Rue René-Boulanger

voie parisienne

10e arrt
Rue René-Boulanger
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Rue René-Boulanger.
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Situation
Arrondissement 10e
Quartier Porte-Saint-Martin
Début 16, place de la République
Fin 20, boulevard Saint-Martin
2, rue du Faubourg-Saint-Martin
Morphologie
Longueur 500 m
Largeur 12 m
Historique
Dénomination 1944
Ancien nom Chemin de la Voirie,
Rue des Fossés-Saint-Martin,
Rue Basse-Porte-Saint-Martin,
Rue de Bondy
Géocodification
Ville de Paris 8128
DGI 8143
Géolocalisation sur la carte : Paris
(Voir situation sur carte : Paris)
Rue René-Boulanger
Géolocalisation sur la carte : 10e arrondissement de Paris
(Voir situation sur carte : 10e arrondissement de Paris)
Rue René-Boulanger

La rue René-Boulanger est une voie du 10e arrondissement de Paris, en France.

Situation et accès modifier

La rue René Boulanger commence au niveau du 16, place de la République et se termine après 500 mètres aux 20, boulevard Saint-Martin et 2, rue du Faubourg-Saint-Martin. La route de 12 mètres de large rejoint également la porte Saint-Martin à son extrémité.

Origine du nom modifier

Elle porte depuis 1944 le nom du syndicaliste René Boulanger (1901-1944), syndicaliste mort pendant la Seconde Guerre mondiale[1].

Historique modifier

La rue a son origine dans le chemin de contrescarpe qui longeait extérieurement la butte Saint-Martin, éminence au bord de l'enceinte de Charles V constituée de dépôts d'immondices, qui fut aménagée en bastion avant 1609 lors des travaux d'améliorations des fortifications de Paris au début du XVIIe siècle. Après la suppression du rempart remplacé par le boulevard Saint-Martin à partir de 1670, ce chemin devint la « rue des Fossés-Saint-Martin » longeant en contrebas au nord (côté campagne) cette voie établie sur le flanc de l'ancien bastion. Après les travaux de nivellement de la chaussée du boulevard, le dernier abaissement datant de 1851, une dénivellation subsiste entre les deux voies. Le tracé arrondi de la rue au départ de la porte Saint-Martin correspond à la forme de l'ancien bastion[2].

Située dans le quartier de la Porte-Saint-Martin, la rue commençait à l'origine rue du Faubourg-Saint-Martin et aboutissait à une voirie qui lui avait fait donner durant un temps le nom de « chemin de la Voirie ». La suppression de cette voirie en 1758 permit son prolongement sous le nom de « rue basse-Saint-Martin ». En 1770, elle est une nouvelle fois prolongée, en ligne droite et parallèlement à la grande allée du Rempart jusqu'à la rue du Faubourg-du-Temple avec « une largeur de 30 pieds (9,14 mètres) ». Elle prit, en , le nom de « rue de Bondy[3] ».

La rue fut principalement bâtie entre 1770 et 1840 sous les règnes de Louis XVI et Louis-Philippe.

La place de la République aménagée dans les années 1860 absorba son tronçon est qui débouchait sur la rue du Faubourg-du-Temple.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire modifier

