Jean-Marie Vianney

prêtre français du 19e siècle
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Jean-Marie Vianney, dit Le Curé d'Ars ou le saint Curé d'Ars, né le à Dardilly, et mort le à Ars-sur-Formans, est un prêtre catholique français canonisé par l'Église catholique en 1925.

Jean-Marie Vianney
Saint catholique
Image illustrative de l’article Jean-Marie Vianney
Le curé d’Ars par Émilien Cabuchet.
Saint, prêtre
Naissance 8 mai 1786
Dardilly, royaume de France
Décès 4 août 1859  (73 ans)
Ars-sur-Formans, Second Empire
Nom de naissance Jean-Marie Vianney
Nationalité Française
Vénéré à Ars-sur-Formans
Béatification 8 janvier 1905 Rome
par Pie X
Canonisation 31 mai 1925 Rome
par Pie XI
Vénéré par l'Église catholique
Fête le 4 août par l'Église catholique

le 9 août l'Église d'Angleterre

Attributs En soutane montrant le ciel ou avec étole de confesseur
Saint patron de tous les curés du monde

Le curé d’Ars est proclamé par le pape Pie XI « Patron de tous les curés du monde »[1].

Il exerça son ministère sacerdotal pendant quarante et un an au sein de la paroisse d'Ars.

Biographie modifier

Jean-Marie Vianney[2] est né à Dardilly le 8 mai 1786 de l'union de Matthieu Vianney et de Marie Béluse (ép. Vianney). Il est le quatrième enfant d'une fratrie de six. Ses parents sont cultivateurs[3].

Baptême et première communion modifier

Jean-Marie Vianney est baptisé le jour même de sa naissance (8 mai 1786).

Sa première communion eu lieu pendant l'été 1799, mais la date exacte est inconnue. À la suite de la Révolution française de 1789 un important mouvement de persécution de l'Église catholique et de déchristianisation eut lieu en France. Dans ce contexte les prêtres réfractaires sont arrêtés, éxilés ou exécutés. Les parents de Jean-Marie participent à dissimuler des prêtres[réf. nécessaire] et c'est auprès de l'un d'eux que le jeune Jean-Marie fit sa première communion.

Les différentes enquêtes et témoignages recueillis a posteriori, ont uniquement pu préciser la période « au temps des fauchaisons de 1799 ». Le lieu : une chambre de la maison du compte Pingon d'Écully. Le nombre de premier communiant ce jour-là : seize enfants au total, parmi lesquels Jean-Marie. Le prêtre célébrant : l'abbé Groboz[4],[5].

Éducation et vocation modifier

En 1791, les révolutionnaires, ont fermé l'école de la commune de Dardilly. Elle sera réouverte au mois de février 1795. Les registres précisent que la majorité des enfants ne savent ni lire, ni écrire[6]. Jean-Marie ne fait pas exception. Âgé de neuf ans, il parvient uniquement et difficilement à déchiffrer l'alphabet[7]. Avec la réouverture de l'école élémentaire, Jean-Marie apprend la base de la lecture, de l'écriture et du calcul. Il aidera ensuite ses parents aux travaux de la ferme familiale[8].

Vers l'âge de 17 ans Jean-Marie exprime son souhait de devenir prêtre « pour sauver beaucoup d'âmes ». Sa mère soutient son choix. Son père s'y oppose au départ mais, changera d'avis par la suite, convaincu par son épouse et la persistence de Jean-Marie dans son choix de devenir prêtre.

En 1803, l'abbé Charles Balley est nommé curé de la paroisse d'Écully. Dans le cadre de son action pastorale, l'abbé Charles Balley accepte de prendre en charge la formation d'un candidat (Mathias Loras) au sacerdoce et de l'héberger au sein du presbytère.

Sollicité, l'abbé Charles Balley, refuse à deux reprises et sans avoir rencontré Jean-Marie, de prendre en charge la formation au sacerdoce de ce dernier, alors âgé de presque vingt ans et presque illéttré, selon les informations qui lui sont fournies. Il accepte cependant de rencontrer Jean-Marie pour lui dire non lui-même. Présenté l'un à l'autre et à la suite de l'entretien qui s'ensuivit, l'abbé Charles Balley revient sur son refus et accepte de prendre en charge la formation de Jean-Marie[9].

 
Monument de la rencontre à Ars commémorant la rencontre de Jean-Marie Vianney, le jour de son arrivée, avec le jeune berger Antoine Givre.

Cependant, Jean-Marie se trouve vite en difficulté. Son instruction limitée et sa mémoire « rouillée » (selon ses propres mots), rend son apprentissage difficile en dépit d'efforts constants. Le latin surtout lui pose problème[10],[11].

Jean-Marie en prise avec ces difficultés et en proie au découragement, songe à arrêter sa formation et renoncer à être prêtre. Il en parle à l'abbé Balley qui l'encourage à ne pas abandonner[12].

Face à ces difficultés Jean-Marie fait le vœu d'aller à pied et en mendiant son pain, en pèlerinage à la Basilique Saint-Régis de Lalouvesc, où repose le corps de saint François Régis pour lui demander de l'aider dans ses études. Toutefois, face aux difficultés rencontrées dans l'action de mendier son pain, arrivé à la basilique il demande à un prêtre d'être relevé de son vœu pour son voyage du retour. Le prêtre accepte et lui indique que ce sera à lui de faire l'aumône au retour. À la suite de cette expérience Jean-Marie Vianney dira plus tard « J'ai expérimenté la vérité de cette parole des Actes : Il y a plus de plaisir à donner qu'à recevoir »[6].

Conscription et désertion modifier

Dans le cadre de la guerre d’Espagne, Napoléon Ier a besoin de beaucoup de soldats. La conscription par tirage au sort se fait de plus en plus sévère. Mais, depuis 1808, les candidats au sacerdoce sont exemptés de service militaire. Pour ce faire, le nom des candidats devait être inscrit sur le registre des exemptés. Cependant, le diocèse de Lyon oublie de faire inscrire quatre candidats au sacerdoce sur ce registre, parmi lesquels Jean-Marie Vianney[9]. N'étant pas inscrit sur ce registre, Jean-Marie, alors âgé de 23 ans, est convoqué au nombre des conscrits. Il doit se rendre le 28 octobre 1809 à Lyon pour y commencer sa formation militaire[13]. A son arrivée, Jean-Marie tombe malade et doit être transporté à l'Hôtel-Dieu. Il y reste seize jours[13]. Sorti de l'hôpital, il prend la route vers la ville de Roanne avec son régiment, mais toujours convalescent il est dispensé de marcher à pied et placé dans une voiture à cheval. Arrivé à Roanne, il doit de nouveau être hospitalisé. Rétabli après six semaines, les autorités militaires lui donnent sa feuille de route pour rejoindre son régiment. Jean-Marie ne rejoindra jamais son régiment et se retrouvera déserteur[9]. Il se cachera tout ce temps dans le village de Les Noës sous le nom de « Jérôme Vincent » où il y occupe la fonction de maître d'école[9]. Le maire du village, le curé et quelques personnes de confiance sont au courant de sa situation et participent à le protéger et le cacher des gendarmes[14].

