Roussé

municipalité bulgare
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Roussé
Русе
Blason de Roussé
Héraldique
Drapeau de Roussé
Drapeau
Roussé
Vues de Roussé
Administration
Pays Drapeau de la Bulgarie Bulgarie
Obchtina Roussé
Oblast Roussé
Maire
Mandat
Péntcho Plamenov MILKOV (GERB)
2023 - 2027
Code postal 7000
Démographie
Population 123 134 hab. (2022[1])
Densité 969 hab./km2
Géographie
Coordonnées 43° 50′ 55″ nord, 25° 57′ 12″ est
Altitude 45 m
Superficie 12 712,4 ha = 127,124 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Bulgarie
Voir sur la carte administrative de Bulgarie
Roussé
Liens
Site web https://obshtinaruse.bg Site officiel de la ville

Roussé (Русе, en bulgare), est la cinquième plus importante ville de Bulgarie, avec une population de près de 166 056 habitants[2].

Géographie modifier

Géographie physique modifier

La ville de Roussé est située dans le nord-est du pays, sur la rive droite du Danube en face de la ville roumaine de Giurgiu.

C'est le chef-lieu de la municipalité de Roussé et de l'oblast (région) de Roussé.

Climat modifier

La ville de Roussé connaît un climat continental modéré, avec quatre saisons bien marquées. La température moyenne varie au cours de l'année entre -2 °C pour les minimales, et +33 °C pour les maximales. La pluviométrie annuelle est de 65 litres au mètre carré[3].

Géographie humaine modifier

Évolution démographique
1880 1887 1910 1926 1934 1946 1956 1965 1975
26 16327 19436 255-53 26657 83388 375128 888159 578
1985 1992 2001 2011 2021 2022 - - -
185 440170 038161 453149 134133 813123 134---

[4],[5],[6]

Histoire modifier

Antiquité et Haut Moyen Âge modifier

La ville a émergé comme un site néolithique du troisième au deuxième millénaire avant notre ère, quand la poterie, la pêche, l'agriculture, la chasse se développent. Les fouilles révèlent plusieurs couches, ce qui suggère que l'endroit a été attaqué par les tribus voisines et a subi un certain nombre de catastrophes naturelles. Des sanctuaires thraces ont été trouvés à proximité, contenant des idoles d'une femme enceinte, déesse de la fertilité.

À l'époque romaine, l'agglomération thrace se développe en un centre militaire et naval romain sous le règne de Vespasien (69-70) dans le cadre du système de fortifications de la Mésie (le limes moesicus). Le nom latin de la ville, Sexaginta Prista, suggère le sens de « 60 darses », du latin sexaginta (« 60 ») et du grec pristis (galère de la classis danubiana, flotte frontalière romaine). La forteresse était située sur la route principale entre Singidunum (aujourd'hui Belgrade) et les bouches du Danube : la ville devint l'un des centres urbains les plus importants de la Mésie à l'époque thraco-romaine. Une inscription datant du règne de Dioclétien prouve que la ville a été reconstruite comme un praesidium (un grand camp retranché) après avoir été détruite par les Goths en 250. Au Ve siècle la population était christianisée comme en témoignent les basiliques et les objets chrétiens, et aux VIe et VIIe siècles elle fut assimilée par les Slaves qui diffusèrent leur langue mais adoptèrent à leur tour le christianisme, ainsi que des coutumes thraces comme les martenitsi que les Bulgares partagent avec les Roumains.

La bataille d'Ongal (680) livra la péninsule des Balkans aux Proto-Bulgares qui y constituèrent le Premier empire bulgare avec les « Sept Tribus slaves » et qui adoptèrent eux aussi le christianisme en 865[7]. Prista, en bulgare Tcherven, fut prise par l'empereur byzantin Basile II en 918 et connut une période brillante sous l'Empire byzantin (918-1185) et sous le second Empire bulgare (1186–1396). Les Génois y ouvrirent en 1315 un comptoir commercial nommé San-Giorgio, ce qui donna rive gauche (nord) du Danube le nom valaque de Giurgiu, et rive droite (sud) du Danube le nom de Yorgovo (bulgare : Йоргово) ou Golyamo Yorgovo (Голямо Йоргово), l'actuelle Roussé[8],[9]. L'historien austro-hongrois Felix Philipp Kanitz (en) a été le premier à identifier Prista avec Yorgovo-Roussé, mais les frères Skorpil ont démontré ce lien plus tard par l'étude des inscriptions, des monnaies, des tombes et des objets de la vie quotidienne.

Deuxième Empire bulgare modifier

En 1380 le nom Russi est mentionné pour la première fois ; huit ans plus tard, la ville est conquise par les Ottomans. Les linguistes suggèrent que Rusi est un nom roman (valaque) pouvant provenir soit de Rusalii (nom roumain de la pentecôte dérivant du latin Rosalia[10]), soit plus probablement d'une traduction du nom bulgare Tcherven (bulgare : Червен) désignant les fortifications et signifiant « rousses », comme les pierres calcaires des environs[11].

La domination ottomane modifier

 
Roussé en 1824
 
Mosquée

Au cours de la domination ottomane, les envahisseurs ont détruit la ville, en réaction à l'échec d'une tentative de libération en 1595 par une armée conjointe valaco-bulgare dirigée par Michel le Brave. Après sa reconstruction dans les années suivantes, Ruse a été surnommée Rusçuk (diminutif turc : « petit Roussé ») et de nouveau fortifiée durant le XVIIIe siècle. Elle ne perd pas son rôle de base d'une flotte fluviale, cette fois ottomane, et devient plus tard l'une des villes ottomanes les plus importantes sur le Danube et le centre administratif du vilayet du Danube, qui s'étend de Vidin à Varna et de la berge sud du grand fleuve à Niš, Sofia et au Grand Balkan.

Le journaliste irlandais Michael J. Quin, qui visita la région en 1834, qualifia la ville de « misérable, inanimée, sale et laide »[12], mais il arrivait peu après la guerre russo-turque de 1828-1829 qui avait ravagé les deux rives du fleuve. De son côté, Xavier Marmier écrit dans son récit de voyage intitulé Du Rhin au Nil, paru en 1847, que Roustchouck compte 30 000 habitants, Bulgares, Grecs, Turcs, Valaques, Arméniens, Juifs et Tsiganes[13]. En 1850, le journaliste français Adolphe Joanne parle « d'une profonde misère »[14]. Toujours selon Joanne, une épidémie de peste tua 90 à 100 personnes par jour pendant plusieurs semaines en 1838[15].

Pendant la Guerre russo-turque de 1877-1878, l'évêque Clément sauve la ville de Roustchouk de l'anéantissement et la population bulgare du carnage. Le 20 février 1878, le général russe Totleben libère la ville du joug ottoman et elle prend le nom officiel de Roussé en bulgare[16]. Les batteries russes de Roustchouk et Giurgiu empêchent les navires de guerre turcs de remonter le Danube. En 1878, selon le traité de Berlin, la Bulgarie gagne la reconnaissance de son indépendance, mais les fortifications de Roustchouk sont démolies.

 
Dokhodno Zdanié : le théâtre de Roussé.

Culture modifier

 
Dans la cathédrale catholique de Roussé. Mai 2016.

Personnalités modifier

Jumelages modifier

La ville de Roussé est jumelée avec[17] :

Notes et références modifier

  1. https://nsi.bg/en/content/2981/population-towns-and-sex Institut national de la statistique de la République de Bulgarie
  2. Institut national de la statistique, Bulgarie, 31.12.2008
  3. ..:: Ruse municipality ..::..Община Русе..::.. - Home::..
  4. Institut national statistique
  5. Pop-stat.mashke par Tim Bespyatov
  6. resultat du recensement 2011
  7. Les Proto-Bulgares étaient auparavant adeptes du tengrisme.
  8. Charles Verlinden, « Italie - Colonies italiennes du Levant - Levant latin - Empire byzantin », dans L'esclavage dans l'Europe médiévale vol. 2 : Gand 1977.
  9. Michel Balard, La Roumanie génoise, Rome et Gênes 1978.
  10. Alexandru Cioranescu, (ro) Dictionarul etimologic al limbii romane, ed. Saeculum, 2002. (ISBN 973-9399-86-X)
  11. Регионален исторически музей Русе (Site du musée régional d'histoire de Roussé), [1].
  12. Michael J. Quin, A Steam Voyage down the Danube. With Sketches of Hungary, Wallachia, Servia, and Turkey (1835) ; traduction française de Jean-Baptiste Eyriès intitulée Voyage sur le Danube : de Pest a Routchouk, par navire a vapeur, et notices de la Hongrie, de la Valaquie, de la Servie, de la Turquie et de la Grèce, Paris, Arthus Bertrand, libraire-éditeur, 1836, pp. 277-278 (lire en ligne).
  13. Volume I, page 303.
  14. Adolphe Joanne, Voyage en Orient, volumes 1, Ixelles Lez Bruxelles : Delevingue et Callewaert, 1850, p. 8 (lire en ligne).
  15. Adolphe Joanne, Voyage en Orient, p. 9.
  16. Nikolaï Moutchev et Piotr Koledarov, (bg) Речник на селищата и селищните имена в България 1878—1987, Sofia, 1989.
  17. (bg) Побратимени градове

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier