Siwa (oasis)

oasis d'Égypte

Siwa (ou Sioua, Syouah, ou en berbère : ⵉⵙⵉⵡⴰⵏ Isiwan (Issiouane) ou Sali ; en arabe : واحة سيوة Waḥa Siwa, en copte : ⲥⲓⲟⲩⲁϩ Siouah) est une oasis de l'ouest de l'Égypte, proche de la frontière libyenne et à 560 km du Caire.

Siwa
(ar) سيوة
Siwa (oasis)
Administration
Pays Drapeau de l'Égypte Égypte
Gouvernorat Marsa-Matruh
Démographie
Population 42 740 hab. (2022)
Population de l'agglomération 42 740 hab.
Géographie
Coordonnées 29° 12′ nord, 25° 33′ est
Localisation
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Siwa
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Siwa
Carte des principales oasis d’Égypte (Siwa en haut à gauche).

Elle est la plus septentrionale des oasis égyptiennes, à 300 km des côtes méditerranéennes de Marsa Matruh. S’abreuvant sur les nappes souterraines, peuplée de près de 33 000 habitants[1], on la sait occupée depuis la haute Antiquité (sans être certain de la continuité de cette occupation). Aujourd'hui, la langue berbère y est parlée sous sa forme dialectale, le siwi (jlan en isiwan).

Dénominations et étymologie

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Siwa est à la fois le nom d’une région d’oasis et de la ville centrale (le suq) de cette petite région égyptienne située aux confins libyens, à 70 km de la frontière et de la dépression de Qattara.

« Siwa », « Sioua », « Syouah » ou « Siouah » sont des translittérations synonymes pour désigner cette oasis, également connue anciennement sous le nom d’« oasis d’Ammon » (ou Amon).

Siwa est le nom arabe de l'oasis appelée Sali en berbère[2]. Il est aussi appelé Isiwan en berbère moderne.

sḫt jꜣmw[3],[4]
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Le nom de l'oasis utilisé en Égypte antique était sḫt jꜣmw, qui signifie « champ d'arbres ». Le toponyme autochtone libyen pourrait avoir été conservé dans l'égyptien « t̠ꜣ(j) n d̠rw « tꜣj » en marge » où « t̠ꜣ » transcrivait le nom local paléo-berbère « *Se » ou « *Sa » [5]. Ce nom a survécu dans les travaux de géographes musulmans comme سنترية Santariyyah.

L'étymologie du mot سيوة Siwah n'est pas claire. Champollion le fait dériver du copte ⲥⲟⲟⲩϩ (soouh) – une corruption du mot égyptien pour oasis, ⲟⲩⲁϩ (ouoh)[6]. Une autre preuve de l'origine égyptienne du nom de Siwa est un autre nom de lieu dans l'oasis de Kharga qui pourrait partager la même étymologie – S.t-wȝḥ, actuelle Deir el-Hagar)[7]. Basset le rattache à un nom de tribu berbère swh attesté plus à l'ouest au début de la période islamique[8], quand Ilahiane[9], suivant Chafik, le relie au mot chleuh asiwan, un type d'oiseau de proie, et donc de Amon-Rê, dont l'un des symboles était le faucon[10]. Certains auteurs classiques se réfèrent au site en tant que « Ammonium».[11] .

On peut noter que la racine berbère WN donne dans certains dialectes du berbère du Nord le terme asawen qui signifie montée ou côte et dont le pluriel isiwanen peut signifier « ensemble de collines » en dialecte zayane[12].

Description

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Située dans une dépression rendue fertile par le jaillissement de quelques centaines de sources artésiennes et d’un travail humain continu, Siwa est en bordure directe du plateau du désert Libyque. De fait, le plateau de calcaire (souvent coquillier) et des inselbergs issus de son érosion le long des dunes de sable créent des reliefs que les Isiwan (habitants de Siwa en berbère) qualifient de montagne (adrar en berbère, et djebel en arabe).

Avec l'oasis voisine de Qara, il s’agit du point le plus oriental de peuplement berbérophone.

Deux grands lacs salés sont alimentés par l'eau de drainage d'origine agricole. Deux vieilles forteresses de terre construites sur des inselbergs : shālī Siwa et shālī Aghurmi sont aujourd'hui en ruines.