Cette situation durera jusqu'au 1er août 1810. Date à laquelle François Vianney, frère cadet de Jean-Marie, accepte à la suite des lourdes amendes infligées par les autorités militaires à la famille Vianney, de prendre la place de son frère[15]. Ce remplacement légal aux yeux de la loi de l'époque, aura pour effet de libérer Jean-Marie de son obligation militaire et l'abandon des poursuites engagées à son encontre. Il est dès cet instant libre de revenir et de poursuivre ses études auprès de l'abbé Charles Balley. Cependant, François Vianney est tué pendant la campagne napoléonienne de 1813.

Séminaire et ordination modifier

N'étant plus considéré comme déserteur, Jean-Marie peut regagner le presbytère d'Écully pour y continuer son apprentissage auprès de l'abbé Balley[16]. Le 28 mai 1811, Jean-Marie est tonsuré et en octobre 1812 il rejoint le séminaire de Verrières[17] pour y faire avec 200 autres séminaristes une année de philosophie[7]. Cependant, suivant l'usage de l'époque, les cours sont donnés en latin. Jean-Marie se retrouve à nouveau en difficulté. Des leçons particulières, avec cinq autres séminaristes, lui sont alors prodiguées en français.

En octobre 1813, il est admis au grand séminaire de Saint-Irénée à Lyon pour y faire deux ans de théologie[18]. Les cours sont là aussi dispensé en latin. Complètement dépassé, « d'une nullité décourageante » en latin, la compréhension des cours lui est inaccessible. Il est « renvoyé chez son curé » le 9 décembre 1813 (la formule « renvoyé chez son curé » ne signifie pas un renvoi définitif du séminaire mais une éviction temporaire ; tant qu'il ne sera pas en mesure de suivre les cours prodigués)[9],[19].

À la suite de ce renvoi, désespérant de pouvoir un jour devenir prêtre, il souhaite devenir frère (religieux non prêtre) auprès des Frères des écoles chrétiennes de Lyon[9]. De retour à Écully auprès de l'abbé Balley, ce dernier remotive Jean-Marie, l'invite à abandonner son projet de rejoindre les Frères des écoles chrétiennes et lui dispense des cours de théologie en français. En mai 1814, jugeant Jean-Marie prêt, l'abbé Balley présente celui-ci à l'examen de théologie du grand séminaire de Lyon. Interrogé en latin son niveau est jugé « trop faible » pour continuer ses études. L'abbé Balley se rend alors à Lyon et obtient des examinateurs que ceux-ci réinterrogent Jean-Marie en français[20]. Ceux-ci acceptent et se montrent extrêmement satisfaits des réponses apportées par Jean-Marie. Mais, le latin étant la langue officielle des examens ils ne peuvent pas accepter de le laisser continuer. Ils proposent alors de soumettre son cas au vicaire général de Lyon, Joseph Courbon pour que celui-ci décide de la suite à donner. Ce dernier après s'être renseigné sur Jean-Marie déclarera « je l'appelle, la grâce de Dieu fera le reste »[9]. Par cette décision d'un supérieur autorisé, l'Église appelle Jean-Marie Vianney au sacerdoce[7].

Le 2 juillet 1814, en la primatiale Saint-Jean de Lyons Jean-Marie reçoit les ordres mineurs et le sous-diaconat[6],[9].

Après réflexion et concertation, les autorités ecclésiastiques décident que Jean-Marie ne retournera pas au grand séminaire de Saint-Irénée de Lyon pour y poursuivre ses études en théologie mais, qu'il sera de nouveau confié à l'abbé Balley à Écully pour que celui-ci continue son instruction en français et lui enseigne le latin de la liturgie[9].

Le 23 juin 1815, au sein de la chapelle grand séminaire de Saint-Irénée de Lyon, Jean-Marie est ordonné diacre (pendant cette même cérémonie plusieurs autres séminaristes sont ordonnés diacre, parmi eux, Jean-Claude Colin, futur fondateur de la Société de Marie et Marcellin Champagnat, futur fondateur des Petits Frères de Marie)[6].

L'abbé Balley souhaite que Jean-Marie soit ordonné prêtre au plus tôt. Il contacte alors les autorités diocésaines de Lyon pour leur demander d'accorder l'ordination sacerdotale (prêtrise) à Jean-Marie et qu'il soit nommé à ses côtés vicaire d'Écully. Il s'engage à donner pendant deux ans les cours supplémentaires pour compléter la formation de Jean-Marie et que celui-ci n'aurait pas le droit de confesser, se contentant surtout de faire le catéchisme. La demande exceptionnelle de l'abbé Balley est acceptée à la condition que Jean-Marie réussisse l'examen canonique pour pouvoir être présenté à la prêtrise. L'abbé Balley obtiendra alors que Jean-Marie passe l'examen en français (au lieu du latin normalement obligatoire à l'époque). Le 23 juin 1815, Jean-Marie passe l'examen. Très satisfait de ses réponses, l'évêché de Lyon accepte que Jean-Marie soit ordonné prêtre avec pour seule réserve, que le nouveau prêtre n'aura pas tout de suite le pouvoir de confesser[21].

L'ordination sacerdotale doit être conférée par un évêque ou cardinal. Le cardinal Joseph Fesh responsable du diocèse de Lyon est absent, en route pour Rome. Dans cette situation, il est demandé à Jean-Marie de se rendre à Grenoble, auprès de l'évêque Claude Simon pour y être ordonné prêtre.

Le 12 août 1815, Jean-Marie arrive seul au grand séminaire de Grenoble. Le dimanche 13 août 1815, Jean-Marie Vianney est ordonné prêtre[21],[9].

Le 14 août 1815, il célèbre sa première messe dans la chapelle du grand séminaire de Grenoble et le 20 août 1815, il célèbre sa première messe dans l'église d'Écully[21] où il a été nommé vicaire comme l'avait demandé l'abbé Balley[22].

Vicaire de la commune d'Écully modifier

L'abbé Balley ayant obtenu que Jean-Marie soit vicaire d'Écully, va lui faire suivre des études supplémentaires au presbytère. Pendant un an, Jean-Marie exerce également toutes les fonctions d'un prêtre, à l'exception de celles de confesseur. Après un an, l'archevêché de Lyon donne le pouvoir à Jean-Marie d'absoudre les péchés[6].

En 1817, l'abbé Balley est atteint d'un ulcère à la jambe droite qui l'oblige de plus en plus à rester au lit. En novembre 1817 la gangrène se déclare. Le 16 décembre 1817, à l'âge de 66 ans, l'abbé Balley décède. Ses obsèques sont célébrées par Mathias Loras, ancien élève du défunt[23].

