Au théâtre, la saison théâtrale désigne la période de l'année au cours de laquelle ont lieu les représentations. Elle se distingue de l'année civile et a varié au cours du temps. Aujourd'hui elle débute en septembre ou octobre et se termine en mai ou juin, laissant aux mois d'été la période des festivals et des congés.

Dans la France des XVIIe et XVIIIe siècles, la saison théâtrale[1] débutait le lendemain de la Quasimodo (le lundi suivant celui de Pâques) pour se terminer la veille des Rameaux, laissant ainsi une interruption des spectacles de quinze jours. Dans certaines villes de France et dans d'autres pays, comme dans les Pays-Bas autrichiens, elle débutait généralement le lundi de Pâques et se terminait la veille de la Quadragésime (premier dimanche qui suit le mercredi des Cendres), soit une interruption de six semaines, ce qui permettait aux acteurs de province de tenter des débuts à Paris.

Cette relâche de la semaine sainte, au cours de laquelle les représentations étaient interdites, était mise à profit par les directeurs pour modifier la composition de la troupe, débusquer de nouveaux talents et prendre des arrangements avec les villes qu'ils envisageaient de visiter. Durant cette période « chômée », les comédiens se rendaient à Paris pour tenter de décrocher les meilleurs contrats. Lorsque la troupe était trop éloignée de Paris ou si elle décidait de poursuivre en commun le travail pour une nouvelle saison, elle envoyait dans la capitale un ou deux de ses membres, chargés de recruter les effectifs manquants. Les comédiens, comme les autres gens sans travail, se réunissaient place de Grève (devenue place de l'Hôtel-de-Ville)[2], où ils étaient recrutés par les directeurs de théâtre à la recherche de nouveaux talents.

Au XIXe siècle, la saison théâtrale débutait encore après Pâques, mais connaissait déjà l'interruption des mois d'été. Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que l'année théâtrale débuta en septembre, coïncidant avec l'année académique.

  1. On disait aussi la « campagne », en référence aux campagnes militaires.
  2. D'où l'expression « se mettre en grève ».

Les saisons théâtrales au XVIIIe siècle

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N.B. : certaines dates sont purement théoriques, dans la mesure où dans la plupart des villes (surtout dans la première moitié du XVIIIe siècle), les troupes se succédaient durant la saison, sans date précise d'ouverture ni de clôture. D'autres troupes jouaient l'hiver dans une ville et l'été dans une autre.

Années Paris Bruxelles
Ouverture
(lundi de Pâques + 1 semaine)
Clôture
(samedi de Pâques − 1 semaine)
Ouverture
(lundi de Pâques)
Clôture
(samedi de Pâques − 6 semaines)
1700
1701
1702
1703
1704
1705
1706
1707
1708
1709 1er avril
1710
1711
1712
1713
1714
1715
1716
1717
1718
1719
1720 1er avril
1721
1722
1723
1724
1725
1726
1727
1728
1729
1730
1731
1732
1733
1734
1735
1736
1737
1738
1739
1740
1741
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1745
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1749
1750
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1752
1753
1754
1755
1756
1757
1758
1759
1760
1761
1762
1763
1764
1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771 1er avril
1772
1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782 1er avril
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792
1793 1er avril