Les Sedouikich[1] sont une subdivision de la confédération berbère des Ketamas. Elle habite les plaines du territoire ketama situé entre Béjaïa et Constantine en Algérie[2].

Factions

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Les Sedouikich comportent plusieurs ramifications : les Sîlîn, les Tarsoun, les Torghîan, les Moulît, les Casha, les Lemaï, les Gaïaza, les Beni Zâlan, les El Bouéira, les Beni Merouan, les Ouarmekcen, les Segdal et les Beni Eïad.

On retrouve dans les même contrées d'autres factions berbères : les Lemaïa et les Righa. Au XIVe siècle, les Sedouikich et ces factions forment un groupe puissant sous l'autorité d'une famille sedouikich : les Ouled Souac. Les tribus d'origine différentes qui demeurent sur leur territoire sont assujetties et paient l'impôt[2].

Mode de vie et réputation

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Les Sedouikich vivent sous la tente, ont le cheval pour monture et parcourent le pays. Ils ne veulent pas être reconnus comme Ketama en raison de la participation de cette confédération à l'épopée fatimide au Xe siècle, (connotée négativement à cause de son obédience chiite) puis de son hostilité aux gouvernements successeurs des Fatimides. Selon Ibn Khaldoun, ils se donnent parfois une origine arabe Banu Sulaym ce qui est une prétention nullement fondée, car ils sont bien d'origine berbère et ketama[2]. Les Sedouikich est une branche des Branès-Ketama qui vit sous la tente et élève des chameaux. On tient généralement les Ketama pour Kabyles, le Sedouikich est donc un exemple de Kabyle pasteur et scénite[3].

Histoire

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Au siècle d'Ibn Khaldoun

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Les généalogistes et historiens de la tribu Sedouikich rapportent que les Souac, leur famille principale, habitait autrefois la Kalâa des Beni Bou Khadra, châteaux situés dans la province de Constantine. Les Souac se partagent en deux branches : les Ouled Alaoua Ibn Souac et les Ouled Youçof Ibn Hammou Ibn Souac. Sous les Hafsides, ce sont les Ouled Alaoua qui commandent à l'ensemble des Sedouikich.

Ali fils de Alaoua gouverna, puis son fils Talha, ce dernier est remplacé par son frère Yahia. Mendil également frère de Talha et Yahia est écarté au profit de son neveu, fils de Talha : Tazîr. Après l'intronisation de Abou Yahia Abou Bakr comme sultan de Constantine en 1310 (année hégirienne 710), Tazîr quitte le service de ce dernier pour celui de Ibn el Khalouf, gouverneur de Bougie. Cette démarche amène à la destitution de Tazîr et à la nomination de son oncle Mendil à la tête de la confédération[2].

Les Ouled Alaoua sont ensuite remplacés par les Ouled Youçof qui montrent une certaine fidélité au sultan Abou Yahia Abou Bakr qui prend Béjaïa, châtie Ibn el Khalouf et fait exiler les Ouled Alaoua. Ces derniers arrivent dans le territoire des Eïad, un peuple formé d'un mélange de tribus hilaliennes et sous leur protection occupent la montagne qui domine la ville de Msila. Dès lors les Ouled Youçof ont continué à diriger la tribu Sedouikich et vont se diviser en quatre branches : les Beni Mohamed ibn Youçof, Beni Mehdi ibn Youçof, Beni Ibrahim ibn Youçof, et les Azizides (el Aziziin). Ces derniers descendent de six frères : Mendil, Djafer, Djeri (ou Djora), Cid el-Moulouk, El-Abbas et Issa, tous issus d'une même mère Tazizt, d'où le nom du clan Azizide[2].

Les Ouled Mohamed et Azizides habitent la province de Béjaïa, les Ouled Mehdi et Ouled Ibrahim celle de Constantine. L'une ou plusieurs des quatre familles commande aux Sedouikich.

Lors de la conquête de l'Ifriqiya par les Mérinides, Abou Einan, se plaint des Ouled Youçof partisan des Hafsides et confie le commandement à Mohenna, un Ouled Alaoua. Ce nouveau chef n'a pas encore affermi son autorité qu'il est tué par les Beni Youçof.

