sénateur de la Troisième République française élu à vie
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Un sénateur inamovible est un membre du Sénat de la Troisième République française élu à vie au sein de cette chambre parlementaire. Le statut de sénateur inamovible est créé par les lois constitutionnelles de 1875 et dont l’abrogation est prévue par un texte de 1884. Ils sont 75 inamovibles sur 300 sénateurs et sont remplacés à leur mort par un membre désigné par le Sénat lui-même. Après la suppression de ce mode de désignation, les sénateurs à vie en fonction sont maintenus. Il y a eu en tout 116 sénateurs inamovibles.
Léon Gambetta, qui souhaite « rompre avec cette habitude de l'esprit français de considérer le Sénat comme une sorte de palais réservé à l'immortalité »[1] se résout néanmoins à accepter ce « sacrifice à faire »[a 1]. Car la jeune Assemblée nationale installée depuis le début de la IIIe République, encore provisoire, est consciente de la nécessité de mettre en place une « Chambre haute » afin d'assurer un contrepoids avec une chambre élue au suffrage universel et de ne pas revivre les difficultés du monocamérisme de la IIe République[a 2].
La Commission des Trente, chargée de rédiger une constitution, propose qu'un tiers des sénateurs, soit le nombre de cent, soit désigné par le maréchal de Mac Mahon. Ce dernier, peu disposé à assumer ce type de nomination de crainte d'être par trop sollicité, accepte que ces sénateurs soient désignés par l'Assemblée nationale[a 3]. Leur nombre est ramené à soixante-quinze.
Le projet définitif, présenté par Henri Wallon, est adopté sans grand débat. La loi du prévoit que le Sénat de la IIIe République française soit composé de 225 membres élus par les départements et de 75 membres inamovibles, élus à vie parmi les membres de l'Assemblée nationale, qui doit s'en séparer le . Les modalités d'élection des soixante-quinze premiers sénateurs inamovibles sont définies par l'article 24 de la loi organique du 2 août 1875 qui prévoit un scrutin de liste à la majorité absolue. Un amendement de Laboulaye le transforme en scrutin de liste plurinominal. Les élus sont issus du scrutin législatif de 1871 et désignés au long de onze tours de scrutin entre le 9 et le . Seuls le duc d'Audiffret-Pasquier et Louis Martel sont élus dès le premier tour ; ils sont les deux premiers présidents du Sénat.
Les remplacements sont ensuite assurés par le Sénat lui-même.
Le 14 août 1884, le Parlement adopte une révision constitutionnelle dont l'article 3 retire le "caractère constitutionnel" aux sept premiers articles de la loi du 24 février relative au Sénat. La loi promulguée le supprime le mandat à vie, laissant toutefois les sénateurs inamovibles en place siéger jusqu'à leur décès. Les places sont remplacées par un siège dans une circonscription tirée au sort. Le dernier sénateur inamovible, Émile de Marcère, est mort le [2],[3].
Jean-Marie Mayeur (dir.) et Alain Corbin (dir.), Les immortels du Sénat, 1875-1918 : les cent seize inamovibles de la Troisième République, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles » (no 37), , 512 p. (ISBN2-85944-273-1, lire en ligne).