Rapport Urbanistique et Environnemental - ZACC « Glain, ancien Charbonnage Patience et Beaujonc » - Volume 3 : Résumé Non Technique, mai 2011. - « Beaujonc situé dans le fonds Hubert Goffin ( actuel terrain de hockey ) »
  17. « Une dalle obture un puits de ce même charbonnage dans un jardin de la rue Léon Dolhen (ancien instituteur) (...) » - Ballade Hubert Goffin - Commune d'Ans
  18. "Relation des événemens mémorables arrivés dans l'exploitation de houille de Beaujonc près de Liège" - Charles E. Micoud D'Umons, 1812, page 9. - « (...) Mamonster, bure éloigné de 175 mètres environ de celui de Beaujonc ». Les cartes indiquent une direction du Nord-Ouest
  19. Histoire d'Hubert Goffin, p. 15, mai 2011. - « (...) la Bure Tricnotte se trouvant 140 mètres au Sud-Est du puits Beaujonc »
  20. Liste de terrils - environnement.wallonie.be
  21. Conversion de coordonnées en Belgique

Voir aussi modifier

Liens internes modifier

Liens externes modifier