L'agriculture est l'activité principale de Siwa. C'est essentiellement une agriculture oasienne irriguée de jardinage en palmeraie : du maraîchage et une arboriculture principalement tournée vers la culture des dattes et des olives, lesquelles sont en partie valorisées en huile.

Histoire

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Aucun lien n'est attesté entre Siwa et le reste de l'Égypte antique avant la XXVIe dynastie. À cette époque, une nécropole y est construite.

C'est à proximité de Siwa qu'aurait disparu, dit la légende, vers l'armée de Cambyse II.

Depuis plus de 2 000 ans, le nom de l'oasis de Siwa est associé à celui d'Alexandre le Grand. En effet, c'est au temple d'Amon au cœur de cette oasis, qu'en 331 avant notre ère l'un des plus célèbres oracles de l'Antiquité méditerranéenne vient confirmer la nature divine d'Alexandre, déclaré fils du dieu Amon, le confortant dans son statut de pharaon[13]. Amon aurait un autre fils issue d'une génice qui s'appelle Gurzil et serait une divinité d'après les croyances des Laguatans et autres tribus Berberes peuplants la régions nommés Marmarides car peuplant la Marmarique étant l'ouest Egyptien ou Siwa se situe, Corippe nomme notamment un Chef des Laguatan nommé Ierna qu'il nomme "Marmaridum Rex" litérallement Roi des Marmarides disant aussi qu'il est le prêtre de Gurzil et le deuxième chef de la coalition rebelle de la grande guerre libyque juste après Antalas Chef des Frexes et des Berberes de Byzacène, son origine étant lié a la région de Siwa par Corippe, il mourra pourtant a la bataille de Sufetula (547) (Sbeitla, dans le gouvernorat de Kasserine, par le passé a l'époque Beylicale Caïdat des Fraichiches tribu souvent rattaché aux Frexes) en Tunisie central a l'époque dénommé Byzacène d'après Corippe en essayant de sauvé une idole de Gurzil fils d'Amon.

En 708, les arabo-musulmans se heurtent à la résistance de cette oasis berbère dont la population ne s'est d'ailleurs pas convertie à l'islam avant le XIIe siècle[réf. nécessaire].

La commercialisation des produits du palmier dattier par les caravanes de marchands (sur les routes transsahariennes) est très ancienne. Siwa a connu un isolement relatif : on y venait commercer sans vraiment y séjourner. Depuis, la route goudronnée établie en 1984, liant l’oasis à Marsa Matrouh (sur le littoral à 300 km), on note un début d’ouverture au tourisme égyptien et international. Ces dernières années, l'oasis a changé : les motos remplacent les ânes, le tourisme domestique se développe et de nombreux Égyptiens viennent désormais séjourner à Siwa (il n'y avait que des touristes étrangers auparavant), plusieurs Égyptiens se sont même installés là-bas et l'influence de la télévision (l'électricité n'a été établie qu'en 1987) a contribué à changer les mentalités[réf. nécessaire].

Tourisme

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Siwa obtient en 2023 le label Meilleurs villages touristiques de l'Organisation mondiale du tourisme[14].

Galerie

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Panoramique de l'oasis de Siwa depuis la montagne de Dakrur.
Climat de l'oasis de Siwa
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 4 6 9 12 15 19 21 21 18 16 11 6 12
Température moyenne (°C) 12 14 17 20,5 24,5 28 29,5 29 26,5 24 19 14 20,5
Température maximale moyenne (°C) 20 22 25 29 34 37 38 37 35 32 27 22 29
Précipitations (mm) 1 1 1 1 1 0 0 0 0 1 1 2 9


