Château de Montfalcon

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Château de Montfalcon
Image illustrative de l’article Château de Montfalcon
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIIe siècle
Destination actuelle Ruiné
Coordonnées 45° 46′ 19″ nord, 5° 55′ 12″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Savoie Propre
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Savoie
Commune La Biolle
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Château de Montfalcon
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Château de Montfalcon

Le château de Montfalcon (en latin Mons Falconis) est un ancien château fort, du XIIIe siècle, centre de la seigneurie de Montfalcon, érigée en baronnie, et siège d'une châtellenie, dont les vestiges se dressent sur la commune de La Biolle dans le département de la Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Situation modifier

Les ruines du château de Montfalcon sont situées dans le département français de la Savoie sur la commune de La Biolle, sur un mamelon[2] isolé, à 542 mètres d'altitude, à 2,4 kilomètres au sud-ouest d'Albens[3]. Il se trouve au-dessus du hameau de Montfalcon[3]. La commune de La Biolle a conservé une « route de Montfalcon » qui mène au hameau, ainsi qu'une « route du château » partant du hameau.

L'accès se fait par le sud de l'édifice, depuis le hameau, par l'ancienne route qui reliait Albens à Saint-Germain-la-Chambotte[3]. Une autre route permettait de le relier La Biolle. Il domine ainsi au nord la vallée l'Albenche[3].

Son rôle était de surveiller, tout comme le château voisin de Longefan, les grandes routes de commerces entre Chambéry et Annecy et le col au débouché du lac du Bourget[3].

Histoire modifier

Un château savoyard modifier

Une première mention du site apparaît entre les XIe – XIIe siècle, tout comme neuf autres castra « genevois »[4]. Il s'agit de l'année 1084[4], avec les sires de Montfalcon[5], où un Gauthier et son épouse Bulgrade fondent le prieuré de Saint-Innocent[3].

Le premier document date de deux siècles plus tard, le , lorsque Bernard Farguil de Montfalcon vend tous ses biens à la comtesse de Provence, Béatrice de Savoie[3],[6]. Le testament du comte Pierre II de Savoie de mai 1268 mentionne le château, qu'il retire de l'héritage de sa fille, Béatrice[3],[7]. Il passe ensuite à ses nièces, Marguerite et Éléonore, filles de la comtesse de Provence, qui décident, le , de remettre le fief aux enfants de Thomas II de Piémont[3],[6].

En 1286, Louis de Savoie remet le château à son frère Amédée V de Savoie[6],[8]. En 1306, il passe dans le domaine de la maison de Genève[9]. Amédée II de Genève en rend hommage lige à Aymon de Quart, évêque de Genève[9]. Lors du conflit delphino-savoyard, le château est incendié en 1309, par Hugues de Genève[6],[10]. Amédée III de Genève en fait de même, en 1313, auprès de l'évêque Pierre de Faucigny[10].

Seigneurs et seigneurie de Montfalcon modifier

Le fief de Montfalcon s'étend sur Saint-Germain, La Biolle, Albens et Saint-Girod[3]. La seigneurie enveloppe plus précisément les communes de la Biolle, Albens, Saint-Girod, une partie de Saint-Germain (les hameaux de Montdurand, de Verlet, de Lassy et du chef-lieu) et une partie d'Aix (hameau de Saint-Simond ou Sigismond)[11]. Celle-ci semble en indivision.

La seigneurie est détenue conjointement par plusieurs familles dont la famille de La Balme et la famille de Montfalcon. Cette dernière est, en 1236, en possession d'une maison forte, centre de la seigneurie de Montfalcon, correspondant à la tour située au sud du château[10].

Le , le comte Amédée II de Genève fait hommage lige à l'évêque de Genève, Aymon de Quart, pour un ensemble de droits, dont le château[9].

En 1329, 1343 et 1346, Martin et Girard de Montfalcon, frères, en ont l'investiture[10]. Cette maison forte est encore mentionnée en 1414, puis en 1462[6]. En 1414, Philippe de Mouxy, fils de Rollet de Mouxy, reconnaît tenir « la maison haute jouxte le château »[6]. Elle aurait été achetée par Philippe de Giraud de Montfalcon, dont Rollet de Montfalcon sera investi en 1504[6]. En 1326, Pierre de la Ravoyre, châtelain de Pierre de Savoie, seigneur de Montfalcon, qui réside dans le donjon, approuve un acte par lequel Aymon de Montfalcon, damoiseau, vend, entre autres, à Pierre de la Balme, une construction fortifiée « illud bastimentum »[10]. Cette dernière devait s'élever probablement derrière la maison forte de Montfalcon[10]. En 1504, le baron de Montfalcon et son frère Antoine, désignent comme héritier Charles III de Savoie. Leur succédèrent les Mouxy. Ceux-ci possédaient, en 1392, une maison dans le château, tout comme les d'Orlier, possessionnés, en 1334 et 1447, d'une maison forte dans : « les closures du château et au molard de Montfalcon ».