La paroisse d'Écully étant trop grande et Jean-Marie considéré comme pas assez expérimenté, l'évêché de Lyon nomme le 15 janvier 1818, l'abbé Laurent Tripier nouveau curé d'Écully. Mais rapidement l'évêché considère que le genre bon vivant de l'abbé Tripier contraste trop avec l'austérité de Jean-Marie et décide d'envoyer ce dernier ailleurs. Le 11 février 1818, Jean-Marie est nommé curé d'Ars[6], chapellenie de 230 habitants.

Curé de la commune d'Ars modifier

Le 13 février 1818, Jean-Marie arrive à Ars.

Selon la tradition catholique, c'est un jour de brouillard et il s'égare en chemin. Il rencontre un petit berger du nom d'Antoine Givre à qui il demanda le chemin d'Ars. A l'enfant qui lui indique le chemin, Jean-Marie aurait déclaré « Tu m'as montré le chemin d'Ars, je te montrerai le chemin du ciel »[6]. Selon les témoignages recueillis, le premier arrêt de Jean-Marie a été l'église (alors délabré). Il se rendit ensuite au presbytère où le maire du village, Antoine Mandy et l'adjoint Michel Cinier, entre-temps informés de son arrivée l'attendaient[6].

Le 15 février 1818, a eu lieu la messe solennelle par laquelle Jean-Marie reçoit l'étole pastorale symbole de sa mission de curé des mains de l'abbé Ducreux, curé de la commune de Misérieux[7].

Il fait ensuite vider le presbytère des meubles qui y avaient été déposés à son intention pour en faire la maison la plus pauvre du village. Rapidement sa bonté, son austérité, sa pratique religieuse personnelle (adorations, mortifications, donations aux plus pauvres, etc), ainsi que ses homélies lui attirent la sympathie de la population des environs. Dans un but évangélique, il prit l'habitude de visiter les malades et les paroissiens[24].

L'école des filles « La Providence » modifier

 
Entrée de La Providence créée par Jean-Marie Vianney. Aujourd'hui maison d'accueil des pélèrins tenue par les soeurs de Saint Joseph.

Jean-Marie constate le manque d'éducation des enfants et particulièrement celui des filles. Il décide alors de créer une école de filles gratuite[25] qu'il finance grâce à des dons. Début 1823, il recrute deux femmes, Catherine Lassagne et Benoîte Lardet, et les envoie chez les Sœurs de Saint Joseph de Lyon pour y être formées au métier d'institutrice. En mars 1824, il acquiert un bâtiment à Ars afin d'y ouvrir l'école. Il nomme celle-ci « La Providence »[6]. Il y adjoindra ensuite Jeanne-Marie Chanay. Cette dernière, n'ayant pas de formation d'institutrice, est chargé des travaux manuels (cuisine, ménage, jardin, etc)[26]. Il participe également au fonctionnement de l'école (entretien, nettoyage, catéchisme, etc)[27].

L'école est initialement prévue pour les petites filles du village d'Ars. Mais, l'année même de l'ouverture de l'école (1824) des familles des villages voisins demandent à y scolariser leur fille. Jean-Marie accepte. Des parents demandent à placer leurs filles en pension au sein de l'école. Jean-Marie accepte également. Face à ce succès Jean-Marie décide de faire agrandir l'école et se met au nombre des ouvriers pour aider aux travaux[6].

En 1827, Jean-Marie décide de transformer le pensssionnat en orphelinat (mais l'école reste ouverte aux filles externes). Il y accueille une soixantaine d'orphelines et de jeunes filles délaissées[6],[7]. L'orphelinat et l'école font l'objet de nombreuses critiques parmi lesquelles : le manque d'instruction des deux institutrices ; l'ordre et la propreté. Jean-Marie déclarera lui « On a reproché bien des choses à ma Providence, les enfants, disait-on, étaient mal tenus, et cependant Dieu faisait en sa faveur des miracles et rien n'y a jamais manqué ». Le 5 novembre 1847, à la demande de l'évêque du diocèse de Belley (l'évêché de Lyon est divisé en deux en 1822. Ars se retrouve depuis cette date dans le diocèse de Belley), l'orphelinat et l'école sont transférées aux Sœurs de Saint Joseph, qui en prennent la charge à compter d'octobre 1848[6] Le bâtiment de la Providence existe toujours. Il a depuis été transformé en une maison d'accueil de pèlerins et les Sœurs de Saint Joseph en ont toujours la charge[28].

Miracles modifier

Au sein de La Providence et du presbytère d'Ars, l'Église catholique considère que plusieurs miracles se sont produits. Parmi ceux-ci : le « miracle du blé » et le « miracle du pétrin ».

  • Le miracle du blé : pour des raisons de place, le blé qui servait à faire le pain pour les orphelines logées à La Providence était stocké dans le grenier du presbytère. En 1829, le meunier du village y aurait déposé cent boisseaux de blé (environ 1,2 tonne). Le lendemain matin le blé avait disparu. Disparition constatée par le maire du village, Antoine Mandy. Jean-Marie se serait alors rendu au grenier, y aurait fait un petit tas du blé qui restait et y aurait placé une relique de Saint François Régis. Après avoir été prié avec les orphelines, il aurait envoyé Jeanne-Marie Chanay cherché le blé au grenier. Le grenier est plein. Jeanne-Marie Chanay peut à peine ouvrir la porte, le blé commence à s’écouler par l’entrebâillement. Jean-Marie à qui on annonce la nouvelle aurait répondu « Remercions Saint François Régis »[29].
  • le miracle du pétrin : un jour de 1834, il ne restait quasiment plus de farine. Aussi, il n'était donc pas possible de pouvoir faire une fournée de pain pour les orphelines logées à La Providence. Informé de cette situation Jean-Marie aurait quand même demandé à Jeanne-Marie Chanay de faire la fournée. À mesure que Jeanne-Marie Chanay aurait ajouté de l'eau, le pétrin se serait rempli de pâte et finalement, ce serait trente kilos de pain qui auraient été produits. Informé de cette situation Jean-Marie aurait répondu « Le bon Dieu est bien bon, il a soin de ses pauvres »[30].

Guérisons miraculeuses modifier

Selon l'Église plusieurs cas de guérisons miraculeuses ont eu lieu à Ars du temps de Jean-Marie Vianney. Ce dernier renvoyait toujours ces situations à l'intercession de la sainte Philomène. Parmi les nombreuses guérisons il est notamment retenu celles de : Claudine Raymond-Corcevay en 1843, sœur Dosithée en 1853, l'enfant de huit ans de Anne Dévoluet en 1857 et Charles Blazy en 1858[31].