Transports

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Art et coutumes

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Notes et références

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  1. Au recensement de 2016 par le CAPMAS, l'institution de la statistique égyptienne. Voir: http://www.capmas.gov.eg/Pages/StaticPages.aspx?page_id=7188. Au recensement de 2006 par le CAPMAS, on avait 22 000 habitants.
  2. https://journals.openedition.org/ema/1960
  3. Henri Gauthier, Dictionnaire des Noms Géographiques Contenus dans les Textes Hiéroglyphiques Vol. 5, (lire en ligne), 49–50
  4. E. A. Wallis Budge, An Egyptian hieroglyphic dictionary : with an index of English words, king list and geological list with indexes, list of hieroglyphic characters, coptic and semitic alphabets, etc. Vol. II, (lire en ligne), 1035
  5. (en) Olaf Kaper, « Life on the Fringe: Living in the Southern Egyptian Deserts During the Roman and Early-Byzantine Periods », Proceedings of a Colloquium Held on the Occasion of the 25th Anniversary of the Netherlands Institute of Archaeology and Arabic Studies in Cairo,‎ , p. 160 (ISBN 9789057890154, lire en ligne).
  6. Jean-François Champollion, L'Égypte sous les pharaons, ou recherches sur la géographie, la religion, la langue, les écritures et l'histoire de l'Égypte avant l'invasion de Cambyse, Bure Frères, , p. 294
  7. « TM Places », sur www.trismegistos.org (consulté le )
  8. René Basset, Le dialecte de Syouah, Paris, Ernest Leroux, , p. 3
  9. Hsain Ilahiane, Historical dictionary of the Berbers (Imazighen), vol. 5, Lanham, MD, Scarecrow Press, Inc, coll. « Historical dictionaries of peoples and cultures », (ISBN 978-0-8108-5452-9), p. 111
  10. (en) Siwa sur l’Encyclopædia Britannica
  11. Howatson, M.C. Oxford companion to classical literature. 3rd ed. Oxford: Oxford UP, 2013, 626
  12. Mohand Akli Haddadou. Publisher, Haut Commissariat a l'Amazighite, 2006. ISBN, 9961789989, 9789961789988.
  13. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, EGYPTE 2018 Petit Futé, Petit Futé, (ISBN 979-10-331-8278-8, lire en ligne)
  14. « L'OMT désigne ses Best Tourism Villages 2023 », sur Organisation mondiale du tourisme, (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Charles Dalrymple Belgrave, Siwa, the oasis of Jupiter Ammon, John Lane The Bodley Head Ltd., Londres, 1923 (réimprimé par DARF Publishers dans les années 2000). Disponible en ligne sur Archive.org.
  • Frank Bliss, Artisanat et artisanat d’art dans les oasis du désert occidental égyptien, (de), Veröffentlichungen des Frobenius-Instituts, Cologne, 1998.
  • (de) Frank Bliss, Siwa - Die Oase des Sonnengottes. Leben in einer ägyptischen Oase vom Mittelalter bis in die Gegenwart, Politischer Arbeitskreis Schulen, Bonn 1998.
  • (en) Ahmed Fakhry, Siwa Oasis, American University in Cairo Press, Cairo, Egypt, 1990.
  • Alain Blottière, L'Oasis, éditions Payot, 2002 (Petite Bibliothèque Payot / Voyageurs).
  • Vincent Battesti, « De l’habitation aux pieds d’argile, Les vicissitudes des matériaux (et des techniques) de construction à Siwa (Égypte) », Journal des Africanistes, 2006, tome 76, fascicule 1, p. 165-185. (Lire en ligne pdf archives ouvertes; lire en ligne sur le site de la revue.)
  • Vincent Battesti, « De Siwa au Caire, la fabrique du patrimoine se nourrit du désir des autres », Égypte/Monde arabe, 3e série (5-6), 2009, p. 69-101, doi: 10.4000/ema.2893. (Lire en ligne pdf archives ouvertes; lire en ligne sur le site de la revue.) en ligne:
  • Vincent Battesti, « Pourquoi j’irais voir d’en haut ce que je connais déjà d’en bas ? » Centralités et circulations : comprendre l’usage des espaces dans l’oasis de Siwa », Égypte/Monde Arabe, n° 3, 3e série, 1er semestre 2006, p. 139-179. (Lire en ligne pdf archives ouvertes; lire en ligne sur le site de la revue.)
  • Vincent Battesti, « L’agrobiodiversité du dattier (Phoenix dactylifera L.) dans l’oasis de Siwa (Égypte) : entre ce qui se dit, s’écrit et s’oublie ». Revue d'ethnoécologie, vol. 4, 2013, doi: 10.4000/ethnoecologie.1538. (Lire en ligne pdf archives ouvertes; lire en ligne sur le site de la revue.)

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Articles connexes

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  • Assassin's Creed Origins, jeu vidéo dont une partie de l'action se passe dans l'oasis de Siwa, d'où est originaire le héros Bayek.

Liens externes

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