Siège de Nesle

1472
Sac de Nesle
Description de cette image, également commentée ci-après
Le Massacre de Nesle d'Édouard Odier (XIXe siècle), New York, Metropolitan Museum of Art.
Informations générales
Date
Lieu Nesle (Picardie)
Issue Destruction de la ville et massacre de la population par les Bourguignons
Belligérants
Royaume de France État bourguignon
Commandants
Petit Picard
Robert VII d'Estouteville
Jean Salazar
Charles le Téméraire
Forces en présence
500 80 000
Pertes
? 3 000

conflit franco-bourguignon

Coordonnées 49° 45′ 29″ nord, 2° 54′ 36″ est

Le siège de Nesle, également appelé massacre de Nesle ou plus couramment sac de Nesle de 1472, est une opération militaire de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, contre la ville de Nesle en Picardie.

Contexte historique modifier

Le sac de Nesle et le massacre des Neslois intervint dans le contexte de la lutte franco-bourguignonne, entre Louis XI, roi de France, et Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Le , La France et la Bourgogne avaient signé le traité du Crotoy par lequel Louis XI s'engageait à rendre au Téméraire les villes d'Amiens et de Saint-Quentin[1].

Dans le même temps, Louis XI partit guerroyer en Guyenne et s'empara des terres de son frère le duc de Guyenne, allié du Téméraire qui venait de mourir. Sa position étant renforcée, Louis XI refusa d'appliquer le traité du Crotoy, poussant le bouillant duc de Bourgogne à passer à l'action.

En 1472, après avoir rompu la paix de Péronne, Charles le Téméraire accusa le roi de France Louis XI d’avoir empoisonné son frère Charles de France, duc de Guyenne, qui était l’un de ses plus farouches opposants.

Le duc de Bourgogne prit alors les armes pour se rendre en Normandie y retrouver son allié François II, duc de Bretagne.

La prise de Nesle par les Bourguignons modifier

Charles le Téméraire partant d’Arras, à la tête de 80 000 hommes, franchit la Somme à Bray qu'il ruina, le et entra dans le Santerre[1].

Le , les Bourguignons arrivèrent devant la place forte de Nesle, défendue par 500 archers commandés par un capitaine, connu sous le nom de Petit-Picard. Les assaillants lancèrent quelques charges, mais les défenseurs les repoussèrent. Un héraut de Bourgogne fut alors chargé de sommer les défenseurs d'ouvrir les portes de la ville. Les défenseurs, ne voulant rien entendre, le tuèrent.

Cependant la garnison n'était pas en mesure de défendre seule la ville contre l’armée du duc de Bourgogne, et les habitants ne voulaient pas courir le risque d'un assaut. Dès le lendemain, Petit-Picard et la dame de Nesle demandèrent à parlementer avec Antoine, bâtard de Bourgogne, qui commandait les assiégeants.

On accorda la vie sauve aux francs-archers qui, selon les conditions, commençaient à déposer leurs armes. Cependant, les ordres donnés ne furent pas respectés : d'un côté, les habitants ouvraient les portes, pendant que d’autres, avec quelques archers ne voulant pas se rendre, tuèrent encore deux Bourguignons. Toute capitulation fut alors rompue[1].

Le massacre modifier

Antoine de Bourgogne fit mettre en sûreté Madame de Nesle ainsi que ses serviteurs, puis les assiégeants se précipitèrent dans la ville ou ils commencèrent un effroyable carnage.

Le duc de Bourgogne arriva, et tout n'en devint que plus cruel[2] :

  • Le capitaine neslois Petit-Picard fut pendu à une potence ;
  • Les francs-archers eurent soit le poing coupé, soit un œil crevé, soit furent noyés[2] ;
  • Les habitants, hommes, femmes et enfants, furent massacrés ;
  • Le feu fut mis aux maisons ;
  • La collégiale Notre-Dame-de-l'Assomption était remplie de malheureux qui y cherchaient asile contre la fureur de la soldatesque. Les Bourguignons égorgèrent tous ceux qui s'y étaient réfugiés.

Lorsque le duc entra à cheval dans l'église, et qu'il la vit couverte de cadavres qui gisaient dans un demi-pied de sang, il fit le signe de la croix, et, selon des chroniqueurs français, aurait dit :

  • « Voilà une belle vue ! J'ai de bons bouchers »[1]
  • ou « Saint Georges ! Veci belle boucherie, j'ai de bons bouchers »[2]

La ville de Nesle fut totalement détruite et démolie[2].

Conséquences modifier

Quand la nouvelle du sac de Nesle fut connue, les habitants de Roye décidèrent d'ouvrir leurs portes au duc de Bourgogne. Montdidier s'ouvrit également à lui. Charles le Téméraire put ainsi arriver sans encombre à Beauvais dont il fit le siège.

Nesle ne se releva pas d'une telle mise-à-sac et ne retrouva jamais l'importance qu'elle avait à la fin du Moyen Âge.

Lieu de mémoire modifier

  • À Nesle, une des rues de la ville est nommée « rue du Sac ».

Pour approfondir modifier

Bibliographie modifier

  • Abel Hugo, Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, , Paris, H. I. Delloye, 1841.
  • J.C.L. Simonde de Sismondi, Histoire des Français, Bruxelles, Société typographique belge, 1837.
  • Prosper de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 1364-1477, page 386 et suivantes.
  • Philippe Le Bas : France - Dictionnaire encyclopédique. page 145

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  • Les ouvrages cités en bibliographie :
  1. a b c et d A. Hugo, Histoire générale de France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, , Paris, H. I. Delloye, 1841.
  2. a b c et d Philippe Le Bas : France - Dictionnaire encyclopédique. page 145