Système de détection et de commandement aéroporté

système de stations radar montées sur des avions de guet ou des hélicoptères
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Le système de détection et de commandement aéroporté (SDCA) (en anglais : AWACS pour Airborne Warning and Control System) ou encore airborne early warning and control (AEW&C) pour Alerte aérienne avancée et contrôle est un système de stations radar montées sur des avions de guet ou des hélicoptères qui peuvent surveiller un vaste espace aérien et servir de postes de commandement pour les opérations aériennes ou de lutte anti-aérienne.

Un SDCA (AWACS) moderne : le Boeing E-3 Sentry

Principe modifier

Le système SDCA est un système de type appelé en anglais « Command and Control » (ou en termes opérationnels des plates-formes C2) comprenant :

  • une plate-forme aéroportée, souvent dérivée d'un avion de ligne civil ou d'un hélicoptère de transport ;
  • un puissant radar généralement monté dans un rotodome installé sur le dos de la plate-forme, parfois sur un flanc (cas des hélicoptères) ou sur les deux ;
  • des systèmes électroniques et des systèmes de communication nécessaires en particulier au contrôle des avions d'autres types (en termes opérationnels des plates-formes Non-C2) qui lui sont affectés et à la diffusion de la situation aérienne ;
  • des membres d'équipage chargés de surveiller les écrans radar et de coordonner les opérations aériennes.

Les SDCA modernes peuvent détecter d'autres avions jusqu'à 500 km de distance, bien au-delà des systèmes anti-aériens conventionnels. Ils permettent surtout la détection de raids à basse altitude, car ils ne sont pas gênés par le relief. En combat aérien, les SDCA peuvent contrôler des aéronefs amis (par définition non SDCA). Le SDCA diffuse, grâce en particulier à la Liaison 16, la situation aérienne et permet ainsi aux autres plates-formes, et particulièrement aux avions de combat, d'avoir une meilleure perception de leur environnement. Ainsi, les avions de chasse peuvent rester discrets en silence radar. Les SDCA sont bien sûr détectables par leurs propres émissions et très vulnérables. Ils se protègent par les avions de combat qu'ils contrôlent.

Des aérostats sans équipage emportent également des radars tel le Joint Land Attack Cruise Missile Defense Elevated Sensor System. Pouvant rester plusieurs semaines en vol et transmettant leurs données à un site au sol, ils sont une alternative aux SDCA[1].

Historique modifier

 
Le E-1 Tracer, premier « AWACS » au monde[Information douteuse]

La mise au point des premiers « AWACS » remonte à la Seconde Guerre mondiale avec le projet « Cadillac », mais l’US Air Force se montra d'abord peu intéressée par la mise au point d’un tel avion. Il faut en fait attendre les années 1950 pour voir arriver les premiers avions opérationnels : l'US Air Force reçut à partir de 1953 ses premiers EC-121 Warning Star, dérivés du Super Constellation avec des équipements spécifiques installés à la fois dans une grande bosse ventrale et dans une bosse dorsale plus petite. Vint ensuite le E-1 Tracer, un dérivé de l'avion de lutte anti-sous-marine Grumman S-2 Tracker développé pour la marine américaine. Mis en service en 1954, il disposait d'une grande antenne radar installée dans un carénage sur le dos.

Développé avant la mise au point des radars à effet Doppler, ces avions étaient efficaces pour la détection à longue distance, mais avaient des performances faibles pour la détection vers le bas. Ce n’était pas un problème à une époque où le bombardement à haute altitude était préconisé mais il devint vite évident que, pour échapper à la chasse et aux missiles adverses, un avion devait impérativement effectuer sa pénétration à basse altitude et à grande vitesse. Ce changement de doctrine ainsi que la mise au point des radars à effet Doppler, sous l’égide du programme ORT (Overland Radar Technology), allait donner naissance aux SDCA modernes.

En 1964, l'US Navy remplaça ainsi ses E-1 Tracer par le premier avion spécifiquement conçu pour ce rôle : le Grumman E-2 Hawkeye, premier « AWACS » embarqué sur porte-avions. Il est toujours en service en 2019.

De son côté, l'US Air Force développa un système plus performant car non soumis aux contraintes liées à l'emploi depuis un porte-avions, le Boeing E-3 Sentry, qui fut mis en service en 1977. L'URSS introduisit dans les années 1980 son propre SDCA, le Beriev A-50 Mainstay, basé sur l'Iliouchine Il-76. Ces deux systèmes ont été exportés vers différents pays. D'autres systèmes plus ou moins performants ont été développés depuis, notamment par Israël.

