Rhin ou Rhinos (du grec ancien, 'Ρήνος / Rhẽnos , latin Rhenus) ou peut-être Eridanos (grec Ἠριδανός, Ēridanós, latin Eridanus) est dans la mythologie grecque, un des 3000 dieux-fleuves (ποταμοι / Potamoi), Il est fils des titans Océan et Téthys.

Les dieux-fleuves (potamoi) font partie des Titans de seconde génération.

Hésiode, le poète grec de l'Antiquité, mentionne une partie des frères Potomoi dans sa Théogonie[1],[2].

Une personnification confuse modifier

Si certaines sources[3] attribuent Rhinos, par évidence étymologique, au Rhin, le fleuve qui parcourt l'ouest européen de la Suisse aux Pays-Bas en passant par l'Allemagne et la France, d'autres[4] voient dans Rhinos la personnification d'un courant d'eau de la péninsule ibérique et identifient le Rhin à Eridanos, autre dieu fleuve, d'abord qualifié d'hyperboréen puis identifié plus tard au fleuve germain. Pour ajouter à la confusion, il est à noter que Eridanos est aussi le nom que le grec classique donne au fleuve nord-italien [5].

 
L'Europe selon Strabon

L'auteur Nonnos de Panopolis parle de 'Ρήνος Ίβηρ, Rhin ibère[6] ; ibère étant aussi, pour les peuples de l'Antiquité, un ethnonyme également attribué aux habitants de la région caucasienne, dont l'actuelle Géorgie[7]...

En l'absence de textes proposant une géographie explicite, il est possible de se tourner vers la linguistique[8]. Ἴβηρ, iber; mentionné par Nonnos de Panopolis; est un nom donné par les Grecs de l'Antiquité à... un fleuve, situé dans le nord de la future Hispanie et nommé à la période romaine iberus flumen, qui deviendra l'Èbre en français et qui, par métonymie, donnera aussi son nom à la péninsule entière dite ibérique. L'étude étymologique voit dans cet Ίβηρ grec l'évolution linguistique d'un vocable indo-européen, *PiHwerjoHn (« piouèryon »), qui signifierait « fertile » [9]. Dès lors, on peut s'interroger de la nature géographique mais plutôt la nature de ce fleuve, autrement dit : ce fameux Rhin ibérique, 'Ρήνος Ίβηρ, s'agit-il d'un fleuve localisé en Ibérie, comme le traduit le Comte de Marcellus[6], ou bien faut-il y voir, à l'instar du Nil, un fleuve qualifié de fertile ?

Notes et références modifier

  1. Annie Bonnafé et Impr. A. Robert), Théogonie : la naissance des dieux, Rivages, (ISBN 2-86930-608-3 et 978-2-86930-608-0, OCLC 410676017, lire en ligne)
  2. Hésiode (trad. M. A. Bignan), « Théogonie » (consulté le ) : « « Téthys donna à l’Océan des Fleuves au cours sinueux, le Nil, l'Alphée, l'Éridan aux gouffres profonds, le Strymon, le Méandre, l'Ister aux belles eaux, le Phase, le Rhésus, l'Achéloüs aux flots argentés, le Nessus, le Rhodius, l'Haliacmon, l'Heptapore, le Granique, l'Ésépus, le divin Simoïs, le Pénée, l'Hermus, le Caïque aux ondes gracieuses, le large Sangarius, le Ladon, le Parthénius, l'Évènus, l'Ardesque et le divin Scamandre. » »
  3. Pièce romaine antique frappée à Trivères (Belgique) représentant le dieu Rhinus. (site de vente numismatique) https://www.vcoins.com/fr/stores/lucernae/90/product/postumus_260269_ad_silver_antoninianus_treveri__salvs_provinciarvm_river_god_rhinus/1360569/Default.aspx
  4. (en) « Potamoi », « RHINOS A River-God of Iberia (modern Spain).» ; «ERIDANOS (1) (Eridanus) A River-God of Hyperborea in northern Europe which was later identified with the River Rhine of modern day Germany or the Don of Italy.», sur theoi.com
  5. Phaethontis fulmine icti sorores luctu mutatas in arbores populos lacrimis electrum omnibus annis fundere iuxta Eridanum amnem, quem Padum vocavimus |...] Phaéton ayant été foudroyé, ses sœurs pleurèrent tant qu’elles furent changées en peupliers et tous les ans leurs larmes produisent l’électrum sur les bords de l’Éridan, que nous nommons le Pô |...] — (Pline, Naturalis Historia, XXXVII)
  6. a et b (fr + el) Nonnos de Panopolis (trad. du grec ancien par Comte de Marcellus), Les Dionysiaques [« Δυονιζιακον κι »] [« Les dionysiaques ou Bacchus : poème en XLVIII chants, grec et français / Nonnos ; précédé d'une introduction, suivi de notes littéraires, géographiques et mythologiques, d'un tableau raisonné des corrections et de tables et index complets rétabli, traduit et commenté par le Comte de Marcellus »], Paris, Firmin-Didot (1re éd. 1856) (BNF ark:/12148/bpt6k5529518z, lire en ligne), p.196, l.1.  
  7. Les Ibères est une tragédie grecque perdue de Sophocle : là encore, l’ambiguïté s'installe s'agissait-il des Ibères d'Occident (alors peu connus en Grèce) ou, davantage plausible, d'Orient ?
  8. Dans Entwicklungsstufen der Mythenbildung (1873), l'auteur et philologue allemand, Adalbert Kuhn, soutient que l'origine des mythes est à rechercher dans le domaine de la langue, et que la plupart de leurs éléments essentiels ont été polyonymie et homonymie.
  9. John T. Koch, Celtic Culture: A Historical Encyclopedia, ABC-CLIO, 2005, p. 709