Salau

établissement humain en France
Salau
Salau dans la haute vallée du Salat
Géographie
Pays
Coordonnées
Carte

Salau est un hameau français situé sur la commune de Couflens (Ariège). Il est le dernier village au fond de la vallée du haut-Salat. Le port de Salau (2 087 m d'altitude) est le point de passage privilégié pour rejoindre à pied l'Espagne car le moins élevé de la chaîne pyrénéenne pour le Couserans.

Histoire modifier

Les Hospitaliers modifier

Passage privilégié des pèlerins dès le XIIe siècle pour se rendre en Espagne. les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem construisirent à Salau un hospice à proximité de la chapelle fondée un peu plus tôt par une princesse espagnole. Ils s’y établirent en 1203.

Commune éphémère modifier

Salau a été une commune de 1790 à 1794 ensuite fusionnée à la commune de Couflens[1].

Activité minière modifier

Salau fut réputé dans les années 1970 et 1980 pour ses mines de tungstène, dans le cirque d'Anglade, dirigées par la SMA (Société Minière d'Anglade) associée au BRGM. Les mines d'Anglade ont cessé toute activité en 1987, ce qui engendra le départ des anciens mineurs et de leurs familles.

En , le secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue, annonce l'accord d'un permis de recherche de tungstène à une société privée pour évaluer les réserves et la faisabilité d'une exploitation sur le plan industriel et sanitaire avant une éventuelle réouverture des mines[2],[3],[4]. Ce projet a fait l'objet d'une controverse entre partisans et adversaires de l'exploitation de la mine, notamment à propos du caractère amiantifère (fibres d'actinolite qui selon un rapport de 1984 du BRGM sur la mine de Salau « sans atteindre un faciès asbestiforme typique, est apte à produire des fragments fibreux que l’on doit classer sous l’appellation amiante » (Boulmier, 1984, p. 6)[5],[6] du site et des maladies qui ont dans le passé pu en découler pour d’anciens mineurs, caractère oublié puis nié par l'entreprise (Variscan Mines)[7],[8] qui voulait rouvrir la mine. Selon Hélène Balan, le mouvement d’opposition a mis au jour les pollution de séquelles minières (notamment concernant les fibres de type amiante)[9],[10],[11] et a introduit ce thème dans le débat public, alors que les partisans du projet tentaient d’« instrumentaliser l’argument environnemental en avançant que la réexploration de l’ancienne mine est nécessaire pour évaluer l’ensemble des pollutions, voire dépolluer le site »[12],[13]. Finalement, après divers recours, le permis exclusif de recherche minière a été annulé, en juin 2020, par la cour d'appel de Bordeaux[14].

Crues catastrophiques en 1772, 1801, 1937 et 1982 modifier

En octobre 1937, une crue majeure fait un mort, détruit 23 maisons et emporte le cimetière[15].

Le à partir de 16 h, les eaux du Ruisseau des Cougnets, un affluent qui dévale du cirque d'Anglade, grossissent rapidement celles du Salat, et les flots s’accumulent contre le pont qui traverse le torrent à hauteur de l’église. À la tombée de la nuit, plusieurs chalets le long du Cougnets sont emportés par les eaux, la pile du pont s’incline et finit par obstruer le lit du torrent, dont les eaux sont alors déviées vers l’église : la nef et l'abside vont s’effondrer durant la nuit ainsi que la moitié du cimetière situé à quelques mètres. Le jour révèle un vrai désastre, le village a également été dévasté et coupé en deux par un amas de gravats, arbres, rochers et débris en tous genres. Pendant de nombreux jours, les habitants furent ravitaillés par des hélicoptères, le village étant inaccessible par la route. Salau était à cette époque habité par une population nombreuse : des logements HLM avaient été construits pour abriter le personnel de la mine toute proche.

Monuments modifier

 
Église Notre-Dame de Salau

Salau abrite une magnifique église romane édifiée au XIIe siècle par les Chevaliers hospitaliers de l'Ordre de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem[16]. Gravement endommagée durant l'inondation de 1982, l'abside et la nef de l'église ont été reconstruites à l'identique.

Randonnées transfrontalières modifier

« Sur les traces de Charlemagne » modifier

C'est une boucle de six jours qui débute côté français à Salau, continue en Espagne en passant par le port de Salau, et descend aux villages de Guingueta d'Aneu et Tavascan. Le chemin revient côté français par le port de Marterat et finit par Rouze d'Ustou.

Toutes les indications sont dans le topo-guide réf. 1098 D'Ariège-Pyrénées vers l'Andorre et la Catalogne édité par la Fédération française de randonnée pédestre.

La Pujada modifier

 
Pujada au port de Salau le 1er août 2015

La Pujada est une randonnée pédestre d'altitude organisée le premier dimanche d'août de chaque année menant à une rencontre occitano-catalane sur le port de Salau[17]. Le départ est organisé le matin, vers sept heures à Salau et le trajet dure environ 3h30. Une fois réunis, Catalans et Occitans partagent des moments de grande festivité avant de redescendre vers leur village respectif avant la tombée de la nuit.

Notes et références modifier

  1. « Salau - Notice Communale », sur ehess.fr (consulté le ).
  2. « Mine de Salau : permis sous contraintes », sur La Dépêche,
  3. « En Ariège, le projet de mine de Salau conduit à un paradis fiscal », sur Reporterre,
  4. Muryel Jacque, « Une des plus grandes mines de tungstène au monde pourrait rouvrir en France », sur lesechos.fr, (consulté le )
  5. Boulmier Jean-Luc (1984) Étude de l’empoussièrement fibreux à la mine de Salau (Ariège), BRGM, Étude M. 9830, 30 p.
  6. PÉZERAT Henri, 1986, Rapport sur les risques liés à la présence d’amiante à la mine de Salau (Ariège), Université Pierre et Marie Curie, 20 p.
  7. Variscan Mines, 2014, Demande de permis exclusif de recherches de mines dit « Permis Couflens », dossier complet, 972 p.
  8. Variscan Mines, 2015, Demande de permis exclusif de recherches de mines dit « Permis Couflens ». Demande de compléments mars 2015, 235 p.
  9. Thébaud-Mony Annie, 2015, Rapport concernant les risques sanitaires de l’ancienne mine de tungstène de Salau (Ariège), 13 p.
  10. Thébaud-Mony Annie, Picot André, 2015, Préface au rapport établi par Annie Thébaud-Mony sur les risques sanitaires de l’ancienne mine de tungstène de Salau (Ariège), 3 p.
  11. Thébaud-Mony Annie, 2016, Note complémentaire sur la présence d’amiante sous forme d’actinolite et de trémolite dans la mine de Salau en Ariège et les dangers d’une pollution environnementale associée, 9 p.
  12. Hélène Balan, « Réexplorer un ancien site minier », Géographie et cultures, no 107,‎ , p. 45–65 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.8961, lire en ligne, consulté le )
  13. Fabrice Pouliquen, « Rouvrir la mine de tungstène de Salau, la bonne idée pour réduire l'étreinte de la Chine? », 20 minutes,‎ (lire en ligne)
  14. Olivier Lebrun, « La justice confirme l’annulation du permis d’exploitation de la mine de Salau », France Bleu Occitanie,‎ (lire en ligne)
  15. Brigitte Gaston-Lagorre, « Salau. Enquête sur le carreau de la mine », sur Patrimoine seixois,
  16. Église Notre-Dame de Salau de Couflens
  17. « Les Pujadas au Port de Salau », sur www.ariege.com

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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