Certains Sedouikich obéissent aux Beni Sekin, une famille lieutenant des Souac. Leur territoire avoisine celui des Lawata du coté du Djebel Babor et recouvre la partie de la région de Béjaïa qui dépend de cette montagne. Leur chef est alors Moussa Ibn Thaber (ou Thaïr). Ibn Khaldoun fait la rencontre de Sakhr, son fils, partisan dévoué des Hafsides qui sera fait prisonnier par les Mérinides dans la région de Gabès. Le sultan mérinide Abou el Hacen lui fait couper mains et pieds et son fils Abdallah lui succède et s'illustre par son habileté et son dévouement au sultan de Béjaïa. Ce dernier meurt entre les années 780 (1378) et 790 de l'hégire selon Ibn Khaldoun[2].

Du XVIe au XIXe siècle

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Au début du XVIe siècle la situation politique en Algérie est morcelée notamment on note qu'il existe « [...] en Kabylie les principautés des Belkadis à Koukou, et des Beni-Abbas ; dans le Constantinois, entre Medjana et Constantine se placent les dépendances des tribus Sedouikech, tout à fait à l'Est, les dépendances des tribus Harrar [...] »[4]. La tribu Aït Abbas (en arabe : Beni Abbas) à l'origine de la formation du sultanat des Aït Abbas (1510-1872) est d'origine Sedouikich de la faction des Azizides[5].

 
L'Algérie au début du XVIe siècle et son morcellement, dont les «  dépendances des tribus Sedouikech »[6].

Les travaux de Ernest Carette sur le beylik de Constantine, mettent en évidence que les Sedouikich, dans les plaines à l'Ouest de Constantine, se fractionnent et s'arabisent pour se retrouver sous de nouveaux noms de tribus : Telaghma, Ouled Abd Nour ...[7] Les Ouled Abd Nour sont une tribu entre Sétif et Constantine ainsi composée de Berbères Sedouikich agrégés à des éléments de l'Aurès, du Dir (Tébessa) et du Belezma[8].

Au XIXe siècle, les travaux de Laurent Charles Féraud sur les tradition orales des Ouled Abd Nour, permettent de trouver le souvenir des Ketama. En effet dans cette tribu on parle de Zenata, de Sanhadja mais surtout de Ketama et on considère la faction des Ouled Khellouf comme descendante directe des Ketama[9]. Dans les temps antiques des Ketama la région fut dirigée par des princes païens : Mouch, Kebchich, Dahmich, Sedouikich, Becha, Bou-R'arda, Ganfaf, Kerbouch, Saada, Taman, Negach, Zahak et Bergoug, ancêtre des Ouled Mehenna ben Bergoug, une des plus importante des Ouled Khellouf. C'est dans la région de Ferdjioua à 40 km des Ouled Khellouf qu'à été retrouvée l'inscritpion latine « REX GENTIS VKVTAMANORVM », en latin : « Roi de la nation des Ukutamiens »[9].

Notes et références

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Références

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  1. Aussi orthographié : Sedouikech ou Sedouîkech
  2. a b c d e et f ʿAbd-ar-Raḥmān Ibn-Muḥammad Ibn-Ḫaldūn, Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale: collationné sur plusieurs manuscrits, Impr. du Gouvernement, (lire en ligne), p. 293-296
  3. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord: des origines à 1830, Payot, (ISBN 978-2-228-88789-2, lire en ligne), p. 355
  4. Mahieddine Djender, Introduction à l'histoire de l'Algérie, Entreprise nationale du livre, (lire en ligne), p. 194
  5. Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique du département de Constantine, L. Arnolet, (lire en ligne), p. 185
  6. Mahieddine Djender, Introduction à l'histoire de l'Algérie: systèmes historiques, conception générale de l'histoire nationale, S.N.E.D. [i.e. Société nationale algérienne d'édition et de diffusion, (lire en ligne)
  7. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique Septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'à la conquête française (1830) par Ernest Mercier, Ernest Leroux, (lire en ligne), p. 7
  8. Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie) depuis les temps les plus reculés jusqu'a la conquête français (1830), Ernest Leroux, (lire en ligne)
  9. a et b Laurent Charles Féraud, Notice historique sur la tribu des Oulad-Abden-Nour, Alessi et Arnolet, (lire en ligne), p. 27 - 30

Bibliographie

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Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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