Raoul de Tongres

historien liégeois
Raoul de Tongres
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Raoul de Tongres (de son vrai nom Radulph ou Ralph van der Beeke, en latin Radulphus de Rivo[1]) est un homme d'Église liégeois du XIVe siècle, né à Bréda (duché de Brabant) et mort le . Doyen du chapitre de la collégiale Notre-Dame de Tongres (Principauté épiscopale de Liège), il fut grammairien, historien et surtout liturgiste.

Éléments biographiques modifier

Selon ses propres dires, il se trouvait en Italie au moment du décès du pape Innocent VI le [2]. Il étudia les droits canon et civil à Paris et à Orléans entre 1367 et 1375. Déjà sous-diacre, il accomplit sa première année de résidence comme chanoine de Notre-Dame de Tongres en 1371/72. Il fut nommé doyen du chapitre en 1381[3], mais séjourna de 1381 à 1383 à Rome, où il reçut des leçons de grec de Simon Atumanos, archevêque de Thèbes.

De retour à Tongres, il y exerça ses fonctions de doyen entre 1383 et 1389, puis à partir de 1398. Entre-temps, il fit un autre séjour à Rome, et fréquenta aussi la nouvelle université de Cologne (fondée en 1388), dont il fut recteur en 1397. Savant liturgiste, il réforma le chapitre de Tongres, et fut aussi protecteur et conseiller de la naissante congrégation de Windesheim (fondée en 1386) et du prieuré augustinien de Corsendonk, à Vieux-Turnhout (fondé en 1395 grâce à une donation de Marie de Brabant, duchesse de Gueldre, dame de Turnhout, fille de Jean III de Brabant).

Il fit son testament, conservé[4], le  ; il y prend notamment des dispositions pour sa riche bibliothèque, constituée de nombreux volumes rapportés de Rome. À sa mort, il fut inhumé dans le cloître de Notre-Dame de Tongres, devant la chapelle de tous les saints.

Il avait deux neveux à Liège[5] : Jean de Rivo, avocat à la Cour, connu par le testament de son oncle (et peut-être le même que Jean de Rivo, sous-diacre et chanoine de la collégiale Sainte-Croix en 1430) ; et Denis de Rivo, secrétaire des échevins de Liège, signalé le .

Œuvre modifier

Il est l'auteur d'un traité de grammaire intitulé Manipulus de grammatica. Comme historien, il a rédigé une Historia episcoporum Leodiensium, chronique des princes-évêques de Liège de 1347 à 1386 (soit trois évêques successifs : Engelbert de La Marck, Jean d'Arckel et Arnould de Hornes). Ce récit, fait après coup[6] par un homme qui a passé beaucoup de temps hors de la principauté, est en fait assez sommaire et souvent de seconde main. Il est très axé sur l'histoire ecclésiastique et soutient Urbain VI contre Clément VII dans le grand schisme d'Occident.

Il est surtout connu comme historien de la liturgie, domaine où il fait preuve d'une très grande érudition et d'un esprit critique remarquable. C'est un tenant résolu des anciennes coutumes liturgiques romaines, rejetant toutes les modifications plus ou moins récentes. Son œuvre est spécialement importante pour l'histoire du bréviaire. Il a notamment écrit un Liber de canonum observantia, un Calendarius ecclesiasticus generalis, un De Psalterio observando, un Liber de officiis ecclesiasticis. On peut ajouter un Martyrologium en vers.

Éditions modifier

L'Historia episcoporum Leodiensium a été publiée au début du tome III du grand recueil de Jean Chapeauville Qui gesta pontificum Tungrensium, Trajectensium et Leodensium scripserunt auctores præcipui (Liège, Chr. Ouwerx junior, 3 vol., 1612, 1613, 1616). Le Liber de canonum observantia a été publié dans la collection liturgique de Melchior Hittorp, doyen de Saint-Cunibert de Cologne (De Catholicæ Ecclesiæ divinis officiis et ministeriis varii vetustiorum aliquot Ecclesiæ Patrum ac scriptorum libri, Cologne, P. Quentel, 1568), et figure ensuite dans la Maxima Patrum Bibliotheca (Lyon, 1677, vol. XXVI, p. 289-320). Le Calendarius ecclesiasticus generalis a été publié par Jean Vermeulen, théologien de Louvain (Louvain, Hieronymus Wellæus, 1568).

Bibliographie modifier

  • Leo Cunibert Mohlberg, Radulph de Rivo, der letzte Vertreter der altrömischen Liturgie, Louvain-Münster, vol. I, 1911 ; vol. II (textes), 1915 (Liber de officiis ecclesiasticis, Liber de canonum observantia, Tractatus de Psalterio observando).
  • Pierre Battifol, Histoire du bréviaire romain, Paris, A. Picard, 1893.

Notes et références modifier

  1. Le mot néerlandais beek, qui signifie « ruisseau », se traduit en latin par rivus.
  2. Historia, § 6 (éd. Chapeauville, t. III, p. 13).
  3. Son prédécesseur Jean de Flémalle mourut le 28 mai 1381. Les doyens « étaient les chefs de la discipline intérieure du chapitre », à distinguer des prévôts, dont la fonction « était de veiller à la conservation du temporel de l'église ». « Dans quelques églises [...] le doyen est avant le prévôt ; dans d'autres le prévôt est la première dignité, ce qui dépend des titres et de la possession » (Encyclopédie, article « Doyen d'un chapitre »).
  4. Publié par Camille de Borman (Bulletin du bibliophile belge, t. XVIII, p. 274 sqq.).
  5. Tongres faisait partie de la principauté épiscopale de Liège, ayant d'ailleurs été le siège primitif du diocèse.
  6. Il fait allusion à l'occasion à la déposition de l'empereur Venceslas Ier en août 1400 (éd. Chapeauville, t. III, p. 43).