  • En 1843, Claudine Raymond-Corcevay a perdu la voix depuis deux ans à la suite d'une affection au larynx et aux bronches. Incapable de parler, elle communique en écrivant sur une ardoise. Elle fit demander par un intermédiaire ce qu'elle devait faire pour obtenir sa guérison. Jean-Marie lui aurait dit qu'elle « doit s'abandonner sans inquiétude à la Providence ». Le lendemain après la communion faite dans la chapelle de sainte Philomène, Claudine Raymond-Corcevay est complètement guérie. Informé Jean-Marie aurait déclaré « Mon enfant, faites un bon usage de votre voix et servez-vous-en pour faire le bien ».
  • En mai 1853, sœur Dosithée, religieuse de la Providence de Vitteaux (congrégation intégrée aux Sœurs de la Providence de Portieux en 1936[32]), de vingt ans est, selon les médecins condamnées à très court terme. En pèlerinage à Ars, Jean-Marie l'aurait discernée dans la foule. Après lui avoir demandé pourquoi elle désirait être guérie et après que celle-ci eut répondu il l'invita à prier sainte Philomène. Sœur Dosithée guéri décèdera le 11 février 1914, à quatre-vingt-neuf ans.
  • En février 1857, Anne Dévoluet arrive à Ars en pèlerinage avec son fils de huit ans en voiturette (fauteuil roulant). Le 25 février, elle présente son enfant à bénir à Jean-Marie. Celui-ci aurait déclaré « Ce garçon est trop grand pour se faire porter ainsi. Relevez-vous, ma bonne, et mettez le petit à terre » Anne Dévoluet aurait alors répondu « Mais il ne le peut pas ». Auquel Jean-Marie aurait répondu « Il le pourra. Ayez confiance en sainte Philomène ». L'enfant tout d'abord « avec de grands efforts et tenu par la main » se rend à l'autel de sainte Philomène. Il y serait resté trois quarts d'heure, puis se levant tout seul, il marche puis coure jusqu'à la porte de l'église.
  • En août 1858, Charles Blazy ne peut marcher sans béquilles. Il voit Jean-Marie qui lui conseille de faire une neuvaine à sainte Philomène, sans résultat. Jean-Marie lui conseille de faire une seconde neuvaine, sans résultat. Il aurait alors déclaré à Jean-Marie « Enfin mon Père, est-ce cette fois, oui ou non, que je dois porter mes béquilles à sainte Philomène ? » auquel Jean-Marie aurait répondu « Allez, mon ami ». Charles Blazy se lève alors guéri. Il aurait alors élevé ses béquilles devenues inutiles devant la foule et aller les offrir à la chapelle de sainte Philomène.

Les différents miracles attribués à Jean-Marie et à l'intercession de sainte Philomène firent grand bruit. De nombreux malades et infirmes physiques et spirituelles se rendent à Ars. Un pèlerinage s'organise et se développe de plus en plus.

Manifestations diaboliques modifier

Selon l'Église, Jean-Marie a été victime de manifestations diaboliques après son arrivée à Ars ; le démon voyant en lui un ennemi redoutable le tourmente.

Parmi les différentes manifestations diaboliques il est notamment connu celle des bruits durant la nuit. À plusieurs reprises Jean-Marie aurait entendu des bruits dans son presbytère et à la porte de celui-ci. Dans les premiers Jean-Marie pensait que c'était des voleurs qui essayaient de pénétrer dans le presbytère. À cette fin il demanda à plusieurs personnes de monter la garde au presbytère. L'un d'entre eux André Verchère, dormira au presbytère. Les bruits furent entendus et attestés mais personne ne vit rien[33]. En revanche, selon les témoignages recueillis « les bruits avaient été si effrayants que les personnes qui avaient veillé au presbytère ne voulurent plus y retourner »[6]. Une autrefois, où la neige avait recouvert le sol et que des coups avaient été entendu, le curé constata que sa cour toute blanche ne portait nulle trace de pas. Ce qui lui fit penser que ce n'était pas des voleurs mais le démon qui voulait l'effrayer[6],[34].

Jusqu'à la fin de sa vie[35], Jean-Marie dira être tourmenté par le diable, qu'il surnomme « le grappin ». Jean-Marie aurait déclaré « Le démon est bien fin, mais il n'est pas fort. Avec un simple signe de la croix on le fait fuir ».

Chanoine et Légion d'honneur modifier

Le 30 octobre 1852, l'évêque de Belley, Georges Chalandon, nomme Jean-Marie chanoine et vient à Ars lui remettre le camail (court vêtement couvrant les épaules et s'arrêtant un peu au-dessus des coudes) symbolisant cette fonction. Jean-Marie s'estime indigne de cette nomination et la refuse, mais l'évêque insiste. Par obéissance et respect envers son évêque Jean-Marie finit par accepter. Il ne portera le camail qu'une seule fois, le jour où il lui fut remis. Jean-Marie vend ensuite le camail pour cinquante francs pour aider à financer une fondation[36].

Le 11 août 1855, Napoléon III nomme l'abbé Vianney chevalier de la Légion d'honneur[37] mais Jean-Marie refuse cette distinction et déclare « Dites à l'empereur qu'il garde sa croix, puisque les pauvres n'auront rien à y gagner ». Cependant, un vicaire accepte à l'insu de Jean-Marie, par retour de courrier, la distinction[38].

Interrogé un jour sur ses décorations Jean-Marie déclare « c'est bien ce qui me fait peur. Quand la mort viendra et que je me présenterai avec ces bagatelles dans les mains, Dieu me dira : Va-t'en ! Tu as reçu ta récompense »[6].

Communion fréquente et confréries modifier

Il amène un petit noyau de femmes pieuses à communier tous les dimanches, ce qui n'était pas la coutume, même chez les personnes pieuses[39]. Il forme avec quelques jeunes filles une confrérie du Rosaire[40]. Il attache beaucoup d'importance aux confréries. Il croit qu'un pécheur membre d'une confrérie peut être racheté par les prières des autres membres[41]. Il instituera ou restaurera donc plusieurs confréries[42].

Somptuosité des lieux et objets du culte modifier

Jean-Marie consacre beaucoup de temps à embellir l'église estimant qu'« on doit offrir à Notre-Seigneur Jésus-Christ tout ce qu'il y a de plus beau et de plus précieux ». Il achète, avec son propre argent et grâce à des dons de personnes pieuses des ornements somptueux[43],[44]. Tous les ornements acquis ou reçus à cette époque par M. Vianney étaient des objets de prix [45].

Le prédicateur modifier

 
Statue de Jean-Marie Vianney.

Pour composer ses sermons, le curé d'Ars utilise des sermonnaires, qu'il ne copie pas littéralement mais « transposait d'une plume maladroite, les raccordant comme il pouvait, les entrecoupant d'allusions locales, de remarques personnelles, de développements imagés, d'exclamations pieuses ou indignées ». Effrayé lui-même par le sort des damnés, il a tendance, dans les premières années de son ministère, à choisir dans les sermonnaires les passages les plus effrayants[46] et même à les aggraver[47].

Toutefois, l'affection que la plupart des gens d'Ars lui vouent, les témoignages qu'ils rendent à son affabilité, à sa gaieté et à sa bonté, ses succès comme confesseur, la promptitude avec laquelle il admait un petit groupe de dévotes à la communion hebdomadaire, tout cela suggère que le rigorisme du curé d'Ars, où il faut d'ailleurs faire la part des temps et des lieux, ne correspond pas à sa nature profonde[48]. Il atténuera plus tard ce rigorisme[49], sous l'influence, semble-t-il, d'un ecclésiastique, l'abbé Tailhades, qui passa quelques mois à Ars en 1839-1840 et qui attira son attention sur des directives épiscopales condamnant la trop grande sévérité chez les prêtres[50].

