Sites mégalithiques de Loir-et-Cher
Les sites mégalithiques de Loir-et-Cher n'ont fait l'objet d'un recensement exhaustif qu'à la fin du XIXe siècle. Ils sont concentrés dans le nord et le centre du département mais près de la moitié d'entre eux furent détruits au cours du XXe siècle. Le matériel archéologique découvert lors des fouilles est assez pauvre. Le folklore associé à ces constructions est peu original.
HistoriqueModifier
Les relations à propos des mégalithes du Loir-et-Cher sont assez récentes. Jusqu'au dernier quart du XIXe siècle, seule la Pierre Levée de La Chapelle-Vendômoise bénéficie d'une certaine notoriété. C'est l'un des trois mégalithes figurant sur la carte de Cassini avec la Pierre du Breuil à Sargé-sur-Braye et la Pierre Blanche de Pontlevoy. Dans son Histoire archéologique du Vendômois, publiée en 1899, Jules de Pétigny associe les monuments mégalithiques du département à des vestiges des autels druidiques où l'on pratiquait des sacrifices humains[1].
Avec la création, en 1862, de la Société archéologique du Vendômois et celle, en 1882, de la Société d'Histoire Naturelle du Loir-et-Cher, les prospections se développent. Gervais Launay entreprend un recensement systématique des monuments du Vendômois et publie en 1889 un Répertoire archéologique de l'Arrondissement de Vendôme, contenant des plans et dessins très fidèles, qui constituent parfois aujourd'hui l'unique témoignage d'édifices disparus. Launay poursuivra ses travaux jusqu'à la fin du XIXe siècle. En 1884, de Boisvillette publie ses Statistiques archéologiques d'Eure-et-Loir où il s'intéresse au département voisin du Loir-et-Cher et souligne la concentration mégalithique autour de Tripleville. En 1869, le marquis de Rochambeau publie une relation de sa fouille du dolmen de Vaugouffard. Jusqu'au début du XXe siècle, les fouilles préludent à la destruction du monument fouillé et elles sont menées le plus souvent par le propriétaire du terrain concerné sans préoccupation scientifique[1].
Entre 1860 et 1914, 108 nouveaux monuments sont recensés. En 1917, J. de Saint-Venant publie un Inventaire raisonné des polissoirs néolithiques de Loir-et-Cher. Entre 1907 et 1930, E. C. Fleurance publie plusieurs articles consacrés à l'archéologie du département. Bien que Fleurance commet l'erreur d'attribuer tous les monuments mégalithiques aux Gaulois et demeure imprécis sur certaines localisations, son ouvrage, l'Archéologie préhistorique, protohistorique et gallo-romaine en Loir-et-Cher publié en 1923, constitue le premier inventaire très complet en la matière[1].
Dans les années 1920, G. Barrier entreprend plusieurs fouilles méthodiques des monuments de la vallée de la Brisse : dolmen des Petits Marais de Pouline, menhir de Chanteloup, sépulture des Petits Marais de Pouline et de Pouline, dolmen des Tatonneries, dolmen de Cornevache[1].
Répartition géographiqueModifier
La répartition géographique des mégalithes dans le département est très contrastée. Le nord et le centre du territoire concentre les deux tiers des édifices connus. Les sites de Landes-le-Gaulois, Tripleville et Villerable constituent même de véritables nécropoles où les sépultures ont été édifiées dans un rayon de cent à trois cents mètres. Là où les calcaires de Beauce et les poudingues affleurent, l'érection des mégalithes fut facilitée (17 dolmens et 12 menhirs sont en poudingue[2]), les matériaux ayant pratiquement toujours été pris sur place[3]. A contrario, la Sologne ne dispose d'aucun monument mégalithique, cette absence s'expliquant sans doute par son caractère marécageux et boisé et un sous-sol n'offrant pas de matériaux propres à la construction[4].
La concentration des mégalithes autour des principaux cours d'eau doit être soulignée : vallées du Loir, de la Cisse, de l'Aigre et dans une moindre mesure du Cher. Topographiquement, les mégalithes s'étagent autant en fond de vallée, en rebord de vallon ou en haut de pente. Dans la vallée de la Cisse, les huit édifices mégalithiques sont tous situés à environ 110 m d'altitude. Sur les quarante-et-un monuments recensés à la fin du XXe siècle, la moitié comportait une source dans un rayon de 100 à 200 mètres[4].
