Secours rouge (Belgique)

section belge du Secours rouge international

Le Secours Rouge de Belgique est la section belge du Secours Rouge International. Il se définit comme une organisation spécialisée dans le développement de la solidarité et de la résistance face à toutes les formes de « répression de classe », celles qui concernent les « prisonniers révolutionnaires » comme celles qui concernent la « répression pour faits de lutte des classes » (grèves, occupations, etc.) ou pour faits de « solidarité internationaliste » (solidarité avec les « sans-papiers », « solidarité avec les peuples en lutte »)[1].

Secours rouge
Histoire
Fondation
Cadre
Siège
Pays
Organisation
Organisation mère
Site web
« La solidarité notre arme » à Bruxelles

Créé en , le Secours Rouge en Belgique est concrètement un collectif d'extrême gauche de soutien aux prisonniers communistes et anarchistes basé à Saint-Gilles (Bruxelles)[2],[3]. Son action prétend également améliorer les « capacités de résistance » des forces militantes et syndicales face à la « répression »[1].

Le Secours Rouge de Belgique revendique l’héritage des deux précédents Secours Rouge actifs en Belgique :

  • En 1922 est fondée en Russie soviétique une “Association d’aide et de solidarité internationale aux combattants de la Révolution”. Celle-ci est à l’origine du Secours Rouge International qui comptera 71 sections nationales. Cette organisation mènera campagne pour Sacco et Vanzetti, pour les insurgés bulgares et asturiens, pour les antifascistes espagnols, allemands et italiens. La Section belge du SRI est créée en 1925 et son premier président est Charles Plisniers[4],[5]. Elle se fondra en 1941, sous l’occupation, dans “solidarité” une organisation qui unira le travail d’aide aux victimes de la répression de différents courants de la Résistance.
  • Dans les années 1970, en plein essor de l'extrême gauche en Belgique, dans le but de venir en aide aux militants arrêtés durant les manifestations et les grèves, un premier Secours Rouge était déjà apparu (en février-). Celui-ci était encadré par des trotskistes de la Jeune garde socialiste (organisation de jeunesse de la Ligue révolutionnaire des travailleurs, LRT, l'actuelle LCR) et des maoïstes de l'organisation Université Usine Union, de Tout le pouvoir aux travailleurs et du Parti communiste marxiste-léniniste de Belgique.

Histoire modifier

 
« Solidarité avec les révolutionnaires emprisonnés en Espagne »

Origine modifier

Le Secours Rouge trouve son origine dans « l’Association des Parents et Amis des Prisonniers Communistes » (APAPC) créée en 1985 pour soutenir les prisonniers des Cellules Communistes Combattantes. En 2000, les prisonniers défendus par cette association sont libérés, à l'exception de Pierre Carette qui sera libéré trois ans plus tard[6]. En décembre de la même année, dans le but de reconstruite un Secours Rouge International, l’Association des Familles et des Amis des Prisonniers Politiques (Espagne) rassemble à Lyon des délégués de France, Suisse, Italie et Belgique, dans ce cas un représentant l'APAPC[7]. À la suite de cette rencontre, l'APAPC de Belgique décide de se donner un caractère plus politique, d’adhérer au projet de Secours Rouge International, et se dissout dans une nouvelle organisation appelée « Secours Rouge de Belgique »[1].

L'affaire du 5 juin 2008 modifier

En 2007, la police italienne procède à des arrestations et perquisitions dans le cadre d’une enquête sur une organisation clandestine, le « Parti communiste politico-militaire » (PCPM)[8]. À cette occasion, la police italienne trouve les photos de quatre membres du Secours Rouge : Bertrand Sassoye, Wahoub Fayoumi, Constant Hormans et Abdallah Ibrahim Abdallah. Les policiers italiens communiquent alors cette information à leurs homologues belges qui décident de mener une enquête[9]. Le , une vaste opération de la police anti-terroriste mène à l'arrestation des quatre suspects et à des perquisitions[10]. Le Secours Rouge organise plusieurs manifestations pour faire libérer ses membres. Le , 200 personnes manifestent devant les prisons de Saint-Gilles et de Berkendael[11]. Des rassemblements ont aussi lieu, à l'appel du Secours Rouge International, à Paris, Toulouse, Zurich, Berlin et Istanbul[12]. Wahoub Fayoumi, Constant Hormans et Abdallah Ibrahim Abdallah sortent de prison le [13]. Bertrand Sassoye sera libéré le [14]. Le parquet renonce finalement à poursuivre activement les accusés et la prescription est constatée en devant la chambre des mises en accusation de la Cour d’appel de Bruxelles[15].

Prises de position et campagnes modifier

Le Secours Rouge et les prisonniers modifier

Le Secours Rouge entend soutenir toutes les personnes qu'elle considère comme des « prisonniers politiques révolutionnaires » à savoir les « prisonniers communistes, anarchistes, syndicalistes et antifascistes »[1]. Cependant, il accorde une importance particulière à certains d'entre eux. Le plus important est sans doute Georges Ibrahim Abdallah. Ce militant communiste, membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) fut arrêté le par la police française et condamné en à la perpétuité pour complicité d'assassinat[16]. Le Secours Rouge se mobilise depuis 2004 pour demander sa libération et mène régulièrement des actions dans cet objectif[17]. Le Secours Rouge apporte également un soutien aux prisonniers du groupe anarchiste grec « Lutte Révolutionnaire » dont il diffuse les textes[18],[19]. En , les deux secrétaires du Secours Rouge International, accompagné d'une délégation belge, sont notamment intervenus en faveur de Pola Roupa et Nikos Maziotis (deux inculpés appartenant à cette organisation) lors d'un de leur procès[20].