En cette même année 1846, les libraires Guyot font imprimer et s'apprêtent à publier les sermons du curé d'Ars, avec l'accord de celui-ci. L'évêque de Belley cependant soppose à cette publication[51] et fait signer au curé d'Ars une renonciation à la publication[52].

La lutte contre les cabarets et les danses ; lutte pour le respect du repos dominical modifier

Trois choses attirent la réprobation de l'abbé Vianney : les danses[53], les cabarets[54] et le non respect du repos dominical. Le nouveau curé va s'attacher à « convertir sa paroisse[55] ». Il cherchera notamment à développer la piété de ses paroissiens envers l'eucharistie et envers la Vierge Marie[56]

À l'époque où Jean-Marie Vianney fut nommé curé d'Ars, il y avait quatre cabarets pour 230 habitants plusieurs familles désargentées y dépensaient leurs maigres ressources et y passent la journée du dimanche. Il s'attaque à ces établissements qu'il juge être des lieux de débauche et favorisant l'alcoolisme[54].

À l'époque de Jean-Marie, en été presque tous les dimanches se tenaient des bals qui se terminaient dans la nuit. Jean-Marie s'y oppose dans ses sermons. Ces bals se tiennent le dimanche et sont des lieux propices à la débauche. Pour lutter contre les bals Jean-Marie a également recourt à des mortifications personnelles.

Il lutte enfin pour que soit respecté le repos dominical. Il n’interdit pas aux paysans de rentrer leur moisson si la pluie menace de tomber, mais il veut dissuader les propriétaires de faire travailler leurs salariés agricoles le dimanche. Il souhaite que les paroissiens fréquentent régulièrement l’église le dimanche pour la messe, et si possible, pour les vêpres[57].

Mortifications modifier

Jean-Marie pratique la mortification[58]. Il pratiquait déjà celles-ci lorsqu'il était à la paroisse d'Écully avec l'abbé Balley (privation de nourriture, pas de vin, uniquement de l'eau, etc). L'abbé Balley léguera ses instruments de pénitence à Jean-Marie. Ce dernier les utilise à Ars[9].

Selon les témoignages recueillis par l'Église : il ne buvait pas de vin. Il faisait cuire dans une marmite des pommes de terre pour toute une semaine et les mangeait froides. De temps en temps il faisait des « matefaims » composés de farine, d'eau et de sel. Quand il en avait besoin, il prenait quelquefois un peu de lait le matin[59],[7].

Plusieurs de ses paroissiens estiment qui il va trop loin et signalent ces excès à l'évêque. Celui-ci l'enjoindra à se modérer ce qu'il fera par obéissance. Il sera par la suite suivi par un médecin qui l'enjoindra de prendre des repas plus convenables. Des différents témoignages recueillis, il est noté qu'il faisait régulièrement deux repas ; que le matin, il prenait une tasse de chocolat au lait avec quelques morceaux de pain et qu'à midi, il achevait son chocolat dans lequel il mettait un peu de café. Il lui arrivait de prendre un peu de viande.

Selon Jean-Marie Vianney, à ses débuts à Ars, il lui arrivait de passer la nuit sur le pavé de sa cuisine mais, à cause de l'humidité il choisit d'aller coucher sur le plancher du grenier.

Sur l'observation qui lui a été faite qu'il compromettait sa santé Jean-Marie aurait répondu : « quand on est jeune, on fait toujours quelques imprudences »[59].

Il portait également un cilice et s'infligeait des coups de discipline[60].

Apparitions célestes modifier

Du temps de son vivant et après sa mort, plusieurs rumeurs ont circulé selon lesquelles Jean-Marie a bénéficié de faveurs mystiques (vison de la Vierge Marie et de saint Jean-Baptiste). Plusieurs témoignages existent en ce sens, mais l'Église ne s'est pas prononcée à ce sujet[61],[62].

L'incident de La Salette modifier

Le , Maximin Giraud, de l'apparition mariale de La Salette rencontre le curé d'Ars. Jusqu'à cette date Jean-Marie se montre très confiant dans l'apparition de la Salette même si non encore reconnue par l'Église. À la suite de cette rencontre et de l'entretien qu'ils ont tous les deux, Jean-Marie change d'attitude. Intéroggé il déclare que Maximin Giraud s'est rétracté.

Interrogé, Maximin Giraud déclare que le curé d'Ars lui « demanda si j'avais vu la Sainte Vierge et je lui répondis : Je ne sais pas si c'est la Sainte Vierge ; j'ai vu quelque chose ... une Dame »[6]. Le 21 novembre 1850, Maximin écrit une lettre au curé d'Ars où il donne cette indique : « Je vous ai dit, seulement, M. le Curé, en sortant de la sacristie et sur la porte, que j'ai vu quelque chose et que je ne savais pas si c'était la Sainte Vierge ou une autre dame. Dans ce moment vous avanciez dans la foule et notre entretien a cessé »[63]. Le curé d'Ars, lui, continue de soutenir que Maximin s'est rétracté[63].

Toutefois, le curé d’Ars est tourmenté « Je ne saurais vous exprimer par quels tourments mon âme a passé à ce sujet. J’ai souffert au-delà de tout ce qu’on peut dire ». Il aurait alors demandé trois signes du ciel pour l’éclairer : 1) de retrouver la paix, et « au milieu de tant de souffrances et d’agitation, je me suis écrié « je crois » et à l’instant même j’ai retrouvé la paix ». 2) que Dieu lui envoie un prêtre instruit dont la réponse serait capable d’affermir sa foi en La Salette. Il recevra alors le lendemain la visite d’un professeur du grand séminaire de Grenoble qui réussit à affermir sa foi en la Salette. 3) une somme d'argent. « J’avais besoin dans un court délai d’une somme de 1200 francs. Je me suis adressé à Notre Dame de La Salette. Le soir, avant de me coucher, je trouvai ma table couverte de pièces d’or. Le lendemain, en me levant, je trouvai encore ma table toute couverte de pièces d’or. Il y avait exactement le compte. Pensez-vous, qu’après cela je puisse encore douter de la Salette ? ».

Jean-Marie décédera en proclamant sa foi en l’apparition de la Salette[64].

Décès du curé d'Ars modifier

Le 30 juillet 1859, Jean-Marie ne parvient pas à se lever de son lit et demande qu'on aille lui chercher son confesseur. Le 2 août, il lui est administré les derniers sacrements. À la question « pourquoi pleurez-vous ? » il aurait répondu « c'est triste de communier pour la dernière fois »[7]. Le jeudi 4 août 1859, Jean-Marie Vianney décède. Il a 73 ans et est le curé d'Ars depuis quarante et un ans.