Dans les années 1980, la France souhaite se doter d'un système de détection aéroporté. Pour cela, deux appareils déjà existants sont expérimentés en 1982 : le E-2C et le E-3A américains. Mais la France regarde également au sein de sa propre industrie avec le C-160 Transall et le Breguet Atlantic, puis se tourne vers la Grande-Bretagne qui possède une cellule adaptable dans l'avion Bae Nimrod. Le choix de l'Armée de l'Air se porte finalement sur l'appareil américain E-3F commandé à 4 exemplaires entrant en service à partir de 1990.

La Grèce au printemps 2009, avec l'entrée en service de 4 Embraer ERJ-145 AEW&C, dont l'interopérabilité avec le F-16 et le Dassault Rafale a été prouvée, rejoint le club fermé des pays mettant en œuvre des SDCA[2],[3],[4].

Liste des appareils de type SDCA modifier

Appareil Catégorie Pays

d'origine

1er vol

SDCA

Nombre

construit [Quand ?]

Statut
Antonov An-71 Avion 2 moteurs  URSS 1985 3 Retiré
AgustaWestland Model 112/EH-101A Hélicoptère  Italie 2009 4 Opérationnel
Avro Shackleton AEW.2 Avion 4 moteurs  Royaume-Uni 1972 12 Retiré en 1991
Beriev A-50 Avion 4 moteurs  URSS 1978 Environ 40 Opérationnel
Beriev A-100 Avion 4 moteurs  Russie 2017 1 Prototype
Boeing 707 Phalcon/Condor Avion 4 moteurs  Israël 1993 2+ Opérationnel
Boeing 737 AEW&C Avion 2 moteurs  États-Unis 2004 14 Opérationnel
Boeing B-29 AEW Avion 4 moteurs   États-Unis 1951 3 Retiré
Boeing EC-137D Avion 4 moteurs   États-Unis 1972 2 Retiré
Boeing E-3 Sentry Avion 4 moteurs   États-Unis 1975 68 Opérationnel
Boeing E-767 Avion 2 moteurs   États-Unis 1996 4 Opérationnel
Boeing PB-1W Flying Fortress Avion 4 moteurs   États-Unis 1945 31 Retiré
British Aerospace Nimrod AEW3 Avion 4 moteurs  Royaume-Uni 1981 11 Retiré
Britten-Norman AEW Defender Avion 2 moteurs  Royaume-Uni 1988 2+ Prototype
CASA C-295 AEW Avion 2 moteurs  Europe 2011 1 Prototype
Douglas AD-3/4/5W Skyraider Avion Monomoteur   États-Unis 1945 31 3W, 168 4W, 218 5W Retiré en 1972
Embraer R-99A Erieye (EMB-145 AEW&C) Avion bimoteur   Brésil 1999 10 Opérationnel
Fairey Gannet AEW.3 Avion bimoteur  Royaume-Uni 1949 45 Retiré en 1978
Grumman E-1 Tracer Avion bimoteur   États-Unis 1956 88 Retiré en 1977
Grumman E-2 Hawkeye Avion bimoteur   États-Unis 1964 170 Opérationnel
Grumman TBM-3W Avenger Avion Monomoteur   États-Unis 1941 Retiré
IAI Eitan Drone   Israël 2004 Opérationnel
KJ-1 AEWC Avion quadrimoteur   Chine 1969 1 Prototype
Shaanxi KJ-200 Avion bimoteur   Chine 2001 Opérationnel
Xian KJ-2000 Mainring Avion quadrimoteur   Chine 2003 5 Opérationnel
Lockheed EC-121 Warning Star Avion quadrimoteur   États-Unis 1954 232 Retiré en 1982
Lockheed EC-130V Hercules Avion quadrimoteur   États-Unis 1991 1 Prototype
Lockheed P-3 AEW&C Avion quadrimoteur   États-Unis 1985 14 Opérationnel
Saab 340 Erieye Avion bimoteur   Suède 4 Opérationnel
Saab 2000 Erieye Avion bimoteur   Suède Opérationnel
Saab GlobalEye Avion biréacteur   Suède 2019 3 Prototype
en : Sea King ASaC (Airborne Surveillance and Control) Hélicoptère  Royaume-Uni 1982 13 Opérationnel
Tupolev Tu-126 Moss Avion quadrimoteur  URSS 1967 12 Retiré en 1990
 
Embraer R-99A Erieye (EMB-145 AEW&C)
 
Un CASA C-295 AEW au salon du Bourget de 2011.

Notes et références modifier

  1. Frédéric Lert, « Le JLENS, l’autre ballon ovale. », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
  2. (en) « EMB 145 AEW&C », Embraer, (consulté le )
  3. (fr) Ambassade de France à Athènes, « Essais d’interopérabilité franco-grecs « Rafale » et « Erieye » », Gouvernement de France, (consulté le )
  4. (en) Craig Hoyle, « Greece accepts delayed Erieye system for operational use », Flight Global International, (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Article connexe modifier

Liens externes modifier

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