Saâdeddine Zmerli

urologue et homme politique tunisien

Saâdeddine Zmerli
Illustration.
Saâdeddine Zmerli au 19e Maghreb des livres, Paris, 16 février 2013.
Fonctions
Ministre tunisien de la Santé

(8 mois et 16 jours)
Président Zine el-Abidine Ben Ali
Premier ministre Hédi Baccouche
Gouvernement Baccouche II et III
Prédécesseur Souad Lyagoubi
Successeur Dali Jazi
Biographie
Surnom Saâdoun[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Sidi Bou Saïd, Tunisie
Date de décès (à 91 ans)
Nationalité tunisienne
Profession Urologue

Saâdeddine Zmerli (arabe : سعد الدين الزمرلي), né le à Sidi Bou Saïd[2] et mort le [3], est un urologue et homme politique tunisien, ministre de la Santé entre le et le .

Formation modifier

Après des études primaires à l'école franco-arabe, il étudie au lycée Carnot de Tunis où il décroche son baccalauréat en juin 1948[2]. Après une année préparatoire à l'Institut des hautes études à Tunis, il part pour la faculté de médecine de Paris en 1949[2]. Externe des hôpitaux de Paris en 1952, il est admis en octobre 1955 sur concours en qualité d'interne[2]. Durant son séjour en France, il assiste dès 1960 avec Jean Auvert aux premières greffes rénales mondiales effectuées dans le service d’urologie du professeur Roger Couvelaire à l'hôpital Necker[4]. De plus, il participe à la réalisation d'un film sur l'opération qui est présenté en 1962 à un congrès d'urologie. On lui doit aussi l'établissement du degré de température assurant la plus longue survie du rein prélevé, soit 4 degrés Celsius, que la communauté internationale approuve rapidement[4].

Grâce à une bourse de l'Organisation mondiale de la santé, à l'appui du secrétaire d’État à l’Éducation nationale et à l'assistance de Roger Couvelaire, il passe le concours d'agrégation d'urologie en [5].

Carrière médicale modifier

Après avoir fini ses études, Saâdeddine Zmerli travaille comme chef de clinique assistant à la faculté de médecine de Paris[5].

En Algérie modifier

En l'absence de faculté de médecine ou de service hospitalier spécialisé en urologie en Tunisie, il s'installe en Algérie et passe le concours de spécialité auquel il est classé second[5]. Il devient maître de conférences, conférencier d’internat, puis conférencier d’assistanat et enfin d’agrégation de chirurgie. En même temps, il dirige le service d’urologie de l’hôpital Mustapha Pacha (seul de la spécialité au Maghreb).

D'autre part, il devient le premier président de la Société algérienne de chirurgie (1964-1970) et organise en mai 1965 les premières Journées médicales maghrébines avec les professeurs Aldjia Benallègue (présidente de la Société algérienne de médecine) et Béchir Mentouri[2].

En octobre 1976, il obtient le poste de professeur de faculté, titulaire de la chaire d’urologie, et commence à donner des cours de pathologie chirurgicale urologique à la faculté de médecine de Tunis sur la demande du professeur Zouhair Essafi[5].

En Tunisie modifier

Il retourne en 1973 en Tunisie où, dès 1965, le président Habib Bourguiba le charge de créer un service d'urologie à l'hôpital Charles-Nicolle[2]. De plus, il joue un rôle important dans l’implémentation et le développement d'autres services d'urologie dans le pays, comme à Sfax et Monastir, où la greffe rénale qu'il a initié est devenue un acte fréquent.

Le , il réussit la première greffe du rein au Maghreb[2] qui est suivie par soixante autres (51 avec donneurs vivants et neuf avec donneurs décédés[4]) en trois ans avec ses étudiants, Mohsen Ayed, Mounir El Ouakdi et Mohamed Chebil[4].

Saâdeddine Zmerli joue un rôle important dans la rectification de la loi concernant la greffe d'organes le , dont les buts principaux étaient la légalisation de la greffe à partir de donneurs vivants et l'appui du développement du prélèvement d’organes sur des sujets en état de mort cérébrale[4].