Pendant deux jours sa dépouille est exposée aux pèlerins. Pour la première fois un photographe tire un portrait du curé d'Ars.

Le 6 août a lieu ses obsèques, auxquelles participent 300 prêtres et 6000 fidèles. Après l'absoute, le cercueil est déposé devant le confessionnal et y reste jusqu'au 14 août lorsque le corps est enterré dans un caveau creusé au milieu de la nef de l'église.

Un nouveau pèlerinage commence sur sa tombe, ainsi que son procès en béatification.

Exhumation modifier

Le 12 octobre 1885, son corps est exhumé pour constater l'état du corps[65].La reconnaissance du corps effectuée, les fidèles défilèrent devant le cercueil ouvert, exposé dans l'église. Ensuite, le cercueil de plomb renfermant les restes du vénérable fut placé dans un cercueil de chêne et redescendu dans son caveau. On envisageait d'exhumer à nouveau le corps « non plus pour le replacer dans l'ombre d'un caveau, mais pour le faire monter sur les autels[65]. »

En 1904, le corps du curé d'Ars est exhumé pour la seconde fois[66]. Selon le procès-verbal de l'exhumation, « [le corps] présentait une coloration noirâtre sur toute sa surface, mais moins accentuée sur la face. […] Tous les membres étaient entiers et dans leur position naturelle. Sous l'influence du mouvement les différentes articulations des membres jouaient avec assez de facilité. À la tête, on pouvait voir des cheveux sur la partie latérale. Les paupières étaient réduites à deux membranes minces et un peu parcheminées. À l'intérieur de la bouche une petite saillie noire représentait probablement ce qui restait de la langue […] La poitrine se présentait à l'état ordinaire avec saillie très marquée de toutes les côtes et les espaces intercostaux remplis par la peau seulement. La cage thoracique a été ouverte pour extraire le cœur que nous avons trouvé collé contre la colonne vertébrale avec des dimensions réduites, mais parfaitement reconnaissable[67]… » Outre le cœur, une autre partie de son corps, le radius, a été prélevé pour être exposé dans un reliquaire du transept sud de l'église St Jean Marie Vianney de Dardilly le Bas ».

À la suite de cette exhumation, le corps du curé d'Ars est exposé dans une châsse mais, son coeur est conservé à part. Ce n'est qu'après sa canonisation en 1925 que fut prévue la construction d'un tombeau pour le cœur du saint (l'actuel chapel du cœur du saint curé). Le cœur est parfois transporté à l'étranger comme relique (ex. aux États-Unis en avril 2019[68]).

Le pèlerinage d'Ars modifier

 
Intérieur de la basilique d'Ars avec sainte Philomène au centre de la fresque.

La renommée de confesseur et de sainteté du curé d'Ars, ainsi que les miracles qui lui sont attribués génèrent un afflux massif de pèlerins à destination d'Ars. L'afflux de personnes souhaitant se confesser à lui l'amèneront à passer jusqu'à seize heures par jour au confessionnal (auquel s'ajoutent les messes quotidiennes, les matines, les laudes, leçons de catéchisme, etc).

Ce mouvement qu'on appelle le pèlerinage d'Ars commence vers 1830. À compter de 1845, on compte entre trois cents et quatre cents arrivées par jour. La gare de Lyon Perrache ouvre un guichet spécial pour les voyageurs à destination d'Ars[7]. Cet afflux se maintiendra jusqu'à la mort du curé[69] (parmi les pèlerins venus le visiter figure Henri Lacordaire).

Jusqu'en 1834, le village ne compte aucun hôtel. Les voyageurs sont logés dans les granges des fermiers qui acceptent de les accueillir. À compter de 1834, Prosper des Garret alors maire du village prend en charge l'organisation du pèlerinage et fait aménager les premières chambres à louer. Un premier restaurant est également ouvert et où le propriétaire promet à Jean-Marie Vianney qu'il n'y servirait pas d'alcool[70].

Désireux de détourner de sa personne l'attention des pèlerins, Jean-Marie Vianney instaure dans son église le culte de sainte Philomène, dont il a reçu des reliques de la part de Pauline Jaricot, et à qui il attribue les grâces obtenues par les visiteurs[71].

Aujourd’hui Ars accueille 550 000 pèlerins par an[72] et le sanctuaire propose différentes activités. Un séminaire, le foyer sacerdotal Jean-Paul II , est ouvert à Ars en 1986 et forme les futurs prêtres à l’école de « Monsieur Vianney ». L'accueil du sanctuaire est assuré par la congrégation des bénédictines du sacré-cœur de Montmartre.

La Basilique d'Ars est construite sur l'emplacement de l'ancienne église du village. Les travaux furent financés notamment par une loterie dont les deux gros lots étaient le prie-Dieu et la montre du curé d'Ars, qui rapportèrent 100 000 francs[73]. La basilique abrite les reliques du saint curé. Le corps est exposé dans une châsse, mais le visage et les mains ont été recouvert de cire afin de donner . un aspect plus acceptable aux yeux de tous ceux qui viennent prier à la basilique ou simplement la visiter[74].

Canonisation modifier

 
Châsse de Jean-Marie Vianney dans la basilique d'Ars.
  • Le 8 janiver 1905, le pape Pie X poclame Jean-Marie Vianney bienheureux et « patron des prêtres de France »[75].
  • Le 23 avril 1929, le pape Pie XI proclame Saint Jean-Marie Vianney « patron de tous les curés du monde[1]».

Hommages modifier

De la part de l'église catholique modifier

Le 1er août 1959, à l’occasion du centenaire de sa mort, le pape saint Jean XXIII lui dédie l’encyclique Sacerdotii nostri primoridia, le désignant comme un modèle pour les prêtres[77].

Le 5 octobre 1986, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de saint Jean-Marie Vianney, le pape Jean-Paul II se rend à Ars[78].

Le 16 juin 2009, à l’occasion du 150 anniversaire de sa mort, le pape Benoît XVI proclame une « Année sacerdotale », pour « contribuer à promouvoir l’engagement de renouveau intérieur de tous les prêtres, pour leur témoignage évangélique plus fort et plus incisif dans le monde d’aujourd’hui » .

De nombreuses églises à travers le monde sont dédiées à Jean-Marie Vianney.

De la part de la société civile modifier

À Dardilly, la maison natale du curé d'Ars a été conservée en l'état avec son mobilier d'origine et peut se visiter[79].

En 1986, à l'occasion du bicentenaire de la naissance du curé d'Ars, la poste française a émis un timbre « Saint J.M.B. Vianney Curé D'Ars 1786-1859 »[80] et la poste de Wallis et Futuna a émis un timbre portant l'inscription : « Le curé d'Ars 1786 - 1859; 200e anniversaire de sa naissance ».

Dans la province canadienne du Québec, existe le village Saint-Vianney en son honneur.

Au XIXe siècle, dans la province canadienne du Québec, existait un village nommé « village Saint-Jean-Vianney ». Mais, celui-ci fut fermé en décembre 1971, à la suite d'un important glissement de terrain qui le détruisit en quasi-totalité et qui provoqua de nombreux morts[81].

