Rue Balthazar-Dieudé

rue de Marseille, en France

Rue Balthazar-Dieudé
Image illustrative de l’article Rue Balthazar-Dieudé
Situation
Coordonnées 43° 17′ 32″ nord, 5° 22′ 53″ est
Arrondissement 6e
Quartier Préfecture
Tenant Rue de Rome
Aboutissant Cours Lieutaud
Morphologie
Type Rue
Longueur 180 m
Largeur 9,5 m
Histoire
Anciens noms Rue de Puget
Rue Troisième Calade
Géolocalisation sur la carte : Marseille
(Voir situation sur carte : Marseille)
Rue Balthazar-Dieudé

La rue Balthazar-Dieudé est une voie marseillaise située dans le quartier de la Préfecture (6e arrondissement).

Situation et accès modifier

Elle descend du cours Lieutaud vers la rue de Rome perpendiculairement à ces deux voies et aux rues Fongate et de la Palud.

Origine du nom modifier

Elle porte le nom de l'échevin Balthazar Dieudé, échevins qui s'est distingué pendant la peste de 1720[1]

Historique modifier

Pierre Puget achète en 1668[2] ou en 1688[1] 5 000 m2 de vignes sur les pentes de la colline Fongate. Il y fait construire une maison de campagne connue sous le nom de « Pavillon Puget » ou de « Villa Fongate ». Après sa mort en 1694, son fils et son petits fils conservent cet héritage menacé par le tracé de la troisième calade.

Cette artère est l'une trois voies est-ouest, planifiées en 1698 par le bureau de l’agrandissement[3] pour relier l'axe nord-sud de la nouvelle rue de Rome à la colline de Fongate, et désignées sous le terme de calade du fait de leurs fortes pentes.

En 1730 le conseil municipal décide la réalisation des calades demandées par des habitants et les pères Trinitaires de le rue de la Palud. La troisième calade demeure un temps en impasse au niveau du pavillon de Pierre Puget. Mais en 1738 le curé de l’église Saint-Ferréol[4] et des habitants du quartier obtiennent son ouverture sur la rue Fongate. Les travaux prennent du temps : les propriétaires riverains doivent s'entendre pour les financer au deux-tiers, et les déblais sont importants. Selon Augustin Fabre le pavillon est finalement démoli fin 1747, « il n’en resta pas une seule pierre », et la rue débouche enfin sur les hauts du quartier. La rue Balthazar-Dieudé est ensuite raccordée au cours Lieutaud après le prolongement de celui-ci en 1865[1].

Sur le plans de la fin du XVIIIe siècle et du début XIXe elle porte d'abord le nom de « rue de Puget », car percée dans la propriété du peintre sculpteur et architecte Pierre Puget, puis de « rue Troisième Calade »[5]. Pendant la Révolution elle est un temps « rue Libertat » en mémoire de l’exécuteur de Charles de Casaulx[6].

En 1857 ces trois calades reçoivent les noms de trois échevins qui se sont distingués pendant la peste de 1720 : Jean-Pierre Moustier, Jean-Baptiste Estelle, et Balthazar Dieudé[1].

 
Situation des trois calades sur OpenSteetMap

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire modifier

La bastide Flotte de la Buzine modifier

Au no 23 se situe l'une des trois entrées de la bastide Flotte de la Buzine classée monument historique le [7] alors qu'elle fait l'objet d’une demande de permis de démolir[8].

Dans les années 1750 Nicolas de Flotte de la Buzine[9] achète plusieurs terrains contigus, dans un l'îlot délimité par les rues Balthazar-Dieudé, de la Palud, Jean-baptiste-Estelle et Fongate, dont certains au petit fils de Pierre Puget qui a fait lotir ce qui subsistait de la campagne du sculpteur. Au moment même où le quartier s’urbanise Nicolas de Flotte de la Buzine fait construire au cœur de cet îlot urbain une demeure sur le modèle des traditionnelles bastides de la campagne marseillaise[10],[11].

L'ancien cours Saint-Thomas d’Aquin modifier

À partir de 1832 la bastide accueille des institutions d'enseignement. En 1919 les lieux sont confiés par l’abbé Fouque aux sœurs dominicaines du Saint Nom de Jésus qui renomment l'établissement « cours Saint-Thomas d’Aquin ». Celui-ci dispense un enseignement de la maternelle au baccalauréat, et compte environ 500 élèves en 2012 au moment de sa fermeture.

En 2012 les dominicaines estimant ne pas pouvoir faire face aux nécessaires travaux de rénovation signent un compromis de vente des murs avec un groupe de promotion immobilière et annoncent la fin des activités d’enseignement. Cette décision suscite une grande émotion chez les enseignants et les parents d’élèves à qui aucune solution n'est proposée pour la rentrée suivante[12]. L'Association pour l’Enseignement libre (AELE) copropriétaire des lieux assigne les dominicaines devant les tribunaux[13]. Les religieuses jugées par le tribunal correctionnel en 2015 sont relaxées[14]. Un collectif d’habitants du quartier limitrophe, Noailles, interpelle la municipalité et lance une pétition afin que les lieux soient affectés à des équipements destinés à la petite enfance et à une école publique[15].

Pendant l'été 2015 l'exposition éphémère d'art urbain « Aux Tableaux ! » investi avec un grand succès l'école désaffectée. L’événement est organisée avec l’accord des promoteurs[16] par Juxtapoz, association spécialisée dans l'animation de friches urbaines, il accueille selon celle-ci 43 000 visiteurs.

En 2019 une cinquantaine de logements sont commercialisés sous la dénomination de « Bastide Saint-Thomas d’Aquin ». Le programme bénéficie d'avantages fiscaux relatifs aux travaux réalisés sur un monument historique[17].


Plaque commémorative de l’attentat contre le consulat d'Algérie modifier

Le le consulat général d'Algérie à Marseille, situé alors au no 28, est la cible d’un attentat à la bombe qui fait quatre morts et une vingtaine de blessés[18]. Une plaque en mémoire des victimes, intitulée « Mémoire et réconciliation », est apposée sur la façade le [19].

Notes et références modifier

  1. a b c et d Augustin Fabre, Les rues de Marseille, t. IV, Marseille, E. Camoin, 1867-1868, 468 p. (présentation en ligne, lire en ligne), « Rue Moustier, rue Estelle, rue Dieudé », pages 149-154.
  2. Georges Reynaud, « Une Petite campagne dans la ville : le cours Saint-Thomas d'Aquin, 23 rue Dieudé », dans Revue Marseille, vol. 167, Marseille, Ville de Marseille, , pages 74-77.
  3. Agrandissement Marseille ordonné par Louis XIV en 1666.
  4. Église située à l'emplacement de l'actuelle Place Félix-Baret, construite à partir de 1716 et démolie après 1794 pour avoir accueilli la 5e section communale engagée dans l'insurrection fédéraliste contre la Convention. Voir Augustin Fabre, op. cit. À ne pas confondre avec l’église de Saint-Ferréol les Augustins située quai des Belges.
  5. « Plan Pierron, partie sud, 1785 » et « Plan Desmaret, partie sud-est, 1824 », sur archivesplans.marseille.fr.
  6. Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille : Mémoire de Marseille, Marseille, Jeanne Laffitte, , 441 p. (ISBN 2-86276-195-8).
  7. Notice no PA13000070, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  8. « Un monument historique au cœur de la « colline Fongate », sur La Marseillaise, (consulté le ).
  9. Sa famille a donné son nom au château de la Buzine située dans le quartier de Saint-Menet (11e arrondissement), ancienne propriété de Marcel Pagnol, .
  10. Marie-Odile Giraud, « Bouches du Rhône - Marseille - Ancienne bastide Flotte de la Buzine, synthèse historique et architecturale » [PDF], sur culturecommunication.gouv.fr, site du ministère français de la culture (consulté le ).
  11. Georges Reynaud, op. cit.
  12. « Le cours Saint-thomas-d'aquin vendu », sur 20 minutes, (consulté le ).
  13. « A Marseille, des religieuses jugées pour escroquerie », sur La Croix, (consulté le ).
  14. « Absolution générale pour les soeurs de St-Thomas d'Aquin », sur La Provence, (consulté le ).
  15. « A #Noailles, le vœu d’une école publique », sur La Marseillaise, (consulté le ).
  16. « Ancienne école Saint Thomas d’Aquin À Marseille, Nacarat envoie les artistes « Aux Tableaux » ! », sur nacarat.com (consulté le ).
  17. « Monument Historique Marseille - Bastide Saint Thomas d’Aquin - Marseille (13) », sur Deficit foncier (consulté le ).
  18. « Repères méditerranéens - Attentat contre le consulat d'Algérie - Ina.fr », sur Repères méditerranéens (consulté le ).
  19. « Attentat de 1973-Consulat général d'Algérie à Marseille: Pose d'une plaque commémorative », sur Al HuffPost Maghreb, (consulté le ).