TypologieModifier
DolmensModifier
Dans leur inventaire daté du début des années 1970, Jackie Despriée et Claude Leymarios recensent 11 sépultures sous dalle, 7 dolmens de type angevin A et B (à chambre carrée ou rectangulaire), 6 dolmens rectangulaires, 2 dolmens polygonaux, 1 probable dolmen en « P », 2 dolmens circulaires (dolmen de la Pie, dolmen de Bourges), 1 dolmen mixte (dolmen du Val d'Avril), 1 édifice atypique (dolmen de la Pommeraie) et 3 monuments incomplets[5]. Certains ont conservé leur tumulus, ils sont généralement de forme ovalaire et mesurent de 9 m à 11 m de long sur 6 m à 8 m de large, mais l'énorme tumulus du dolmen de la Periche aurait mesuré 34 m de diamètre et 4 m de hauteur[6]. Les entrées des dolmens sont orientées au nord-nord-est et au sud-sud-est, les six dolmens angevins à portique ouvrant quant à eux au plein est (azimut compris entre 80 et 90°), excepté le dolmen de la Pierre de Minuit qui ouvre plein ouest[6].
Aucun monument ne comporte de gravure, mais les matériaux employés (calcaire de Beauce, poudingue) ne s'y prêtent guère. La plupart des monuments ont été fouillés clandestinement de longue date et le mobilier archéologique conservé est rare, à l'exception de celui découvert lors des fouilles du dolmen des Marais de Pouline[7].
MenhirsModifier
Dans leur inventaire de 1970, Despriée et Leymarios ont recensé 43 menhirs certains (dont 18 étaient déjà disparus). Leur répartition géographique est plus régulière que celle des dolmens et comme pour les dolmens ils ont été indifféremment érigés en plaine fluviale, à flanc de vallée, en haut de pente ou sur des plateaux. Leur azimut s'étale entre 7° et 90°. Leur hauteur ne dépasse pas 2 m la plupart du temps, la Drue à Gargantua étant une exception. Les anciens auteurs ont signalé une dizaine de cromlechs mais seuls deux sites ne sont pas douteux (à Pouillé et à Thésée). On ne connaît aucun alignement mégalithique pour le département[8].
PolissoirsModifier
Environ 26 polissoirs fixes ont été recensés. Ils sont généralement concentrés sur un territoire restreint par groupe de 2 à 4. Douze d'entre-eux sont dispersés dans la vallée de la Brisse. Tous les polissoirs du département sont constitués avec des blocs de grès ou de poudingue[9]. Lorsque des fouilles ont été effectuées autour des polissoirs, elles ont démontré que les blocs supports étaient en position naturelle[10].
FolkloreModifier
Le folklore associé aux mégalithes du département est assez pauvre et particulièrement monotone. La rotation des pierres tournantes s'opèrent toujours à minuit, la nuit de Noël. Quelques mégalithes cachent des trésors, un seul dispense des guérisons (les Cinq Pierres à Suèvres). Ces constructions résultent surtout des facéties de Gargantua. Les monuments attribués aux fées et au Diable sont moins fréquents et cette association semble plus récente, souvent lié à un contexte de christianisation[11].
InventaireModifier
Dans leur inventaire daté du début des années 1970, Jackie Despriée et Claude Leymarios recensent 42 dolmens, 25 menhirs et 22 polissoirs fixes. En moins d'un siècle, près de 50% des dolmens et menhirs ont été détruits[12]. Leur concentration dans certaines zones de culture intensive (Petite Beauce notamment) ne facilite pas leur protection.