La ville de Frontenac au Québec s'est placée sous la protection de ce saint[réf. souhaitée].

Galerie modifier

Notes et références modifier

Lettres apostoliques modifier

  • Beato Ioanni Baptistae Mariae Vianney Honores Sanctorum Decernuntur, Litterae Decretales, Pius XI, 31 mai 1925[76].
  • Anno Iubilari, Sanctus Ioannes Bapt. Vianney, Presbyter Confessor, Caelestis Patronus Omnium Parochorum Seu Animarum Curatorum Urbis et Orbis Constituitur, Pius XI, 23 avril 1929[1].

Encyclique modifier

  • Encyclique Sacerdotii Nostri Primordia : Lettre encyclique de sa sainteté le pape Jean XXIII à l'occasion du centenaire de la mort de saint Jean-Baptiste Vianney, Jean XXIII, 1er août 1959[82].

Bulle pontificale modifier

  • Lettre pour l'indiction d'une Année Sacerdotale à l'occasion du 150e anniversaire du dies natalis du Saint Curé d'Ars, Benoit XVI, 16 juin 2009[83].

Biographie modifier

  • Robert Serrou, Ars Paroisse du monde, Mame.
  • Abbé Alfred Monnin, Le Curé d'Ars, Paris, 1861. Réédition, Téqui, 1922.
  • Mgr Francis Trochu, Le Curé D'ars, Saint Jean-Marie-Baptiste Vianney, Paris, Emmanuel Vitte, 1925, 691 p., ill. hors texte, portrait du curé d'Ars en frontispice. (« Monseigneur Trochu (1925) écrivit à une époque où le littéraire avait ses lettres de noblesse, et regardait de haut l'humble patience du labeur historique. Il ignorait les sources où le curé d'Ars a copié ses sermons écrits. Il avait trop facilement accueilli des faits non documentés, parfois légendaires. Et s'il a disposé du procès de canonisation, bien d'autres sources lui ont manqué. » R. Laurentin, préface à Mgr René Fourrey, Jean-Marie Vianney Curé d'Ars Vie authentique, édition de 1981, p. 5.)
  • (Réédition du précédent) Mgr Francis TROCHU, Le curé d'Ars : Saint Jean-Marie-Baptiste VIANNEY, éditions Résiac, , 2° éd., 663 p. (ISBN 978-2852680555). L'ouvrage cite abondamment les données du procès en béatification.
  • Fernand Ledoux, Le Saint Curé d’Ars, enregistrement original sur disque vinyle, dernière édition sur CD, Bayard 2014.
  • Maxence Van der Meersch, Vie du curé d'Ars, Paris, Albin Michel, 1942.
  • Jean de La Varende, Le Curé d'Ars et sa passion, Paris, Bloud et Gay, 1958, 239 p., 68 ill. n&b. (D'après l'abbé René Laurentin dans sa préface à l'ouvrage de Mgr René Fourrey, Jean-Marie Vianney Curé d'Ars, Vie authentique publié en 1981 (p. 5), La Varende n'a fait qu'orchestrer les biographies écrites par l'abbé Monin et Mgr Trochu. Il n'avait même pas consulté les archives d'Ars.)
  • Léon Cristiani, Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859). Curé d'Ars, Apostolat, 1958.
  • Mgr Daniel Pézeril, Pauvre et saint curé d'Ars, Éditions du Seuil, 1959.
  • Michel de Saint Pierre, La Vie prodigieuse du curé d'Ars, Maison de la bonne presse, 1959, rééd. Livre de poche.
  • Jacqueline Genet, L'Énigme des sermons du curé d'Ars, Paris, Éditions de l'Orante, 1961.
  • Mgr René Fourrey, Le Curé d'ars authentique, L'Échelle de Jacob, (1re éd. 1964). 
  • Mgr René Fourrey, Jean-Marie Vianney Curé d'Ars Vie authentique, Desclée De Brouwer et Xavier Mappus, 1981. Préface de René Laurentin. (Abrégé de l'ouvrage de 1964. Voir p. 9, note 1.)
  • Mgr René Fourrey, Le curé d'Ars tel qu'il fut, l'homme et son entourage, Paris, Fayard, 1971.
  • Mgr René Fourrey, Jean-Marie Vianney Curé d'Ars Vie authentique, 2e édition, Desclée De Brouwer, 1998. Préface du P. Guy-Marie Bagnard.
  • Marie-Paul Sève (scénario) et Loÿs Pétillot (dessins), Jean-Marie Vianney : curé d'Ars (nouvelle adaptation de Guy Lehideux), Paris, Éditions du Triomphe, 2004. 56 p., 30 cm. (ISBN 2-84378-226-0). – Précédemment paru dans le journal Bayard, 1958-1959.
  • Philippe Boutry, « Un sanctuaire et son saint au XIXe siècle. Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d'Ars », dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, vol. 35, 1980, p. 353-379, consultable sur le site Persée.
  • Philippe Boutry, « Le mal, le Malin et le malheur. Le Curé d'Ars face à la souffrance », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, vol.  14, no  2, 1986, p.  59–82, consultable sur le site Persée.
  • Françoise Bouchard, Le Saint Curé d'Ars (1799-1864) : viscéralement prêtre (préface de Mgr Jean-Pierre Ricard ; postface du père Jean-Philippe Nault). Paris, Salvator, 2005. 318 p., 21 cm. (ISBN 2-7067-0393-8).
  • Jean de Fabrègues, L'Apôtre du siècle désespéré, Jean-Marie Vianney curé d'Ars, Amiot Dumont, 1956, rééd. France Catholique, 2010.
  • Guillaume d'Alançon, La Messe du Saint Curé d'Ars, Artège, 2010.
  • Jean-Baptiste-Marie Vianney, Sermons du Curé d'Ars : Intégrale - Livre I à IV, Editions Vivre Ensemble, , Format Kindle (ASIN B015JBQIV4) .
  1. a b et c « Anno Iubilari, Litterae Apostolicae, Sanctus Ioannes Bapt. Vianney, presbyter confessor, caelestis patronus omnium parochorum seu animarum curatorum urbis et orbis constituitur, d. 23 m. Aprilis a. 1929, Pius PP. XI | PIUS XI », sur www.vatican.va (consulté le )
  2. Il ajoutera Baptiste à ses prénoms à sa confirmation, en 1807. Voir Fourrey 2009, p. 38.
  3. Boutry Philippe, « Jean-Marie Vianney (saint), curé d'Ars », sur FranceArchives (consulté le ).
  4. Fourrey 2009, p. 22 et 26.
  5. Fourrey 2009, p. 26 et 28.
  6. a b c d e f g h i j k l m n o et p René Fourrey, Le curé d'Ars authentique. Présentation du Père J.-PH Nault recteur du Sanctuaire d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, , 396 p. (ISBN 9782913224988), p. 27-28, 30, 71, 77-78, 79, 84-85, 88, 89, 148-150, 153-158, 177, 253-257, 267-270, 289, 358
