Sala Colonia est une antique ville romaine de la Maurétanie tingitane. Établie dans l'actuel Maroc, à l'emplacement d'un ancien comptoir phénicien[1], sur la rive sud de l'embouchure du Bouregreg, elle fut d'abord une cité pérégrine, puis un municipe et enfin une colonie[2]. Le site archéologique du Chellah, qui fait partie de la ville contemporaine de Rabat, en comporte des vestiges, dont l'existence était connue des Européens depuis au moins le XVIIIe siècle mais qui, du fait de la proximité immédiate de la nécropole mérinide, était interdit d'accès aux non-musulmans et ne fut fouillé pour la première fois qu'en 1929[3].

Stèle romaine visible au Chellah

Les cités musulmanes ultérieures de Rabat et Salé ne se sont pas élevées au même endroit[4] de l'embouchure du Bouregreg : celle de Rabat s’est érigée sur la même rive, en aval, et celle de Salé sur la rive opposée[1],[4],[5], également en aval.

Histoire modifier

  •  : Décret émis par les décurions de Sala. Ils votent l'érection d'une statue en l'honneur du préfet M. Sulpicius Felix qui a pacifié la région et entouré la ville de murailles[6]. Début d'une série de campagnes de l'armée romaine en Maurétanie (fin en 152)[7].
  • IIIe siècle : Malgré le retrait partiel des Romains au-delà du fleuve Loukkos, ces derniers continuent d'entretenir à Sala une présence, sans doute jusqu'au Ve siècle[8]. Certains objets, dont des éléments de ceinture wisigothique et byzantine attesteraient même de la persistance de contacts commerciaux voire politiques entre Sala et l'Europe jusqu'aux VIe siècle et VIIe siècle[9]. Sala pourrait avoir été un relais dans cette perspective un relais commercial entre le bassin méditerranéen et les îles Purpuraires où l'activité d'exploitation du murex semble avoir été réanimée précisément à cette période[10].

Notes et références modifier

  1. a et b Kenneth L. Brown (trad. Fernand Podevin, rév. Zakya Daoud, préf. Mohamed Naciri), Les Gens de Salé : Tradition et Changement dans une ville marocaine de 1830 à 1930 [« People of Salé: Tradition and Change in a Moroccan City, 1830-1930 »], Casablanca, Eddif, coll. « Essai », (1re éd. 1976), 322 p. (ISBN 978-9981-09-053-8, lire en ligne), « Introduction », p. 37
  2. Gsell et Carcopino 1931, p. 28 (consulté le )
  3. Jacobelli 2008, p. 19 (consulté le )
  4. a et b André Nouschi, Fredj Stambouli, Khélifa Chateur et al., Système urbain et développement au Maghreb : travaux, Tunis, Ceres productions, , 349 p. (ISBN 2-85703-009-6), p. 131-132 :

    « Des ruines de villes romaines parsèment le Maghreb. Mais il est rare que les cités musulmanes se soient élevées au même emplacement. Salé ne doit que son nom à la Sala Colonia romaine, qui se trouvait d'ailleurs sur l'autre rive du Bou Regreg (en partie sous la nécropole mérinide de Chellah). Rabat, plus proche de la cité romaine, ne lui doit rien non plus : ce fut d'abord un camp (ribât') fondé par l'Almohade Yacoub el Mansour qui préparait la guerre sainte en Espagne. »

  5. André Adam, Histoire de Casablanca : Des origines à 1914, Aix-en-Provence, Ophrys, (BNF 37411252, lire en ligne), p. 17
  6. Antonio Ibba et Giusto Traina, L'Afrique romaine : De l'Atlantique à la Tripolitaine (69-439 ap. J.-C.), Rosny-sous-Bois, Éditions Bréal, , 206 p. (ISBN 978-2-7495-0574-9, lire en ligne)
  7. (en) David Lee Bomgardner, The Story of the Roman amphitheatre, Routledge, (ISBN 9780415165938, lire en ligne)
  8. Notitia Dignitatum [(la) lire en ligne] (Occ, XXVII)
  9. J. Boube, « Éléments de ceinturon wisigothiques et byzantins trouvés au Maroc », Bulletin d'archéologie marocaine, vol. XV,‎ 1983-84, p. 281-297
  10. Maurice Euzennat, « Le périple d'Hannon », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 138, no 2,‎ , p. 559-580 (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Luciana Jacobelli, « Les recherches archéologiques : la découverte de Sala Colonia », dans Le Parc archéologique de Chella, Centre interinstitutionnel euroméditerranéen pour le patrimoine, (lire en ligne), p. 19-20  
  • Stéphane Gsell et Jérôme Carcopino, « La base de M. Sulpicius Félix et le décret des décurions de Sala », Mélanges d'archéologie et d'histoire, t. 48,‎ , p. 1-39 (lire en ligne)  
  • Jean Boube, Les nécropoles de Sala, Paris, De Boccard, 1999, 608 p., 26 fig.