Notes et référencesModifier
- Despriée et Leymarios 1974, p. 20-25
- Despriée et Leymarios 1974, p. 207
- Despriée et Leymarios 1974, p. 210
- Despriée et Leymarios 1974, p. 178-181
- Despriée et Leymarios 1974, p. 184
- Despriée et Leymarios 1974, p. 185
- Despriée et Leymarios 1974, p. 186-189
- Despriée et Leymarios 1974, p. 192-199
- Despriée et Leymarios 1974, p. 215
- Despriée et Leymarios 1974, p. 199-201
- Despriée et Leymarios 1974, p. 216-219
- Despriée et Leymarios 1974, p. 219
- Despriée et Leymarios 1974, p. 27
- « Menhir d'Huchigny ou de la Grosse Pierre », notice no PA00098320, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Dolmen », notice no PA00098328, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Parcelle contenant des tumuli et deux menhirs », notice no PA00098330, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 37
- « Dolmen dit Les Grosses Pierres », notice no PA00098399, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 40
- Despriée et Leymarios 1974, p. 42
- « Dolmen dit La Pierre Levée », notice no PA00098407, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 46
- Despriée et Leymarios 1974, p. 46-47
- « Polissoir dit La Pierre Cochée », notice no PA00098431, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 51
- Despriée et Leymarios 1974, p. 52
- Despriée et Leymarios 1974, p. 53
- « Dolmen dit des Louettes, de Bellesort ou de Fontaine », notice no PA00098445, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 56
- Despriée et Leymarios 1974, p. 58
- Despriée et Leymarios 1974, p. 60
- « Dolmen », notice no PA00098450, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 61
- « Dolmen », notice no PA00098452, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Polissoir », notice no PA00098453, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Menhir », notice no PA00098451, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 65
- Despriée et Leymarios 1974, p. 65-67
- Despriée et Leymarios 1974, p. 64
- Despriée et Leymarios 1974, p. 68
- Despriée et Leymarios 1974, p. 70
- Despriée et Leymarios 1974, p. 76
- Despriée et Leymarios 1974, p. 81
- Despriée et Leymarios 1974, p. 82
- Despriée et Leymarios 1974, p. 86
- Despriée et Leymarios 1974, p. 89
- « Deux polissoirs de Mondétour », notice no PA00098527, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Dolmen sous tumulus des Tatonneries », notice no PA00098533, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Polissoir », notice no PA00098535, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 94
- « Menhir dit La Pierre-Frite de Grandmont », notice no PA00098538, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 96
- Despriée et Leymarios 1974, p. 95
- Despriée et Leymarios 1974, p. 98
- Despriée et Leymarios 1974, p. 99
- Despriée et Leymarios 1974, p. 100
- Despriée et Leymarios 1974, p. 109
- Despriée et Leymarios 1974, p. 113
- Despriée et Leymarios 1974, p. 118
- Despriée et Leymarios 1974, p. 117
- « Dolmen de Langault », notice no PA00098581, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 121
- Despriée et Leymarios 1974, p. 119
- Despriée et Leymarios 1974, p. 122
- Despriée et Leymarios 1974, p. 125
- Despriée et Leymarios 1974, p. 127
- Despriée et Leymarios 1974, p. 128
- « Dolmen de Cornevache », notice no PA00098602, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 132
- Despriée et Leymarios 1974, p. 133
- Despriée et Leymarios 1974, p. 134
- Despriée et Leymarios 1974, p. 135
- Despriée et Leymarios 1974, p. 137
- Despriée et Leymarios 1974, p. 138
- Despriée et Leymarios 1974, p. 139
- « Dolmen de la Mouïse-Martin », notice no PA00098623, base Mérimée, ministère français de la Culture
- « Dolmen de la Rousselière », notice no PA00098547, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 145
- « Dolmen dit polissoir du Val d'Avril », notice no PA00098626, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 147
- « Menhir de la Nivardière », notice no PA00098625, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 143
- « Dolmens de la Nivardière », notice no PA00098624, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Despriée et Leymarios 1974, p. 149
- Despriée et Leymarios 1974, p. 148
- Despriée et Leymarios 1974, p. 151
- Despriée et Leymarios 1974, p. 164
- Despriée et Leymarios 1974, p. 166
- Despriée et Leymarios 1974, p. 161
- Despriée et Leymarios 1974, p. 168
- J. Despriée, « Découverte d'un nouveau polissoir sur la commune de Villerable (Loir-et-Cher) », Revue archéologique du Centre de la France, , p. 66-72 (DOI https://doi.org/10.3406/racf.1970.1614, lire en ligne)
- Despriée et Leymarios 1974, p. 154
- Despriée et Leymarios 1974, p. 171
- Despriée et Leymarios 1974, p. 172
AnnexesModifier
BibliographieModifier
- Jackie Despriée et Claude Leymarios, Inventaire des mégalithes de France, 3-Loir-et-Cher, Paris, Éditions du CNRS, coll. « 1er supplément à Gallia Préhistoire », , 246 p. (ISBN 978-2-222-01569-7)
Liens externesModifier
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