Sinologie

étude de la langue et de la culture chinoise

Selon le Larousse en ligne, la sinologie est l'« étude de l'histoire, de la langue et de la civilisation chinoises »[1] et le sinologue est un « spécialiste de la langue et de la civilisation chinoises »[2].

Exemple des caractères chinois 漢學, hànxué, « étude des Hans » (sinologie) dans le style grand sceau, éléments graphiques à la base de la communication écrite chinoise han.

On peut considérer le « sinologue » et le « sinisant » comme synonymes. En effet, selon le Littré, le sinologue a pour principal domaine d'étude la langue et l'histoire de la Chine et le sinisant est le spécialiste de la langue et de la civilisation chinoise.

Histoire modifier

Certains estiment que son apparition remonte aussi loin que Marco Polo au XIIIe siècle. L'étude systématique de la Chine remonte au XVIe siècle, quand les missionnaires jésuites, notamment Matteo Ricci, Ferdinand Verbiest, Antoine Thomas et d'autres tentèrent d'introduire le christianisme en Chine. Ainsi, les premières études sinologiques traitent souvent des aspects de la compatibilité du christianisme avec la culture chinoise.

Le Siècle des Lumières est une période de grande curiosité intellectuelle alimentée par les explorations et découvertes de nouveaux mondes. Des récits et des lettres - entre autres celles qui furent rassemblées dans la grande collection des Lettres édifiantes et curieuses - circulaient et ouvraient l'Europe aux autres cultures. L'immense empire de la Chine fascinait tout particulièrement et des 'sinologues' (un grand mot pour le travail fait à l'époque!) commencèrent à populariser la philosophie, l'éthique, les concepts légaux et l'esthétique chinoise en Occident. Quoique souvent caricaturaux et incomplets, ces travaux ont contribué à un certain intérêt du public vis-a-vis des « chinoiseries », et alimenté des débats comparatifs. À cette époque, la Chine était souvent décrite comme un royaume éclairé.

Voltaire, grand lecteur des Lettres édifiantes..., a manifesté son intérêt pour le pays dans sa pièce, L'Orphelin de la Chine. Leibniz, l'inventeur du calcul différentiel, était très intéressé par la philosophie chinoise et notamment le Yi Jing, où il voyait une démonstration parfaite de la suite des nombres premiers. Il a également puisé dans le chinois l'idéal d'une langue universelle, de nature mathématique - idée immédiatement démentie par une analyse basique de la langue.

En France, Jean-Baptiste Du Halde qui lui-même n'avait jamais visité la Chine, publia en 1735 une Description de la Chine (4 volumes avec cartes) qui était largement fondée sur les lettres reçues de confrères jésuites. Ce livre fit autorité et fut rapidement traduit en quatre langues étrangères.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, d'autres missionnaires tels que James Legge (1815-1897) ont milité pour l'établissement de la sinologie comme discipline universitaire. En 1837, Samuel Kidd (1797-1843) devint le premier professeur de chinois en Angleterre. Les sinologues devinrent progressivement plus nombreux que les missionnaires, et la sinologie s'est établie comme une discipline consistante au XXe siècle. Elle peut avoir une influence politique, avec des sinologues agissant comme conseillers, tels John Fairbank aux États-Unis.

En 1795, l'école des Langues orientales Vivantes fut créée à Paris en 1796 par la Convention.

Jean-Pierre Abel-Rémusat (1788-1832), titulaire de la première chaire d’études chinoises en Occident au Collège de France en 1814, est considéré comme le fondateur de la sinologie ou étude scientifique de la Chine[3].

Durant la guerre froide, en France, Simon Leys a vivement critiqué les sinologues, dont l'engagement politique - à droite ou à gauche - oblitérait de façon grotesque la validité scientifique de leurs analyses. Il ridiculise ainsi ces spécialistes qui nous expliquent la Chine, notamment Alain Peyrefitte.

Au XXIe siècle, la sinologie est une discipline appelée à prendre de plus en plus de poids, étant donné l'importance économique et stratégique croissante du monde chinois.

Sinologues modifier

Allemagne modifier

Belgique modifier

Espagne modifier

  • Juan Cobo (1547-1593) - Auteur de la grammaire Arte de la lengua china (manuscrit, 1592 ou 1593).
  • Pedro Chirino (1557-1635) - Auteur du dictionnaire Dictionarium Sino Hispanicum (Manille, 1604).
  • Melchor Manzano de Haro (1579?-1630) - Auteur de la grammaire Arte de la lengua chiõ chiu (manuscrit, 1620?).
  • Francisco Díaz (1606-1646) - Auteur du dictionnaire Vocabulario de letra china con la explicación castellana (manuscrit, 1643).
  • Francisco Varo (1627-1687) - Auteur de la grammaire Arte de la lengua mandarina (manuscrit, entre 1677 et 1682 ; Canton, 1703).

États-Unis modifier

France modifier

Italie modifier

  • Michele Ruggieri (1543-1607) - Compilateur, avec Matteo Ricci, d'un dictionnaire portugais-chinois (manuscrit, entre 1583 et 1588).
  • Matteo Ricci (1552-1610) - Premier Européen à bien connaitre la langue et culture chinoise.[évaluation subjective qui nécessite une citation]
  • Martino Martini (1614-1661) - Auteur de la grammaire Grammatica Sinica (manuscrit, entre 1651 et 1653).
  • Basilio Brollo (1648-1704) - Auteur du dictionnaire latin-chinois Hànzì xīyì 漢字西譯 (manuscrit, entre 1694 et 1699) ; plagié par le sinologue français Chrétien-Louis-Joseph de Guignes (publié comme Dictionnaire Chinois-Latin-Français, Paris, 1813).

Japon modifier

  • Shiratori Kurakichi (1865-1942)
  • Naitō Konan (1866-1934)
  • Takakusu, Junjirō (1866-1945)
  • Kuwabara Jitsuzō 桑原隲藏 (1873-1931)
  • Ikeuchi Hiroshi (1878-1952)
  • Katō Shigeshi (1880-1989)
  • Haneda Tōru (1882-1955)
  • Ono, Genmyō (1883-1939)
  • Kanda Kiichirō (1897-1983)
  • Tsukamoto Zenryū (1898-1980)
  • Niida Noboru (1904-1966)
  • Mori Shikazō (1906-1980)
  • Yabuuchi Kiyoshi (1906-2000)
  • Mikami Tsugio (1907-1987)
  • Nishijima Sadao (1919-1999)
  • Ōbi Kōichi 小尾郊一
  • Suzuki Torao 鈴木虎雄

Royaume-Uni modifier

Russie modifier

Autres modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Définition de « sinologie », sur le site larousse.fr
  2. Définition de « sinologue », sur le site larousse.fr.
  3. Charles Le Blanc, Profession sinologue, Presses de l'Université de Montréal, 2007, 72 p.