  7. a b c d e f g et h Loÿs Pétillot et Marie-Paul Sève, Jean-Marie Vianney Curé d'Ars, Saint-Étienne, du Triomphe, , 56 p. (ISBN 9782843782268), p. 7, 18, 21, 33, 43, 45, 48, 55
  8. Fourrey 2009, p. 28.
  9. a b c d e f g h i j et k Bernard Gallizia, Charles Balley (1751-1817) Maître du Curé d'Ars, Paris, Salvator-Diffusion, , 125 p. (ISBN 9782706714290), p. 72-75, 79, 80, 85-86, 94, 95-97, 100, 112
  10. Fourrey 2009, p. 36-37
  11. Mgr Francis Trochu, Le Curé d'Ars, 11e édition française, Paris, Lyon, s.d. (1927?), p. 48-49 ; Fourrey 2009, p. 37-38.
  12. Fourrey 2009, p. 41.
  13. a et b Fourrey 2009, p. 42.
  14. Fourrey 2009, p. 47-49.
  15. Fourrey 2009, p. 53.
  16. Fourrey 2009, p. 53 et 59.
  17. Fourrey 2009, p. 60-61.
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  19. Fourrey 2009, p. 67.
  20. Fourrey 2009, p. 69 et 71.
  21. a b et c Fourrey 2009, p. 72.
  22. Fourrey 2009, p. 73.
  23. Bernard Gallizia, Charles Balley (1751-1817) Maître du Curé d'Ars, Paris, Salvator-Diffusion, , 125 p. (ISBN 9782706714290), p. 72-75, 79, 80, 85-86, 94, 95-97, 100, 111-113
  24. Fourrey 2009, p. 92-93.
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  28. « Maison d'Accueil La Providence - 321 rue des Ecoles 01480 Ars-sur-Formans », sur Ain Tourisme (consulté le )
  29. « Ars-sur-Formans : Histoires et légendes | Villes Sanctuaires en France », sur www.villes-sanctuaires.com (consulté le )
  30. Fourrey 2009, p. 176-177.
  31. Sanctuaire d'Ars, Sainte Philomène la petite sainte du Curé d'Ars, Édition Paroisse.com, , 40 p. (ISBN 2-910-510-36-0), p. 22-26
  32. « Soeurs de la Providence de Vitteaux », sur data.bnf.fr (consulté le )
  33. Fourrey 2009, p. 148.
  34. Fourrey 2009, p. 148-150.
  35. Fourrey 2009, p. 358-359.
  36. Fourrey 2009, p. 302-303.
  37. « Cote LH/2704/57 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  38. Fourrey 2009, p. 356-358.
  39. Fourrey 2009, p. 95-96.
  40. Fourrey 2009, p. 96-97.
  41. Fourrey 2009, p. 96.
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  43. Fourrey 2009, p. 115.
  44. Fourrey 2009, p. 100.
  45. Mgr Francis Trochu, Le Curé d'Ars, 11e édition française, Paris, Lyon, s.d. (1927 ?), p. 203, note 1.
  46. Fourrey 2009, p. 102.
  47. Fourrey 2009, p. 105.
  48. Fourrey 2009, p. 102, 106, 135-136 et 196.
  49. Fourrey 2009, p. 195-196, 238-242 et 244-245.
  50. Fourrey 2009, p. 195-196, qui mentionne une circulaire de 1826 de Mgr Devie, évêque de Belley.
  51. Fourrey 2009, p. 247-248.
  52. Fourrey 2009, p. 250.
  53. Fourrey 2009, p. 110-112.
  54. a et b Fourrey 2009, p. 112-113.
  55. « Mon Dieu, suppliait-il, accordez-moi la conversion de ma paroisse. » (Fourrey 2009, p. 108).
  56. Fourrey 2009, p. 183.
  57. « Jean-Marie Vianney - La vie d'un curé de campagne », sur emmanuel.info, (consulté le )
  58. « Au demeurant, le Curé ne pouvait dissimuler l'extrême mortification à laquelle il soumettait son corps. Il n'en faisait même plus mystère pensant que son exemple pouvait toucher quelques cœurs. » Fourrey 2009, p. 109.
  59. a et b Fourrey 2009, p. 108.
  60. Fourrey 2009, p. 117, 188, 205, 317.
  61. Fourrey 2009, p. 126-127, 152-154.
  62. Fourrey 2009, p. 207.
  63. a et b Jean Stern, La Salette : documents authentiques, dossier chronologique intégral - septembre 1846-début mars 1847, t. 1, Desclée De Brouwer, , 385 p. (ISBN 978-2-220-02281-9), p. 13, 20
  64. Fourrey 2009, p. 372-373.
  65. a et b La Semaine religieuse du diocèse de Tulle, 7 novembre 1885, no 45, p. 614-615.
  66. Fourrey 2009, p. 388.
  67. Fourrey 2009, p. 390. Les points d'omission sont de Mgr Fourrey.
  68. (en) « Large Crowds at St. Catherine for Relic Tour », sur Trumbull, CT Patch, (consulté le )
  69. Fourrey 2009, p. 177.
  70. « A la découverte d’Ars sur les pas du Saint Curé - Sanctuaire d'Ars », sur https://www.arsnet.org/ (consulté le )
  71. Fourrey 2009, p. 178-179.
  72. « Le Curé d'Ars - Sanctuaire d'Ars », sur https://www.arsnet.org/ (consulté le )
  73. Mgr Francis Trochu, Le Curé d'Ars, 11e édition française, Paris, Lyon, s.d. (1927 ?), p. 679.
  74. Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche midi, , 385 p. (ISBN 9782749121697, lire en ligne), p. 12.
  75. « La vie de saint Jean-Marie Vianney », sur Sanctuaire d'Ars (consulté le )
  76. a et b « BEATO IOANNI BAPTISTAE MARIAE VIANNEY HONORES SANCTORUM DECERNUNTUR, die XXXI, anno MDCCCCXXV - Pius XI, Litterae Decretales | PIUS XI », sur www.vatican.va (consulté le )
  77. Texte de l'encyclique sur le site du Vatican.
  78. « Lumières sur Rhône-Alpes - La visite du Pape Jean Paul II à Ars - Ina.fr », sur Lumières sur Rhône-Alpes (consulté le )
  79. « La maison natale du Curé dArs », sur Ville de Dardilly (consulté le ).
  80. « Saint-Jean-Marie-Baptiste Vianney, curé d'Ars », sur laposte.fr (consulté le ).
  81. « Glissement de terrain à Saint-Jean-Vianney », sur Archives.radio-canada.ca (consulté le ).
  82. « Sacerdotii Nostri Primordia (1er août 1959) | Jean XXIII », sur www.vatican.va (consulté le )
  83. « Lettre pour l'indiction d'une Année Sacerdotale à l'occasion du 150e anniversaire du dies natalis du Saint Curé d'Ars (16 juin 2009) | BENOÎT XVI », sur www.vatican.va (consulté le )

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