Siège d'Avignon

1226
Siège d'Avignon
Description de cette image, également commentée ci-après
À gauche, siège d'Avignon, au milieu mort du roi Louis VIII (Miniature de Jean FouquetXVe siècle).
Informations générales
Date 10 juin au 12 septembre 1226
Lieu Avignon
Casus belli fidélité des Avignonnais au comte de Toulouse
Issue Victoire française
Belligérants
Royaume de France Marquisat de Provence
Commandants

Louis VIII

Les consuls Guillaume Raymond et Raymond Riali, le troubadour Bertrand d'Avignon

Croisade des albigeois
(Interventions royales)
 

Batailles

Chronologie de la croisade des albigeois

Croisade des barons (1209)
Guerre du Languedoc (1209-1213)
Révolte du Languedoc (1216-1223)
Intervention royale (1226-1229)
Coordonnées 43° 57′ 00″ nord, 4° 49′ 01″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Siège d'Avignon
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
(Voir situation sur carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Siège d'Avignon

Le siège d'Avignon est la première opération de la croisade de Louis VIII en Albigeois.

Les circonstances modifier

 
Conquête d'Avignon par Louis VIII, enluminure du manuscrit MS M.536 fol. 228r de la BNF.

La mort de Simon de Montfort au siège de Toulouse en 1218 avait porté un rude coup aux croisés. Les anciennes possessions du comte de Toulouse s’étaient révoltées, les places fortes et les villes avaient été peu à peu reconquises par les barons méridionaux. Le seul arrêt dans cette reconquête avait été l’intervention du prince Louis de France, qui avait pris Marmande et échoué à prendre Toulouse. Puis il était reparti dans le Nord, laissant Amaury de Montfort, le fils de Simon, à la tête d’effectifs insuffisants.

En janvier 1224, où il ne lui reste plus que Carcassonne, Amaury conclut une trêve avec Raymond VII et part en février vers l’Île-de-France. Au cours d’une entrevue avec le roi Louis VIII, Amaury cède tous ses droits sur le Languedoc. Louis décide alors d’intervenir en Occitanie, avec la bénédiction du pape Honorius III qui déclare la croisade, ce qui permet d’accorder une aide importante, politique et financière, à l’expédition de conquête de la région.

Parallèlement le roi profite d'une situation favorable en Provence, alors enjeu de pouvoir entre le comte de Toulouse et le jeune Raimond Berenger, comte de Provence, soutenu par l'Église et soutien de l'action royale[1].

Le roi prend la croix le et ordonne le rassemblement de son ost à Bourges le . L’armée arrive à Lyon le et se présente devant Avignon le 6 juin.

Le siège modifier

 
Détail de la miniature de Fouquet montrant l'assaut des remparts d'Avignon.

Lorsque Gautier II d'Avesnes, comte de Blois, qui dirige l’avant-garde, arrive devant la ville, il trouve un pont en bois qui permet à l’armée de traverser le Rhône en dehors de la ville et les portes de celle-ci closes. L’issue du siège de Marmande est encore dans les esprits et les Avignonnais craignent les exactions des soldats. Avignon passait pour imprenable et ses habitants pensaient que les croisés seraient pressés de rejoindre l'Occitanie.

Le , le roi Louis VIII arrive à son tour et décide de mettre le siège devant la ville. Avignon est une ville impériale, même si elle appartient à Raymond VII de Toulouse et le roi pouvait craindre une intervention de l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, aussi il lui fit savoir que le siège n’avait pour but que le châtiment des hérétiques vivant dans la ville[2].

Sous la conduite des consuls de la ville Guillaume Raymond et Raymond Riali, et encouragés par les sirventes du troubadour Bertrand d'Avignon[3], les Avignonnais montrèrent autant de vaillance à repousser les assauts que les Toulousains en 1218. Raymond VII ne disposait pas de troupes suffisantes pour attaquer les croisés à revers, mais il parvenait à harceler les convois de ravitaillement en vivres et en fourrage. Le camp des croisés est rapidement frappé par la dysenterie, et de nombreux soldats décèdent. Certains grands seigneurs, peu enclins à aider le roi à déposséder l’un des leurs, se plaignaient de la longueur et de l’inutilité du siège. Début août, le comte Thibaud IV de Champagne invoqua la fin de l'ost[4] pour quitter le siège, malgré l’ordre du roi de rester.

Craignant le départ d’autres féodaux, le roi ordonne un nouvel assaut le , qui est repoussé comme les autres. Sur la demande des religieux, le siège est prolongé et le blocus de la ville renforcé. Il porte enfin ses fruits car les vivres commencent à manquer et les consuls commencent à négocier la reddition de la ville. Le , Louis VIII peut enfin entrer dans la ville. Mais ce succès tient à peu de chose. En effet une crue avec de fortes inondations se produit dès le [5] soit huit jours après la reddition de la ville. À quelques jours près les assaillants auraient été noyés et la cité sauvée.

Il est dit que ce fut le que Louis VIII, roi de France fonda la « Confrérie des Pénitents Gris » d'Avignon. Le roi se serait rendu sur les bords de la Sorgue, en procession expiatoire, pieds nus et vêtu d'un sac, pour s'agenouiller à la chapelle Saint-Croix[6]. Cette hagiographie est contestée. Il est plus certain, que le roi de France ait convoqué Pierre III, l'évêque d'Avignon, avec ordre de lui porter le Saint-Sacrement. Les fidèles, qui le suivaient, pieds nus et recouverts d'un sac en signe d'expiation, se seraient dès lors constitués en une confrérie dénommée « Disciples des Battus de la Croix ». Ils furent plus connus sous le nom de « Pénitents Gris »[6].

Conséquence modifier

Avignon, conformément aux conditions de reddition doit abattre ses fortifications, céder au roi la ville de Beaucaire et payer 6 000 marcs d’argent au roi et 1 000 marcs à l’église. Louis VIII fait également construire Villeneuve-lès-Avignon où il installe une garnison.

Après avoir été retardé de trois mois pendant le siège, l’armée royale reprend la route et le roi reçoit la soumission sans combat de nombreuses villes et de plusieurs alliés du comte de Toulouse comme Bernard V, comte de Comminges. Remettant le siège de Toulouse à l’année suivante, il repart vers le nord au mois d’octobre, mais il tombe malade et meurt à Montpensier le .

Notes et références modifier

  1. Édouard Baratier (sous la direction de) - Histoire de la Provence, page 155.
  2. Le prétexte est très subjectif, car la ville a toujours été majoritairement catholique. Ce qui lui est reproché est sa fidélité à Raymond VII.
  3. Jean-Paul Clébert, Guide de la Provence mystérieuse, Éd. Tchou, Paris, 1965, p. 85.
  4. Service armé du par un vassal à son suzerain ; en principe quarante jours.
  5. Émile FassinBulletin archéologique d’Arles, 1890 no 9, pages 135-138.
  6. a et b Jean-Paul Clébert, op. cit., p. 85.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Georges Bordonove, La Tragédie cathare, Paris, Pygmalion – Gérard Watelet, coll. « Les Grandes Heures de l’Histoire de France », , 462 p. (ISBN 2-85704-359-7), p. 364-369.
  • Léon Honoré Labande - Avignon au XIIIe siècle - Laffitte reprints - Marseille, 1975.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier