Ria (hydrographie)

vallée noyée par la mer

Une ria ou un aber est une baie étroite, allongée et relativement profonde, formée par la partie inférieure de la vallée d'un fleuve côtier envahie, en partie ou en totalité, par la mer. La géographie internationale utilise le mot portugais ou espagnol ria mais le mot breton aber est aussi très utilisé en France, notamment en Bretagne qui en compte de très nombreux.

Vue aérienne d'un aber dans les Cornouailles, au Royaume-Uni.

Un aber est encadré par des versants, ce qui le distingue d'une simple embouchure ; dans certains cas il est possible de parler d'estuaire. Les abers peuvent se combler par l'apport de sédiments fluviaux. En raison de leur situation abritée et de leur profondeur, ce sont des lieux favorables pour servir de ports naturels.

Terminologie modifier

Étymologie modifier

Ria est attesté à partir de 1896 dans un ouvrage qui traite de géographie physique[1]. Il est issu de l'allemand qui l'a lui-même emprunté au galicien ou au portugais ria « baie »[1], « embouchure d'une rivière, estuaire », lui-même de la variante galicienne ría du mot hispanique río « rivière, fleuve ». Ils remontent au latin vulgaire rius « rivière » (latin classique rīvus) qui a donné notamment le français ru « petit ruisseau ».

En revanche, le mot aber est un emprunt direct au breton aber (< ancien breton aperou) « estuaire, embouchure », c'est un cognat du gallois aber, du cornique aper et du gaëlique abar[2],[3]. Le breton aber est issu du celtique commun *adberos (non attesté), peut-être par l'intermédiaire du gallois[3], qui est un composé du préfixe *ad- + substantif *beros, qui se retrouve dans le celtique commun *komberos « confluent » (cf. breton kemper) à l'origine également du gaulois *comberos « barrage de rivière ». *Comberos a donné l'ancien français combre « barrage », d'où encombrer[4].

Descriptif modifier

 
Ria à forme dendritique de la Georges River.

Contrairement à un fjord qui est profond et à pentes latérales raides parce qu'il a été creusé par un glacier (on parle de « surcreusement glaciaire » parce qu'un glacier est capable de creuser en dessous du niveau de la mer), une ria désigne la vallée non glaciaire d'un fleuve côtier noyée par l'élévation du niveau de la mer (ennoyage tectonique ou dû à la transgression flandrienne), l'aber étant plus spécifiquement une ria en entonnoir largement ouverte vers le large[5] ou selon certains géographes une ria caractérisée par un remblaiement alluvionnaire plus important[6].

La ria possède parfois des îles qui sont les sommets de crêtes partiellement submergés.

Une côte à rias est une ligne de côte avec des rias parallèles séparées par des crêtes. Ce type de côte peut se régulariser avec le comblement vaseux de ses rentrants et l'évolution en falaise de ses saillants[7].

Rias notables modifier

Europe modifier

 
Ría de San Vicente de la Barquera (Cantabrie).

Au Pays de Galles, de nombreuses villes côtières portent un nom composé du préfixe « aber » et d'un nom de rivière, tels Aberystwyth, Aberarth (en), Aberaeron, etc. Il en va de même en Écosse pour la ville d'Aberdeen par exemple où se jettent les rivières Dee et Don.

En Espagne, les estuaires sont généralement appelés ría dans les communautés autonomes de Galice, Asturies, Cantabrie, Pays basque, mais aussi l'Andalousie. Il est fréquent qu'une ría porte un nom différent que celui du río (rivière ou fleuve) qui y débouche.

France modifier

 
Aber-Wrac'h

Les abers sont nombreux en Bretagne. Parmi les plus connus :

Amérique du Nord modifier

Le littoral atlantique nord-américain entre New York et le cap Hatteras est une côte à rias, à l'image des littoraux bretons, irlandais et gallois. Parmi eux, la baie de Chesapeake est un aber notable, qui constitue le plus grand estuaire des Etats-Unis.

Amérique centrale et du Sud modifier

Il existe aussi de nombreuses rias en Amérique latine comme le Saco do Mamanguá au Brésil, dans l'état de Rio de Janeiro.

Mexique modifier

Océan indien modifier

Océanie modifier

La ville de Sydney est située dans le Sud-Est de l'Australie, dans un bassin côtier encadré par la mer de Tasman à l'est, les montagnes Bleues à l'ouest, le fleuve Hawkesbury au nord et le plateau de Woronora au sud. Sydney borde un littoral qui a subi les montées de niveau de l'océan et de profondes vallées (rias) découpées dans le grès ont été inondées. Une de ces vallées noyées, Port Jackson, autour de laquelle s’est construite la ville, est le plus grand port naturel au monde.

Notes et références modifier

  1. a et b Ria sur le site du CNRTL (lire en ligne) [1]
  2. Victor Henry, Lexique étymologique des termes les plus usuels du breton moderne, J. Plihon et L. Hervé, 1900.
  3. a et b Léon Fleuriot et Claude Evans [tr.], Dictionnaire du vieux breton / A dictionary of Old Breton: historical and comparative, Toronto, Prepcorp, 1985, volume I, p. 69
  4. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise: Une approche linguistique du vieux-celtique continental, 2 ed., Errance, 2003. (ISBN 9782877723695), p. 122.
  5. glossaire sur l'eau - eau france, « Aber » (consulté le )
  6. Lexique, CRDP de Bretagne
  7. Max Derruau, Les formes du relief terrestre : Notions de géomorphologie, Armand Colin, , 240 p. (lire en ligne)

Voir aussi modifier

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