Parallèlement, la famille de La Balme, en est investie à plusieurs reprises et notamment en 1497[6].

Quant au fief principal, il est donné en fief le 24 mai 1488[6] à Anthelme de Miolans, héritier de Jacques de Montmayeur, seigneur de Montfort et comte de Montmayeur, et de Gilberte de Polignac contre le château de Cusy. Ils le cèdent, en 1525, à Louis de Gallier, seigneur de Breyssieu, qui n'en prend possession qu'en 1536.

Ces coseigneuries, objet probables de nombreux procès, sont réunies, en 1524[6], dans les mains de Charles III de Savoie, unique héritier de François de Montfalcon.

Le 24 avril 1566[6], le fief est vendu par Emmanuel-Philibert de Savoie à Louis Oddinet, baron de Montfort, comte de Montreal, qui en rend hommage en 1566 et 1571. Le château, en 1583[6], passe, par héritage, à Georges de Mouxy et par mariage, en 1606[6], à Louis de Seyssel La Chambre, à la suite de son mariage avec Julienne-Gasparde de Mouxy. Il échoit, en 1655[6], à la famille d'Allinges, à la suite du mariage d'Enriette de Seyssel avec Jacques d'Allinges, marquis de Coudrée. Le marquis Joseph d'Allinges consigne le fief en 1753[6].

La tour maîtresse est, au XVIIIe siècle, possession de Guillaume-Joseph d'Oncieu, comte de Douvres. Cette famille avait postérieurement une maison forte à Montfalcon ; on relève son grand-père François au XVIIe siècle ainsi que son oncle Rd. Adrien (†1675).

Disparition du château modifier

Le château a probablement été détruit au cours de la guerre franco-savoyarde (1600-1601), par les troupes françaises[2].

À la fin du XIXe siècle, le château sert comme carrière à bâtir.

Description modifier

Le château de Montfalcon se présente sous la forme d'une enceinte polygonale irrégulière, de 400 mètres, qui épouse le sommet du mamelon[2]. Encore bien visible, notamment à l'est, elle est haute encore de plusieurs mètres, et enserre une cour haute ou s'élève au point culminant un donjon roman carré du XIIe siècle, tour des Montfalcon, et flanquant la chemise une tour-résidence rectangulaire du XIIIe siècle[12] ainsi que les débris d'une tour ronde. La première est le lieu de résidence du châtelain et la seconde le centre de la seigneurie de Montfalcon[10]. Une troisième tour, dite peut être « tour des prisonniers »[13], effondrée, devait être dévolue à une famille seigneuriale[14].

La tour-résidence, donjon logeable, carré, de 11,10 × 11,90 mètres de côté et haute encore de deux étages sur rez-de-chaussée, est probablement romane, de la fin du XIIe siècle, comme le laissent supposer ses assises construites en moyen appareil. Ses étages sont planchéiés, une tourelle, en saillie sur l'angle nord-ouest, devait permettre d'atteindre les niveaux supérieurs. La tour s'éclaire, au sud, par une fenêtre en plein cintre. On a réemployé, pour sa construction, des pierres antiques, ainsi que des inscriptions romaines, provenant du vicus proche d'Albens. On accédait à la haute cour entre cette tour et la chapelle castrale.

Le donjon, de 8 X 10 mètres de côté, dont on ne distingue aujourd'hui plus qu'un pan de rempart, devait être à l'origine le logis des seigneurs secondaires. Une tour ronde, peut être la tour de « La Couz » ou « La cour », effondrées aurait été le fief successif des familles Luyrieu (1363), de la Croix (1384-1505), Pradel d'Auturin (1543) et de La Forest (1641).

À proximité du château, on trouvait une chapelle dédiée à saint Antoine, dont il subsiste les fondations[13].

Les fouilles ont permis de trouver des « inscriptions romaines et des pierres antiques réemployées », originaires probablement d’Albens[14], où un bourg s'était développé durant l'antiquité[15].