 
Action de jouissance de la S.A. du Grand panorama national français (1880) constituée pour l'exploitation d'une rotonde panoramique établie au 26, rue de Bondy.
  • No 26 (et 3, rue du Château-d'Eau) :
    — emplacement, en 1858 alors que la rue est encore nommée « rue de Bondy », du grand Café-Parisien qui revendique le statut d'« établissement unique au monde », entre autres pour ses « proportions colossales, inusitées jusqu'à ce jour », mais met aussi l'accent sur les 24 billards, 2000 jets de gaz, les décorations féériques, les sculptures splendides, son horloge phénoménale et son comptoir monumental. L'entrée de l'établissement était situé rue de Bondy, la sortie rue du Château-d'Eau[7].
    — À cette même adresse, la S.A. du Grand panorama national français, constituée à l'initiative du peintre panoramiste Charles Castellani (1838-1913) à Bruxelles le [8] inaugure une rotonde (1881, Seyrig ingénieur) avec l'exposition de la toile panoramique circulaire monumentale La Défense de Belfort (1881) créée par Castellani lui-même qui est actionnaire et l'un des administrateurs de la société. Le « Grand panorama » du 26 rue de Bondy accueille ensuite Le Dernier jour de la commune (1883), également peint par Castellani, comme l'atteste une affiche de Léon Choubrac.
    — L'emplacement est aujourd'hui occupé par la bourse du travail de Paris (1888/1896, Joseph-Antoine Bouvard architecte) accessible par la rue du Château-d'Eau.
  • No 30 : hôtel de Mlle Laguerre, première chanteuse de l'Opéra de Paris sous Louis XVI.
  • No 32 : ancien siège de l'hebdomadaire Marianne (actuellement 28, rue Broca, à Paris 5e). C'est à ce numéro que se trouvait le cabinet de curiosités de Michel Ferdinand d'Albert d'Ailly, duc de Chaulnes.
  • N°38 : ancien domicile de Maurice Maréchal et Jeanne Maréchal, fondateurs du Canard enchaîné. La rédaction et le siège du journal y furent installés du 18 juillet 1917 au 9 novembre 1921, date de leur déménagement pour le 30 rue Louis-le-Grand [9].
  • No 40 : ancien siège du théâtre des Folies-Dramatiques à compter de 1862. À son emplacement est construit en 1972 un immeuble de bureaux dessiné par les architectes André Biro et Jean-Jacques Fernier[10]. Tombé en déshérence, le bâtiment est occupé en 2010-2011 par un collectif d'artistes dont Kouka Ntadi (« Château d’Albat’art »[11]). Il est réaménagé en un hôtel 5 étoiles (Renaissance République) qui a ouvert fin .
  • No 44 : une plaque porte le message « En mémoire de Cleews Vellay (1964-1994) mort du sida PrésidentE d’Act Up-Paris dont le local se trouvait dans cet immeuble ». Le terre-plein situé entre la rue René Boulanger et le boulevard Saint-Martin[12] prend le nom de Promenade Cleews Vellay.
  • Nos 50-52 : immeubles fin du XVIIIe siècle dont Daguerre réalisa l'un de ses premiers daguerréotypes depuis le boulevard Saint-Martin en 1839. Le numéro 52 abrite depuis 1965 les organisations juives de gauche bundistes[13].
  • No 54 : hôtel d’Aligre, dont les bas-reliefs représentant les quatre saisons sont des copies de ceux qu'avait réalisés pour cet hôtel particulier, en 1772, le sculpteur Claude Michel dit Clodion, pour le comte de Marans, marquis d'Aligre, Étienne François d'Aligre.
  • No 56 : ancien établissement Christofle & Cie (détruit). C'est là que Charles Christofle fonda en 1842 le premier atelier d’argenture de Christofle, jusqu’à son déménagement en 1933 à Saint-Denis.
  • No 60 : ici est né en 1859 le peintre pionnier du pointillisme et du divisionnisme, Georges Seurat. Plus tard, il déménagera non loin au 110, boulevard de Magenta.
  • Nos 62-64 : hôtel de Rosanbo, datant de 1780, construit par l'architecte Nicolas-Claude Girardin, demeure de Louis Le Peletier de Rosambo, marquis de Rosanbo[14]. Cet hôtel est cité dans les Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand[15]. L’hôtel a ensuite été acquis par la comtesse Merlin, née Maria de las Mercedes de Santa Cruz (Cuba, 1788 – Paris, 1852) épouse du général Christophe Antoine Merlin, qui y tint un des salons les plus importants de Paris au début du XIXe siècle, accueillant notamment George Sand, Prosper Mérimée, Honoré de Balzac, Alfred de Musset et le compositeur Gioachino Rossini. À partir de 1840, le baron Taylor y fonda ses sociétés de bienfaisance, avant de s'installer au 68 de la rue.
  • No 66 : hôtel de Sechtré, construit entre 1771 et 1776 par l'architecte Nicolas Lenoir, dit le Romain. Cet hôtel particulier fut séparé en deux par le comte de Sechtré pour ses deux filles, Mme de Rennepont et Mme de Castéja, gouvernante des enfants de monseigneur le Dauphin de France sous Louis XVI et qui avait fait partie de la maison de Mme la duchesse de Berry. L'hôtel fut ensuite acheté en 1830 par Worms de Romilly, alors maire de l'arrondissement.
  • No 68 : hôtel de l'auteur, homme d'art et philanthrope français le baron Taylor.
  • No 70 : passage privé pittoresque dit villa du Lavoir.
  • No 90 : immeuble d'angle d'époque Napoléon III (1854). Aujourd'hui occupé par l'hôtel Providence[16].
  • No 94 : unique exemple à Paris d'un cabaret d'époque Louis XIV.
  • Dans la rue se trouvait un club de boxe, l'Avia Club, où le futur acteur Jean-Paul Belmondo s'inscrivit à l'âge de 15 ans, en 1948[17],[18].

Notes et références modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Mairie de Paris, « Recherche des rue de Paris - Rue René-Boulanger », sur v2asp.paris.fr (consulté le ) : « Orig. du nom. René Boulanger (1901-1944), syndicaliste, incarcéré et tué par les Allemands à la prison de Nantes. ».
  2. Renaud Gagneux, Denis Prouvost,, Sur les traces des enceintes de Paris : promenades au long des murs disparus, Paris, Parigramme, , 241 p. (ISBN 2-84096-322-1), p. 108-109
  3. Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut, Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, p. 398.
  4. Charles Gabet, Dictionnaire des artistes de l'école française, au XIXe siècle, Paris, Madame Vergne, , 709 p. (lire en ligne), p. 216.
  5. Site du théâtre, www.petitsaintmartin.com.
  6. [Guillebon 1988] Régine Plinval de Guillebon, La manufacture de porcelaine de Guérhard et Dihl, dite du duc d'Angoulême, The French porcelain society (no 4), , 22 p. (lire en ligne [PDF] sur thefrenchporcelainsociety.com), p. 2, 8.
  7. « Grand Café Parisien », encart publicitaire dans le Livret-Chaix des rues de Paris, Napoléon Chaix et Cie, Paris, 1858, p. 71.
  8. Publication de l'enregistrement de la Société anonyme du grand panorama national français dans l'annexe au Moniteur Belge du , p. 347 (en ligne)
  9. Le Canard enchainé des 11 et 18 juillet 1917 et des 9 et 16 novembre 1921.
  10. Cf. « Pitch Promotion et le Groupe Boissée Finances inaugurent l’hôtel « Renaissance Paris République » – Marriott 5* », sur Galivel & associés, (consulté le ) ou la mention dans « Bleu blanc », sur La façade au carré, (consulté le )
  11. « Street Art: Les guerriers Bantu, Gardiens de la rue Boulanger », sur Artsper magazine (consulté le )
  12. « Paris va rendre hommage à Cleews Vellay, l'emblématique président d'Act Up-Paris », sur KOMITID, (consulté le )
  13. Annette Wieviorka, Tombeaux : Autobiographie de ma famille, Paris, Le Seuil, coll. « Points » (no 5983), , 2e éd. (1re éd. 2022), 373 p. (ISBN 9791041412921), p. 129-130.
  14. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, 2004, t. II, p. 334.
  15. « Mon frère était marié ; il demeurait chez son beau-père, le président de Rosanbo, rue de Bondy. Nous convînmes de nous placer dans son voisinage : par l'entremise de M. Delisle de Sales, logé dans les pavillons de Saint-Lazare, au haut du faubourg Saint-Denis, nous arrêtâmes un appartement dans ces mêmes pavillons. »
  16. Site de l'hôtel, www.hotelprovidenceparis.com.
  17. Frédéric Choulet, Marion Kremp et Marjorie Lenhardt, « Son enfance, ses passions, ses scènes mythiques… Sur les traces du Grand Paris de «Bébel» », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  18. « De 1943 à aujourd’hui », aviaclubboxe.com, consulté le 4 février 2024.

Articles connexes modifier