En dehors de l'urologie, la greffe rénale qu'il a initié en Tunisie a ouvert le chemin pour la greffe d'autres organes, tels que la transplantation cardiaque (initiée par Mohamed Fourati en 1993) et la greffe hépatique (par Ridha Belhadj Hamida et Tahar Khalfallah en 1998)[4].

Zmerli enseigne à l'université de Paris-V entre 1992 et 1995[6].

En 2011, le ministère de la Santé le nomme président du Comité national d’éthique médicale[7].

Engagement associatif et politique modifier

Membre fondateur de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, il en est le premier président en 1977[2], et préside son premier congrès après la révolution le , onze ans après l'interdiction de ses activités sous le régime du président Zine el-Abidine Ben Ali[8]. Il devient vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains pour quatre mandats de 1979 à 1985 et de 1993 à 2000[2].

Dans le même temps, il siège au gouvernement, du au , comme ministre de la Santé[2], où il se concentre sur les problèmes d'accès aux soins sanitaires dans les différentes régions du pays. Durant ce mandat, il interdit le système d'activité privée complémentaire des professeurs aux hôpitaux publics et oblige tous les médecins à choisir entre les secteurs public et libéral, ce qui provoque une vague de démissions massives de plusieurs professeurs hospitalo-universitaires[9].

À ce poste succède celui d'ambassadeur en Suisse pendant deux ans[2].

Il est par ailleurs l'un des membres fondateurs du Mouvement des démocrates socialistes[10].

Distinctions modifier

En 1990, l'université de Rouen lui accorde le doctorat honoris causa[5].

Le , la salle des thèses de la faculté de médecine de Tunis est rebaptisée « salle Saâdeddine-Zmerli » en son honneur[5].

Vie privée modifier

Il est le fils de Sadok Zmerli, chef de cabinet du ministre des Habous et directeur du protocole du bey de Tunis, et d'une mère algérienne[2].

Publications modifier

  • Saâdeddine Zmerli, « Historique, droit et éthique de la greffe rénale en Tunisie à travers 60 cas d'interventions personnelles », La Tunisie médicale, vol. 87, no 1,‎ , p. 3-5 (ISSN 0041-4131, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Saadeddine Zmerli, Mohsen Ayed, Ali Horchani et Imad Chami, « Hydatid Cyst of the Kidney: Diagnosis and Treatment », World Journal of Surgery, vol. 25, no 1,‎ , p. 68-74 (ISSN 0364-2313 et 1432-2323, DOI 10.1007/s002680020009, lire en ligne, consulté le ).

Références modifier

  1. « Pr Saaddedine Zmerli », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k et l « Sâadeddine Zmerli », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  3. « Le professeur Saâdeddine Zmerli s'éteint à l'âge de 91 ans », La Presse de Tunisie,‎ (ISSN 0330-9991, lire en ligne, consulté le ).
  4. a b c d e et f Saâdeddine Zmerli, « Historique, droit et éthique de la greffe rénale en Tunisie à travers 60 cas d'interventions personnelles », La Tunisie médicale, vol. 87, no 1,‎ , p. 3-5 (ISSN 0041-4131, lire en ligne, consulté le ).
  5. a b c d e et f « La salle des thèses de la faculté de médecine de Tunis portera le nom du Pr Saadoun Zmerli », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  6. « Décrets du 21 septembre 1992 portant nomination de professeurs associés des universités (enseignements supérieurs-disciplines médicales) », Journal officiel de la République française, no 220,‎ (ISSN 0242-6773, lire en ligne).
  7. Sabra Mansar, « Nominaton du Pr. Saadeddine Zmerli président du Comité national d'éthique médicale », sur tunisienumerique.com, (consulté le ).
  8. « Enfin libérée de ses chaînes, la LTDH a tenu son congrès », sur socialwatch.org, (consulté le ).
  9. « Tunisie-Santé : l’activité privée complémentaire, un moindre mal !!! », sur africanmanager.com, (consulté le ).
  10. Mohamed Nachi [sous la dir. de], Les figures du compromis dans les sociétés islamiques : perspectives historiques et socio-anthropologiques, Paris, Karthala, coll. « Terres et gens d'islam », , 298 p. (ISBN 978-2-8111-0576-1, lire en ligne), p. 229.

Liens externes modifier