Châtellenie de Montfalcon modifier

Le château de Montfalcon est le siège d'une châtellenie, dit aussi mandement (mandamentum), que l'on retrouve aussi sous la forme châtellenie de Montfalcon et de la ville neuve d'Albens (Villeneuve-d'Albens), qui appartient au bailliage de Savoie[16],[17]. Le donjon est le lieu de résidence du châtelain[10].

Villages, paroisses, fortifications de la châtellenie de Montfalcon[18]
Commune Nom Type Date (attestation)
Albens château d'Albens château (indice)
Albens château de Montfalcon chateau 1286 (attesté)

Dans le comté de Genève[19] ou le comté de Savoie (peu après 1300)[20], le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[21],[22]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[23].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Publication de l'association Kronos, Archéologie, Histoire et Témoignages de l’Albanais (lire en ligne)
  • Michèle Brocard, Lucien Lagier-Bruno, André Palluel-Guillard, Histoire des communes savoyardes : Aix-les-Bains et ses environs - Les Bauges - La Chartreuse - La Combe de Savoie - Montmélian (vol. 2), Roanne, Éditions Horvath, , 463 p. (ISBN 978-2-7171-0310-6), p. 71-77. ([PDF] lire en ligne)  
  • Louis Blondel, Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, vol. 7, Société d'histoire et d'archéologie de Genève (réimpr. 1978) (1re éd. 1956), 486 p.  . Le no 1 de la revue Kronos, Archéologie, Histoire et Témoignages de l’Albanais (1986) reprend le chapitre dans ses pages (lire en ligne)
  • Michèle Brocard (ill. Edmond Brocard), Les châteaux de Savoie, Yens-sur-Morges, Éditions Cabédita, coll. « Sites et Villages », , 328 p. (ISBN 978-2-88295-142-7 et 2-88295-142-6), p. 62-64.
  • [PDF] Nicolas Payraud, « Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe siècle à la fin du XVe siècle », HAL - Archives ouvertes, no tel-00998263,‎ (lire en ligne) extrait de sa Thèse de doctorat d'Histoire dirigée par Étienne Hubert, Université Lumière-Lyon-II (lire en ligne)  .

Fonds d'archives modifier

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. a b et c Histoire des communes savoyardes 1981, p. 73.
  3. a b c d e f g h i et j Blondel 1956, p. 138.
  4. a et b Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 290.
  5. Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en France, Strasbourg, Éditions Publitotal, , 28e éd. (1re éd. 1979), 1304 p. (ISBN 2-86535-070-3, OCLC 1078727877), p. 155.
  6. a b c d e f g h i j k l m n et o Michèle Brocard 1995, p. 62-64.
  7. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 251.
  8. Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 298.
  9. a b et c Paul Lullin et Charles Le Fort, Régeste genevois : Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés relatifs à l'histoire de la ville et du diocèse de Genève avant l'année 1312, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, , 542 p. (lire en ligne), p. 387.
  10. a b c d e f g et h Blondel 1956, p. 139.
  11. Jules de Mouxy de Loche, Histoire d'Aix-Les-Bains, vol. 1, p. 76.
  12. Jean Mesqui, Châteaux forts et fortification en France, Paris, Flammarion, 1997 (ISBN 2-08-012271-1).
  13. a et b Blondel 1956, p. 140.
  14. a et b Blondel 1956, p. 142.
  15. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 62.
  16. Histoire des communes savoyardes 1981, p. 71.
  17. Christian Abry, Jean Cuisenier (directeur de la publication), Roger Devos et Henri Raulin, Les sources régionales de la Savoie. Une approche ethnologique, alimentation, habitat, élevage, Paris, Fayard, coll. « Les Sources régionales », , 661 p. (ISBN 978-2-213-00787-8, ISSN 0244-5921), p.16, citant Baud, p. 173.
  18. Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  19. Pierre Duparc, Le comté de Genève, IXe – XVe siècle, t. XXXIX, Genève, Société d'histoire et d'archéologie de Genève, coll. « Mémoires et Documents » (réimpr. 1978) (1re éd. 1955), 616 p. (lire en ligne), p. 413 et suivantes.
  20. Léon Menabrea, Des origines féodales dans les Alpes occidentales, Imprimerie royale, , 596 p. (lire en ligne), p. 384.
  21. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  22. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  23. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  24. ADS1.
  25. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  26. Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3), p. 411.