Le Secours Rouge et la guerre civile syrienne modifier

En , le PYD profite des désordres de la guerre civile en Syrie pour prendre le contrôle du « Kurdistan syrien », appelé le « Rojava ». Le PYD forme sa branche armée, les Unités de protection du peuple (YPG)[21]. Un « Bataillon International de Libération » est également formé pour accueillir des volontaires étrangers[22]. Le Secours Rouge de Belgique, comme tout le Secours Rouge International prend position en faveur du Rojava dans lequel il voit une expérience révolutionnaire au niveau de la libération des femmes, de la gestion des ressources et des droits des différentes minorités nationales[23],[24]. En 2015, il lance une campagne, avec d'autres organisations d'extrême gauche, visant à distribuer des pansements hémostatiques « Celox » aux combattants du bataillon international[25],[26]. Par la suite, le Secours Rouge déclinera sa campagne pour équiper en Celox les unités de femmes combattantes de la région de Shengal et les milices de jeunes de l'ensemble du Rojava[27].

Le Secours Rouge et l'extrême gauche belge modifier

Le Secours Rouge ne fait pas l'unanimité au sein de l'extrême-gauche. Ces positions sur la lutte armée sont parfois considérées comme une forme d'apologie du terrorisme et de mépris de classe[28]. D'autres militants, issus de la tendance marxiste-léniniste critiquent le Secours Rouge car ils l'estiment miné par une « ligne activiste, démocrate et anarchiste »[29]. Enfin, le Secours Rouge est critiqué par certains militants libertaires pour son héritage marxiste-léniniste qui rendrait impossible tout travail commun avec lui[30]. Le Secours Rouge est également en conflit avec certains journalistes engagés qui leur reprochent la manière, parfois violente, dont il les empêche de prendre des photos ou des vidéos durant ses manifestations[31]. Le Secours Rouge entretient cependant des relations amicales avec plusieurs organisations d'extrême gauche belge et immigrée, comme en témoigne sa participation à « l'Alliance du 1er Mai révolutionnaire »[32].

Notes et références modifier

  1. a b c et d « Présentation », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  2. « Bruxelles: Le Secours Rouge ouvre son local! », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  3. « Sacco-Vanzetti », sur saccovanzetti.secoursrouge.org (consulté le ).
  4. Secours rouge international
  5. « SECOURS ROUGE INTERNATIONAL », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  6. Cellules communistes combattantes
  7. « Exposition: Histoire du Secours Rouge », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  8. Parti communiste politico-militaire
  9. « Justice Le parquet fédéral exige le renvoi des militants du « Secours rouge » : Un nouveau procès pour terrorisme », sur Le Soir (consulté le ).
  10. « Chambre des mises Bruxelles - Examen de l'affaire "Secours Rouge" lundi par la chambre des mises en accusation », sur RTL Info (consulté le ).
  11. « Manifestation de soutien aux militants du Secours rouge », sur RTBF Info, (consulté le ).
  12. « Chronologie de l’affaire dite “du 5 juin” ou “des 4 du Secours Rouge” », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  13. Belga, « Wahoub Fayoumi libérée, Sassoye reste en prison », sur 7sur7, (consulté le ).
  14. « L'ex-CCC Sassoye libéré par le juge d'instruction », sur L'Echo, (consulté le ).
  15. « Le «retour des CCC» débouche dix ans plus tard sur un flop », sur Le Soir Plus, (consulté le ).
  16. Georges Ibrahim Abdallah
  17. « Placards à Bruxelles », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  18. Lutte révolutionnaire
  19. « Histoire et textes de l’organisation “Lutte Révolutionnaire” et de ses prisonniers », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  20. « Athènes : Intervention du Secours Rouge International au procès de Nikos Maziotis et Pola Roupa », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  21. Guerre civile syrienne
  22. Bataillon international de libération
  23. « Notre Rojava (thèses) - RHI-SRI », sur rhi-sri.org (consulté le ).
  24. « Le Rojava ou l’épreuve des faits Document de discussion du Secrétariat international du SRI - RHI-SRI », sur rhi-sri.org (consulté le ).
  25. « Campagne de Soutien au Bataillon International de Libération au Rojava », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  26. (en-GB) « Hemostats & Wound Dressings to Quickly Clot Blood | Celox », sur Celox Medical (consulté le ).
  27. Secours Rouge International, « Solidarité révolutionnaire avec les femmes combattantes au Kurdistan », sur Shengal.xyz (consulté le ).
  28. Parti Socialiste de Lutte, « Pourquoi nous nous retirons du front pour la manifestation du 7 mar », sur fr.socialisme.be, (consulté le ).
  29. Bloc Marxiste-Léniniste, « Luttons classe contre classe, contre la social-démocratie, contre le démocratisme petit-bourgeois, contre l’idéologie anti-parti. Pour l’unité idéologique. Vive le marxisme-léninisme », sur blocml.be, Clarté N°11, s.d. (consulté le ).
  30. « Au secours,... des rouges », Tout Doit Partir,‎ , p. 35 (lire en ligne)
  31. « Mensonges, agression et menaces policières, jusqu’où iront les “journalistes engagés” d’EODP pour fliquer nos luttes ? », sur secoursrouge.org (consulté le ).
  32. (en-US) « Participants – Alliance du 1er Mai Révolutionnaire »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier