Rodrigo de Arriaga

Jésuite et philosophe espagnol
Rodrigo Arriaga
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Rodrigo de Arriaga, né le à Logroño, en Castille (Espagne), et décédé le à Prague, est un prêtre jésuite et philosophe espagnol.

Biographie modifier

Né à Logroño, en Castille, en 1592, il est formé aux collèges jésuites de Salamanque et de Valladolid, notamment par Pedro Hurtado de Mendoza dont l'enseignement aux tendances nominalistes eut beaucoup d'influence sur lui, ainsi que sous Juan de Lugo y de Quiroga, le futur cardinal. Il y enseigna quelques années la philosophie, avant d'accepter de se rendre à Prague en 1625, à la suite de la restauration catholique dans le pays, afin d'y renforcer l'enseignement de la Compagnie de Jésus locale. Il ne devait plus quitter l'Université Charles (dont il fut le chancelier pendant 12 ans), d'où il rayonna sur l'enseignement jésuite pendant de longues années, à travers son Cursus philosophicus (1632, avec plusieurs rééditions, jusqu'à une édition totalement remaniée en 1669, comprenant de nombreuses modifications et réponses à des objections de jésuites contemporains, notamment de Francisco de Oviedo) fut l'un des plus influents du XVIIe siècle. Il produisit également des Disputationes theologicae (Anvers, 1643-1655) qui connurent moins de succès. Arriaga fut très estimé non-seulement par Urbain VIII et Innocent X, mais encore par l’empereur Ferdinand. Les Jésuites de Bohême l’élurent trois fois pour les représenter, à Rome, aux Congrégations de procureurs. Il mourut à Prague, en 1667.

Écrits modifier

 
Disputationes theologicae, Anvers, 1643

Très novateur en métaphysique et en philosophie naturelle (s'intéressant à l'astronomie, il défendait l'héliocentrisme malgré les interdictions ecclésiastiques), il resta plutôt modéré dans les querelles morales. Il préféra opposer au jansénisme le thomisme plutôt que le molinisme officiel de la Compagnie. En théologie, il fit partie de ceux qui rejetèrent l'argument ontologique, refusant que l'on puisse démontrer a priori l'existence de Dieu. Dans son Dictionnaire historique et critique, Pierre Bayle le loue comme l'une des plus grandes gloires académiques de son temps. Il eut également une forte influence dans le milieu pragois, comme en témoigne l'œuvre du médecin tchèque Jan Marek Marci ou celle du capucin italien actif à Prague et Varsovie Valérien Magni, qui peut être lue comme une réaction au nominalisme d'Arriaga. Il eut également une influence certaine sur le cistercien espagnol Juan Caramuel y Lobkowitz, et les manuels scotistes pragois de Bernard Sannig ou d'Amand Hermann lui sont certainement également redevables. Parmi les philosophes de l'âge classique, Leibniz utilisa beaucoup le manuel d'Arriaga, et on peut supposer que le traitement que Descartes réserve au problème de la raréfaction et de la condensation (Principia II, 5-6) en est tributaire.

Principales œuvres modifier

  • Cursus philosophicus, Anvers, Balthasar Moretus, 1632 ; Editio secunda, Paris, apud Martinum Durand, 1637 ; Editio secunda, Paris, Quesnel, 1639 ; Editio tertia a mendis expurgata, Lyon, Prost, 1644 ; Editio quarta, Paris, François Piot, 1647 ; Editio quarta a mendis, quibus aliæ scatebant, expurgata, Lyon, Prost, 1653 ; Editio quinta, Lyon, 1664. iam noviter maxima ex parte auctus, & illustratus, Lyon, Borde, 1669.
  • (la) Rodrigo de Arriaga, Disputationes theologicae, vol. I-VIII, Anvers, Moretus, 1643-55 (lire en ligne).

Bibliographie modifier

  • Alessandro Catalano, « Juan Caramuel Lobkowitz (1606-1682) e la riconquista delle coscienze in Boemia », Römische Historische Mitteilungen, vol. 44,‎ , p. 339-392 (365-367) ;
  • Igor Agostini, L'infinità di Dio. Il dibattito da Suárez a Caterus (1597-1641), Roma, Editori Riuniti, , p. 112-114, 218, 308-309, 353, 362, 364, 367-369 ;
  • Ulrich Gottfried Leinsle, Einführung in die scholastische Theologie, Paderborn, Schöningh, , p. 317-320 ;
  • Carlos Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, vol. I, , p. 578-581 ;
  • Diccionario biobibliográfico de autores riojanos, vol. I, , p. 92-94 ;
  • Karl Eschweiler, « Roderigo de Arriaga », Spanische Forschungen der Görresgesellschaft, vol. 3,‎ , p. 253-286 ;
  • Bernhard Jansen, « Die scholastische Philosophie des 17. Jahrhunderts », Philosophisches Jahrbuch, vol. 50,‎ , p. 401-404 ;
  • Luis Legaz Lacambra, « De Suarez a Rodrigo de Arriaga », Horizontes del pensamiento juridico, Barcelona,‎ , p. 212-296 ;
  • Luisa Yravedra et José Simon Diaz, « Retratos de Riojanos ilustres », Berceo, vol. 4,‎ , p. 469-471 ;
  • Bernhard Jansen, « Die scholastische Psychologie vom 16. bis 18. Jahrhundert », Scholastik, vol. 26,‎ , p. 342-363 (352) ;
  • Lynn Thorndike, « The Cursus philosophicus before Descartes », Archives internationales d'histoire de la science, vol. 4,‎ , p. 16-24 (19) ;
  • F. Ferrari, La teologia della fede di Rodrigo de Arriaga, Roma,  ;
  • Ortiz-Monasterio, X., La conception de la liberté chez Rodrigo de Arriaga, thèse dactylographiée, Université de Paris, 1964 ;
  • Stanislav Sousedík, « Teorie zredovani a zhustovani v dile R. Arriagy » [« La théorie de la condensation et de la raréfaction chez Rodrigo de Arriaga »], Filosofický časopis, vol. 16,‎ , p. 673-698 ;
  • Ramón Ceñal, « El argumento ontológico de la existencia de Dios en la escolástica de los siglos XVII y XVIII », Homenaje a Xavier Zubiri, Madrid,‎ , p. 294-297 ;
  • Antonio Fabrat, « P. Rodrigo de Arriaga, S.J. (1592-1667). Un caso extraordinario en su vida de publicista », Pensamiento, vol. 27, no 106,‎ , p. 215-225 (ISSN 0031-4749) ;
  • Stanislav Sousedík, « Böhmische Barockphilosophie », Bohemia Sacra, Düsseldorf, Verlag Schwann,‎ , p. 427-443 ;
  • Ester Caruso, Pedro Hurtado de Mendoza e la rinascita del nominalismo, Firenze, , p. 81-84 ;
  • Stanislav Sousedík, « La obra filosófica de Rodrigo de Arriaga », Ibero-Americana Pragensia, vol. 15,‎ , p. 103-146 ;
  • Stanislav Sousedík, « Rodrigo de Arriaga, soucasnik J.A. Komenského » [« Rodrigo de Arriaga, un contemporain de Comenius »], Studia Comeniana et historica, vol. 13,‎ , p. 20-62 ;
  • Ángel Olmos Lezáun, « Apuntes sobre un filosofo riojano : Rodrigo de Arriaga, S.J. », Berceo, vol. 106-107,‎ , p. 129-141 ;
  • Karel Macha, Glaube und Vernunft. Die böhmische Philosophie in geschichtlicher Übersicht, vol. I, München, , p. 107-111 ;
  • Fernando Muñoz Box, « La filosofía natural de Rodrigo de Arriaga », Estudios filosóficos, vol. 39,‎ , p. 591-604 ;
  • Sven K. Knebel, « Scientia Media. Ein diskursarchäologischer Leitfaden durch das 17. Jahrhundert », Archiv für Begriffsgeschichte, vol. 34,‎ , p. 262-294 ;
  • Carmelo Oñate Guillén, « Rodrigo de Arriaga, filósofo del barroco. ¿ También científico ? », Letras de Deusto, vol. 22,‎ , p. 77-94 ;
  • Carmelo Oñate Guillén, « Dos cartas de Rodrigo de Arriaga a Andrés Mendo », Berceo, vol. 125,‎ , p. 113-125 ;
  • Manuel Luna Alcoba, « El problema del continuo en la escolástica española: Rodrigo de Arriaga (1592-1667) », Fragmentos de Filosofía, vol. 4,‎ , p. 137-149 ;
  • Leen Spruit, Species intelligibilis, vol. II, Leiden, Brill, , p. 327-330 ;
  • Abel Mora, El sabio logroñés Rodrigo de Arriaga, Logroño, Gobierno de La Rioja, Instituto de Estudios Riojanos,  ;
  • Saxlová, Tereza / Sousedík, Stanislav (ed.), Rodrigo de Arriaga. Philosoph und Theologe (Prag 25.-28. Juni 1996), Praha, 1998 ;
  • Elisabetta Tozza, « Rodrigo de Arriaga e l'aristotelismo », Atti dell'Accademia Pontaniana, vol. 47,‎ , p. 297-308 ;
  • Jacob Schmutz, « L’existence de l’ego comme premier principe métaphysique avant Descartes », dans O. Boulnois, Généalogies du sujet, de saint Anselme à Malebranche, Paris, Vrin, , p. 215-268 (249-250) ;
  • Schmutz, Jacob, «Quand le langage a-t-il cessé d’être mental ? Remarques sur les sources scolastiques de Bernard Bolzano», in : Le langage mental à l’âge classique, dir. Joël Biard, Louvain-la-Neuve, Éditions de l’ISP, 2009 (Philosophes Médiévaux, 50), 307-337 (314-315) ;
  • Jean-Robert Armogathe, « Dubium perfectissimum : The Skepticism of the 'Subtle Arriaga' », dans José Raimundo Maia Neto & Richard H. Popkin, Scepticism as a Force in Renaissance and Post-Renaissance Thought. New Interpretations, Amherst-New York, Humanity Books, , p. 107-121 ;
  • Jean-Luc Solère, « The Question of Intensive Magnitudes According to Some Jesuits in the Sixteenth and Seventeenth Centuries », The Monist, vol. 84, no 4,‎ , p. 582-616 (JSTOR 27903750) ;
  • Renemann, Michael, Gedanken als Wirkursachen. Francisco Suárez zur geistign Hervorbringung, Amsterdam – Philadelipha, B.R. Grüner Publishing Company, 2010 (Bochumer Studien zur Philosophie, 49), 85-86.

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